Antoine, Philippe, Mathieu Mathieu dit de la Drôme
1808 - 1865
- Informations générales
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- Né le 6 juin 1808 à Saint-christophe-et-le-laris (Drôme - France)
- Décédé le 16 mars 1865 à Romans (Drôme - France)
1808 - 1865
Représentant en 1848 et en 1849, né à Saint-Christophe-et-le-Laris (Drôme), le 7 juin 1808, mort à Romans (Drôme) le 16 mars 1865, il lutta de bonne heure pour l'opposition libérale dans son département.
Après 1830, il fonda, à Romans un Athénée de belles-lettres, où il enseigna l'économie politique et que l'autorité fit bientôt fermer. « Comme il ne pouvait plus, dit un de ses biographes, appeler à lui les habitants par son élocution facile et animée, il fonda pour eux, à ses risques et périls, une revue, qu'il intitula la Voix d'un solitaire. Dans cette revue, des articles spéciaux traitaient des devoirs et de la science du citoyen; c'était une sorte de catéchisme politique empreint d'un savoir profond; mais l'administration de Romans et des villes voisines s'y trouvait vivement attaquée ; l'auteur y stigmatisait aussi les dilapidations, l'abaissement, la ruine que subissait la France sous le gouvernement déchu. Aussi rencontra-t-il une opposition ouverte dans les fonctionnaires inhabiles et paresseux, dont l'incurie, l'ignorance et le mauvais vouloir étaient palpables; la coterie répandit sur ses opinions et ses vues les bruits les plus absurdes. »
M. Mathieu assista, en 1847, au banquet réformiste de Romans et y prononça un discours où il disait : « On corrompt des individus, on ne corrompt pas des masses, on corrompt, on empoisonne un verre d'eau, on n'empoisonne pas l'Océan. Appelez donc la grande majorité de la nation à voter, au lieu d'une imperceptible minorité; faites arriver les flots populaires dans les collèges électoraux, et ces flots en laveront toutes les souillures... Oui, le peuple ! que ce mot ne vous effraie point ! »
Favorable aux doctrines socialistes, M. Mathieu salua avec joie la proclamation de la République en février 1848, et fut élu, le 23 avril, représentant de la Drôme à l'Assemblée constituante, le 2e sur 8, par 37,868 voix (76,005 votants, 92,501 inscrits). Il prit place à la Montagne, et parut plusieurs fois à la tribune : notamment pour défendre Louis Blanc contre la demande en autorisation de poursuites, pour réclamer le rachat des chemins de fer par l'Etat, et pour présenter, le 25 septembre 1848, un amendement, qu'il retira d'ailleurs, et qui était ainsi conçu : « Les impôts sont progressifs en raison de la fortune des citoyens. » Il vota:
- contre le rétablissement du cautionnement et de la contrainte par corps,
- contre les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière,
- pour l'amendement Grévy,
- pour le droit au travail,
- contre l'ordre du jour en l'honneur de Cavaignac,
- contre la proposition Rateau,
- pour la mise en accusation du président et des ministres,
- pour l'amnistie.
Dans les dernières semaines de la législature, il est porté absent par congé.
Réélu, le 13 mai 1849, représentant de la Drôme à l'Assemblée législative, le 4e sur 7, par 42,762 voix (67,889 votants, 94,136 inscrits), il fut en même temps nommé représentant du Rhône, le 6e sur 11, par 70,659 voix (110,722 votants, 154,740 inscrits). Il opta pour le Rhône et fut remplacé dans son département d'origine, le 8 juillet 1849, par M. Morin.
Il tint la même ligne de conduite que précédemment, siégea à l'extrême-gauche, vota constamment avec la minorité democratique, et s'associa aux protestations des républicains avancés contre l'expédition de Rome, contre la loi électorale du 31 mai et contre les demandes de révision de la Constitution. Il ne cessa de se déclarer hautement le partisan du socialisme, qui selon lui, « loin d'être un ennemi, devait purifier les sources de la propriété ». Adversaire déterminé de la politique de l'Elysée, il fut arrêté dans la nuit qui précéda le coup d'Etat de décembre et, par décret du 1er janvier 1852, expulsé du territoire français. Il se retira alors en Belgique, d'où il passa en Suisse.
Revenu en France, il se consacra à la publication d'une série d'almanachs, destinés à faire concurrence aux double et triple Liégeois de Mathieu Laensberg : il les intitula: Le double et le triple Mathieu de la Drôme. On lui doit aussi un ouvrage sur la Prédiction du temps.