Pierre, Louis, Ernest, Armand Abelin
1909 - 1977
Le fonds Pierre Abelin, conservé aux Archives nationales couvre la période 1969-1976 et représente 5,6 mètres linéaires. Les documents ont été déposés en 1980 et sont cotés en 586 AP. La consultation du fonds est soumise à autorisation de l’ayant droit.
Le fonds Pierre Abelin se compose de documents relatifs à ses différents mandats politiques, européens, nationaux et locaux.
De plus amples renseignements sur ce fonds sont disponibles sur le site Internet des Archives nationales.
Né le 16 mai 1909 à Poitiers (Vienne)
Décédé le 23 mai 1977 à Poitiers (Vienne)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Vienne)
Député de la Vienne de 1946 à 1958
Secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil de novembre 1947 à juillet 1948 et en septembre 1948
Secrétaire d'Etat aux Finances de septembre 1952 à janvier 1953
Secrétaire d'Etat aux Affaires économiques de mars 1955 à janvier 1956
Pierre Abelin est le fils d'un professeur de Poitiers, Armand Abelin. Sa mère, née Marguerite Chevalier, était apparentée à Raoul Peret, ancien sénateur et député de la Vienne, ancien président de la Chambre des députés sous la IIIe République, ancien ministre. Le jeune Pierre Abelin effectue des études juridiques dans les facultés de Droit de Poitiers et de Paris, qui le conduisent au doctorat ; il est en outre diplômé de l'Ecole libre des Sciences politiques. Après son service militaire, il devient, en 1931, secrétaire du Maréchal Lyautey en sa qualité de Commissaire général de l'exposition coloniale. En juin 1932, il épouse la petite fille d'Edouard Branly, inventeur de la TSF, Mlle Geneviève Terrat-Branly, dont il aura cinq enfants.
Il entre alors dans les affaires et anime plusieurs sociétés liées au commerce colonial. Mobilisé en 1939, il fait la guerre comme agent de liaison auprès de la 51e légion britannique. Rendu à la vie civile, il reprend sa carrière de directeur de sociétés. De 1940 à 1945, il est simultanément directeur de l'Union française des industries exportatrices et du Comité d'exportation de l'industrie cotonnière, directeur du Groupement national d'importation des cacaos et délégué général de la Chambre syndicale des chocolatiers et confiseurs.
Cependant, ses sympathies le portent vers la Résistance : il est membre du groupe d'éditions clandestines de la rue de Lille, qui regroupe des démocrates-chrétiens, hostiles au nazisme et à Vichy.
A partir de 1945, il mène de front une carrière d'homme d'affaires et une carrière politique. De 1945 à 1947, il est nommé membre du Comité directeur du journal « La Tribune Economique » ; en 1956, il devient président de l'Association de l'industrie et de l'agriculture française ; en 1958, il est président de la Compagnie des chemins de fer franco-éthiopiens.
Dès la constitution du Mouvement républicain populaire (MRP), Pierre Abelin lui apporte son adhésion et son cheminement politique ne va faire qu'un avec l'histoire de ce parti sous la IVe République. En son sein, il marque nettement son opposition au gaullisme du « Rassemblement du Peuple français » et se montre un partisan résolu de la « Troisième Force ».
Le premier mandat électif qu'il occupe est celui de conseiller municipal de la ville de Poitiers, en mai 1945. Au mois d'octobre, le MRP le présente comme tête de liste dans la Vienne pour l'élection à la première Assemblée nationale Constituante. Pour quatre sièges à pourvoir, il y a 158 533 votants. Huit listes sont en présence. Seule la liste communiste dépasse le quotient électoral requis et obtient un élu direct. Les trois autres sièges sont répartis à la plus forte moyenne. La liste communiste obtient un autre élu. Pierre Abelin est élu avec 21 709 suffrages, le quatrième siège étant attribué à une liste de « Défense républicaine et de rénovation nationale ».
