Philippe Danilo
1898 - 1984
DANILO (Joseph, Marie, Philippe)
Né le 12 avril 1898 à Les Fougerêts (Morbihan)
Décédé le 7 février 1984 à La Mulatière (Rhône)
Député du Rhône de 1958 à 1978
Philippe Danilo naît à la fin du XIXème siècle dans le Morbihan. Il grandit au sein d’une famille de cultivateurs, poursuit ses études secondaires jusqu’au baccalauréat puis devient représentant. Il se marie à Nantes en 1922. Les informations sur son existence sont rares, y compris sur ses activités militaires éventuelles pendant la Seconde guerre mondiale, jusqu’à son entrée dans la vie publique. Appelé dans le département du Rhône par son activité professionnelle, Philippe Danilo s’installe à La Mulatière, au cœur de l’agglomération lyonnaise, sur la rive droite du Rhône. Il adhère au Rassemblement du peuple français (RPF) dès sa création par le général de Gaulle au printemps 1947 et prend la tête d’une liste gaulliste aux élections municipales en octobre de la même année. Il est élu maire de La Mulatière à l’issue de ce scrutin et préside aux destinées de cette cité jusqu’en 1976. Le Rhône est découpé en deux circonscriptions législatives sous la IVème République : dans la première, c’est Jacques Soustelle qui conduit la liste du RPF aux élections du 17 juin 1951. Philippe Danilo figure pour sa part en quatrième position sur la liste que présente la formation gaulliste dans la deuxième circonscription du Rhône, jugée moins favorable. L’apparentement conclu entre la SFIO, les radicaux-socialistes, le MRP et les Indépendants et Paysans y prive le RPF (16,8%) et les communistes (20,2%) de tout élu au soir du 17 juin 1951, alors que leurs listes se situent respectivement en troisième et seconde positions. Aux élections cantonales d’octobre 1951, les Indépendants et paysans et le RPF coordonnent en revanche leurs initiatives dans le Rhône : Joseph Danilo, qui est soutenu par les deux mouvements et se présente comme « candidat d’Union nationale » est ainsi élu conseiller général de Saint-Genis-Laval. Il devait siéger à l’Assemblée départementale jusqu’en mars 1964. Lorsque le RPF est progressivement mis en sommeil, au printemps 1953, Philippe Danilo rejoint le Centre national des républicains sociaux. Le maire de La Mulatière se trouve en seconde position sur la liste de ce parti, derrière Roger Frey, secrétaire général des Républicains sociaux, lors des élections législatives du 2 janvier 1956 dans la deuxième circonscription du Rhône. La liste « d’Union pour le Salut public présentée par les Républicains sociaux » n’y recueille que 5% des suffrages exprimés et n’a pas d’élu.
Réélu conseiller général de Saint-Genis-Laval le 27 avril 1958, Philippe Danilo se réjouit du retour au pouvoir du général de Gaulle quelques semaines plus tard. Il se présente sous l’étiquette de l’Union pour la Nouvelle République (UNR) aux élections législatives de novembre 1958 dans la septième circonscription du Rhône, le changement de régime s’étant accompagné d’un retour au scrutin d’arrondissement. Sa profession de foi se caractérise par son laconisme -à peine plus d’une grosse centaine de mots- et son anticommunisme. Le maire de La Mulatière, qui y appelle au « relèvement matériel et moral de la France » n’hésite pas à s’y engager « pour l’Algérie française ». Il arrive en tête du premier tour avec 30,7% des voix, devant le centriste Frédéric Dugoujon, adjoint au maire de Caluire (20,5%) et le modéré Henri Lacombe, maire de Dardilly (19,4%). C’est le canton de Saint-Genis-Laval, qu’il représente au Conseil général, qui offre au candidat gaulliste son meilleur résultat (40,2%) le 23 novembre 1958. Le retrait de Philippe Dugoujon et d’Henri Lacombe permet à Philippe Danilo d’être élu député du Rhône avec un résultat très confortable (79,7%) face au communiste Prosper Delagoutte, une semaine plus tard.
