Edgar Faure

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Edgar Faure


(1908-1988)

Présidence du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
(5 ans)

Edgar Faure naît à Béziers le 18 août 1908, d'un père médecin militaire et d'une mère issue d'une famille de médecins. « Mes parents, devait-il raconter, avaient le même système référentiel [...]. Mon milieu se trouvait placé en quelque sorte à l'extérieur du circuit du système capitaliste. La propriété, c'était, pour nous, soit un instrument de travail, la terre que l'on n'eut pas songé à affermer, soit la maison familiale où, quand on ne l'habitait pas, on se retrouvait pour les fêtes et les vacances. » Du fait des affectations successives de son père, il fait ses études aux collèges de Verdun et de Narbonne, puis, à Paris, aux lycées Janson de Sailly et Voltaire. Il est bachelier à quinze ans. Il est diplômé de l'École des langues orientales, en russe. Licencié en droit à dix-neuf ans, il est, à vingt ans, secrétaire de la conférence du stage. Il devient le plus jeune avocat de France de son temps. Il s'inscrit au Parti radical-socialiste après avoir adhéré au Parti républicain-socialiste. Edgar Faure écrit plusieurs romans policiers dont trois publiés sous le pseudonyme d'Edgar Sanday (Edgar sans d).

En 1942 il part en Tunisie avec son épouse Lucie et sa fille. En juin 1944 il est chargé des services législatifs de la présidence du Comité français de la Libération, puis du Gouvernement provisoire à Alger, à la demande du général de Gaulle. En 1945 il est Procureur général adjoint français au Tribunal militaire international de Nuremberg.

Le 10 novembre 1946, aux élections à la première Assemblée de la Quatrième République, il est élu député du Jura. Dans le gouvernement Pleven, premier gouvernement de la deuxième législature, Edgar Faure est Garde des Sceaux, ministre de la justice. En 1952, le député du Jura est le plus jeune président du Conseil depuis Armand Fallières. Son gouvernement est marqué par l'important débat qui s'ouvre à l'Assemblée sur la Communauté européenne de défense (CED) et par une situation financière difficile. Il ne parvient pas à faire adopter un plan d'économies et démissionne. « Mon gouvernement dura quarante jours, compta quarante ministres et me fit perdre quatre kilos. » devait-il dire en guise d'épitaphe.

En janvier 1953 il est ministre des Finances et des affaires économiques dans le Gouvernement Laniel. En janvier 1955 Pierre Mendès France lui confie, après les Finances, le ministère des affaires étrangères.

A la chute du cabinet Mendès France en février 1955, il est désigné une seconde fois président du Conseil. Jacques Duhamel, est directeur de son cabinet et il a pour adjoint un jeune inspecteur des finances : Valéry Giscard d'Estaing.

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Pierre Mendès France transmet ses pouvoirs à Edgar Faure

Le gouvernement obtient les pouvoirs spéciaux en matière économique, il achève la décolonisation de la Tunisie entamée par Pierre Mendès France : les conventions franco-tunisiennes accordent l'autonomie à la Tunisie.

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Au Maroc, il préconise « l'indépendance dans l'interdépendance », et résout la crise : à l'issue de la conférence d'Aix-les-Bains, un Conseil du Trône confie le pouvoir à Mohammed V de retour d'exil. A l'initiative d'Edgar Faure a lieu le 18 juillet 1955 à Genève une conférence des quatre puissances alliées de la Seconde guerre mondiale. C'est lui qui favorise la tenue de la conférence de Messine permettant la relance de la construction européenne après l'échec de la CED.

Il décide, par un décret du 30 juin 1955, le lancement de « programmes d'action régionale » en vue de « promouvoir l'expansion économique et sociale des différentes régions ».

Mis en minorité par l'Assemblée nationale, il saisit l'occasion - les conditions constitutionnelles étant exceptionnellement réunies - pour la dissoudre le 2 décembre 1955, décision inédite depuis celle du Maréchal de Mac-Mahon en 1877.

Edgar Faure est réélu député à la tête d'une liste RGR-CNI mais le Front républicain obtient la majorité relative et Guy Mollet est désigné président du Conseil. Il se prononce pour le retour au pouvoir du Général de Gaulle dont il vote l'investiture le 1er juin 1958, considérant que « l'Algérie est un problème de la quatrième dimension qui ne peut être résolu que par un personnage de la quatrième dimension ».

En 1962 il est agrégé des facultés de droit, en droit romain et histoire du droit, tout en étant sénateur du Jura (Gauche démocratique) depuis avril 1959.

