Adolphe Guéroult

1810 - 1872

Informations générales
  • Né le 7 janvier 1810 à Radepont (Eure - France)
  • Décédé le 21 juillet 1872 à Vichy (Allier - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Second Empire - Corps législatif
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 14 juin 1863 au 27 avril 1869
Département
Seine
Groupe
Opposition

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député au Corps législatif de 1863 à 1869, né à Radepont (Eure) le 7 janvier 1810, mort à Vichy (Allier) le 21 juillet 1872, il était fils d'un manufacturier qui fonda les premières filatures de la vallée d'Andelle, et petit-fils d'un architecte de la ville de Rouen.

Il fit de bonnes études classiques, d'abord au petit séminaire d'Ecouis, puis au lycée Charlemagne à Paris. A peine sorti du collège, il embrassa avec ardeur les doctrines saint-simoniennes, collabora au Globe, organe de la société, où il débuta par des articles littéraires et quelques essais de polémique, entra au Temps, et passa de là au Journal des Débats, dont le directeur, Bertin aîné, l'envoya en Espagne ; les lettres qu'il publia, de 1836 à 1837, sur Madrid et la péninsule, furent très remarquées. A son retour il traita spécialement, dans les Débats, les questions relatives à l'administration, à l'économie politique et aux belles-lettres. Nommé en 1842, par Guizot, consul à Mazatlan, au Mexique, il fut envoyé cinq ans plus tard, avec le même titre, à Jassy (Moldavie).

Mais la révolution de février 1848 le mit en disponibilité. M. Guéroult n'en garda pas rancune au gouvernement nouveau, qu'il soutint, comme rédacteur du Crédit et de la République. Il y combattit, en 1851, la politique de l'Elysée, fut arrêté au 2 décembre et passa dix jours à la préfecture de police, après quoi les frères Pereire, ses anciens confrères en saint-simonisme, obtinrent son élargissement.

Il se renferma alors dans l'étude des questions industrielles, fut attaché au Crédit mobilier, lors de la création de cet établissement, en qualité de chef de bureau, fonctions qu'il remplit jusqu'en 1857, et devint, le 4 décembre de cette année, rédacteur en chef du journal la Presse, qui reparaissait après une suspension de deux mois. Il entama contre l'Autriche une vive campagne, pressentit et annonça la guerre d'Italie, et prit part à une ardente polémique contre l'ambassadeur de Turquie, à propos d'une correspondance de Constantinople. En 1859, M. Guéroult, remplacé à la tête de la Presse par M. Peyrat, fonda un nouveau journal politique, l'Opinion nationale, feuille quotidienne, publiée d'abord à prix réduit, et qui prit promptement une grande importance. Rallié à la « démocratie impérialiste », son directeur passa pour recevoir les inspirations du prince Napoléon, particulièrement en matière de politique étrangère. En février 1862, l'Opinion nationale s'attira un avertissement pour un article intitulé Discours de M. Victor Hugo, et « contenant, disait l'arrêt ministériel, à propos des affaires de Naples, un appel violent et général aux passions révolutionnaires. »

En 1863, lors des élections au Corps législatif, la candidature indépendante de M. Guéroult se trouva imposée, par l'importance de son journal, au parti démocratique qui la voyait d'un mauvais œil. Porté candidat de l'opposition dans la 6e circonscription de la Seine, il triompha, au second tour, le 15 juin, avec 17,492 voix (29,220 votants, 40,915 inscrits), contre 11,018 voix à M. Fouché-Lepelletier, candidat officiel.

Il vota généralement avec la minorité de l'Assemblée et prit plusieurs fois la parole, notamment sur les affaires de Pologne, sur l'enseignement primaire, sur la liberté de la presse, sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat, contre le pouvoir temporel du pape, contre diverses augmentations de budget, contre la conduite de l'expédition du Mexique, etc. Toutefois, son opposition au gouvernement impérial n'était nullement systématique, et il n'hésita pas notamment à appuyer et à justifier la politique suivie par le ministère à l'égard de l'Allemagne. Très favorable à la Prusse lors de la guerre qui éclata entre cette puissance et l'Autriche (1866), il n'entrevit pas les conséquences que devait avoir pour nous la bataille de Sadowa, et se déclara partisan de l'unité de l'Allemagne, avec une telle chaleur qu'il s'exposa, de la part d'un député de la droite, M. de Kervéguen (18 décembre 1867), aux accusations les plus graves. M. de Kervéguen reprocha en pleine tribune à cinq grands journaux libéraux de Paris, et notamment à celui de M. Guéroult, d'avoir reçu de l'argent de la Prusse pour soutenir la politique de M. de Bismarck. M. Guéroult protesta énergiquement et provoqua devant le Corps législatif une enquête parlementaire et la constitution d'un tribunal d'honneur, qui justifia les députés mis en cause.

Aux élections du 24 mai 1869, M. Guéroult se représenta dans la 6e circonscription de Paris; mais il n'obtint que 4,851 voix contre 12,470 données à M. Cochin, conservateur orléaniste, et 12,916 à Jules Ferry, de l'opposition radicale, en faveur duquel il se désista au second tour. Après cet échec, le rédacteur en chef de l'Opinion nationale continua ses campagnes en faveur de quelques-unes des réformes demandées par l'opinion publique; puis il accepta « l'Empire libéral », soutint M. Emile Ollivier au pouvoir, et se déclara pour le plébiscite.

Après le 4 septembre, M. Ad. Guéroult revint à la République conservatrice, rendit au prince Napoléon l'argent que celui-ci lui avait prêté pour fonder l'Opinion nationale, et provoqua, après le 18 mars 1871, la manifestation des journaux qui invitèrent la bourgeoisie parisienne à ne pas prendre part aux élections pour la Commune. Il mourut à Vichy, en 1872.

En dehors de la polémique journalière, où M. Guéroult apportait de rares qualités de clarté et de précision, il a publié : Lettres sur l'Espagne (1838); une brochure Sur les colonies françaises et sur le sucre de betterave (1842); la Liberté et les affaires (1861); des Etudes de politique et de philosophie religieuse (1863); la Politique de la Prusse (1866); Discours prononcés au Corps législatif (1869); la République en France (1871).