Arthur, Louis, Etienne Dubreuil-Hélion de La Guéronnière

1816 - 1875

Informations générales
  • Né le 5 avril 1816 à Dorat (Haute-Vienne - France)
  • Décédé le 23 décembre 1875 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Second Empire - Corps législatif
Législature
Ire législature
Mandat
Du 29 février 1852 au 1er octobre 1854
Département
Cantal
Groupe
Majorité dynastique

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 5 juillet 1861 au 4 septembre 1870

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député au Corps législatif de 1852 à 1854, sénateur du second Empire, né au Dorat (Haute-Vienne) le 6 avril 1816, mort à Paris le 23 décembre 1875, fils de Louis, Alexandre, Céleste, Toussaint Dubreuil Hélion de La Guéronnière (1773-1822), député de 1815 à 1816 et de 1820 à 1822, et neveu d'un aide-de-camp de la Rochejacquelein qui reçut le chef vendéen dans ses bras au combat de Cholet, Louis, Etienne, Arthur Dubreuil Hélion, vicomte de La Guéronnière débuta dans le journalisme à dix-neuf ans par quelques articles donnés à l'Avenir national de Limoges, journal fondé par son frère, et empreints des sentiments légitimistes que lui inspiraient alors les traditions de sa famille autant que ses préférences personnelles.

Entré en relation avec Lamartine, il se fit, en politique comme en littérature, le disciple enthousiaste du poète, imita sa forme littéraire, abondante et riche, et le suivit dans son évolution vers la République.

La révolution de 1848 faillit faire de M. Arthur de la Guéronnière un préfet de la Corrèze ; mais il refusa ce poste que Lamartine lui offrait, préféra soutenir de sa bourse et de sa plume le journal le Bien Public, qui de Mâcon venait d'être transféré à Paris pour y prendre rang dans la grande presse, y collabora activement jusqu'à la fin de 1848, et passa de là à la Presse, où il combattit le prince Louis-Napoléon et les « décembraillards », et qu'il quitta en raison de ses tendances socialistes, en écrivant à M. de Girardin : « Votre audace vous pousse, ma prudence me retient. » Il passa au Pays (1850), dont il eut quelque temps la rédaction en chef : il y défendit non sans talent les idées de son chef de file, jusqu'au jour où ayant commencé, sous le titre de Portraits politiques, la publication d'une série d'études dont la première, consacrée à Louis-Napoléon Bonaparte, montrait sous un jour extrêmement favorable l'auteur des tentatives de Boulogne et de Strasbourg, il se vit désavoué et blâmé par Lamartine. Malgré la précaution prise aussitôt par M. de la Guéronnière de faire suivre son premier Portrait d'un second, non moins élogieux et non moins pompeux, qui était celui du comte de Chambord, les anciens amis de l'auteur l'abandonnèrent.

Après avoir protesté, au lendemain du 2 décembre 1851, contre le coup d'Etat qui venait de s'accomplir, il s'y rallia presque immédiatement, à la suite d'un entretien avec M. de Morny, et, lors des élections au Corps législatif (29 février 1852), il fut proposé par le gouvernement comme candidat dans la 2e circonscription du Cantal, qui l'élut par 14 698 voix (21 851 votants, 33 509 inscrits), contre 3 564 voix à M. Dessauret, 1 328 à M. de Thuret et 1 920 à M. Roussilhe. Dans les articles que publièrent cette même année ses journaux le Constitutionnel et le Pays, devenus journaux du gouvernement, il fit un éloge sans réserves de la nouvelle constitution. Comme député, il prit part au rétablissement de l'Empire, et vota avec la majorité dynastique ; puis il donna sa démission (1854) pour entrer au conseil d'Etat : en même temps il était chargé, au ministère de l'Intérieur, de la direction générale du service de la librairie et de la presse, fonctions délicates qui l'obligèrent à exécuter les mesures de répression prises au début du régime impérial à l'égard de la presse. Après la guerre d'Italie, il écrivit, sous l'inspiration, dit-on, du chef de l'Etat, des brochures anonymes, notamment le Pape et le Congrès, dont le retentissement fut considérable.

Peu après, il fut appelé (5 juillet 1861) à occuper un siège au Sénat. Il ne tarda pas à s'y faire remarquer comme orateur : les affaires extérieures, celles d'Italie en particulier, furent pour lui l'occasion de plus d'un discours intéressant.

À la suite des élections de 1863, il parut incliner vers un demi-libéralisme, et, le 15 décembre de cette année, il monta à la tribune pour présenter à ses collègues une sorte de programme « progressiste », « de nature à mettre un terme, d'après lui, à l'incertitude où se trouvait l'esprit public sur les tendances de la politique impériale ». Directeur de la France, il y soutint les mêmes idées. En mars 1864, il parla au Sénat contre les livres « où la science, dépassant sa portée légitime, vise bien haut, car elle cherche à atteindre Dieu lui-même ».

Grand-officier de la Légion d'honneur en 1866, il défendit, en février 1867, le projet de sénatus-consulte qui augmentait les attributions du Sénat : « Il fallait vérifier, dit-il, si les forces et les contre-poids créés par notre organisation constitutionnelle ne se trouvent pas faussés, et si le Sénat conserve une autorité en rapport avec la force d'impulsion qu'il est chargé de modérer. » Et il mettait au service de cette phrase laborieuse un organe péniblement grasseyant.

Nommé, au mois d'août 1868, ambassadeur à Bruxelles, il eut, à ce titre, à traiter avec M. Frère-Orban les négociations assez délicates relatives à l'exploitation des chemins de fer du Luxembourg par une compagnie française. Ce conflit, dans lequel intervint la Prusse, se termina au mois d'avril 1869.

Un décret du 12 juin 1870 envoya M. de la Guéronnière à Constantinople comme ambassadeur. Il s'était pleinement rallié au ministère Emile Ollivier, dont il avait chaleureusement appuyé la politique au Sénat lors de la discussion du sénatus-consulte d'avril.

Les événements du 4 septembre firent perdre à M. de la Guéronnière son siège au Sénat et ses fonctions diplomatiques. Revenant de Constantinople, il fut arrêté à Marseille (20 septembre), relâché le lendemain, protesta contre la mesure dont il avait été l'objet, et se fixa à Bordeaux où il demeura jusqu'à la fin de la guerre.

Devenu, en 1871, directeur politique de la Presse, il continua ses travaux de publiciste, et mourut subitement à Paris en 1875.

On doit à M. de la Guéronnière, qui se rattache comme écrivain à l'école de Chateaubriand et de Lamartine :

- la France, Rome et l'Italie (1851) ;
- Etudes et portraits politiques contemporains (1856) ;
- l'Abandon de Rome (1862) ;
- De la politique intérieure et extérieure de la France (1862) ;
- Comment finira la guerre (1871) ;
- le Droit public et l'Europe moderne (1875).

Conseiller général de la Haute-Vienne.