Franck Cazenave

1917 - 1974

Informations générales
  • Né le 28 juin 1917 à Belin (Gironde - France)
  • Décédé le 10 août 1974 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Gironde
Groupe
Rassemblement démocratique
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Gironde
Groupe
Progrès et démocratie moderne
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 30 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Gironde
Groupe
Progrès et démocratie moderne
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 10 août 1974
Département
Gironde
Groupe
Républicains indépendants

Biographies

Biographie de la Ve République

CAZENAVE (Franck)
Né le 28 juin 1917 à Belin (Gironde)
Décédé le 9 août 1974 à Paris

Député de la Gironde de 1962 à 1978

Au temps des années de Gaulle/Pompidou, la Gironde apparaît comme un département où les gaullistes et les socialistes se partagent le pouvoir. Franck Cazenave, député de la septième circonscription de 1962 à 1974, est, avec Aymar Achille-Fould, élu de la cinquième circonscription, une exception et incarne une voie modérée, centriste.
Franck Jacques André Cazenave est né à Belin, dans le sud de la Gironde, le 28 juin 1917. Titulaire d’un diplôme d’ingénieur des Arts et Métiers de l’Institut catholique de Lille, il débute, très jeune, à la fin des années 1930, dans la vie professionnelle dans l’industrie comme gérant de plusieurs sociétés (la Société immobilière des Etablissements Cazenave ; la Société immobilière de Belin ; la Société bellinoise de construction de logements). Toute sa carrière professionnelle s’effectue dans sa petite ville natale où il est PDG de la Société « Etablissements Cazenave » (cycles, fonderie, matériel roulant, scierie). La Seconde Guerre mondiale le conduit à se distinguer par « d’exceptionnels services d’ordre militaire », comme cela est souligné dans son éloge funèbre. Combattant en 1939-1940 comme officier-aviateur, il rejoint la France libre en 1942 et reçoit pour son action plusieurs décorations (médaille de l’aéronautique, croix de guerre 1939-40, croix du combattant volontaire, croix de la valeur militaire, commandeur du Mérite militaire, officier de la Légion d’honneur). Aux titres dus à la Seconde Guerre mondiale, il ajoute la croix d’Algérie et le Mérite agricole.
Marié en 1941 avec Huguette Darroman, Franck Cazenave épouse en secondes noces Danielle Ferrière, fille de Jean Ferrière, ancien directeur du Port Autonome de Bordeaux et il a deux filles. Son entrée en politique date du début de la Ve République et s’effectue à l’échelon local, dans la commune où il est né et habite, Belin, dont il devient conseiller municipal puis adjoint au maire le 21 mars 1959. La suite du parcours politique est influencée par l’assise du jeune industriel de Belin, notable local exerçant de plus en plus de responsabilités syndicales et professionnelles nationales et internationales comme président des syndicats nationaux régionaux de parquets caisses puis de la fédération européenne des fabricants de parquets, président de la Chambre syndicale nationale du cycle, vice-président de la Chambre syndicale de la carrosserie et conseiller du Commerce extérieur…En 1962, la droite modérée à laquelle appartient Franck Cazenave, membre du CNIP, trouve dans ce patron solidement implanté dans le Sud-Ouest de la Gironde le candidat idéal pour affronter le député gaulliste sortant, maire d’Arcachon, Lucien de Gracia.
C’est sous le double patronage du CNIP et du Centre républicain que Franck Cazenave est candidat le 18 novembre 1962. Il donne à sa candidature un triple sens, professionnel (« Artisans, professions libérales, ouvriers, paysans ou forestiers, marins ou ostréiculteurs, propriétaires ou commerçants, industriels ou fonctionnaires (…), je veux me faire l’écho de vos aspirations »), local (« fils de Belin (…) attaché au Bazadais, élevé à Arcachon ») et Européen. La profession de foi omet totalement les questions politiques et met l’accent sur un large rassemblement – où personne n’est oublié ! – et la défense des « intérêts de cette région jusqu’ici trop négligés ». Au 1er tour, Cazenave arrive en deuxième position (11207 voix soit 27%) derrière le député sortant, Lucien de Gracia et devant les candidats socialiste (André Le Floch, ancien député, 8482 voix) et communiste (Jean Barrière 5254 voix). Au 2e tour, le 25 novembre, Cazenave est élu avec 22687 voix face à de Gracia (19045 voix) soit une belle victoire, fruit d’un bon report des voix de gauche sur le candidat « centriste ». Il est vrai que l’élu avait politisé sa campagne, se dressant contre « le péril nouveau que constitue l’UNR, le parti unique ». Trois ans plus tard, Franck Cazenave consolide sa position locale en devenant, en 1965, maire de Belin.
