Jacques, Louis, Henri Affre-Saint-Romme
1791 - 1858
Représentant du peuple à l'Assemblée constituante de 1848, né à Saint-Romme-de-Tarn (Aveyron), le 3 décembre 1791, mort à Rodez le 5 Janvier 1868, il était fils de Jean-Louis Affre, magistrat, et de Marie-Christine Boyer, et neveu, par sa mère, de Denis Boyer, directeur du séminaire de Saint-Sulpice, connu par la publication de plusieurs ouvrages théologiques estimés. Son frère cadet, Denis-Auguste Affre, fut archevêque de Paris, de 1840 à 1848. La famille Affre était, de plus, apparentée à celle de M. de Frayssinous, évêque d'Hermopolis, qui fut pair de France, grand maître de l'Université et membre de l'Académie française.
Affre Saint-Romme se destina d'abord à la magistrature et se fit recevoir avocat ; puis, grâce aux alliances de sa famille et à ses sentiments religieux et politiques, fut nommé bientôt procureur du roi par le gouvernement de Louis XVIII.
Lors du retour de l'île d'Elbe, Affre refusa de se soumettre à « l'Usurpateur », et donna sa démission ; la rentrée des Bourbons lui rendit son poste qu'il occupa jusqu'en 1830 ; il venait d'être nommé sous-préfet par Charles X, quand la Révolution de Juillet lui fit de nouveau résigner ses fonctions ; il se fixa alors à Rodez, et se fit inscrire au barreau de cette ville, où ses antécédents et la netteté de ses opinions le firent bientôt considérer comme le chef du parti légitimiste et catholique dans le département de l'Aveyron. C'est en cette qualité qu'il se présenta comme candidat de l'opposition, aux élections générales du 1er août 1846, dans le troisième collège de l'Aveyron, contre le député ministériel sortant, M. Pons ; il n'obtint que 103 voix contre 193 données à M. Pons, qui fut élu.
Après la proclamation de la République, en 1848, il brigua de nouveau le mandat législatif, et fut élu, le 23 avril 1848, par 42 592 voix sur 105,448 électeurs inscrits et 90 119 votants, le quatrième sur une liste d'union conservatrice formée par les conservateurs et les républicains très modérés. Le comité central républicain de l'Aveyron avait opposé une liste composée des citoyens Charles Blanc, Louis Boulommié, Cantagrel, Carcenac, Cluzel, Cure, Denayrouse, Médal fils, Raginel, Vincent Rozier ; le candidat le plus favorisé de cette liste, Carcenac, alors maire de Rodez, obtint 28 382 voix.
Durant la période électorale, Affre Saint-Romme avait montré dans ses déclarations assez de réserve au sujet de la forme du gouvernement ; il s'était borné à affirmer qu'il se rallierait à toutes les mesures libérales propres à assurer l'ordre public, les lois nécessaires à une monarchie n'étant point les mêmes que celles que réclame un gouvernement populaire. L'Assemblée nationale s'étant organisée en quinze grands Comités, Affre fit partie du Comité des cultes. Il s'écarta peu, dans ses votes, de la majorité qui soutint la politique du général Cavaignac ; son frère, l'archevêque de Paris ayant été tué sur une barricade, Affre Saint-Romme refusa de prendre part aux délibérations qui suivirent l'insurrection de Juin, par une lettre dont le président donna lecture à l'Assemblée dans la séance du 12 août 1848 :
« Monsieur le Président, j'ai l'honneur de demander à l'Assemblée de ne pas prendre part aux débats qui peuvent s'ouvrir à la suite de l'enquête ordonnée par l'Assemblée sur les faits de l'insurrection. Des motifs de haute convenance me font un devoir de m'abstenir.
Je suis avec respect, etc...
AFFRE. »
Pendant la législature de 1848-49, Affre vota :
- le 9 août 1848, pour le « Cautionnement des journaux, » c'est-à-dire contre l'amendement Pascal Duprat, rejeté ;
- le 11 août, contre les « Invalides de la campagne» (proposition Ceyras) ajourné ;
- le 22 août, contre les « Concordats amiables », projet présenté par le Comité de législation, et adopté ;
- le 15 septembre, contre « le Droit au travail » (amendement Félix Pyat) ;
- le 25 septembre, pour l'Impôt progressif (amendement Goudchaux), adopté ;
- le 27 septembre, pour l' « Institution des deux Chambres » (amendement Duvergier de Hauranne), rejeté ;
- le 29 septembre, pour le « Vote à la commune au lieu du vote au canton » (amendement Bérard), rejeté ;
- le 7 octobre, contre la « Délégation du pouvoir exécutif à un Président du Conseil des Ministres» (amendement Grévy), rejeté ;
- le 11 octobre, contre le projet de décret sur l' « Institution du Crédit foncier » ; l'Assemblée refusa de passer à la discussion des articles ;
- le 20 octobre, pour le « Remplacement militaire » ;
- le 11 décembre, contre l'ensemble du projet sur les « Lois organiques» adopté ;
- le 28 décembre, pour la « Diminution de l'Impôt du sel » (amendement Anglade), adopté ;
- le 7 février 1849, pour la « Dissolution de l'Assemblée après le vote d'une loi électorale », et pour la « Convocation d'une Assemblée législative» (proposition Rateau-Lanjuinais), adopté ;
- le 21 mars, pour la « Suppression des Clubs » (proposition Odilon Barot), adopté.
Lors de l'élection du prince Louis-Napoléon à la Présidence de la République, Affre Saint-Romme garda vis-à-vis du gouvernement de l'Elysée une neutralité plutôt bienveillante ; son suffrage fut acquis à toutes les propositions émanant de la Droite à l'Assemblée constituante.
Après la dissolution de la Chambre, dissolution qu'il avait souhaitée et votée, Affre Saint-Romme rentra dans la vie privée, et se retira à Rodez, où il resta jusqu'à l'heure de sa mort.