Jacques Boyer-Andrivet

1918 - 1990

Informations générales
  • Né le 21 février 1918 à Saint-pey-de-castets (Gironde - France)
  • Décédé le 8 juin 1990 à Pessac (Gironde - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 10 février 1966 au 2 avril 1967
Département
Gironde
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 8 mai 1967 au 30 mai 1968
Département
Gironde
Groupe
Républicains indépendants

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 2 octobre 1971 au 1er octobre 1980
Sénateur
du 21 février 1987 au 1er octobre 1989

Biographies

Biographie de la Ve République

BOYER-ANDRIVET (Jacques, Michel)
Né le 21 février 1918 à Saint-Pey-de-Castets (Gironde)
Décédé le 8 juin 1990 à Pessac (Gironde)

Député de la Gironde de 1966 à 1968
Sénateur de la Gironde de 1971 à 1980 et de 1987 à 1989

Jacques Boyer-Andrivet est né le 21 février 1918 dans une famille d’agriculteurs établis en Gironde, dans la vallée de la Dordogne et, plus précisément, dans l’arrondissement de Libourne. Il accomplit des études secondaires au collège de cette sous-préfecture. Le certificat d’études secondaires en poche, il part faire son service militaire à Tours pendant trente mois. A cette suite, il revient dans son village natal et prend la succession de son père : en 1938, il devient viticulteur, à la tête d’une propriété familiale de treize hectares de vignes plantées en bordeaux rouge supérieur et en entre-deux-mers blanc. Mobilisé lors du déclenchement du second conflit mondial, dans la défense contre aéronefs (D.C.A.), il fait les campagnes de France (1940) et d’Allemagne (Rhin-et-Danube, 1945). Entre-temps, il se marie avec Jacqueline Ribot, le 15 avril 1943, union de laquelle naissent deux enfants.
C’est par le syndicalisme agricole que ce grand sportif, amateur d’athlétisme et d’aviron, champion de France 1942 de « quatre barré », s’engage en politique. L’année 1947 voit son élection au conseil municipal de sa commune natale. Deux ans plus tard, très implanté à Saint-Pey, il fonde la cave coopérative viticole et, la même année, le 11 novembre, est élu maire de la commune. Il y est reconduit dans ses fonctions jusqu’en 1971. Il exerce par ailleurs d’autres responsabilités au syndicat viticole de l’Entre-deux-mers et des Côtes de Castillon, à la fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles de la Gironde, à l’Union des coopératives vinicoles d’Aquitaine, ainsi qu’à la Confédération nationale des coopératives vinicoles.
Aussi, professionnellement, Jacques Boyer-Andrivet partage-t-il son temps entre la cave coopérative dont il est le président-fondateur et la Sica des Vignerons d’Aquitaine, une filiale qui commercialise par correspondance les vins du terroir. Il s’agit là d’une petite entreprise qui emploie une dizaine de personnes et qui compte un fichier de huit mille clients.
Sa carrière politique revêt un caractère national, à la suite du décès du lieutenant de réserve André Lathière, député suppléant de Robert Boulin. Maire de Libourne et secrétaire d’Etat au budget dans le deuxième cabinet Pompidou, élu député de Gironde depuis 1958, Robert Boulin, investi par les gaullistes de l’Union pour la nouvelle République – Union démocratique du travail (U.N.R. – U.D.T.), conserve son siège, dans la neuvième circonscription du département. Jacques Boyer-Andrivet a été choisi pour devenir son nouveau suppléant. Les deux hommes remportent l’élection partielle dès le premier tour, le 9 janvier 1966, en obtenant 18 645 des 34 671 suffrages exprimés. Cette partie du département regroupe les cantons de Castillon-la-Bataille, de Coutras, de Libourne, de Lussac, de Pujols et de Sainte-Foy-la-Grande. Robert Boulin retrouve le gouvernement, au lendemain de sa réélection, dans le troisième gouvernement Pompidou : il y conserve ses fonctions au secrétariat d’Etat au budget, rue de Rivoli. Par voie de conséquence, Jacques Boyer-Andrivet devient député à compter du 10 février 1966. Apparenté au groupe des Républicains indépendants, mené par Valéry Giscard d’Estaing, député du Puy-de-Dôme et recalé du nouveau gouvernement, l’élu de Gironde est nommé membre de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il prend la parole à deux reprises en séance publique. Le 22 juin 1966, il intervient dans le débat sur les questions orales relatives à la politique viticole. Il expose l’état du marché du vin et regrette que la campagne anti-alcoolique ait été transformée en croisade « anti-vin ». Il est affublé alors du sobriquet de « parlementaire du vin ». Les 21 et 26 octobre suivant, il monte à la tribune dans la discussion du projet de loi de finances pour 1967, aux chapitres des budgets de la jeunesse et des sports, et de l’agriculture. Concernant la première discussion, il démontre la nécessité de créer des postes supplémentaires d’enseignants d’éducation physique, et se fait le défenseur du financement des piscines par l’Etat. S’agissant du deuxième volet budgétaire, il donne son avis sur les autorisations de programme intéressant l’hydraulique agricole et le remembrement, sur l’aménagement rural et sur les problèmes de la viticulture. Enfin, à quelques mois du terme de ce bref premier mandat, le 14 décembre 1966, il dépose un rapport qui ne vient cependant pas en discussion en séance publique, et qui tend à faciliter l’organisation et le fonctionnement des colonies et des camps des vacances.
