Marcel, François, Ferdinand Bouyer

1920 - 2000

Informations générales
  • Né le 1er juillet 1920 à Royan (Charente-Inférieure - France)
  • Décédé le 9 août 2000 à Vaux-sur-mer (Charente-Maritime - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Charente-Maritime
Groupe
Union et fraternité francaise

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 1er juillet 1920 à Royan (Charente-Inférieure)

Député de la Charente-Maritime de 1956 à 1958

Pâtissier à Royan, d'où il est originaire, Marcel Bouyer est combattant volontaire pendant la Seconde guerre mondiale. Sa conduite lui vaut la Croix de guerre et trois citations. Il acquiert, après la guerre, la confiance de ses collègues commerçants puisqu'il préside le syndicat des commerçants usagers des marchés de la ville de Royan et siège comme juge au tribunal de commerce de Marennes. Il s'engage également au sein du mouvement lancé par Pierre Poujade, l'U.D.C.A., dont il est le président départemental et délégué national. C'est pourquoi l'Union et Fraternité Française, expression politique du poujadisme, le choisit comme tête de liste aux élections du 2 janvier 1956 en Charente-Maritime. Les candidats de la liste, tous commerçants, dénoncent la « tyrannie de l'Etat » et ses excès fiscaux et réclament la convocation d'Etats généraux où « le peuple aurait enfin la parole au lieu des seuls politiciens professionnels ».

A l'issue d'un scrutin qui ne met pas moins de onze listes en concurrence, celle de Marcel Bouyer, avec 30 145 suffrages et 14,5 % des voix, arrive en deuxième position derrière les candidats du Parti communiste. Seul Marcel Bouyer est élu. L'élection de son second de liste, Henri Armandon, est en effet contestée et c'est finalement le socialiste Roger Faraud qui est déclaré élu. Marcel Bouyer est autorisé à siéger provisoirement le 20 janvier et son élection n'est définitivement validée que le 3 février. Dans la nouvelle assemblée, Marcel Bouyer est membre de la Commission de l'agriculture, de celle des territoires d'outre-mer, puis, à partir du mois de novembre 1956, de celle de l'intérieur. Il remplit en outre la fonction de membre suppléant de la Commission des immunités parlementaires et, à partir d'octobre 1957, il siège à la Commission de la marine marchande et des pêches.

Le nouvel élu est un parlementaire très actif, tant en séance que par ses travaux écrits. Il dépose cinq propositions de loi, neuf propositions de résolution et un rapport pendant cette législature de moins de deux ans. On peut citer deux de ses propositions de loi, l'une tendant à protéger la représentation nationale contre les campagnes antiparlementaires par la publication des revenus et de l'état de fortune des députés, des membres du Conseil de la République, de l'Assemblée de l'Union française et du Conseil économique (12 mars 1956) et une autre tendant à harmoniser les textes d'humanisation des contrôles fiscaux et des rapports de l'administration et des contribuables avec les textes antérieurs (2 juillet 1957). Ses propositions de résolution prévoient des mesures fiscales en faveur des diverses catégories de travailleurs, indépendants ou non. En séance, Marcel Bouyer intervient à deux reprises à propos des contestations concernant l'élection en Charente-maritime mais aussi au sujet des opérations électorales en Haute-Garonne. A cet égard, il dépose une motion préjudicielle visant à surseoir à toute décision concernant les validations tant que les responsables qui ont admis les listes apparentées (préfets et fonctionnaires de l'intérieur) ne se seront pas justifiés. Son franc parler lui vaut un premier rappel à l'ordre (16 février 1956) avec inscription au procès-verbal. Mais ses interventions les plus importantes ont trait, paradoxalement pour un défenseur du petit commerce, aux questions internationales et à la situation en Algérie. Lors de la discussion sur le vote des pouvoirs spéciaux, Marcel Bouyer est le porte-parole de son groupe pour expliquer pourquoi les poujadistes ne voteront pas le projet gouvernemental. Selon lui, les pouvoirs spéciaux n'auraient de sens qu'avec un gouvernement de salut public et d'union nationale et si les décisions de justice étaient appliquées en Algérie. Il met en cause aussi la « ploutocratie internationale » qui souhaite l'indépendance algérienne pour faire main basse sur les richesses du Sahara. Le 1er juin suivant, Marcel Bouyer revient à la charge et développe une demande d'interpellation sur la politique du gouvernement et la situation des départements français d'Algérie. Il dénonce l'insécurité dont sont victimes les populations européennes au Maroc comme en Tunisie. Il s'en prend vivement ensuite aux thèses du député progressiste, Pierre Cot, et aux gouvernements responsables de l'éclatement de l'ancien Empire français. Il demande pour finir au gouvernement une série de mesures énergiques pour mettre fin au désastre, notamment un effort de propagande en faveur de l'Algérie française contre le défaitisme qui s'est exprimé au moment du rappel des disponibles.

Le ton monte encore lorsque, le 7 novembre 1956, à propos de la discussion sur l'affaire hongroise, Marcel Bouyer lance de violentes attaques contre la politique française à Suez. Son affirmation selon laquelle « les parachutistes français se sont faits tuer pour la Reine d'Angleterre » provoque un vif incident, il est rappelé à l'ordre par le président et doit s'interrompre contre son gré en raison du vacarme des protestations et du bruit des pupitres de ses collègues. Le 23 juillet 1957, l'Assemblée nationale adopte une proposition de résolution autorisant la levée de l'immunité parlementaire de Marcel Bouyer afin que le procureur général près la Cour d'appel de Poitiers puisse exercer des poursuites à son encontre, le député de la Charente -Maritime ayant participé à un refus de contrôle fiscal.

Cela n'empêche pas Marcel Bouyer de défendre avec autant de vigueur ses positions sur l'affaire algérienne. Les 25 et 26 septembre 1957, il prononce un réquisitoire contre la politique gouvernementale qui lui paraît incohérente et soumise aux pressions internationales de ses alliés ou de l'O.N.U. Il prononce cette phrase rétrospectivement prémonitoire : « De toute façon, il faut s'apprêter à enterrer la IVe République et pour ne pas que la Ve en soit la répétition prendre l'engagement de ne pas se servir des éléments trop usagés de la IVe et a fortiori de la IIIème ».

Lors de la discussion d'interpellations déposées à la suite du bombardement de Sakhiet-Sidi-Youssef, Marcel Bouyer explique l'incident par le malaise au sein de l'armée française dont l'origine est elle-même à chercher dans les reculades successives des gouvernements en Indochine et en Afrique du Nord : « Attristée et révoltée par le défaitisme et la calomnie d'une certaine presse, constatant trop souvent la carence des cadres civils de la nation, l'armée se sent isolée, se croit incomprise, craint d'être abandonnée ». Ce jugement lui aussi paraît anticiper sur les événements du mois de mai suivant. Sa dernière intervention est prononcée le 1" juin 1958, lors de l'investiture du général de Gaulle. Il voit en lui « un chef qui sauvera le pays » mais le met en garde contre « les méthodes dilatoires et les tractations politiciennes ». Aussi lui accorde-t-il sa confiance avec 329 députés. C'est son dernier acte politique notoire.