Le maire de La Mulatière s’inscrit au groupe de l’UNR et siège à la Commission de la production et des échanges de l’Assemblée nationale sous la première législature. Il appartient au Conseil supérieur des habitations à loyer modéré à partir de juin 1959. Le député du Rhône prend la parole à deux reprises dans l’hémicycle entre 1958 et 1962. Le 21 juillet 1961, il interroge le secrétaire d’Etat aux finances Valéry Giscard d’Estaing sur l’opportunité du maintien des zones de salaires : l’Assemblée nationale, qui examine alors le projet de loi relatif à l’organisation de la région parisienne, envisage en effet de supprimer ces zones dans les départements de la Seine, de la Seine-et-Oise et de la Seine-et-Marne. Elu secrétaire de l’Assemblée nationale le 24 avril 1962, Philippe Danilo dépose quelques jours plus tard un rapport sur la ratification d’une convention entre la France et l’Italie. Il défend ce texte en qualité de rapporteur lors de la séance publique du 10 mai 1962. Au titre du traité de Paris du 10 février 1947, l’Italie a en effet cédé une portion de son territoire à la France. Le lac du Mont-Cenis, qui en fait partie, contribuait auparavant à l’alimentation en électricité de l’Italie : la convention que Philippe Danilo demande à ses collègues de ratifier prévoit que la France mette à la disposition de l’Italie une quantité annuelle d’eau correspondant aux apports moyens dont elle disposait avant la Deuxième Guerre mondiale. Ce texte très technique est adopté par l’Assemblée nationale.
Philippe Danilo respecte la discipline de vote du groupe gaulliste sous la première législature. Il approuve le programme du gouvernement de Michel Debré (16 janvier 1959) comme la déclaration de politique générale du même Premier ministre (15 octobre 1959) et la loi réformant le financement de l’enseignement privé (23 décembre 1959). Il accorde les pouvoirs spéciaux au Gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie après la semaine des barricades (2 février 1960), s’exprime en faveur du programme du gouvernement Pompidou (27 avril 1962), autorise la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien président du Conseil Georges Bidault (5 juillet 1962) et ne s’associe pas à la motion de censure du 4 octobre 1962.
Le conseiller général de Saint-Genis-Laval sollicite le renouvellement de son mandat parlementaire en novembre 1962. Il présente lui-même comme le candidat du « Oui », dans la continuité du référendum du 28 octobre précédent et retrouve au premier tour Frédéric Dugoujon, qui porte les couleurs du Rassemblement démocratique. Avec 17% des suffrages exprimés, ce dernier ne parvient pas vraiment à inquiéter le sortant (42,9%) le 18 novembre 1962. Le soutien de 54,3% des électeurs vaut à Philippe Danilo d’être réélu lors du scrutin décisif face à Frédéric Dugoujon, candidat unique de l’opposition.
Membre du groupe UNR-UDT, le député du Rhône travaille d’abord au sein de la Commission de la Production et des échanges sous la deuxième législature. En avril 1966, il rejoint cependant la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Cette modification coïncide avec son élection comme secrétaire de l’Assemblée nationale, poste qu’il avait déjà occupé quelques mois en 1962. Philippe Danilo n’intervient pas en séance publique lors de son second mandat. Il soutient avec constance l’action du chef de l’Etat et du gouvernement Pompidou, qu’il s’agisse d’autoriser la ratification du traité de l’Elysée (13 juin 1963), d’encadrer le droit de grève dans les services publics (26 juillet 1963) ou de réformer le mode d’élection des conseillers municipaux (17 juin 1964).
