Florimond, Paul, Denis, Louis, Joseph Bonte
1890 - 1977
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 22 janvier 1890 à Tourcoing (Nord).
Député de la Seine de 1936 à 1942. Délégué à l'Assemblée Consultative provisoire de 1943 à 1945. Député de la Seine aux deux Assemblées Nationales constituantes de 1945 à 1946. Député de la Seine à l'Assemblée Nationale de 1946 à 1958.
Fils d'un modeste employé de commerce et d'une ouvrière en textile, originaires de Tourcoing, Florimond Bonté doit ses connaissances classiques au sacrifice que s'imposèrent pour lui ses parents.
Elève au collège de Tourcoing il prend, dès son entrée, la tête de sa classe. Jeune écolier catholique, il est attiré par la propagande du mouvement sillonniste, dirigé par Marc Sangnier et y adhère jusqu'au moment où le Pape le condamne. Ses études terminées, il trouve un emploi dans une maison de commerce et milite au sein du syndicat des employés de Roubaix-Tourcoing. En 1914, il rencontre Jules Guesde au cours d'une réunion politique organisée par la section du parti socialiste, à Wattrelos, et cette entrevue décide de l'orientation politique et philosophique de sa vie.
Il avait accompli en 1913 son service militaire comme sous-lieutenant de réserve d'infanterie, et un an plus tard, le 1er août 1914 il repart aux armées, est envoyé au front, se bat et est blessé au mois de septembre, à la bataille de la Marne. Guéri de ses blessures, il retourne au front, et, en janvier 1916 est fait prisonnier par les Allemands. Il est en Allemagne lorsque éclate la révolution de 1918 et prend part aux travaux des conseils d'ouvriers, de paysans et de soldats qui viennent de renverser le Kaiser et de proclamer la République. De retour en France, il envoie, sous le pseudonyme de Pierre Flory, des articles au journal minoritaire du parti socialiste Le Populaire du Centre qui consacreront ses débuts dans la carrière journalistique.
Démobilisé en 1919, il entre en qualité de métreur en bâtiments, chez un grand entrepreneur de travaux publics de Lille. Son action de militant s'intensifie : il crée dans le Nord l'« Association républicaine des anciens combattants» qui sera présidée par Henri Barbusse.
Membre de la section Wattrelosienne de la Fédération du Nord du parti socialiste, il participe, après la scission de Tours, en 1920, à la formation du parti communiste et dirige les mouvements revendicatifs des mineurs, des métallurgistes et des ouvriers du textile.
Son attitude, lors du conflit armé polono-soviétique, lui vaut en 1922, d'être traduit devant le Conseil de guerre en sa qualité d'officier de réserve, et d'être condamné à la dégradation.
En 1923, il est élu secrétaire de la Fédération du Nord du parti communiste français, et en 1924, est nommé, avec Maurice Thorez, secrétaire de la région communiste du Nord et du Pas-de-Calais; poste qu'il occupe jusqu'en 1933.
Il avait pris en 1919 la direction de l'hebdomadaire Le Prolétaire, et, après l'interdiction de celui-ci par Poincaré, celle de L'Enchaîné du Nord.
En 1929, il devient rédacteur en chef de L'Humanité, en remplacement de Paul Vaillant-Couturier incarcéré à la prison de la Santé. Il assume ces fonctions jusqu'en 1931 où il reprend son poste de secrétaire de la Fédération du Nord, et il séjourne à Moscou de 1933 à 1934 comme correspondant permanent de L'Humanité. De retour à Paris, il dirige les Cahiers du communisme.
Appréhendant les dangers du fascisme, de l'hitlérisme et de leurs prolongements en France, il prend part activement aux travaux du « Comité national de coordination du parti communiste français et du parti S.F.I.O.» puis à ceux du « Comité national du rassemblement populaire ».
Aux élections générales législatives des 26 avril et 3 mai 1936, il se présente dans la 2e circonscription du 11e arrondissement de Paris et il est élu au deuxième tour de scrutin par 9.212 voix contre, 7.852 à M. Lucien Besset, député sortant.
Inscrit au groupe communiste, il entre à la Commission du suffrage universel et à celle des affaires étrangères dont il sera élu secrétaire. II intervint fréquemment en séance publique et plus particulièrement dans les débats de politique extérieure. Il défend à la tribune la sécurité collective et le désarmement général, et manifeste son opposition à la politique de Munich.
