Gérard Bordu

1928 - 2020

Informations générales
  • Né le 21 avril 1928 à Melun (Seine-et-Marne - France)
  • Décédé le 4 octobre 2020 à Marseille ()

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Seine-et-Marne
Groupe
Communiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 3 avril 1978 au 22 mai 1981
Département
Seine-et-Marne
Groupe
Communiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 2 avril 1986 au 14 mai 1988
Département
Seine-et-Marne
Groupe
Communiste

Biographies

Biographie de la Ve République

BORDU (Gérard)
Né le 21 avril 1928 à Melun (Seine-et-Marne)
Décédé le 4 octobre 2020 à Marseille (Bouches-du-Rhône)
Député de Seine-et-Marne de 1973 à 1981, puis de 1986 à 1988

Issu de familles de boulangers originaires du Cher, en ce qui concerne sa mère, et du Gard, du côté paternel, Gérard Bordu naît le 21 avril 1928 à Melun. Titulaire d’un CAP d’électricien, il fait son service militaire dans la marine en tant que quartier-maître, de 1945 à 1948, sur le porte-avions Arromanches. C’est cette même année 1948 qu’il s’engage au Parti communiste français (PCF). Il est, quatre ans plus tard, secrétaire d’une cellule de la section de Melun-Nord. Agent EDF d’exploitation depuis 1948, il milite aussi à la Confédération du travail (CGT) et y exerce des fonctions de représentation, redonnant un souffle à l’activité syndicale locale. De 1953 à 1958, il devient conseiller municipal à Melun, tandis qu’il est, depuis 1956, secrétaire fédéral du PCF en Seine-et-Marne, ce qui lui vaut un mois de formation à l’école des cadres du parti. Il prend d’ailleurs part aux querelles internes qui agitent le PCF et s’oppose en particulier aux « dévationnistes » et à l’une de ses figures, Laurent Casanova, qui a été chargé de secteur des intellectuels – et appartenait à la section de Seine-et-Marne – lors du XVIe Congrès de 1961. L’opération se solde par l’exclusion de ce dernier. C’est alors que Gérard Bordu entre au Comité central du parti, comme membre suppléant.

Sa vie politique se traduit donc par un aller-retour permanent entre le parti et le territoire de Seine-et-Marne. Gérard Bordu poursuit son engagement politique sur le terrain en se présentant aux élections législatives de 1967 et 1968, dans la 2e circonscription de Seine-et-Marne (Lagny-Chelles). Il parvient au second tour en 1967 avec 30,56 % des suffrages exprimés (17 826 voix), derrière le candidat de l’Union des démocrates pour la République (UDR) Guy Rabourdin (41,24 % ; 24 050 voix) et devant Robert Jaeger, candidat de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste -FGDS- (14,66 % ; 8 551 voix), qui se désiste pour lui en vertu des accords de décembre 1966. Avec pour suppléant André Carrez, ouvrier agricole, Gérard Bordu rappelle que « [sa] fidélité au Parti découle naturellement de [sa] fidélité envers la classe ouvrière et les travailleurs ». Le candidat communiste avait appelé dès le premier tour à un rassemblement à gauche, regrettant que « la Fédération de la Gauche n’ait pas accepté nos propositions renouvelées de programme commun, et qu’elle envisage la possibilité de désistement en faveur des “Centristes” au second tour ». Il s’incline en définitive avec 27 757 voix (49,3 % des suffrages exprimés) contre 28 548 (50,7 %) pour Guy Rabourdin. Il échoue dans la même configuration l’année suivante, où il perd de nouveau face à Guy Rabourdin avec 43,95 % (23 747 voix) contre 56,05 % (30 289), dans un contexte national bien plus nettement défavorable aux communistes après les événements de Mai 1968.

Il lui faut donc attendre les élections législatives de mars 1973 pour que Gérard Bordu gagne enfin un siège de député. Il est le candidat du programme commun et, selon la rhétorique communiste, il fustige les choix politiques qui ont mené à la crise et insiste sur les quelques centaines de voix qui lui ont manqué en 1967 et 1968. Il appelle à l’union dans sa profession de foi : « La gauche unie battra Rabourdin désavoué par une partie de son électorat passé ». Claude Garau est son suppléant. Comptable, il est membre du Comité fédéral et secrétaire de la section de Chelles du PCF. Gérard Bondu arrive au premier tour en deuxième position (27,79 % des suffrages exprimés ; 18 803 voix) derrière Guy Rabourdin (33,88 %) mais devant le socialiste André Lhomme (17,39 % soit 11 767 voix) et Michel Oger, du Mouvement réformateur (MR), qui rassemble quant à lui 10 015 voix (14,8 %). Entre les deux tours, il en appelle aux électeurs d’André Lhomme, qui s’est désisté à son profit « pour assurer l’application du Programme commun », mais aussi, indirectement, à ceux du centre : « Les électeurs du docteur Oger aspirent eux aussi à un changement que leur candidat ne pouvait pas concrétiser ». Gérard Bordu emporte finalement le second tour et la circonscription avec 51,46 % des suffrages exprimés (34 253 voix).

