Patricia Gallerneau

1954 - 2019

Informations générales
  • Née le 9 septembre 1954 à Paris (Seine - France)
  • Décédée le 6 juillet 2019 à Sables d'Olonne (Vendée - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
XVe législature
Mandat
Du 21 juin 2017 au 7 juillet 2019
Département
Vendée
Groupe
Mouvement Démocrate et apparentés

Biographies

Biographie de la Ve République

GALLERNEAU (Patricia)
Née le 9 septembre 1954 à Paris (Seine)
Décédée le 6 juillet 2019 aux Sables d’Olonne (Vendée)

Députée de Vendée de 2017 à 2019


Le parcours politique de Patricia Gallerneau reflète les évolutions du système partisan sous la Ve République, au tournant du XXIe siècle. Elle naît Patricia Sérézat, le 9 septembre 1954 à Paris, dans le XXe arrondissement, d’une mère originaire de Bretagne et d’un père corrézien, élu Rassemblement pour la République (RPR) à Angers, dans ces Pays de la Loire qui compteront tant dans les engagements de la future élue.

Intéressée par la politique depuis ses plus jeunes années, elle ne s’engage pas à proprement parler avant les années 1990. Contrôleuse principale des impôts à Saint-Nazaire depuis 1976, elle figure en 1995 sur la liste qui l’emporte aux municipales de Pornichet (Loire-Atlantique), emmenée par le socialiste Jacques Lambert. Elle démissionne cependant en 1999, en raison de désaccords sur la politique conduite et prend, à cette occasion, ses distances avec le Parti socialiste (PS). Forte de sa participation à plusieurs structures associatives, elle entre chez les Verts qui l’investissent pour les élections législatives de 2002, dans la 7e circonscription de la Loire-Atlantique. Avec 1 645 suffrages exprimés en sa faveur au premier tour, elle ne rassemble pas plus de 2,61 % des électeurs et arrive en cinquième position, derrière Christophe Priou, qui remporte le scrutin sous l’étiquette Union pour la majorité présidentielle (UMP), les candidats du PS, du Front national (FN) et de Chasse, pêche, nature et traditions (CNPT). Toujours aux côtés des Verts, elle se présente aux cantonales de 2004 dans le canton de La Baule-Escoublac ; Dominique Voynet vient la soutenir début mars à Pornichet, mais la candidate ne fait que 8 % des voix environ, le scrutin se jouant entre le socialiste Olivier Chateau et le candidat sortant UMP (devenue entre-temps Union pour un mouvement populaire), Guy Lemaire, qui en ressort vainqueur. Entre les deux tours, Patricia Gallerneau ne donne aucune consigne, expliquant ainsi son choix : « Nous ne sommes pas propriétaires des voix. Chacun est libre. De plus, Olivier Chateau et moi avions trop de divergences dans nos professions de foi » (Ouest-France, 25 mars 2004). Elle avait en effet mené campagne contre les grands projets d’investissement et de construction, en zone inondable notamment, et contre le « bétonnage abusif ». A quoi s’ajoute une attention particulière portée aux jeunes ou aux plus âgés. Cet échec la conduit à scruter l’horizon de 2007, en participant à l’effort de mobilisation de l’électorat écologiste. Secrétaire-adjointe du parti en Loire-Atlantique, elle appartient à sa tendance minoritaire, incarnée nationalement par Gilles Lemaire ou Alain Lipietz (motion « Regain, décidément Verts »).