Attiré par les questions économiques, Pierre Abelin est nommé membre de deux commissions, celle des finances et celle des affaires économiques. De février à avril 1946, il participe à la discussion de huit propositions de loi touchant aux finances et à l'économie. Le 7 février, il intervient sur la proposition tendant à modifier la loi relative à la nationalisation de la Banque de France et des grandes banques de crédit. Il y expose qu'il est nécessaire « de garantir aux anciens actionnaires une indemnisation correspondant à la valeur effective de leurs actions au moment de la nationalisation ». Dans le même esprit, lors de la discussion de la proposition de loi tendant à la nationalisation des sociétés d'assurances, il indique « qu'il convient de faire le partage entre les activités que l'on peut laisser à ces entreprises et celles qui doivent être nationalisées ». Au nom des commissions dont il est membre, il présente plusieurs avis sur les allocations familiales, les prêts aux jeunes agriculteurs, les programmes de production. Il est particulièrement actif dans les débats qui ont lieu sur la préparation de la loi de finances, le statut du fermage et du métayage. Il prend cinquante et une fois la parole sur ces sujets.
A la suite du rejet du projet de constitution par référendum pour lequel le MRP a préconisé le non, une seconde Assemblée nationale Constituante est élue le 2 juin 1946. Pierre Abelin est à nouveau candidat dans la Vienne. Cinq listes étant en présence, sur 160 081 votants, le MRP détient plus que le quotient électoral, 39 346 suffrages : avec 54 372 voix, Pierre Abelin est élu et devance son rival communiste. Les deux autres sièges sont répartis à la plus forte moyenne, revenant l'un au MRP, l'autre au parti communiste.
Pierre Abelin redevient membre des deux Commissions qu'il avait choisies dans la première Assemblée. Ses principales initiatives législatives concernent les questions agricoles. Le 25 septembre 1946, il intervient dans la discussion sur l'amendement de Mme Poinso-Chapuis, ministre de la Santé publique, relatif à la composition des comités départementaux de confiscation des profits illicites. Il soutient la nécessité de subventions publiques pour les associations familiales qui gèrent des services « destinés à aider les familles éprouvant des difficultés matérielles pour l'instruction de leurs enfants ».
Le nouveau projet de constitution ayant été voté et le référendum du 27 octobre 1946 l'ayant entériné, il est procédé à l'élection d'une Assemblée nationale législative, le 10 novembre 1946. Dans la Vienne, pour quatre sièges à pourvoir, cinq listes sont en présence. La liste MRP voit la réélection de ses deux députés sortants, Pierre Abelin et Henri Gallet, avec 58 564 suffrages sur 152 786 votants ; il en va de même pour le parti communiste avec 48 849 suffrages.
Dans la nouvelle Assemblée, il est à nouveau membre de la commission des finances qui lui confie des missions de contrôle dans deux sous-commissions : en mars 1947, pour suivre l'emploi des crédits affectés à la Défense nationale ; en février 1951, pour suivre la mise en œuvre de la convention de Coopération économique européenne et du Programme de Relèvement européen.
En octobre 1947, il est réélu conseiller municipal de Poitiers et le demeurera jusqu'en mars 1953.
Pierre Abelin est nommé secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil dans le premier gouvernement de Robert Schuman du 24 novembre 1947 au 26 juillet 1948, puis dans son second gouvernement du 5 au 10 septembre de la même année : il est chargé de la coordination des services dépendant de la présidence du conseil, du commissariat au Plan, des relations avec le Parlement et de l'information. Après avoir quitté le gouvernement, Pierre Abelin, jusqu'à la fin de la législature, dépose vingt-neuf propositions de loi et intervient régulièrement dans les débats budgétaires.
Les élections pour la deuxième Assemblée nationale législative du 17 juin 1951 sont dominées par le système des apparentements qu'établit le nouveau mode de scrutin. Dans la Vienne, la liste d'Union nationale et républicaine présentée par le MRP et conduite par Pierre Abelin, conclue un apparentement avec les autres listes à l'exclusion du RPF et des communistes. Les listes apparentées obtiennent 80 220 suffrages sur 155 010 votants, la liste conduite par Pierre Abelin recevant pour sa part 20 464 suffrages. Elles remportent les quatre sièges à pourvoir. Pierre Abelin est le seul élu du MRP. Les communistes, avec 36 152 voix et le RPF avec 31 963 voix n'ont aucun élu.
Réélu député, Pierre Abelin se retrouve, en juillet 1951, membre de la commission des Finances, qui le désigne pour continuer à suivre le programme de relèvement européen. En janvier 1954, il fait son entrée à la commission de la Défense nationale qui, en février 1955, le désigne comme membre de la commission de coordination pour l'examen des problèmes intéressant les Etats associés d'Indochine.