Au Palais-Bourbon, il est membre du groupe communiste et siège à la commission des affaires étrangères. Il est aussi représentant de l’Assemblée nationale à l’Assemblée parlementaire des Communautés européennes, dont il devient vice-Président, en 1974. Son activité de parlementaire se révèle importante. Il dépose une proposition de loi sur les conditions de travail des femmes en octobre 1974. Il est aussi rapporteur du projet de loi de ratification de la convention sur la loi applicable à la responsabilité du fait des produits. Il intervient régulièrement dans les débats, en séance publique. S’il pose, en mai 1973, une question d’actualité sur les tarifs des transports publics, il intervient surtout sur les sujets internationaux et européens. Le 6 novembre 1974, lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1975 sur les crédits des Affaires étrangères, il dénonce « un parti américain qui souhaite que le gouvernement siège à Washington et qui appelle de ses vœux une Europe politique soumise aux intérêts outre-Atlantique ». Il est contre l’Atlantisme. L’Europe constitue d’ailleurs le sujet sur lequel il s’exprime le plus selon les strictes orientations du parti. Il s’oppose ainsi à tout élément de supranationalité. A l’occasion des discussions sur l’institution d’un conseil unique et d’une commission unique des communautés européennes, en décembre 1976, il est très mitigé : « Comment ne pas se rendre compte que les méthodes gouvernementales, qu’il s’agisse des pouvoirs de l’Assemblée européenne, de l’atlantisme giscardien ou des prérogatives de l’Assemblée nationale, n’ont pas changé. Elles sont celles de la duplicité. ». Le député communiste dénonce par ailleurs les pratiques qu’il juge colonialistes de la France, notamment en Angola, en octobre 1975, à l’occasion de l’examen des crédits de la Coopération prévus pour 1976.

Sur le plan local, Gérard Bordu poursuit sa carrière. Il devient conseiller général du canton de Vaires-sur-Marne en mars 1976 et maire de Chelles en mars 1977, où il succède d’ailleurs à Guy Rabourdin. Il se représente aux élections législatives de 1978. Son suppléant est Lionel Hurtebize, téléscripteur à l’Agence France-Presse, conseiller général et maire de Champs. Gérard Bordu insiste sur la « misère moderne » de son département : « Que ce soit à Chelles, à Lagny, à Champs, à Othis, à Claye et à Villeparisis ; que ce soit dans les cités HLM ou dans les zones pavillonnaires, l’injustice est devenue la règle générale. […] A côté de la voiture, de la télé, du pavillon, les loyers, les traites ou les remboursements prennent un retard parfois dramatique. C’est le résultat de la politique des Giscard – Barre – Chirac et leurs compères. ». Il évoque aussi les enjeux internationaux, qui lui sont chers. Il veut « préserver l’indépendance nationale ». Il juge que « la souveraineté de la France lui permettra de décider d’une solide coopération internationale ». Il arrive en tête du premier tour, le 12 mars, avec 30,16 % des suffrages exprimés (28 016 voix), devant le candidat du Rassemblement pour la République (RPR) Pierre Durant-Labrunie (21,95 % ; 20 384 voix), le candidat socialiste, Jean-Pierre Fourré, enregistrant 18,64 % des suffrages exprimés (17 310 voix), et le candidat de l’Union pour la démocratie française (UDF) Marcel Laurent, 16,97 % (15 764 voix). Satisfait de progresser de 10 000 voix par rapport à 1973, Gérard Bordu bénéficie du retrait du candidat socialiste et met l’accent surtout, entre les deux tours, sur des questions nationales et internationales. Il l’emporte au second tour, avec 52,55 % des suffrages exprimés (48 740 voix). De nouveau membre du groupe communiste, il reste membre de la commission des affaires étrangères et représentant à l’Assemblée parlementaire des communautés européennes. Il rejoint aussi la délégation parlementaire pour les communautés européennes lors de sa création en 1979. Il présente deux propositions de loi : l’une en juin 1979, tendant à créer un Conseil supérieur des collectivités territoriales de la République, l’autre en juin 1979, sur les droits des expropriés.

En 1979, il est rapporteur du projet de loi autorisant l’adhésion de la France au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

En 1980, il est rapporteur du projet de loi approuvant une convention sur la Sécurité sociale entre la France et le Bénin. Il reste spécialisé sur les questions internationales et européennes.

En séance publique, il pose deux questions orales sans débat, l’une en juin 1978 sur la lutte contre l’apartheid, l’autre en novembre 1980 sur le budget de la CEE.

Par ailleurs, il intervient sur les grands sujets, défendant la position du PC : contre l’élargissement de la CEE en décembre 1978, lors du débat sur la déclaration du gouvernement en ce sens ; pour le désarmement, pour les droits du peuple palestinien, contre le régime raciste d’Afrique australe, notamment, en mai 1979, lors du débat sur la déclaration du gouvernement sur la politique étrangère.

