Louis, François, Francisque Lélut
1804 - 1877
Représentant en 1848 et en 1849, député au Corps législatif de 1852 à 1863, né à Gy (Haute-Saône) le 15 avril 1804, mort à Gy le 25 janvier 1877, il fit à Paris ses études médicales, et s'occupa spécialement des rapports de la physiologie avec la philosophie des maladies mentales.
Médecin à Bicêtre, à la Salpetrière et à la Roquette, membre du conseil d'hygiène publique et de salubrité, il se fit connaître par divers Mémoires, dont l'un, publié en 1834 dans la Gazette médicale, avait pour titre: Recherches des analogies de la folie et de la raison. Puis il s'attacha à réfuter la doctrine de Gall, dans plusieurs ouvrages: Qu'est-ce que la phrénologie? (1835); De l'organe phrénologique de la destruction chez les animaux (1838), Rejet de l'organisation phrénologique (1843). Il publia aussi le Démon de Socrate (1836) et l'Amulette de Pascal (1846). Ces travaux, dont l'originalité avait obtenu un vif succès, et qui plaçaient M. Lélut entre l'école purement physiologique et celle de Th. Jouffroy, lui ouvrirent, en 1844, malgré la vive opposition de l'éclectisme alors dominant, les portes de l'Institut; il devint, en remplacement du baron de Gérando, membre de l'Académie des sciences morales et politiques.
Conseiller général de la Haute-Saône, il brigua aussi, après la révolution de février, les suffrages des électeurs de ce département, comme candidat à l'Assemblée constituante, et il fut élu représentant, le 23 avril 1848, le 8e sur 9, par 22,028 voix. Il prit place au centre, et vota :
- pour le rétablissement du cautionnement et de la contrainte par corps,
- pour les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière,
- contre l'abolition de la peine de mort,
- contre l'amendement Grévy sur la présidence,
- contre le droit au travail,
- pour l'ordre du jour en l'honneur de Cavaignac,
- pour la proposition Rateau,
- contre l'amnistie,
- pour l'interdiction des clubs,
- pour les crédits de l'expédition de Rome, etc.
Rallié à la politique présidentielle de L. N. Bonaparte, il continua de la soutenir à l'Assemblée législative où le même département l'envoya siéger, le 13 mai 1849, le 5e sur 7, par 27,692 voix (63,844 votants, 98,904 inscrits). Il appuya la politique intérieure et extérieure du gouvernement, donna son suffrage à toutes les lois restrictives de la liberté et applaudit au coup d'Etat du 2 décembre, après lequel il fit partie de la Commission consultative.
Désigné, aux élections du 22 février 1852, comme candidat officiel au Corps législatif dans la 2e circonscription de la Haute-Saône, il y obtint 18,409 voix (18,886 votants, 25,247 inscrits), et alla prendre place dans la majorité qui vota le rétablissement de l'Empire. M. Lélut fut nommé, vers la même époque, membre du conseil de l'instruction publique, puis, en 1854, inspecteur général de l'enseignement. « Il s'est occupé surtout de l'étude des maladies mentales, » écrivait alors un biographe parlementaire, qui ajoutait avec irrévérence: « sa spécialité le fit paraître utile pour une assemblée politique aux yeux des électeurs de la Haute-Saône, ses compatriotes qui, aux trois dernières élections, lui ont confié leur mandat. »
Au Corps législatif, où il fut réélu le 22 juin 1857, par 18,455 voix (18,686 votants, 23,824 inscrits), M. Lélut opina constamment avec la majorité dynastique. Il parut souvent à la tribune et se fit remarquer par des discours en faveur du système pénitentiaire cellulaire, par des rapports sur la taxe des chiens, sur l'aménagement des eaux minérales, sur la réforme du code forestier, etc. Il prit également part à la discussion de la loi relative aux titres de noblesse, et en combattit les principes et les conséquences.
M. Lélut, toujours appuyé par le gouvernement, se représenta aux élections du 1er juin 1863, mais il échoua avec 8,949 voix, contre 11,241 à l'élu indépendant, M. de Marmier. Le 24 mai 1869, il ne réunit plus que 384 voix, sur 20,517 votants.
Quoique médecin des aliénés de la Salpêtrière et membre de l'Académie de médecine, M. Lélut ne pratiqua guère son art qu'en 1854, dans son département, pendant une épidémie cholérique. On lui doit encore : Inductions sur la valeur des altérations de l'encéphale dans le délire aigu et dans la folie (1836), cette valeur y est presque réduite à rien; Un mot sur la valeur intellectuelle de la femme (1840); Traité de l'égalité (1849); Traité de la santé du peuple (1859); Lettre sur l'emprisonnement cellulaire; enfin la Physiologie de la pensée, publiée en 1861 et qui est incontestablement son ouvrage capital. Officier de la Légion d'honneur (14 août 1852).