Sa carrière ministérielle reprend son cours. Du 19 septembre 1952 au 7 janvier 1953, il est secrétaire d'Etat aux Finances dans le gouvernement d'Antoine Pinay et, du 1" mars 1955 jusqu'au 1er février 1956, secrétaire d'Etat aux Affaires Économiques dans le gouvernement d'Edgar Faure. Parallèlement, son rôle international s'affirme : il préside la délégation française au conseil économique et social et à la commission asiatique des Nations unies. Ses responsabilités ministérielles et internationales n'ont pas diminué son activité parlementaire : si ses interventions relèvent de domaines divers, ses centres d'intérêt continuent de le porter vers les questions économiques et financières.
En 1953, pour les élections municipales, il quitte Poitiers pour Châtellerault, où il remporte un siège de conseiller municipal.
L'Assemblée élue en 1951 ayant été dissoute, de nouvelles élections législatives ont lieu le 2 janvier 1956. Dans la Vienne, douze listes cette fois sont en présence. Pierre Abelin mène la liste présentée par le MRP qui n'a pu s'apparenter qu'avec la liste du Rassemblement des Gauches républicaines. La Troisième Force a éclaté. Le deuxième apparentement concerne la SFIO et le Parti radical et radical socialiste. Le troisième est constitué autour de la liste poujadiste, Union et Fraternité française. Aucun des trois regroupements n'obtient la majorité absolue et les quatre sièges sont répartis à la proportionnelle. Le Parti communiste, sur 169 391 votants, recueille 36 867 suffrages et a un élu ; le Parti radical a le deuxième siège avec 27 816 suffrages ; la liste poujadiste avec 30 522 voix remporte le troisième. Pierre Abelin obtient le quatrième siège, réunissant personnellement 21 133 suffrages sur son nom, tandis que sa liste recueille 19 189 suffrages. Dans sa profession de foi, il indique : « Il convient de mettre en œuvre des formules souples visant à accorder une plus grande indépendance aux populations d'outre-mer, tout en sauvegardant les liens fondamentaux qui les attachent à la France métropolitaine ».
Dans la nouvelle législature, il est nommé vice-président de la commission des Affaires économiques et en devient président le 16 juin 1957. A côté de ses responsabilités à l'ONU, de 1956 à 1958, il assure la présidence du Conseil supérieur de la Coopération technique pour les relations avec les pays étrangers. A l'Assemblée, ses convictions européennes l'amènent à marquer un intérêt particulier aux négociations qui conduisent à la signature du traité de Rome instituant la Communauté économique européenne et l'Euratom. Il prend part à tous les débats et dépose, le 2 juillet 1957, un avis, au nom de la Commission des Affaires économiques, sur le projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier les traités.
En 1958, Pierre Abelin défend les institutions de la IVe République et déplore publiquement la rupture de la Troisième Force. Il soutient le gouvernement Pflimlin et ne cache pas son opposition au général de Gaulle. Néanmoins, comme son groupe parlementaire, le 1er juin 1958, il votera en faveur de son investiture.
ABELIN (Pierre)
Né le 16 mai 1909 à Poitiers (Vienne)
Décédé le 23 mai 1977 à Poitiers
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Vienne)
Député de la Vienne de 1945 à 1958 et de 1962 à 1975
Secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil du 24 novembre 1947 au 16 juillet 1948 et du 5 au 9 octobre 1948
Secrétaire d’Etat aux finances du 18 septembre 1952 au 8 janvier 1953
Secrétaire d’Etat aux affaires économiques du 1er mars 1955 au 1er février 1956
Ministre de la coopération du 27 mai 1974 au 12 janvier 1976
Pierre Abelin se présente aux élections de novembre 1958 dans la deuxième circonscription de la Vienne, sous l’étiquette politiquement neutre d'Action républicaine, agricole, économique et sociale. Au terme d’une campagne de terrain, il devance au premier tour, le 23 novembre, le candidat gaulliste de l’Union pour la Nouvelle République, le conseiller général Ernest Bouchet, avec 15 647 voix contre 14 172, sur 46 941 exprimés. Mais il est battu au second tour du 30 novembre, où il n’obtient que 18 606 voix (sur 46 143 exprimés) contre 21 137 à Bouchet, ce dernier bénéficiant des suffrages qui s’étaient portés au premier tour sur le non-inscrit Guy Parthenay.