Philippe Danilo a perdu son mandat de conseiller général au printemps 1964 mais a été réélu maire de La Mulatière un an plus tard. L’UD-Vème République lui accorde son investiture pour les législatives de mars 1967 dans la septième circonscription du Rhône. En tête à l’issue du premier tour (41,7%), il s’impose le 12 mars 1967 avec 48,3% des suffrages exprimés dans le cadre d’une triangulaire qui l’oppose au centriste Marc Suc (17,5%) et au communiste Maurice Jacquin (34,2%). Il s’inscrit au groupe de l’Union démocratique pour la Vème République et retrouve la Commission de production et des échanges au Palais-Bourbon en avril 1967. Philippe Danilo ne vote pas la motion de censure visant à empêcher l’exécutif de légiférer par ordonnance pour certaines mesures d’ordres économique et social au printemps 1967. Lorsqu’une nouvelle campagne législative s’ouvre avec la dissolution de l’Assemblée nationale le 30 mai 1968, c’est à nouveau au maire de La Mulatière qu’il revient de défendre la cause du gaullisme politique dans la septième circonscription du Rhône. Dans ses documents électoraux, Philippe Danilo s’en prend en particulier « à la Fédération de la gauche démocrate et socialiste dont la seule efficacité est selon lui de faire le lit du marxisme par le jeu d’un pacte électoral ». Il retrouve au premier tour son adversaire centriste de 1958 et 1962, Frédéric Dugoujon. Ce dernier est désormais maire et conseiller général de Caluire. Philippe Danilo rassemble 44,6% des suffrages exprimés le 23 juin 1968 et est réélu une semaine plus tard (50,7%) dans une triangulaire qui l’oppose à Frédéric Dugoujon (25%) et au communiste Maurice Jacquin (24,3%).
Membre du groupe UDR et de la Commission de la production et des échanges de l’Assemblée nationale, le maire de La Mulatière prend la parole à deux reprises dans l’hémicycle sous la quatrième législature. Le 21 novembre 1968, il participe très brièvement au débat sur une modification du Code électoral concernant les modalités concrètes du vote. Il dépose à l’automne 1970 un amendement au projet de loi sur l’accession à la propriété des locataires d’habitations à loyer modéré (HLM). Cet amendement est défendu en séance publique par Pierre Mauger, député UDR de Vendée. L’objectif en est de permettre aux collectivités locales, qui doivent fournir le terrain et la viabilité pour la construction de HLM, ce qui représente environ 15% des coûts totaux pour la réalisation de ces ensembles, de récupérer tout ou partie de leur « mise » au moment de la vente des logements HLM. Le député de Paris Roland Carter, rapporteur du projet de loi, fait alors observer qu’il n’a pas été saisi de cet amendement à temps et émet « des doutes sur ses possibilités d’application ». Le 8 juin 1972, Philippe Danilo réussit à convaincre ses collègues de distraire la commune de Francheville, dans le Rhône, du canton de Vaugneray, pour la faire figurer dans la nouvelle douzième circonscription du Rhône. Il lui semble en effet important d’assurer une continuité territoriale entre le canton de Saint-Genis-Laval et la commune de Tassin-la-Demi-Lune, que la réforme électorale a prévu de maintenir dans la même circonscription. Cet amendement est accepté par le ministre de l’Intérieur Raymond Marcellin, puis adopté par l’Assemblée nationale.
Ses votes sous la troisième législature ne le distinguent pas des autres élus gaullistes, qu’il s’agisse de soutenir la réforme des universités (10 octobre 1968), la loi « anti-casseurs » qui encadre l’exercice des libertés publiques (4 juin 1970) ou la création des régions (27 avril 1972). Il apporte son suffrage au gouvernement de Jacques Chaban-Delmas à l’occasion des déclarations de politique générale des 15 octobre 1970 et 24 mai 1972.
Philippe Danilo ne se représente pas aux élections législatives de mars 1973. La loi du 29 juin 1972 a en effet divisé l’ancienne septième circonscription du Rhône, dont il était l’élu depuis novembre 1958, entre la douzième circonscription (cantons de Saint-Genis Laval, communes de Francheville et de Tassin-la-Demi-Lune) et la septième (cantons de Limonest, de Neuville-sur-Saône et de Rillieux). Philippe Danilo quitte son mandat de maire de La Mulatière en 1975. Il s’éteint au milieu des années 1980 à l’âge de 85 ans.