Jean, Claude Dufour
1949 - 2020
DUFOUR (Jean)
Né le 5 avril 1949 à Saint-Martin-Valmeroux (Cantal)
Décédé le 15 mars 2020 à Avignon (Vaucluse)
Député des Bouches-du-Rhône de 2001 à 2002
Bien qu’il soit profondément attaché à sa commune de naissance, Saint-Martin-Valmeroux au cœur du pays de Salers, la vie privée et la carrière publique de Jean Dufour se déroulent en Provence. Comme nombre de personnalités politiques de sa génération, son engagement militant débute par le syndicalisme étudiant. Il adhère à l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) en 1966. Cette même année, il prend sa carte au Parti communiste français (PCF). En cohérence avec ce dernier choix, il rejoint la tendance UNEF-Renouveau en 1971 et en devient l’un des principaux animateurs à l’université d’Aix-en-Provence. Tout en s’impliquant dans la vie de sa faculté de Lettres, puis de celle de son Université, dont il est le vice-président étudiant, il occupe des fonctions nationales après avoir été élu à l’Office national d’information sur l’enseignement supérieur (ONISEP) et au Centre national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) – il siège comme membre du bureau de cette juridiction administrative et organe consultatif créé en 1968, auprès du ministre de l’Enseignement supérieur. Il devient professeur.
Secrétaire de Section, membre du Comité fédéral puis du Bureau fédéral du PCF des Bouches-du-Rhône, il s’impose comme une personnalité de premier plan au sein de sa famille politique dans la cité phocéenne. En 1983, il figure en troisième position sur la liste d’Union de la gauche conduite par Gaston Defferre dans le secteur regroupant les 2e, 3e et 7e arrondissements, qui l’emporte au second tour en rassemblant 53% des suffrages exprimés face à la liste d’Union de la droite, dont la cheffe de file est Jacqueline Grand. Il est l’un des adjoints de Gaston Defferre, qui effectue alors son sixième et dernier mandat de premier maire de la deuxième ville de France. Il est chargé de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’introduction des nouvelles technologies de l’information en matière de gestion municipale.
En 1984, il accède au Bureau politique du PCF où il collabore alors étroitement avec trois figures montantes de ce parti, André Lajoinie, Jean-Claude Gayssot et Robert Hue, sur les questions régionales et le rôle des élus communistes – il est alors un des responsables de l’Association des élus communistes et républicains (ANECR) qui a été fondée en 1977.
En 1986, Jean Dufour est l’un des quatorze élus de la liste communiste conduite par René Allione au conseil régional, dont la présidence vient d’être ravie au socialiste Michel Pezet par Jean-Claude Gaudin. Avec 12% des voix, les communistes sont en perte de vitesse puisque leurs électeurs traditionnels reportent leurs votes sur le Parti socialiste (PS), mais aussi sur le Front national (FN) qui a le vent en poupe et se révèle faiseur de roi en retirant son candidat au second tour de l’élection du Président du conseil régional, obtenant en contrepartie quatre vice-présidences.
En 1988, il est le candidat du PCF aux élections législatives dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône. Il recueille 9% des suffrages exprimés. La circonscription reste à gauche au second tour après la victoire, de quelques voix seulement, du socialiste Philippe Sammarco, face au FN.
En deuxième position, après Jean-Noël Guérini, sur la liste de la Gauche unie (PS, PCF et Mouvement des radicaux de gauche -MRG) conduite par Michel Pezet dans le deuxième secteur comprenant les 2e, 3e et 7e arrondissements, Jean Dufour est élu aux élections municipales de 1989 conseiller d’arrondissement, siégeant cette-fois dans l’opposition puisque la liste de Michel Pezet ne rassemble que 12% des voix alors que celle de Robert Vigouroux, PS dissident, frôle la majorité absolue, tandis que celle de Jean-Claude Gaudin et celle du FN regroupent respectivement 25% et 14% des voix.
En 1992, Jean Dufour est réélu conseiller régional sur la liste du PCF conduite par le député Guy Hermier, qui comptabilise 10% des voix et arrive en quatrième position derrière celles de la droite (Jean-Claude Gaudin), du MRG (Bernard Tapie) et du FN (Bruno Mégret) au coude à coude à Marseille.
A la mort de Roger Donadio en 1993, l’une des figures majeures du PCF dans la cité phocéenne, conseiller général du Ve canton depuis 1964 et qui avait été réélu au second tour en 1988 après que le candidat socialiste arrivé en seconde position avait retiré sa candidature, Jean Dufour prend en charge ce fief électoral communiste provençal. Pourtant, l’année suivante, il perd ce canton de la Belle de Mai, quartier alors encore populaire mais de moins en moins ouvrier, situé entre le port et la gare où a notamment grandi Yves Montand. Il affronte alors Bernard Tapie qui recueille 44% des voix au premier tour alors qu’il n’arrive qu’en troisième position (19,8% des suffrages exprimés), dépassé par un peu moins de cent bulletins par Marie-Claude Roussel, la candidate du FN. Soucieux de faire barrage à l’extrême-droite en pleine ascension dans la cité phocéenne, il se désiste au second tour en faveur de Bernard Tapie qui l’emporte avec 68% des suffrages exprimés. Cette même année, il devient le suppléant de Guy Hermier, député communiste de la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, élu depuis 1978.
