Agricol Perdiguier
1805 - 1875
Représentant en 1848 et en 1849, né à Morières (Vaucluse) le 3 décembre 1805, mort à Paris le 26 mars 1875, il était le septième enfant d'un menuisier de campagne qui ne put que l'envoyer peu de temps à l'école.
Apprenti menuisier à Avignon dès l'âge de douze ans, il fut témoin des excès de la terreur blanche dans le Midi ; à quatorze ans, il commença son tour de France, fut reçu, quatre ans après, compagnon du Devoir libre sous le nom « d'Avignonnais-la-Vertu », franchit tous les degrés de l'ordre du Devoir libre, et en devint dignitaire. Tout en s'occupant activement de son métier, il compléta son éducation littéraire, lut les poètes, et surtout le théâtre de Voltaire, composa des vers, des chansons, vint à Paris en 1829, et exposa l'histoire des corporations ouvrières, l'avenir du compagnonnage et les bienfaits de l'association, dans deux ouvrages qui parurent en 1839, et qu'il intitula : le Compagnonnage, rencontre de deux frères, et le Livre du compagnonnage. Vivement attaqué, traité de faux-frère, il se défendit dans l'Histoire d'une scission, et dans la Biographie de l'auteur (1843).
Républicain socialiste, il salua avec joie l'avènement de la République en février 1848, et, avec l'appui de Béranger, de Lamartine, de George Sand à qui il avait servi de modèle pour son Compagnon du tour de France, fut élu, le 23 avril, représentant du peuple à l'Assemblée constituante dans deux départements : dans la Seine, le 29e sur 34, par 117 290 voix (267 888 votants, 399 191 inscrits) et dans Vaucluse, le 5e sur 6, par 22 036 voix (59 634 votants). Il opta pour la Seine, fut remplacé en Vaucluse, le 4 juin, par M. Alphonse Gent, et prit place à la Montagne. Il vota avec les démocrates avancés,
- contre le rétablissement du cautionnement,
- contre les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière,
- contre le rétablissement de la contrainte par corps,
- pour l'abolition de la peine de mort,
- pour l'amendement Grévy,
- pour le droit au travail,
- contre l'ordre du jour en l'honneur de Cavaignac,
- contre la proposition Rateau,
- contre l'interdiction des clubs,
- contre les crédits de l'expédition romaine,
- pour l'amnistie des transportés.
Il prit la parole, le 8 septembre 1848, sur la réglementation des heures de travail, opposa à MM. Buffet, Ch. Dupin et Léon Faucher, l'autorité de Lamennais, et conclut : « Plus l'ouvrier travaille, moins il gagne ; moins il gagne, moins il consomme, plus il souffre ; et plus il souffre, plus nous approchons des révolutions... Dans une circonstance aussi grave que celle où nous nous trouvons et pour conjurer de nouvelles révolutions, l'Etat doit intervenir, et il le peut directement ou indirectement. Il peut régler la longueur de la journée, il peut supprimer le marchandage, les entrepreneurs généraux, faire en sorte que chacun vive de son métier. »
Réélu, le 13 mai 1849, représentant de la Seine à l'Assemblée législative, le 27e sur 28, par 107 838 voix (281,140 votants, 378 043 inscrits), il continua d'opiner avec la minorité démocratique, se prononça contre l'expédition de Rome, contre la loi Falloux-Parieu sur l'enseignement, contre la loi restrictive du suffrage universel.
Il protesta contre le coup d'Etat du 2 décembre 1851, fut arrêté et incarcéré, puis exilé en Belgique, à Anvers. Il y passa quelque temps, et de là se rendit en Suisse, où il écrivit et publia les Mémoires d'un compagnon (1854).
Rentré en France en 1857, il s'établit libraire rue Traversière, continua de s'occuper de la fusion de tous les compagnonnages, en réunit un grand nombre en novembre 1861, dans un grand banquet à Vaugirard, et renouvela, tant à Paris qu'en province, ces fêtes pour resserrer la « chaîne d'union », sans aboutir à un grand résultat pratique.
On a encore de lui :
- Maître Adam, menuisier à Nevers (1863) ;
- Question vitale sur le compagnonnage (même année), etc.