Désiré, Jean-Baptiste, François Bancel

1822 - 1871

Informations générales
  • Né le 12 février 1822 à La mastre (Ardèche - France)
  • Décédé le 23 janvier 1871 à La mastre (Ardèche - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale législative
Mandat
Du 13 mai 1849 au 2 décembre 1851
Département
Drôme
Groupe
Montagne
Régime politique
Second Empire - Corps législatif
Législature
IVe législature
Mandat
Du 23 mai 1869 au 4 septembre 1870
Département
Rhône
Groupe
Gauche

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Représentant à l'Assemblée législative de 1849 et député en 1869-70, né à La Mastre (Ardèche), le 12 février 1822, mort à La Mastre, le 23 janvier 1871, il était le fils d'un avocat de Valence qui s'était acquis de la réputation au barreau de cette ville et qui fut aussi membre du Conseil général de l'Ardèche. Il étudia le droit sous les auspices de son père, et en 1848 écrivit, en collaboration avec lui, une étude sur le Crédit hypothécaire envisagé au point de vue du crédit public et de l'organisation du travail.

Inscrit lui-même au barreau de Valence, et, connu pour ses opinions ardemment républicaines, il fut nommé, le 13 mai 1849, représentant du peuple à l'Assemblée législative par le département de la Drôme, qui lui donna 41 104 voix sur 67 889 votants et 94 136 inscrits. Il siégea à la Montagne, et se montra un des plus résolus adversaires de la politique napoléonienne ou royaliste. Il se mêla à plusieurs discussions publiques, principalement à celle de la révision de la Constitution, et vota :

- le 20 octobre 1849, contre les crédits demandés pour l'expédition romaine ;
- le 8 décembre, pour la proposition Savatier-Laroche (abolition de la peine de mort) ;
- le 31 mai 1850, contre la nouvelle loi électorale ;
- le 16 juillet, contre le cautionnement et l'impôt du timbre sur les écrits périodiques.

Après le coup d'état du 2 Décembre, contre lequel il avait protesté, il fut (9 janvier 1852) envoyé en exil : il se réfugia à Bruxelles. Quatre ans après, l'Université libre l'y chargea de lectures publiques, destinées à remettre en faveur la littérature française des XVIIe et XVIIIe siècles, et qui ne tardèrent pas à prendre le caractère de véritables harangues démocratiques ; elles obtinrent, d'ailleurs, le plus brillant succès, non seulement à Bruxelles, mais dans toute la Belgique, que Bancel parcourait activement en orateur de la libre-pensée.

Rentré en France après l'amnistie, il fut, en 1864, lors des deux élections complémentaires de Paris, présenté comme candidat ; l'autorité refusa d'admettre son serment envoyé de Bruxelles par le télégraphe. À cette occasion, il poursuivit même judiciairement le préfet de police, mais l'affaire n'eut pas de suites. Sa candidature fut posée à nouveau et dans de meilleures conditions de réussite, le 24 mai 1869, à la fois dans la Drôme, dans la 2e circonscription du Rhône et dans la 3e circonscription de la Seine, où il engagea la lutte contre M. Emile Ollivier. Bancel était le candidat des républicains radicaux dits « irréconciliables » ; toutefois, il déclara, qu'il prêterait le serment à l'Empire, et, dans une réunion tenue à la salle de la Redoute, à Paris, il fit entendre cette déclaration : « La démocratie est sainte et sacrée ; je suis son enfant, je serai son défenseur, son apôtre, mais la démagogie n'est pas autre chose que la route tracée aux dictatures et aux despotismes. Je ne suis ni jacobin, ni montagnard, ni girondin, ni maratiste, ni hébertiste, mais le fils dévoué de la révolution et l'amant de la liberté ! » Il se prononçait contre les armées permanentes ; quant à la liberté d'enseignement telle que la réclament les catholiques, il la considérait comme la « liberté de ne pas enseigner ».

Cette élection donna lieu à un incident particulier. On attendait la profession de foi de M. Emile Ollivier ; mais on lut, à la place, dans les journaux, la lettre suivante adressée à M. Bancel :

« Monsieur, 1 073 électeurs de la 3e circonscription, dont j'ignore le nom, vous ont offert une candidature contre moi, parce que je me suis rendu indigne de la confiance de la démocratie. Vous avez accepté cette offre ; par là, vous vous êtes engagé à reproduire, en ma présence, et à justifier l'accusation d'indignité qui est la raison de votre candidature. Je vous engage publiquement à remplir cet engagement. Agréez..., etc.

EMILE OLLIVIER. »

M. Bancel répondit qu'il n'était point partie dans ce procès entre M. Emile Ollivier et ses électeurs, procès qui ne pouvait se débattre que dans les réunions publiques. Après la réunion privée convoquée par M. Emile Ollivier au théâtre du Châtelet, qui fut envahi par les partisans de Bancel, ce dernier, soutenu par les journaux de la démocratie avancée, et notamment par le Rappel, fut élu à Paris par 22 848 voix (36 343 votant, 44 032 inscrits) ; M. Emile Ollivier n'obtint que 12 848 suffrages.

En même temps, la 2e circonscription de Lyon lui donnait également la majorité : 16 953 voix contre MM. Hénon, député sortant, 6 936, et Mathevon, 5 433 (29,495 votants, 40 220 inscrits) ; quoique assermenté à l'Empire, Bancel, qui avait promis de représenter à la Chambre « l'opposition irréconciliable et l'éternelle revendication », vota pendant la dernière session du Corps législatif avec l'opposition parlementaire la plus accentuée. Il s'était prononcé contre la déclaration de guerre à la Prusse ; mais sa santé l'ayant obligé à se retirer dans la Drôme, avant le 4 septembre 1870, il ne put prendre part aux événements politiques qui accompagnèrent et suivirent la chute du gouvernement impérial. Gravement malade à La Mastre, il y mourut pendant la guerre franco-allemande.