A l’occasion des élections législatives des 5 et 12 mars 1967, Robert Boulin, ministre en exercice, et Jacques Boyer-Andrivet sont à nouveau candidats dans la neuvième circonscription de la Gironde. Le maire de Libourne renouvelle ainsi son soutien à son collègue de Saint-Pey-de-Castets, qui « a démontré (….) qu’il était un collaborateur et un soutien fidèles, capable de s’adapter très rapidement aux multiples tâches d’une fonction difficile ». Faisant l’éloge de la majorité qui « assurera la continuité et l’efficacité dans la conduite d’une politique gouvernementale de stabilité, de progrès social et de paix », ils mettent en lumière l’impréparation de leurs adversaires. Au soir du premier tour, il ne leur manque que 394 voix pour obtenir la majorité absolue des suffrages exprimés et être élus. Arrivés très largement en tête des cinq candidats en lice au premier tour, en rassemblant 21 078 suffrages exprimés, ils affrontent, la semaine suivante, le candidat unique de l’opposition des gauches, le professeur Lucien Figeac. La bataille est plus rude, et les résultats bien plus serrés que ceux de Robert Boulin lors des scrutins précédents. Le ministre l’emporte avec seulement 1 023 bulletins d’avance.
Robert Boulin est reconduit dans le quatrième gouvernement Pompidou, comme secrétaire d’Etat auprès de Michel Debré, ministre de l’économie et des finances. L’Assemblée nationale prend acte de son remplacement, le 9 mai 1967, par Jacques Boyer-Andrivet qui s’inscrit au groupe des Républicains indépendants. La semaine suivante, le 16 mai, il est nommé membre de la commission de la défense nationale et des forces armées, mais cesse d’appartenir à cet aréopage le 30 juin, pour rejoindre la commission de la production et des échanges, plus proche des préoccupations viticoles du député de Gironde. Au cours de ce nouveau mandat, le 9 juin 1967, il dépose une proposition de loi visant à accorder des congés non rémunérés aux travailleurs salariés et apprentis, en vue de favoriser la formation des cadres et animateurs pour la jeunesse. Durant cette législature-session, il prend la parole à quatre reprises, en séance publique. Le 23 mai 1967, il réagit dans le débat sur la déclaration du gouvernement relative aux problèmes de la jeunesse. Il suggère la création, au chef-lieu de chaque département, d’un bureau ou d’un centre d’accueil et de documentation. Il porte l’attention de la représentation nationale sur les classes à mi-temps et les « horaires aménagés ». Il souhaite qu’un plus grand rôle soit donné au personnel d’encadrement. Les 17 et 20 octobre, puis le 9 novembre de la même année, il intervient dans la discussion du projet de loi de finance (P.L.F.) pour 1968 aux chapitres budgétaires respectifs de la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (D.A.T.A.R.), de la jeunesse et des sports, de l’équipement et du logement. Dans la discussion du budget de la D.A.T.A.R., il souligne le lien fort entre l’aménagement rural et les problèmes agricoles. A cet égard, il rappelle la situation des personnes qui abandonnent l’agriculture, et ne trouvent pas à proximité de leur domicile les emplois qui leur permettraient de continuer à habiter la campagne. Il est convaincu que l’implantation corollaire d’activités industrielles nouvelles doit être encouragée par une série de mesures fiscales. Par ailleurs, s’agissant du budget du ministère de la jeunesse et des sports, il souhaite l’intensification de la formation professionnelle des animateurs, responsables des maisons de jeunes et de la culture. Enfin, alors que le ministre de l’équipement et du logement, Edgard Pisani, défend son budget, Jacques Boyer-Andrivet met en évidence la dégradation du « capital routier » de la France, en face de la progression du trafic. Il souhaite la définition d’une politique globale des voies et des moyens de communication en ce qui concerne les hommes, l’énergie et les marchandises. Il défend la nécessité de désenclaver les régions méridionales et atlantiques – l’Aquitaine au premier chef -, et celles du Centre de la France.