Sur le plan local, il travaille au développement du mouvement sportif dans le 11e arrondissement de Paris.
En mai 1938, il se rend aux Etats-Unis sous le couvert et avec la recommandation de l'Ambassade de France, pour y faire une tournée de conférences. En 1939, après la dissolution du parti communiste, il fonde à la Chambre des députés « Le groupe ouvrier et paysan français » organisme déclaré illégal, ce qui lui vaut l'objet d'un mandat d'arrêt. Son immunité parlementaire est levée en même temps que celle de ses collègues communistes. a la demande du général Hering gouverneur militaire de Paris, le 30 novembre 1939. Il est incarcéré à la prison de la Santé, puis, après sa condamnation par le 3e tribunal militaire de Paris, transféré à la prison d'Angers. Il connaîtra ainsi treize prisons successives dont la dernière sera celle de Maison-Carrée à Alger où il est transporté sur l'ordre du Gouvernement de Vichy, Cette alternance d'événements dramatiques, lui inspirera un livre : Le chemin de l'honneur dans lequel il décrit « ses prisons ».
Il est libéré le 5 février 1943 par les troupes alliées, et se jette immédiatement dans la lutte pour la libération de la France. II fonde l'hebdomadaire communiste Liberté dont il est à la fois le directeur politique et le rédacteur en chef. Délégué à l'Assemblée Consultative provisoire d'Alger, au titre de la Chambre des députés, il prend une part active à ses délibérations.
Rentrant à Paris en 1944, il retrouve sa femme, membre du Comité de Libération et maire adjoint du 11e arrondissement, qui, durant son absence avait été condamnée à mort pour faits de résistance et recherchée en vain par la Gestapo. Deux de ses enfants avaient été arrêtés. Il siège toujours à l'Assemblée Consultative provisoire, transférée à Paris, au Palais du Luxembourg, et qui prépare l'organisation des pouvoirs publics.
Il est élu à la 1re Assemblée Nationale Constituante, le 21 octobre 1945, dans la 3e circonscription de la Seine, en tête de la liste communiste qui obtient 163.512 voix sur 488.644 votants. Il est réélu à la 2e Assemblée Nationale Constituante, le 2 juin 1946, par 158.677 voix sur 475.651 votants, et retrouve son siège à l'Assemblée Nationale, le 10 novembre 1946 par 166.512 voix sur 472.467 votants, le 17 juin 1951 par 137.060 voix sur 430.312 votants, et le 2 janvier 1956 par 167.276 voix sur 516.599 votants. Aux élections générales du 23 novembre 1958, il doit s'incliner devant M. Malleville U.N.R, qui obtient 31.898 voix alors qu'il n'en recueille lui-même que 18.163 dans la 10e circonscription de la Seine.
De 1945 à 1958 il appartient constamment à la Commission des affaires étrangères, et intervient en séance publique dans la plupart des débats intéressant la politique extérieure de la France ; il se préoccupe également, en 1950, du réarmement de l'Allemagne.
En juin 1949, son immunité parlementaire est levée, à la demande du Gouvernement, pour délit de presse. Mais il lui est tenu compte de la eontribution qu'il a apportée, avec sa famille, à la défense de la patrie.
Depuis son échec de 1958, il se consacre à, la section de politique étrangère du Comité central du parti communiste dont il est membre depuis 1924. Il collabore à divers journaux et revues et est rédacteur en chef de France Nouvelle. Il a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels on peut citer : Contrefaçon socialiste du Guesdisme à la politique du soutien (1926) ; La guerre de demain : aérienne, bactériologique, chimique (1928) ; Le front rouge contre la guerre (1932); La mission de la France en Europe (1944) ; La politique extérieure de la France et l'indépendance nationale (1944) ; Les fossoyeurs de la France (1946) ; Certitude de la victoire (1951) ; Le militarisme et la France (1961).
Mélomane fervent, il consacre ses loisirs à la composition de musique légère. On lui doit plusieurs valses-musette très appréciées des amateurs d'accordéon.