Sans renier son engagement écologique, elle quitte cependant les Verts pour se rallier à François Bayrou en 2007. Sur ce changement, elle s’explique en ces termes : « J’apprécie l’homme. J’apprécie les idées. Notamment, la représentation à la proportionnelle, la diminution de la dette, des institutions à clarifier, un débat social à moderniser, la critique d’une société bipolaire. Pour moi, m’engager au nom du Mouvement démocrate, c’est une suite naturelle ». Et d’ajouter : « François Bayrou a répété maintes fois que la compétence comptait plus que l’étiquette » (Ouest-France, 28 mai 2007). Le MoDem, tout juste créé, l’investit pour les législatives, cette même année, dans la 7e circonscription de la Loire-Atlantique, où elle s’était déjà présentée en 2002. Son programme tourne essentiellement, en bonne logique, autour des questions d’environnement : la pêche, les marais salants de la Brière, l’agriculture, les énergies renouvelables… Elle réunit 7,10 % des voix (4 719 en tout), ce qui ne la qualifie pas pour le second tour, remporté par Christophe Priou pour l’UMP. A ses yeux, l’engagement local constitue un gage, à terme, de réussite. Patricia Gallerneau, dont le militantisme et l’engagement ne faiblissent pas, connaît cependant de nouvelles années difficiles sur le plan électoral, tandis que la Côte-d’Amour semble gagnée par une « vague bleue ». En 2008, elle mène la liste municipale « Pornichet-A-venir », théoriquement apolitique, mais soutenue par le MoDem et l’UMP. Or, durant la campagne, le maire centriste de Besné, Alain Pény, vient pourtant soutenir Jacques Lambert, candidat de la gauche à Pornichet et maire sortant, ce qui place Patricia Gallerneau dans une position très inconfortable et suscite l’ire du MoDem local. La candidate défend le pluralisme et le dialogue, et rejette la politique quand elle ne consiste qu’en une force d’opposition et de critique systématiques. Elle échoue cependant ; avec 27,40 % des voix, l’UMP Robert Belliot ravit la mairie. Patricia Gallerneau ne cache pas son amertume et confie, fidèle à ses opinions : « Difficile de sortir les électeurs du clivage gauche-droite. Je regrette ce vote politique » (Ouest-France, 10 mars 2008). La fin de l’année voit son élection à la présidence du MoDem Presqu’île (7e circonscription de la Loire-Atlantique), dans un département où ce parti revendique 1 300 adhérents. Elle y sensibilise l’opinion locale en faveur du système proportionnel tandis qu’elle critique le redécoupage de la 7e circonscription, au nom de l’équilibre et de la démocratie. Mais le MoDem se heurte cependant à de nouvelles divisions en vue des régionales de 2010 : Laurent Gérault, président départemental du parti en Maine-et-Loire, a d’abord les faveurs de François Bayrou, mais il en appelle à un vaste rassemblement avec l’Alliance centriste, les Ecologistes indépendants et Cap 21, sans envisager de possibilité d’entente avec la gauche au second tour. Il renonce et Patricia Gallerneau devient dès lors tête de liste, elle qui combat toute « droitisation » du MoDem que quittent un certain nombre de cadres ; elle insiste sur le thème du nécessaire renouvellement de la vie politique et, plus concrètement, s’oppose en particulier à la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Malgré une campagne jugée dynamique, elle n’obtient, lors du premier tour du 14 mars 2010, que 53 879 voix (4,57 %), loin derrière le socialiste Jacques Auxiette et l’UMP Christophe Béchu. Plus d’un électeur sur deux ne s’était pas rendu aux urnes et le centre avait largement pâti de cette abstention. Patricia Gallerneau reproche vivement à Jean Arthuis, président de l’Alliance centriste, son alliance avec l’UMP. Les législatives de 2012 ne sont pour elle pas plus couronnées de succès puisqu’elle ne rassemble que 2,28 % des voix sur son nom, Christophe Priou remportant une nouvelle fois la circonscription. Après avoir mené campagne pour les municipales à Pornichet en 2015 (12, 29 % des voix au premier tour du 23 mars), elle se réconcilie avec Jean Arthuis au point d’être sa co-listière aux européennes de 2015. Les régionales lui sont bien plus favorables : elle est ouverte à la discussion avec l’UMP que mène Bruno Retailleau, sénateur de Vendée, lequel appelle au plus large rassemblement vers le centre. Cette main tendue conduit à la démission de Xavier Bruckert, président du MoDem en Loire-Atlantique. Septième sur la liste d’ « union de la droite et du centre », Patricia Gallerneau est élue avec 42,70 % des suffrages exprimés au second tour, le 13 décembre. La liste remporte 54 sièges à l’échelle régionale.