Il se rabat alors sur la mairie de Châtellerault, où il est élu en mars 1959 (il y restera jusqu'en 1977) et sur le Conseil économique et social, dont il devient membre à partir de juin 1959. Mais il prend une très nette revanche sur Ernest Bouchet lors des élections de novembre 1962, où il est toujours candidat dans la deuxième circonscription de la Vienne avec l’étiquette d’Action agricole, économique et sociale. Son programme souligne la nécessité de défendre l'agriculture du Centre-Ouest mais aussi les intérêts de Châtellerault. S'il insiste sur la défense des institutions gaulliennes et sur la stabilité gouvernementale, il proclame la nécessité d'aller plus loin dans la construction européenne et de limiter les « crédits immodérés » consacrés par le pouvoir à la fusée atomique. Après avoir recueilli 17 908 voix contre 9 617 à Bouchet (sur 38 562 exprimés) au premier tour du 17 novembre, il est élu au second tour, le 25 novembre 1962, avec 22 873 voix, soit plus du double de celles de Bouchet (10 877), sur 41 796 exprimés.
Inscrit au groupe du Centre démocratique, qu'il présidera à partir de décembre 1963, il siège tout au long de la législature dans la Commission des finances, de l'économie générale et du plan. Il dépose huit propositions de loi, notamment une portant sur la création d'une allocation familiale en faveur des orphelins (30 juin 1964) qu'il reprendra plusieurs fois sous les législatures suivantes. Nombreuses sont ses interventions sur les projets de loi de finances et sur la politique étrangère du gouvernement Pompidou, notamment sur les questions européennes. A plusieurs reprises, il se prononce en faveur de l'entrée de la Grande-Bretagne dans l'Europe (29 avril 1964 et 3 novembre 1966) et, lors du débat sur la motion de censure (27 octobre 1964), il dénonce le blocage de la politique agricole commune par la France, jugeant « irréalisable et dangereuse » la menace française de quitter le Marché commun. Dans la séance du 15 décembre 1964, il dépose un amendement réclamant « une organisation communautaire de la défense de l'Europe. » Dans celle du 16 juin 1965, il demande l'élection du Parlement européen au suffrage universel. Dans celle du 13 décembre 1966, il déplore le retrait français de l'OTAN, s'interrogeant sur les conséquences économiques et sociales de ce retrait, notamment dans sa région.
Après avoir participé à la tentative manquée d’une grande Fédération réunissant le MRP, la SFIO et le parti radical-socialiste, il soutient Jean Lecanuet lors de la campagne présidentielle de décembre 1965, puis devient membre du comité directeur (1966) et secrétaire général (à partir de 1967) du Centre démocrate. À nouveau candidat dans la deuxième circonscription de la Vienne aux élections législatives de mars 1967, cette fois sous l'étiquette Centre et Union des démocrates, il met l'accent sur l'industrialisation de Châtellerault mais aussi sur la nécessaire relance du marché commun agricole, paralysé par la politique gaullienne de la « chaise vide ». On observe par ailleurs qu'il réclame « l'abandon d'un nationalisme périmé et la construction accélérée de l'Europe », « la fin du règne de certains technocrates parisiens », « l'objectivité de l'information », autant de critiques frontales adressées au régime gaullien. Après avoir frôlé la majorité absolue de 64 voix au premier tour du 5 mars, avec 24 070 voix (contre 14 424 au communiste Paul Fromonteil et 9 772 à l’UNR Charles Gombault) sur 48 266 exprimés, il est facilement réélu le 12 mars 1967, avec 24 761 voix sur 47 072 exprimés, contre 14 473 à Fromonteil et 7 838 à Gombault.
Inscrit au groupe Progrès et démocratie moderne, il reste membre de la Commission des finances. Elu représentant titulaire de la France à l'Assemblée consultative du Conseil de l'Europe (24 mai 1967), il prend part au grand débat du 16 juin 1967 sur la politique étrangère du gouvernement, déplorant notamment l'insuffisance des moyens d'action de l'ONU et plaidant à nouveau pour l'élection du Parlement européen au suffrage universel et pour l'admission de la Grande-Bretagne dans le Marché commun.