Aux élections législatives de 1967, Cazenave doit à nouveau affronter trois adversaires (le communiste Barrière et deux candidats, Jean Bayle et Robert Duchez, représentants l’un la gauche non communiste – CIR -, l’autre la majorité au pouvoir). La campagne retrouve la tonalité de celle du premier tour en 1962 quand Cazenave, sous l’étiquette « Défense républicaine, économique et sociale », se présente comme « l’ami qui partage les soucis… » ou celui qui a « vécu vos joies comme vos peines ». Le 5 mars, Cazenave est largement en tête (20585 voix) devant Duchez (16528 voix). Au second tour, les quatre candidats se maintiennent et Cazenave l’emporte avec 22523 voix (43% des voix) devant Duchez (16963 voix). En octobre 1967, Cazenave renforce encore sa position locale en devenant, au 2e tour, conseiller général d’Arcachon quand Lucien de Gracia abandonne le siège qu’il détenait depuis 1945. En 1968, Cazenave dénonce, avec la même étiquette, « l’affrontement de deux blocs », « deux factions rivales » et lance « un appel à tous ceux qui ont le souci d’une véritable démocratie (…) sans sectarisme ». Les circonstances lui sont défavorables et au 1er tour, il est, avec 16865 voix, nettement devancé par Duchez (19152 voix) tout en arrivant loin devant le candidat FGDS (Daniel Brettes) et le communiste Barrière. Mais le 30 juin au soir, il emporte le duel avec Duchez avec 24315 voix (52% des voix) contre 22659 malgré un report des voix de gauche moyen, beaucoup d’électeurs socialistes et surtout communistes préférant s’abstenir.
Aux élections législatives de 1973, Cazenave qui depuis 1972 n’est plus maire de Belin mais d’Andernos, se représente en retrouvant son étiquette de 1962 soit « CNIP ». Il doit faire face à six candidats dont à gauche, Barrière (PCF), Aline Barthélémy (Lutte ouvrière) et Paul Euloge (Union de la gauche) et à droite, Duchez (URP), François Huc mais aussi un centriste du Mouvement Réformateur, William Giraud. La profession de foi du député sortant même le souci de « défense des intérêts de notre circonscription et de ses habitants » et un plaidoyer centriste « le Centre est appelé à jouer un rôle nouveau dans une majorité nouvelle ». Au soir du 4 mars, Cazenave est en tête (14679 voix) mais sa position s’effrite et il est suivi de près par le candidat FGDS (12434 voix) et le gaulliste (12292 voix). Pour le second tour, la profession de foi se politise encore et vise à unir contre la gauche : « l’alliance socialo-communiste fait peser une lourde menace sur l’avenir de nos institutions, sur la croissance de notre économie, sur le destin de l’Europe ». Cazenave l’emporte largement (31023 voix soit 55%) devant Euloge (25284 voix) grâce à un bon report des voix de droite et du centre.
Les fluctuations politiques de Franck Cazenave, entre droite modérée et centre, sont confirmées par la diversité des groupes dans lesquels il siège au Palais-Bourbon au cours de ses douze ans de députation. En 1962, le nouvel élu de la 7e circonscription s’apparente au groupe du Rassemblement démocratique où il côtoie beaucoup de radicaux et quelques indépendants. En 1967 et 1968, il s’inscrit au groupe Progrès et démocratie moderne, centriste, dominé par des anciens MRP. En 1973, le virage à droite est clair : Cazenave s’inscrit au groupe des Républicains indépendants, celui des amis de Valéry Giscard d’Estaing, donc clairement dans la majorité présidentielle. Cette même année, Cazenave ne s’est pas représenté aux élections cantonales et c’est un modéré Robert Fleury – futur maire d’Arcachon de 1977 à 1985 – qui lui succéda.
A l’Assemblée nationale, Cazenave se montre un député présent et actif. Dès son premier mandat, il participe à deux importantes commissions, celles de la défense nationale et des finances et il intervient souvent dans les débats, en particulier sur les questions forestières, les anciens combattants et les questions militaires. A partir de 1967, il ne siège plus que dans une seule commission, celle des finances. Il dépose dix propositions de loi et se montre extrêmement actif, intervenant fréquemment dans les discussions budgétaires et les débats parlementaires. Son éloge funèbre à l’Assemblée rappelle cette activité : « on remarquait ses interventions fréquentes et utiles concernant les artisans, les petites et moyennes entreprises et sur les questions ayant trait aux sports. A diverses reprises, il était monté à la tribune pour traiter des sujets de politique générale. Il y montrait alors un esprit combatif et une force de conviction qui surprenaient ceux qui ne connaissaient de sa personnalité que les facettes de la gentillesse, de la bonhomie et du charme ». Souvent, le député de la 7e circonscription se montre plus politique à la tribune que durant la campagne électorale comme quand il s’agit pour lui de défendre la fonction parlementaire « au nom de la tradition républicaine ».
Les votes du député Cazenave, entre 1962 et 1968, révèlent un homme clairement engagé dans l’opposition. Ainsi, le 13 juin 1963, il vote en faveur de l’ajournement de la ratification du traité franco-allemand dit « traité de l’Elysée » (22 janvier 1963) et le 20 avril 1966, il vote la motion de censure contre le retrait de la France de l’OTAN ; en mai-juin 1967, il s’oppose aux pouvoirs spéciaux autorisant le gouvernement à prendre des mesures d’ordre économique et social. A compter de 1968, l’évolution politique est très visible : Cazenave vote presque toujours avec la majorité, y compris les déclarations de politique générale des gouvernements Chaban (15 octobre 1970 et 24 mai 1972), Messmer (12 avril 1973) et Jacques Chirac (6 juin 1974).
Franck Cazenave meurt de maladie, à Belin (Gironde), en cours de législature, un peu plus d’un an après sa réélection, le 10 août 1974, à l’âge de cinquante-sept ans. C’est son suppléant depuis 1973, le républicain indépendant, Emile Durand, conseiller général de Bazas (depuis 1970) et maire de Cudos (depuis 1971) qui lui succède mais en 1978, le siège de député de la 7e circonscription est conquis par un gaulliste, futur maire d’Arcachon, Pierre Lataillade.