Enfin, il consacre ses deux dernières interventions à son activité professionnelle, passion de sa vie : le vin. Le 19 avril 1968, il souhaite une révision de la fiscalité vinicole, et le fait savoir à Michel Debré, ministre de tutelle. Le 10 mai suivant, alors que la France traverse les tensions politiques, économiques et sociales du printemps 1968, le député de Gironde prend part à la discussion du projet de loi de finances rectificative pour 1968. Il y défend l’égalité fiscale pour les vins, et rappelle le problème des taux de la T.V.A. qui leur est appliqué. Respectueux de la majorité parlementaire, et fidèle à Robert Boulin, Jacques Boyer-Andrivet ne vote pas la motion de censure déposée, en première et deuxième lectures, les 20 mai et 9 juin 1967, au cours de la discussion du projet de loi autorisant le gouvernement à prendre des mesures d’ordre économique et social.
Au renouvellement législatif des 23 et 30 juin 1968, Jacques Boyer-Andrivet n’est pas candidat. Robert Boulin, devenu entre-temps ministre de la fonction publique, se représente, avec un nouveau suppléant, en la personne de l’industriel Bertrand des Garets. Jacques Boyer-Andrivet ne retrouve donc pas le Palais-Bourbon, mais entre au Conseil économique et social (C.E.S.), deux ans plus tard ; il est membre de la section de l’aménagement du territoire et de l’équipement de l’Assemblée de l’avenue d’Iéna. Il ne reste cependant qu’une année au C.E.S.
Elu conseiller général du canton de Castillon-la-Bataille, dès le premier tour des élections de 1970, avec 58,7% des suffrages, il conserve ce mandat en 1976, 1982 et 1988. Le canton dans lequel il est élu est composé de quatorze communes, dont cinq dans l’appellation Saint-Emilion, et huit dans celle des Côtes-de-Castillon. Fort de cette implantation locale, il devient le premier magistrat de la commune de Castillon, au scrutin municipal du printemps 1971 et, à la faveur des élections sénatoriales de la même année, le 26 septembre, il entre au Palais du Luxembourg. Il a reçu l’investiture de la formation des Républicains indépendants, au comité directeur de laquelle il représente la région Aquitaine. De surcroît, il en est l’un des conseillers régionaux, en sa qualité de parlementaire, à compter de 1973. Au Sénat, il n’accomplit qu’un seul mandat durant les trois dernières années duquel, de 1977 à 1980, il est l’un des vice-présidents. Dans cette fonction, il apporte un soutien inconditionnel à la politique menée par Raymond Barre, qui « l’épate », et dont il est l’un des plus fervents supporters au Parlement. Jacques Boyer-Andrivet a voté en faveur des projets gouvernementaux devenus les lois du 5 juillet 1974 fixant à 18 ans l’âge de la majorité, du 17 janvier 1975 légalisant l’interruption volontaire de grossesse, et du 11 juillet 1975 visant à la simplification de la procédure de divorce et de dépénalisation de l’adultère. Mais son activité de sénateur reste essentiellement fondée sur la législation en matière de politique d’aménagement de l’espace rural et de la viticulture. Il crée d’ailleurs au Sénat un groupe d’études sur l’aménagement rural (G.E.S.A.R.).
Au scrutin du 28 septembre 1980, il accepte de ne figurer qu’en quatrième position sur la liste sénatoriale, ce qui le condamne d’avance à ne pas être élu. Défait, trois ans plus tôt, à la mairie de Castillon dont il reste conseiller municipal d’opposition, il pâtit en 1980 des équilibres politiques girondins, au fondement de la constitution de la liste sénatoriale, et notamment de la percée de la gauche. A cet égard, le fils du Premier secrétaire du Parti socialiste, Gilbert Mitterrand, prépare son implantation à Libourne dont il devient le député en 1981. D’une certaine manière, Jacques Boyer-Andrivet obtient une contrepartie, celle qui le conduit à la présidence, pour un an (janvier 1981-janvier 1982), de la puissante Société pour l’expansion des produits agricoles et alimentaires (S.O.P.E.X.A.). Il y avait été chargé d’une mission, en novembre 1979, en vue de préparer sa nomination à la présidence. Depuis 1978, il veille simultanément aux destinées de l’association pour l’aménagement et le développement de la vallée de la Dordogne, et milite fermement contre la pollution des rivières.
Le 21 février 1987, à la faveur de la nomination de Jacques Valade, président de la région Aquitaine, au gouvernement de cohabitation dirigé par Jacques Chirac, Jacques Boyer-Andrivet, membre du Parti républicain (P.R.), composante de l’Union pour la démocratie française (U.D.F.), retrouve le Sénat pour deux ans, jusqu’au 1er octobre 1989. L’ancien sénateur giscardien rallie, après un temps d’hésitation, le groupe sénatorial de l’Union centriste (U.C.). L’aménagement du territoire est une nouvelle fois au cœur de son activité de parlementaire. A partir du mois d’avril 1987, il est le président du groupe d’études pour l’aménagement rural.
Dignitaire de la franc-maçonnerie, décoré de la Légion d’honneur et de l’ordre du mérite agricole, il a publié deux ouvrages : Regards sur la Gironde (1971), et Réflexions et propositions au service des collectivités (1974). Cet amateur de musique moderne, notamment de Johnny Hallyday et de Michel Sardou, disparaît quelques mois seulement après avoir quitté la Palais du Luxembourg, le 8 juin 1990, à l’âge de 72 ans.