Il remet son mandat de député en jeu lors des élections de juin 1968, qui suivent la dissolution de l'Assemblée nationale. Toujours sous l'étiquette Centre et Union des démocrates, il souligne dans sa campagne la responsabilité d'« un pouvoir autoritaire et conservateur », sourd au dialogue et à la participation, dans « l'explosion sociale » de mai 68. Mais s'il est favorable aux réformes, notamment à la démocratisation de l'enseignement supérieur, à la participation des travailleurs et à la régionalisation, il s'oppose avec force au communisme, et se réclame du « parti du mouvement et non pas celui de la révolution. » Il arrive largement en tête au premier tour du 23 juin 1968 avec 21 555 voix (sur 47 921 exprimés) contre 14 179 à l'avocat Victor Rochenoir, candidat de l'UDR, 10 139 au communiste Paul Fromonteil et 2 048 au PSU André Chabane. Résistant bien à la vague gaulliste, il est réélu au second tour du 30 juin 1968 avec 21 677 voix contre 15 289 à Rochenoir (qui double quasiment le score gaulliste de 1967) et 9 502 à Fromonteil.
Réinscrit au groupe Progrès et démocratie moderne, il le quittera avant la fin de la législature, le 5 octobre 1972, considérant que ce groupe n'est plus assez indépendant de l'UNR. Il ira alors siéger avec les non-inscrits. Toujours membre de la Commission des finances et élu représentant, cette fois suppléant, de la France à l'Assemblée consultative du Conseil de l'Europe, il reste fidèle aux grands thèmes d'intervention de ses législatures précédentes. C'est ainsi qu'il revient sur la nécessaire entrée de la Grande-Bretagne dans l'Europe (7 novembre 1968 et 9 juin 1971), déplore l'importance des dépenses improductives de l'Etat (18 juillet 1968) et du Ve Plan d'équipement (13 mai 1970), réclame la participation des salariés aux décisions de l'entreprise (17 juin 1971), mais refuse de voter la motion de censure déposée par les partenaires du Programme commun de la gauche (5 octobre 1972).
Chef de file du Mouvement réformateur, créé en 1972 par Jean Lecanuet et Jean-Jacques Servan-Scheiber, c’est sous cette étiquette qu’il se représente en mars 1973, mettant en avant son expérience à la mairie de Châtellerault et à la présidence du Conseil général de la Vienne, qu'il exerce depuis 1967. C'est aussi avec une virulence nouvelle qu'il attaque la politique de l'UDR gaulliste, et notamment son adversaire Victor Rochenoir, compromis dans un scandale de promotion immobilière en 1971. Arrivé en tête du premier tour du 4 mars 1973 avec 18 571 voix, soit 36,9% des suffrages, contre 12 518, soit 24,9% à Michel Montenay, candidat de l’Union des Républicains de Progrès, et 11 674, soit 23,2% au communiste Paul Fromonteil, il est facilement réélu au second tour du 11 mars 1973 avec 29 909 voix, soit 60,8% des 49 183 exprimés, contre 19 215 voix, soit 39,1% à Fromonteil et 59 voix, soit 0,1% à Montenay.
Inscrit au groupe de Réformateurs et démocrates sociaux, il est élu vice-président de l’Assemblée nationale le 3 avril 1973, et il sera réélu à cette fonction le 2 avril 1974 mais il n'ira pas jusqu'au bout de cette législature. Ayant soutenu avec ses amis centristes la candidature de Valery Giscard d’Estaing à la présidentielle, il est nommé ministre de la coopération dans le gouvernement Chirac (28 mai 1974). À gauche, on lui reproche d’être issu de monde des grandes entreprises, président de l’Association de l’industrie et de l’agriculture françaises depuis 1956, vice-président de la Société du chemin de fer franco-éthiopien depuis 1960, PDG de la Société française des supermarchés de 1961 à 1972, et dirigeant de la filiale française de la multinationale américaine ITT. Comme le demandent les institutions de la Vème République, il abandonne son mandat de député le 28 juin. Mais, son suppléant Robert Gourault étant décédé le 30 août 1975, il doit se représenter à une élection partielle en octobre 1975. Arrivé en tête au premier tour du 12 octobre avec 21 467 voix (sur 43 442 exprimés) contre 9 775 à la socialiste Edith Cresson et 9 339 au communiste Paul Fromonteil, il est réélu au second tour du 19 octobre 1975 avec 27 418 voix contre 24 700 à Edith Cresson, qui réalise le meilleur score de la gauche depuis les débuts de la Vème République. Pierre Abelin abandonne à nouveau son mandat le 19 novembre 1975, faisant entrer au Palais-Bourbon son nouveau suppléant, Jean-Jacques Fouqueteau, afin d’exercer sa fonction de ministre, et ce jusqu'au 12 janvier 1976.
Il disparaît avant la fin de son quatrième mandat législatif, le 23 mai 1977.