Pierre, Marie Pietri
1809 - 1864
Représentant en 1848 et sénateur du second Empire, né à Sartène (Corse) le 23 mai 1809, mort à Paris le 28 février 1864, il fit son droit à Aix, et s'inscrivit en 1831 comme avocat au barreau de Paris.
Attaché quelque temps au cabinet de Crémieux, il manifesta des opinions libérales et démocratiques très avancées, prit part à l'insurrection de juin 1832, fut du nombre des avocats qui s'associèrent à la protestation de Ledru-Rollin contre l'état de siège, s'affilia à la Société des droits de l'homme, et conspira contre Louis-Phillippe. Ce fut lui qui servit d'agent en France au roi Jérôme, lorsque celui-ci demanda, en 1847, l'autorisation de rentrer en France, et qui s'occupa de rallier des voix à la Chambre en faveur de sa pétition pour l'abrogation des lois d'exil.
Après la révolution de février 1848, il se déclara nettement républicain, fut nommé commissaire du gouvernement provisoire en Corse, et se porta candidat à l'Assemblée constituante avec une profession de foi qui contenait ce passage : « Depuis dix-huit ans sur la brèche, écrivait-il, je n'ai pas hésité à prendre part au mouvement populaire qui a renversé la monarchie. Je suis franchement, radicalement républicain. Je présente ma candidature et je demande à tous les patriotes de l'adopter comme une adhésion sans réserve à la République. Républicain par raison, par sentiment, par instinct, je ne transigerai jamais avec mes principes, avec ma conscience: ma vie est au service de ma conviction. »
Elu, le 23 avril 1848, représentant de la Corse, le 3e sur 6, par 18,775 voix (50,947 votants, 58,467 inscrits), il prit place à gauche, fit partie du comité de l'intérieur, et vota d'abord avec les républicains :
- contre le rétablissement du cautionnement et de la contrainte par corps,
- contre les poursuites contre Louis Blanc, qu'il défendit à la tribune (31 mai 1848) et contre Caussidière,
- contre l'état de siège,
- pour l'amendement Grévy,
- pour la réduction des heures de travail,
- pour l'impôt progressif.
Mais dès que L.-N. Bonaparte eut posé sa candidature à la présidence, M. Piétri se sépara de la gauche et devint un des partisans les plus zélés du prince. Il s'associa à la proposition Rateau, demanda la suppression des clubs et appuya de son vote l'expédition romaine.
Devenu un des familiers de l'Elysée, il fut nommé, en 1849, préfet de l'Ariège, qu'il administra jusqu'à la veille du coup d'Etat. En prévision de cet acte, dont il avait été un des confidents, il s'était vu appelé, dans le courant de novembre 1851, à la préfecture de la Haute-Garonne.
Au commencement de 1852, après que M. de Maupas eut pris possession du ministère de la police, Piétri le remplaça comme préfet de police. Dans ce poste nouveau, auquel les circonstances donnaient un caractère particulier, il sut se rendre indispensable au pouvoir, et réussit à faire écarter M. de Maupas, son supérieur. Pourtant, l'attentat du 14 janvier 1858 l'obligea à résigner ses fonctions.
Le 9 juin 1857 il avait été fait sénateur. En 1860, il fut envoyé comme commissaire du gouvernement pour organiser l'annexion de la Savoie. Ce ne fut pas sans étonnement qu'à la session de 1862, on l'entendit demander à la tribune de la Chambre haute la liberté individuelle, la liberté de la presse, la sincérité des élections, le rappel du corps d'expédition de Rome, afin de « conjurer les tempêtes formées par la politique de temporisation et d'immobilité. »
Il publia, la même année, un ouvrage intitulé: Politique française et politique italienne, fut envoyé avec des instructions spéciales comme préfet dans la Gironde (1863), pour préparer les élections, s'acquitta de cette mission à la satisfaction du gouvernement impérial, reçut en récompense la grand-croix de la Légion d'honneur, et mourut l'année suivante.