Eugène, Joseph Schneider
1805 - 1875
Député de 1845 à 1848, ministre, député au Corps législatif de 1852 à 1870, né à Bidestroff (Meurthe) le 29 mars 1805, mort à Paris le 27 novembre 1875, frère de François-Antoine Schneider (1802-1845) - député de 1842 à 1845 -, il perdit son père de bonne heure, et dut accepter un modeste emploi d'abord dans une maison de commerce de Reims, puis dans la maison de banque du baron Sellière ; il se distingua par son aptitude aux affaires, et devint, à vingt-cinq ans, directeur des forges de Bazeilles. Lorsque son frère (1833) fut nommé directeur gérant du Creuzot, M. Eugène Schneider lui fut adjoint comme co-gérant (1833) : il contribua puissamment à la prospérité de cet établissement.
Son frère mort, M. Schneider fut élu à sa place conseiller général de Couches et Montcenis, puis (13 septembre 1845) député du 5e collège de Saône-et-Loire (Autun), par 277 voix (373 votants, 477 inscrits), contre 80 à M. Guyton, avocat, et 11 au général Changarnier. Seul directeur du Creuzot, il acquit bientôt une haute situation industrielle.
Membre du conseil général des manufactures, M. Schneider fut réélu député, le 1er août 1846, par 236 voix (444 votants, 515 inscrits), contre 151 au général Changarnier et 56 à M. Guyton. Il appuya jusqu'à la fin du règne la politique de Guizot, et appartint constamment à l'opinion conservatrice.
Il se présenta sans succès, en 1848, à l'Assemblée constituante, et, en 1849, à la Législative.
Mais, le 20 janvier 1851, Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République, appela M. Schneider à faire partie d'un cabinet intérimaire, avec le portefeuille de l'Agriculture et du Commerce, qu'il conserva jusqu'au 10 avril suivant. M. Schneider fut alors nommé commandeur de la Légion d'honneur. Partisan du coup d'Etat du 2 décembre 1851, il devint membre de la Commission consultative, et fut élu, le 29 février 1852, comme candidat officiel, député de la 2e circonscription de Saône-et-Loire au Corps législatif, par 24 333 voix (24 469 votants, 38 408 inscrits.) Rapporteur du budget (session de 1853), il fit un séduisant tableau de la prospérité financière, non sans s'élever « contre l'esprit d'entreprise qui tourne à la spéculation, contre les fortunes subites qui excitent outre mesure l'imagination et occasionnent des entraînements et des excès regrettables » ; il blâma aussi l'excès de centralisation, la substitution de l'Etat à l'initiative privée, et le trop grand nombre des fonctionnaires.
Il obtint successivement sa réélection : le 22 juin 1857, par 20 832 voix (20 995 votants, 39 219 inscrits) ; le 1er juin 1863, par 21 049 voix (21 601 votants, 35 099 inscrits) ; le 24 mai 1869, par 19 129 voix (30 975 votants, 38 608 inscrits).
D'abord vice-président de l'Assemblée, il fut appelé, par décret, à la présidence en 1867, après la démission de M. Walewski. Dans les dernières années de l'Empire, M. Schneider s'associa aux tentatives de retour aux formes parlementaires, contribua par ses conseils à faire écarter du ministère M. Rouher, et manifesta même l'intention de quitter la présidence du Corps législatif parce que la croix de grand-officier de la Légion d'honneur venait d'être donnée à un des chefs du parti autoritaire, M. Jérôme David (1869). Il consentit à reprendre sa démission sur les instances de l'empereur, et fut renommé président, cette fois à l'élection (1869-1870).
M. Schneider eut plus d'une fois à lutter, comme président, contre les orateurs de l'opposition ; il dirigea, le 4 septembre 1870, les débats de la dernière séance du Corps législatif. Lorsque la salle fut envahie par le peuple, il l'exhorta à se retirer et à laisser les députés délibérer paisiblement. Il se réclama, dans cette circonstance, de l'appui de Gambetta, qui donnait à la foule les mêmes conseils. Mais, devant l'inutilité de ses avis, M. Schneider descendit du fauteuil, et quitta l'Assemblée.
Il passa ses dernières années dans une retraite absolue, au point de vue politique. Régent de la Banque de France, président du conseil d'administration de plusieurs grandes sociétés industrielles, c'est surtout comme directeur de l'usine du Creuzot, dont il a renouvelé l'outillage et considérablement accru l'importance, que M. E. Schneider passe pour avoir montré des capacités de premier ordre.
Frappé, en 1874, d'une attaque d'apoplexie, il resta presque complètement paralysé, et succomba le 27 novembre 1875.
Grand-croix de la Légion d'honneur (1868).
Date de mise à jour: octobre 2016