De même, en décembre 1979, il se prononce, de même que son groupe, contre le projet de loi de ratification de la convention fiscale avec les Etats-Unis sur les droits de succession et de donation, ainsi que contre la convention bilatérale des protections des investissements avec le Paraguay, en raison de la nature du régime. Le même mois, il est très critique sur la politique de coopération, à l’occasion du débat qui suit la déclaration du gouvernement sur la politique étrangère. Alors que pointe la crise des euromissiles, il appelle au désarmement et rappelle la proposition de son parti d’un traité franco-soviétique. Il se prononce aussi contre la bombe à neutrons.

Lors de ses deux interventions sur le commerce extérieur, à l’occasion des projets de loi de finances pour 1980 et 1981, il dénonce la politique d’austérité et les conséquences négatives d’une politique qui suit celle de l’Allemagne.

Intervenant sur d’autres sujets, notamment l’interruption volontaire de grossesse (IVG), Gérard Bordu est hostile en novembre 1979 à un suivi informatique de ces interventions, même sous forme anonyme.

L’année 1981 marque pour le député communiste une défaite électorale, à l’heure où l’équilibre interne aux gauches se redessine. Au premier tour des législatives, le 14 juin, il arrive très loin derrière le socialiste Jean-Pierre Fourré, qui rassemble 30 268 électeurs sur son nom (35,14 % des suffrages exprimés), tandis que lui-même n’obtient que 20 350 voix (23,63 %), juste devant Christian Charlet, candidat RPR qui se qualifie pour le second tour avec 22,58 % des voix (19 449). Avec son suppléant Daniel Brunel, Gérard Bordu se retire cependant, en vertu des accords de désistement en faveur du candidat socialiste, qui est élu avec 61 % des suffrages au second tour. Il perd également son mandat municipal à Chelles en 1983, car la gauche se présente en ordre dispersé, et laisse place au candidat du RPR Charles Cova, qui conserve la mairie jusqu’en 1995. En 1986, aux élections législatives, au scrutin proportionnel départemental, la liste communiste en Seine-et-Marne, avec 8,77 %, obtient un seul élu, Gérard Bordu.

Membre du groupe communiste, il rejoint de nouveau la commission des affaires étrangères. Il est également représentant suppléant à l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe. Il est aussi rapporteur pour avis sur les crédits de l’agriculture, ce qui lui permet d’aborder la question de l’aide alimentaire internationale.

Gérard Bordu présente deux propositions de loi : l’une en avril 1986 pour créer une délégation aux libertés, l’autre en mai 1987 pour interdire le cumul emploi-retraite au-dessus d’un certain niveau de ressources.

Outre une question au gouvernement sur l’application des résolutions de l’ONU sur l’apartheid, en octobre 1986, et une autre pour protester contre l’instauration de péages pour l’accès à Paris, en juin 1987, il pose plusieurs questions orales sans débat, dont l’une en juin 1986 sur le parc d’attractions Eurodisneyland, qui est implanté dans son département. Il s’étonne que certains emplois soient réservés aux Américains.

S’il intervient avec une tonalité critique en novembre 1986 sur le projet de loi autorisant la ratification de l’Acte unique européen, il prend surtout la parole sur les questions sociales, l’Outre-mer et l’agriculture.

Il est ainsi l’un des orateurs de référence de son groupe, en avril 1986, sur le projet de loi portant diverses mesures d’ordre économique et social, et intervient longuement en juin 1986 contre le projet de loi relatif à la suppression de l’autorisation administrative de licenciement.

L’année suivante, il suit particulièrement le projet de loi relatif à la durée et à l’aménagement du temps de travail, et le projet de loi relatif aux travailleurs handicapés, ainsi que celui contre le chômage de longue durée, en mai 1987. Il représente son groupe pour intervenir ponctuellement sur un grand nombre de projets présentés par le gouvernement.

Gérard Bordu intervient aussi dans la discussion des deux projets de loi relatifs l’un à la Polynésie française, et l’autre à la Nouvelle-Calédonie en juillet 1986.

Enfin, il s’exprime sur le projet de loi relatif à l’organisation économique en agriculture et sur les crédits budgétaires de l’agriculture pour 1987, en octobre 1986.

Aux élections législatives de 1988, il se représente dans la nouvelle circonscription de Seine-et-Marne, mais n’obtient que 15,52 % des suffrages exprimés au premier tour : c’est le candidat socialiste Jean-Paul Planchou qui est finalement élu au second tour, avec plus de 51 %.

En 1989, après ce revers, Gérard Bordu échoue aussi à reconquérir la mairie de Chelles, la fusion des listes de gauche entre les deux tours ne permettant pas la victoire. Il se retire alors de la vie politique et s’installe dans le Sud en 1990, date à laquelle il quitte le comité fédéral communiste de Seine-et-Marne. En 2014, il soutient cependant la liste de gauche de Frank Mouly à Chelles. Il meurt dans le 9e arrondissement de Marseille en 2020, à l’âge de 92 ans.