Né le 22 janvier 1890 à Tourcoing (Nord)
Décédé le 19 novembre 1977 à Fleury-Mérogis (Essonne)
Député de la Seine de 1936 à 1940 Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Seine)
Député de la Seine de 1946 à 1958
(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome II, p. 666 à 668)
Transféré à la prison d'Angers pendant la débâcle, Florimond Bonte connaîtra ensuite treize prisons en métropole (Ile de Ré, Bordeaux, Tarbes...) avant d'embarquer pour l'Algérie où il est interné à la prison militaire d'Alger, puis à Maison Carrée. Il relatera cet épisode de sa vie dans son livre « Le chemin de l'honneur ».
Trois mois après le débarquement allié, le 5 février 1943, sur intervention du général de Gaulle, Florimond Bonte recouvre la liberté. En novembre, le Chef de la France libre le nomme, au titre du Parlement, délégué à l'Assemblée consultative provisoire où il représente, avec d'autres, le groupe communiste de la Chambre des députés. Fondateur et rédacteur en chef de l'hebdomadaire « Liberté » il contribue à l'entrée des communistes au G.P.R.F.
De retour à Paris, en septembre 1944, Florimond Bonte y retrouve sa femme, qui, condamnée à mort par contumace pour faits de résistance, avait pu échapper à la Gestapo ainsi que ses enfants, dont deux avaient été incarcérés par l'occupant. Un mois plus tard, par décision du Conseil des ministres du 28 octobre 1944, prise en application de l'ordonnance du 9 août de la même année portant rétablissement de la légalité républicaine, il a la satisfaction de se voir relever de la déchéance de son mandat de député qui l'avait frappé le 20 février 1940.
Elu conseiller municipal de Paris en avril 1945, mandat qui lui sera renouvelé en 1947 et 1953, Florimond Bonte conduit la liste du Parti communiste dans le 3e secteur de la Seine (3e, 4e, 10e, 11e, 12e, 19e et 20e arrondissements de Paris) aux élections d'octobre 1945 à l'Assemblée nationale Constituante. Recueillant 34,5 % des suffrages exprimés, sa liste arrive en première position et obtient quatre élus. Il en ira de même aux élections pour la seconde Assemblée nationale Constituante (33,8 % et quatre élus) ainsi qu'aux trois élections législatives de la IVe République où, toujours tête de liste, Florimond Bonte sera réélu avec 36 % des suffrages pour cinq députés (novembre 1946), 32,8 % et quatre députés (juin 1951), 33,7 % et à nouveau quatre députés (janvier 1956).
Membre de la Commission des affaires étrangères, très présent à l'Assemblée, Florimond Bonte y défend avec vigueur la politique de son parti : contre le plan Marshall et le réarmement de l'Allemagne occidentale, pour l'admission de la Chine populaire à l'O.N.U., contre la ratification du traité instituant la C.E.C.A. à laquelle il oppose la question préalable. Il se fait souvent remarquer par ses formules à l'emporte-pièce : ainsi le 1er décembre 1947, après l'exclusion de Raoul Calas, il qualifie le Président Herriot de « républicain en peau de lapin ». Avec ses collègues du groupe communiste, le député de Paris vote la confiance à Guy Mollet et les pouvoirs spéciaux en Algérie (31 janvier et 12 mars 1956), s'abstient volontairement lors de l'investiture de Pierre Pflimlin (13 mai 1958) mais approuve l'état d'urgence en métropole (16 mai) et le principe de la révision de certains articles de la Constitution (27 mai) puis refuse la confiance au général de Gaulle (1er juin) ainsi que les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (2 juin).
Parallèlement à l'exercice de ses mandats électifs, Florimond Bonte poursuit sa carrière au sein du Parti communiste et continue de s'intéresser à la presse. Réélu au Comité central à la Libération, il y siègera tout au long de la IVe République ; membre du Bureau politique de 1944 à 1947, il y sera responsable de la presse. Fondateur de la revue « France nouvelle » en 1945, il en assumera les fonctions de directeur et de rédacteur en chef jusqu'en 1956.
Pendant la guerre froide, ses prises de position lui valent, en juin 1949, la levée de son immunité parlementaire pour délit de presse. Longtemps admirateur de Staline qu'il qualifie dans « France nouvelle » du 11 octobre 1952 de « grand maître incontesté de la science » et de « génial architecte de la société nouvelle » le député de Paris, demande, lors d'une réunion du Comité central tenue en mars 1956, le réexamen de l'attitude des communistes français face au stalinisme.