Antoine Allier
1793 - 1870
Fils du député Jean Antoine François Allier (1768-1838), député des Hautes-Alpes de 1831 à 1838, Antoine Allier, député des Hautes-Alpes de 1839 à 1846 et représentant du peuple à l'Assemblée constituante de 1848 et à l'Assemblée législative de 1849, né à Embrun (Hautes-Alpes), le 6 décembre 1793, mort à Paris, le 27 juillet 1870, fut d'abord militaire et devint capitaine de cavalerie dans les dernières années de l'Empire; ayant quitté le service, il se livra à l'étude de la statuaire.
De 1822 à 1835, il exposa avec succès aux « Salons » annuels, un assez grand nombre d'ouvrages remarquables, entre autres les statues de Philopoemen et de l'Eloquence, destinées à la Chambre des députés; les bustes de Sully, aujourd'hui à la Bibliothèque de l'Arsenal, de Labbey de Pompières, d'Arago, d'Odilon Barrot, etc.
Le 2 mars 1839, après la mort de son père, il songea à briguer dans son pays d'origine le mandat de député, et le 1er collège électoral des Hautes-Alpes l'envoya siéger à la Chambre, par 78 suffrages. Cette élection fut une des trois sur lesquelles la Chambre ordonna une enquête, à cause des fraudes et des manœuvres dont s'accusèrent réciproquement les amis du ministère et ceux de l'opposition.
Il prit place à gauche et vota généralement contre le gouvernement. Toutefois une biographie parlementaire du temps croyait pouvoir caractériser en ces termes son attitude à la Chambre : « M. Allier est aussi conservateur que possible, toutes les fois qu'il a l'honneur de s'entretenir avec un ministre. Et il est impossible d'être plus radical que lui, toutes les fois qu'il fait à un membre de l'opposition l'honneur de s'entretenir avec lui. Quand il est avec un ministre, les ministres sont des saints, l'opposition est un diable; quand il est avec l'opposition, l'opposition est la Vierge, mère de Dieu, et le cabinet, l'antre de Belzébuth. Il est toute l'année sans parler. En revanche, il songe toute l'année à quelque chose, ce quelque chose est sa réélection. »
Réélu, le 9 juillet 1842 par le même collège électoral avec 78 voix sur 148 votants et 153 inscrits, contre 70 voix données à M. Ardoin, il continua de voter silencieusement avec la gauche, jusqu'à la fin de la législature.
Le 23 avril 1848, il fut élu, comme candidat républicain, représentant du peuple par le département des Hautes-Alpes, le 1er sur 3, avec 21 962 voix (28 944 votants et 34 824 inscrits). Il était, avec David (d'Angers), l'un des deux représentants artistes qui siégèrent à la Constituante. Il se rangea parmi les républicains modérés, amis de Cavaignac, et vota :
- le 26 août 1848, pour les poursuites contre Louis Blanc, en raison des événements du 15 mai ;
- le 18 septembre, contre l'abolition de la peine mort ;
- le 25 septembre, pour l'impôt proportionnel contre l'impôt progressif ;
- le 27 septembre, pour l'institution des deux Chambres ;
- le 25 novembre, pour l'ordre du jour : « Le général Cavaignac a bien mérité de la patrie »;
- le 27 décembre, pour la suppression de l'impôt sur le sel;
- le 12 janvier 1849, pour la proposition Rateau;
- le 21 mars, pour l'interdiction des clubs;
- le 14 mai, pour le blâme de la dépêche de M. Léon Faucher aux préfets après la discussion sur les affaires de Rome.
Réélu à l'Assemblée législative, le 13 mai 1849, par le même département, avec 6,935 voix sur 21 644 votants et 36 264 inscrits, Allier ne soutint pas la politique présidentielle, et vota avec les partisans modérés de la République. Le coup d'Etat de décembre 1851 mit fin à sa carrière politique : il reprit le ciseau, et produisit encore quelques oeuvres, entre autres une statue de Viala, qui figura au Salon de 1866.