La candidature d’Emmanuel Macron en 2017 porte haut le message que le MoDem et Patricia Gallerneau défendent de longue date : le dépassement des clivages partisans. Hostile au cumul des mandats, elle annonce son retrait du conseil régional en cas de victoire aux législatives. Elle se présente en effet après avoir obtenu l’investiture de la République en marche (LREM) dans la 2e circonscription de la Vendée, que lui choisit François Bayrou, au terme d’accords entre le MoDem et le nouveau parti présidentiel. Sa profession de foi reprend les thèmes qui lui sont chers : la moralisation de la vie politique, la démocratie de proximité et, naturellement, la transition énergétique, entre autres éléments. Elle se place en tête du premier tour, le 11 juin 2017, avec 36,16 % des voix (19 405 au total) et confirme sa victoire le 18 juin par 59,58 % (23 748 voix) devant Béatrice Bellamy, qui porte les couleurs des Républicains. La dynamique macroniste entraîne une recomposition du paysage politique régional : dans 27 circonscriptions sur 30, les candidats LREM ou affiliés, sont arrivés en tête au premier tour dans les Pays de la Loire. En Vendée, alors que la droite tenait 3 circonscriptions sur 5 depuis 2012, la LREM les remporte toutes en 2017, sur fond d’abstention oscillant toutefois entre 53 et 57 % des inscrits. Peu importent les accusations de recyclage ou de parachutage qui irritent la députée qui vit à Talmont-Saint-Hilaire, en Vendée, Patricia Gallerneau est décidée à mettre ses idées en pratique au service du renouveau qu’elle entend défendre et incarner.

Commence donc son travail parlementaire : elle est d’abord membre de la commission des affaires sociales, puis de la commission du développement durable. Ses questions au gouvernement défendent les intérêts de son département, y compris sur des points très concrets, avec pour principaux sujets la santé – notamment lors du débat sur les lois de bioéthique –, le sport, les prisons et, toujours, l’environnement. Ses interventions s’insèrent dans le grand débat sur la reconnaissance des pathologies psychiques résultant de l’épuisement professionnel comme maladies professionnelles au début de l’année 2018 : durant la discussion générale, elle soutient que « la détresse psychologique ne concerne pas qu’une seule catégorie de travailleurs, mais qu’elle peut toucher tout actif. C’est pourquoi ne percevoir le mal-être au travail que par le prisme du salariat nous semble une erreur » (2 février 2018), donnant l’exemple des agriculteurs à l’appui. La même année, elle intervient sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale. Elle est en outre co-signataire de 36 propositions de lois et à l’origine de 17 questions écrites et 4 orales. En janvier 2019, elle fait partie de ces députés de la majorité faisant l’objet de menaces tandis que gronde la crise des gilets jaunes. Patricia Gallerneau soutient la fermeté sans pour autant refuser le dialogue. Des bancs de l’Assemblée, elle cite Marek Halter : « La violence commence où la parole s’arrête » (16 janvier 2019).

Ses activités sont interrompues par la maladie, qu’elle décide de ne pas rendre publique. Le 5 juillet 2019, elle démissionne de son mandat de députée et déclare qu’elle souhaiterait voir son directeur de cabinet, Alexandre Fichou, lui succéder. Son décès est annoncé deux jours plus tard, suscitant émotion et hommages. François Bayrou salue en elle une « femme […] formidable qui était amicale, qui était engagée […], qui avait senti très tôt l’importance des sujets environnementaux pour lesquels elle s’était engagée avec nous, il y a déjà des années ». Le président de la République, Emmanuel Macron, rend pour sa part hommage à « la mémoire d’une femme qui a consacré toute sa carrière au service public, s’est engagée pour son territoire et a représenté notre nation en faisant vivre les valeurs républicaines et en portant avec force des causes qui comptent parmi les grands défis de notre siècle ». Mère de trois enfants, Patricia Gallerneau fut une femme de combat et de terrain qui parvint à représenter, au terme d’un parcours marqué par la persévérance, les habitants de l’Ouest auquel elle était profondément attachée.

Elle militait pour le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne d’où elle tirait une partie de ses origines.