En 1995, Jean Dufour est de nouveau élu conseiller municipal sur la liste d’Union de la gauche conduite par Lucien Weygand, le président du conseil général des Bouches-du-Rhône - il figure toujours en deuxième position derrière Jean-Noël Guérini, toujours dans le deuxième secteur, comprenant les 2e, 3e et 7e arrondissements. Il siège dans l’opposition municipale. En effet, si la liste Weygand-PS-PCF a obtenu 28,73 % des suffrages au premier tour et si elle en a rassemblé 40,61% au second, Jean-Claude Gaudin candidat de l’Union pour la démocratie française-Rassemblement pour la République (UDF-RPR), avec un total global de 40,36 %, conquiert pourtant la ville de Marseille, car la droite l’emporte dans cinq des huit secteurs que compte la capitale des Bouches-du-Rhône. Cette même année, après que Bernard Tapie a renoncé à sa fonction de conseiller général pour respecter la loi sur le cumul des mandats, Jean Dufour retrouve son mandat de conseiller général du canton de la Belle de Mai, de Saint-Lazare et de Saint-Mauront : il recueille 26% des voix au premier tour, ce qui le place en tête des candidats de gauche et lui permet de l’emporter au second tour face à Marie-Claude Roussel, la candidate du FN, arrivée en tête au premier tour avec 32% des voix. En 1995 également, Jean Dufour est accusé de diffamation par Jean-Marie Le Pen après qu’il a traité ce dernier de « tortionnaire » en séance plénière de l’assemblée régionale. L’affaire fait du bruit car la plainte du leader du FN tombe quelques semaines après le meurtre du jeune Ali Ibrahim par un colleur d’affiche du FN. Jean Dufour bénéficie alors d’un vaste de réseau de soutiens tant dans le monde politique que parmi l’intelligentsia de gauche. Le fondateur du FN est débouté de sa plainte par la justice.
En 2001, Jean Dufour figure une nouvelle fois en deuxième position derrière Jean-Noël Guérini, encore et toujours dans le deuxième secteur comprenant les 2e, 3e et 7e arrondissements. Il siège toujours dans l’opposition municipale avec 36 autres conseillers municipaux, élus sur la liste d’Union de la gauche conduite par René Olmeta qui recueille 39% des voix, dix points de moins que celle dirigée par le maire sortant Jean-Claude Gaudin.
Une nouvelle fois suppléant de Guy Hermier en 1997, il le remplace à l’Assemblée nationale, après son décès, en juillet 2001 comme député. Il est membre du groupe communiste et de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Député actif, il intervient dans la discussion de nombreux projets et propositions de lois au cours des quelques mois de son mandat. Dans le champ de la culture, il participe notamment à l’élaboration de la loi relative au régime d’assurance chômage des intermittents du spectacle ; il milite aussi en faveur de la création d’établissements publics de coopération culturelle. Dans le domaine économique et social, il se montre particulièrement sensible à la nécessité d’améliorer la retraite et l’assurance maladie des artisans et salariés non-agricoles. Il s’intéresse aussi aux problèmes environnementaux, comme celui de la réforme de la politique de l’eau. Il intervient encore dans la discussion de questions plus directement sociétales : la lutte contre les discriminations, l’accès aux origines personnelles pour les personnes nées sous X, la question de l’autorité parentale… C’est sous cet angle des droits de l’homme et des libertés publiques qu’il aborde aussi la politique étrangère, en justifiant son vote en faveur de la restitution par la France de la dépouille mortelle de Saartje Baartman, dite la "Vénus hottentote", à l’Afrique du Sud en 2002.
La même année, le PCF, avec la direction duquel il a pris ses distances, choisit Frédéric Dutoit qui a succédé à Guy Hermier à la mairie du VIIIe secteur de Marseille, comme son candidat dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône. Le PS voulait pourtant que Jean Dufour soit le suppléant de Patrick Mennucci, ce dernier étant même prêt à se retirer à son profit. Mais le PCF reste campé sur sa position initiale. Patrick Mennucci maintient sa candidature, mais il finit en troisième position. Il se désiste donc en faveur de Frédéric Dutoit, arrivé en tête au premier tour face au candidat du FN, et qu’il bat largement au second rassemblant 64% des voix sur son nom. Jean Dufour a, quant à lui, choisi de ne pas se représenter. Il explique à un journaliste du Monde la décision du PCF en ces termes : « On m’a jugé un peu trop indépendant. Chez nous, la culture d’appareil l’emporte toujours ».
En 2005, Jean Dufour obtient un poste de chargé de mission dans l’administration régionale pour suivre le secteur de l’agriculture, la forêt et la mer.
En 2008, il ne se représente pas aux élections municipales et renonce à tout mandat local. Il continue toutefois à faire de la politique en devenant, cette même année, délégué départemental du Mouvement unitaire progressiste (MUP) fondé par son ami Robert Hue après son départ du PCF qu’il avait jugé impossible de réformer de l’intérieur.
Il meurt le 15 mai 2020. Il est enterré dans son village natal du Cantal où il passait régulièrement ses vacances et où il s’était fait construire une maison. Marié deux fois, il avait eu deux enfants.