Jeanine Bonvoisin
1926 - 1996
Jeanine BONVOISIN
Née le 28 avril 1926 à Villerville (Calvados)
Décédée le 25 février 1996 à Rouen (Seine-Maritime)
Députée de Seine-Maritime de 1993 à 1996
Jeanine Bonvoisin, née Roney, est originaire d’une famille de marins-pêcheurs depuis au moins trois générations. Elle quitte le littoral normand durant la Seconde guerre mondiale, pour s’installer à Rouen. Elle devient postière tout en suivant une formation de secrétariat. Mariée en 1948 à Marcel Bonvoisin, ingénieur agronome, elle part vivre avec lui au Maroc, où naissent leurs huit enfants, avant de revenir en France en 1957. Lorsque son mari décède, elle devient secrétaire commerciale, tout en assurant l’éducation de ses enfants. Elle débute en politique en 1965 en tant que conseillère municipale de Rouen, dont Jean Lecanuet, ex-candidat à la présidence de la République, est maire. De 1977 à 1989, elle est troisième adjointe au maire de Rouen et assure la gestion de l’office HLM. Elle devient premier adjoint, chargée de la coordination municipale, en 1989. Elle est également conseiller général à partir de 1982, et conseiller régional de 1983 à 1986.
Son engagement au niveau national commence en 1986, lorsqu’elle se présente aux élections législatives comme candidate du Centre des Démocrates Sociaux (CDS), avec le soutien de Jean Lecanuet. Placée en neuvième position sur la liste unique UDF-RPR, qui obtient 5 sièges à la représentation proportionnelle, Jeanine Bonvoisin n’est pas élue.
Elle se présente à nouveau en 1993, comme candidate Union pour la Démocratie Française – CDS dans la 1ère circonscription de la Seine-Maritime. Dénonçant le bilan « lourdement négatif » du second septennat socialiste, elle propose un programme de grands travaux pour relancer l’emploi. Dans le domaine de la sécurité, elle souhaite une maîtrise de l’immigration. Elle souhaite une « priorité aux enseignements élémentaires » de la politique d’éducation et une réforme du service militaire.
Affrontant pas moins de dix candidats au premier tour, parmi lesquels le socialiste Michel Bérégovoy, frère de l’ex-Premier ministre et député sortant. Jeannine Bonvoisin obtient 16 925 voix, Michel Bérégovoy 6 771 voix, Dominique Chaboche, ancien député du Front national 4 704 voix et le candidat communiste Didier Chartier 2 282 voix. Le retrait du candidat frontiste donne la victoire à Jeanine Bonvoisin qui réunit sur son nom 22 076 voix au second tour, soit 61,4% des suffrages exprimés.
A son arrivée au Palais-Bourbon, la députée de Seine-Maritime s’inscrit au groupe de l’Union pour la démocratie française et du Centre. Elle siège dans un premier temps à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République avant de demander à intégrer la commission des affaires culturelles, familiales et sociales – dont les préoccupations répondent davantage à son parcours politique local. Dans sa première intervention orale, elle pose au gouvernement une question sur la retraite des veuves civiles. Elle demande pour les plus démunis « non pas la charité, mais seulement un peu de justice et d’équité (3 novembre 1993). Elle prend la parole à deux reprises lors de l’examen du budget pour 1994, pour évoquer la politique de la ville (5 novembre 1993) et l’emploi (6 novembre 1993). A cette dernière occasion, la députée centriste illustre ses convictions politiques en évoquant la réduction du temps de travail : « chacun reconnaît qu’il faut aller plus loin et faire preuve d’une audace encore plus grande. Ainsi, certains collègues ont lancé l’idée de la semaine de trente-deux heures. S’agit-il d’une vraie ou d’une fausse bonne idée ? Actuellement, je ne possède pas suffisamment d’éléments pour trancher sur cette question, à propos de laquelle chacun se détermine davantage en fonction d’un acte de foi qu’en se fondant sur des réalités objectives. Même si, pour l’instant, je demeure quelque peu sceptique, je ne demande qu’à être convaincue. Quitte à partager, au-delà de la générosité nécessaire, je crois qu’il est plus motivant de partager la richesse liée à la création que de gérer la pénurie. » Au cours de son mandat, elle vote notamment en faveur du projet de loi réformant le droit de la nationalité (24 juin 1993), qui soumet l’obtention de la nationalité française pour un mineur né en France de parents étrangers à une déclaration préalable entre 16 et 21 ans. Dans la suite de la législature, sa santé la tient éloignée de l’activité parlementaire. La maladie contre laquelle elle a combattue plusieurs années emporte Jeanine Bonvoisin le 25 février 1996, à l’âge de 69 ans. Le 12 mars 1996, Philippe Séguin, président de l’Assemblée nationale, prononce son éloge funèbre, en présence du Premier ministre et de François Bayrou, ministre de l’Education nationale. Le premier rappelle sa qualité maîtresse : « la plus discrète, mais aussi la plus rare et la plus riche d’entre toutes : la simplicité ». Le second dit avoir pour elle « beaucoup d’affection et d’admiration, parce qu’elle était l’illustration moderne d’une grande tradition humaniste et populaire, faite de courage, d’engagement et de foi. »