Pierre Arraut
1910 - 1983
ARRAUT (Pierre)
Né le 29 avril 1910 à Paris
Décédé le 29 septembre 1983 à Sète (Hérault)
Député de l’Hérault de 1967 à 1968 et de 1973 à 1978
Pierre Arraut est né le 29 avril 1910 à Paris d’un père menuisier et cheminot et d’une mère ouvrière. Après l’obtention du certificat d’études élémentaires, il choisit la profession de cheminot qu’il continue d’exercer jusqu’en 1959. Il est alors chef monteur. Dans le cadre de son métier, Pierre Arraut s’oriente vers l’action syndicale et devient secrétaire des syndicats de la CGT des cheminots, des produits chimiques et de la métallurgie. Mais ses engagements sont également politiques. En 1939, il rejoint le parti communiste et entre dès 1940 dans la Résistance, ce qui lui vaut alors d’être arrêté par la police de Vichy le 1er avril 1942. Il est condamné à cinq ans de prison. En juillet 1944, il parvient toutefois à s’évader et rejoint le maquis.
Cet engagement trouve son prolongement à la Libération. Pierre Arraut prend la tête de la mairie de Sète de 1945 à 1948 puis de nouveau de 1959 à 1973, date à laquelle il abandonne sa fonction pour se consacrer à son mandat législatif. Il est par ailleurs conseiller général du canton de Sète de 1945 à 1948 et de 1961 à 1973.
Pierre Arraut se présente pour la première fois aux élections législatives de 1967 face à cinq autres candidats dans la 3ème circonscription de l’Hérault. Dès le premier tour, l’ancien cheminot dénonce dans sa profession de foi « un régime de pouvoir personnel qui étouffe progressivement toutes les libertés, monopolise l’usage des grands moyens d’information et accélère les concentrations capitalistes en consentant aux sociétés capitalistes de somptueux cadeaux sous forme d’incitations financières et d’avantages fiscaux, qui accroissent leurs profits et leur puissance ». Cette rhétorique antigaulliste lui permet de recueillir près de 35,5% des voix (et jusqu’à 41,4% dans son fief de Sète), devant le socialiste Charles Alliès (24,5%) et le gaulliste André Collière (22,4%). Au second tour, aidé par le retrait en sa faveur du candidat de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), Pierre Arraut l’emporte largement avec 57,7% des suffrages.
Dès son arrivée au Palais-Bourbon, le nouveau député de l’Hérault s’inscrit au groupe communiste. Il est désigné membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées. Au cours de cette courte législature, il ne prononce qu’une intervention en séance publique. En effet, le 9 mai 1968, Pierre Arraut prend la parole à l’occasion de la discussion du projet de la loi de finances rectificative pour 1968. Il dénonce à la fois « la grave crise de l’emploi » dans l’Hérault qui compte alors 5 000 chômeurs, les compressions d’effectifs à la SNCF, la situation des pêcheurs qui se voient imposer un tonnage limité de pêche et la disparition des petits et moyens viticulteurs dans son département où la vigne est la principale culture.
Sur les grands débats nationaux, Pierre Arraut soutient – en vain – les deux motions de censure présentée le 20 mai et 9 juin 1967. Celles-ci ne recueillent en effet que 236 suffrages sur les 244 nécessaires à leur adoption.
La crise de mai 1968 interrompant la deuxième législature de la Vème République, Pierre Arraut sollicite le renouvellement de son mandat. Le candidat de la majorité au pouvoir, André Collière, réunit dès le premier tour près de 45% des voix contre 33% pour le député sortant et 22,1% pour le socialiste Charles Alliès. Ce dernier se désiste à nouveau en faveur de Pierre Arraut. Mais ce retrait ne parvient pas à enrayer la dynamique des partis de la majorité gouvernementale qui porte, avec 53,6 % des suffrages, le gaulliste à l’Assemblée nationale.
En 1973, l’ancien parlementaire communiste choisit de se présenter une dernière fois, toujours contre André Collière, député sortant de l’Union des républicains de progrès (URP). Pierre Arraut se place en tête des six candidats en lice au premier tour avec 34% des voix contre 25% pour l’Union de la Gauche Socialiste et Démocrate et 27,8% pour la droite. À nouveau, le candidat socialiste se retire en faveur de Pierre Arraut, ce qui permet à l’ancien cheminot de retrouver le chemin du Palais-Bourbon avec une large majorité (près de 56%).
Logiquement inscrit au groupe communiste, le député de l’Hérault retrouve les rangs de la Commission de la défense nationale et des forces armées. Ses différentes activités de parlementaire montrent des centres d’intérêt très variés. Il est l’auteur d’une proposition de loi, déposée le 20 novembre 1974, visant à réprimer les rédactions abusives de lettres de recouvrement. Il prend la parole à trois reprises tantôt pour défendre l’indemnisation des sapeurs-pompiers communaux non professionnels victimes d’un accident ou celle des Français rapatriés d’outre-mer dépossédés de leurs biens, tantôt pour critiquer certaines dispositions du code du service nationale. Cependant, la situation de son département reste au cœur de ses préoccupations d’élu. Le 30 mai 1973, le député développe des thèmes déjà évoqués en 1967 : la crise viticole, le chômage, les fermetures d’usine et plus généralement « la situation lamentable » de l’Hérault. Ce sont ces mêmes problèmes qui l’incitent, le 4 juin 1975, dans une question orale sans débat, à interpeller le gouvernement: « Il est grand temps de prendre des mesures pour que le département de l'Hérault et, d'une façon plus générale, le Languedoc-Roussillon, reprennent un peu de vitalité ».
S’il s’oppose à trois reprises au gouvernement (déclaration de politique générale du Premier ministre Pierre Messmer le 12 avril 1973, déclaration de politique générale du Premier ministre Jacques Chirac le 6 juin 1974 et programme du gouvernement de Raymond Barre le 28 avril 1977), Pierre Arraut vote en faveur de la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse le 28 novembre 1974, de la réforme du divorce (création du divorce par consentement mutuel) le 4 juin 1975 ainsi que de l’élection des membres de l’Assemblée des communautés européennes au suffrage universel le 21 juin 1977. Toutefois, il se montre opposé à réduction du mandat présidentiel à cinq ans (16 octobre 1973) et à l’extension de la saisine du Conseil constitutionnel (10 octobre 1974).
En 1978, Pierre Arraut alors âgé de 68 ans décide de ne pas se représenter aux élections législatives. Il est décédé le 29 septembre 1983.