En 1963, il est envoyé en mission par le général de Gaulle en République populaire de Chine dans la perspective du rétablissement des relations des relations diplomatiques. En 1966, après avoir soutenu le général de Gaulle à l'élection présidentielle, il est nommé ministre de l'Agriculture. En 1968, après les événements de mai, il est ministre de l'Education nationale. Il fait adopter à une large majorité la loi d'orientation de l'enseignement universitaire créant les unités d'enseignement et de recherche (UER), regroupées en universités pluridisciplinaires, autonomes financièrement et administrativement et introduisant la participation directe des étudiants à la gestion.  Dans une situation révolutionnaire, aimait-il à dire, l'art du dirigeant n'est pas de heurter le mouvement de front, mais de se couler dedans afin d'en détourner la violence, tout en profitant de son élan.

Sous la présidence de Georges Pompidou, il est en 1972 ministre d'Etat, ministre des affaires sociales.

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Edgar Faure, Ministre d'État chargé des affaires sociales

Sous son impulsion la loi du 29 décembre 1972 porte généralisation de la retraite complémentaire à l'ensemble des salariés et anciens salariés affiliés au régime général de la Sécurité sociale. Il impose la mensualisation du SMIC et l'extension de la participation et de l'intéressement des salariés dans les entreprises.

Il est président du Comité d'études pour un nouveau contrat social.

Après les élections législatives de mars 1973, il est élu Président de l'Assemblée nationale. « C'est un merveilleux attrait, écrit-il dans ses Mémoires, et je ne m'en suis jamais lassé, que d'aller au boulot dans un palais historique. »

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Assemblée nationale : élection du nouveau président, Edgar FAURE

Ayant auparavant fustigé, dans un article à la une du Monde « Quand le dormeur s'éveillera », certaines méthodes de travail parlementaire, il propose des réformes visant à rompre avec le triptyque devenu fameux : « Litanies, liturgie, léthargie. »

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Ouverture de la séance du congrès de Versailles présidé par Edgar FAURE

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Congrès de Versailles : Edgard Faure annonce les résultats

Maire de Pontarlier de 1971 à 1978 et de de Port-Lesney de 1983 à 1988, il est sénateur du Doubs de 1980 à 1988 et, de 1982 à 1988, président du Conseil régional de Franche-Comté.

Il entre à l'Académie française en 1979.

Il est président, en mars 1987, de la mission de commémoration du bicentenaire de la Révolution française et de la déclaration des droits de l'homme.

Il décède à Paris le 30 mars 1988.

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Edgar Faure a été onze fois ministre sous les IVe et Ve Républiques :
- secrétaire d'État aux finances du 13 février 1949 au 2 juillet 1950,
- ministre du budget du 2 juillet 1950 au 11 août 1951,
- garde des Sceaux, ministre de la justice du 11 août 1951 au 20 janvier 1952,
- président du Conseil, ministre des finances du 20 janvier au 8 mars 1952,
- ministre des finances et des affaires économiques du 28 juin 1953 au 19 juin 1954,
- ministre des affaires étrangères du 20 janvier au 23 février 1955, dans le gouvernement de Pierre Mendès France,
- président du Conseil du 23 février 1955 au 1er février 1956.
- ministre des finances, des affaires économiques et du plan du 14 mai au 1er juin 1958,
- ministre de l'agriculture du 8 janvier 1966 au 1er avril 1967 et du 6 avril 1967 au 10 juillet 1968,
- ministre de l'éducation nationale du 10 juillet 1968 au 20 juin 1969,
- ministre d'État, chargé des affaires sociales, du 5 juillet 1972 au 28 mars 1973.

Bibliographie :

- La Politique française du pétrole, 1937
- Pour rencontrer M. Marshes, 1942
- L'installation du Président Fitz Moles, 1942
- M. Langlois n'est pas toujours égal à lui-même, 1949
- Le Serpent et la Tortue, étude sur la Chine, 1957
- La Disgrâce de Turgot, Gallimard, 1961
- Étude sur la capitation de Dioclétien d'après le panégyrique VIII, 1961
- Prévoir le présent, Gallimard, 1966
- Éducation nationale et la Participation, 1968
- Philosophie d'une réforme, 1969
- L'âme du combat, 1970
- Une loi pour l'Université, 1970
- Ce que je crois, Grasset, 1971
- Pour un nouveau contrat social, Le Seuil, 1973
- Ruralité, éducation, développement, Masson, 1975
- La Banqueroute de Law, Gallimard, 1977
- Au-delà du dialogue, 1977
- La Tunisie héritière de Carthage 1982-1984 Mémoires I et II, Plon, 1979
- Le Messager d'arc-en-ciel, Le Pré aux Clercs, 1987