Daniel Daviaud
1904 - 1977
DAVIAUD (Daniel, Antoine, Jean)
Né le 5 février 1904 à Saint-Aigulin (Charente-Maritime)
Décédé le 5 avril 1977 à Libourne (Gironde)
Député de la Charente-Maritime de 1962 à 1968
La famille Daviaud s’est fixée sous l’Ancien Régime à Saint-Aigulin, dans cette partie de la Saintonge qui jouxte immédiatement le Périgord. Plusieurs de ses membres y exercent les activités de médecin vétérinaire au cours du XIXe siècle.
Daniel Daviaud déroge à la tradition familiale en s’orientant après son baccalauréat vers des études juridiques. Diplômé de la Faculté de droit et de l’Ecole notariale de Bordeaux, il choisit de rester fidèle à sa commune natale et s’y installe comme notaire dès 1930.
Son attitude sous l’Occupation lui vaut l’estime de ses concitoyens. En mars 1945, Daniel Daviaud est élu maire de Saint-Aigulin – la commune compte alors environ 2 000 habitants-, puis conseiller général du canton de Montguyon en septembre de la même année. Ses sympathies vont au Parti républicain, radical et radical-socialiste, auquel il reste fidèle tout au long de sa carrière politique.
Membre de la Commission des finances du Conseil général de la Charente-Maritime, Daniel Daviaud se préoccupe particulièrement des questions de logement, ce qui le conduit à présider l’Office départemental des HLM pendant de nombreuses années. Il s’intéresse en outre aux problèmes industriels et agricoles. L’élu de Saint-Aigulin possède lui-même une exploitation viticole, en sus de ses activités d’officier public. Il siège jusqu’à la fin des années 1960 au Conseil d’administration de la Coopérative de Cognac et des vins charentais.
Le rétablissement du scrutin d’arrondissement à l’occasion des élections législatives de novembre 1958 satisfait les responsables du Parti radical, qui espèrent bénéficier de l’implantation de leurs élus pour gagner des sièges de parlementaires. Daniel Daviaud choisit à cette occasion de se porter candidat dans la 4e circonscription de Charente-Maritime, qui correspond au sud-est du département, avec pour villes principales Saintes, Jonzac et Pons. Deux députés sortants s’y affrontent : l’instituteur Roger Faraud pour la SFIO et l’exploitant agricole André Bégouin, maire de Réaux, pour les Indépendants et paysans. Au premier tour de scrutin, Daniel Daviaud rassemble 10 129 suffrages, soit 20,8% des suffrages exprimés, contre 12945 (24,8%) pour André Bégouin. Ce bon résultat est en partie acquis grâce au soutien de son canton de Montguyon, où il est plébiscité par 60,8% des électeurs dès le 23 novembre 1958. Daniel Daviaud bénéficie du retrait du candidat socialiste en sa faveur entre les deux tours, et n’est devancé par André Bégouin que de 317 voix le 30 novembre 1958, dans le cadre d’une quadrangulaire où les candidats communiste et gaulliste ont pu se maintenir.
Les élections législatives des 18 et 25 novembre 1962 offrent l’occasion au maire de Saint-Aigulin de prendre sa revanche sur l’Indépendant André Bégouin. A cette occasion, Daniel Daviaud concentre sa profession de foi sur des questions de politique locales. Son suppléant, directeur du lycée technique de Saintes, lui permet d’améliorer son implantation dans le nord de la circonscription. « Candidat de Défense de la République » ayant reçu l’investiture des radicaux comme de la SFIO, Daniel Daviaud se présente comme un défenseur de la constitution de la Ve République, mais aussi des libertés fondamentales. Critiquant implicitement l’interprétation gaulliste du texte de 1958, il plaide de surcroît pour une Europe intégrée et pour l’abandon d’une force de frappe qu’il juge « inutile et ruineuse ». Arrivé en tête du premier tour avec 33,5% des suffrages exprimés, il profite du désistement du candidat communiste et l’emporte le 25 novembre 1962 par plus de 6500 voix sur le sortant André Bégouin, soutenu par l’Union pour la nouvelle République (UNR).
Daniel Daviaud s’inscrit dès décembre 1962 au groupe du Rassemblement démocratique à l’Assemblée nationale, où il retrouve ses collègues radicaux. Entre 1962 et 1967, il siège à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales mais se montre peu actif au Palais-Bourbon. Le député de Charente-Maritime ne prend jamais la parole dans l’hémicycle. Il conçoit surtout la fonction parlementaire comme un moyen de défendre les intérêts de son département et de ses administrés au niveau national. La circonscription de Daniel Daviaud, qui comprend 158 communes et s’étend sur 110 kilomètres, lui impose plus qu’à d’autres de consacrer une part importante de son temps aux rencontres avec les élus locaux et les électeurs.
Les votes en séance publique permettent à l’élu radical, comme à son collègue charentais Félix Gaillard, de manifester son opposition au régime gaulliste au cours de la seconde législature de la Vème République. Il s’abstient volontairement sur le projet de loi autorisant la ratification du Traité de l’Elysée (juin 1963), se prononce contre le projet de loi relatif à l’élection des conseillers municipaux (juin 1964) et contre la réforme du service national (mai 1965).
Le maire de Saint-Aigulin reçoit l’investiture de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) pour les élections législatives des 5 et 12 mars 1967, dans un département qui n’a donné qu’une majorité assez étroite au général de Gaulle lors de l’élection présidentielle de décembre 1965 (40,7% des inscrits, contre 38,9% pour François Mitterrand). Candidat sortant, Daniel Daviaud choisit de mettre en avant son bilan au service de ses mandants. Il affirme avoir été amené à constituer 12.800 dossiers pour les personnes ayant demandé son appui et être intervenu à de très nombreuses reprises auprès des ministères et des administrations concernées. Membre de l’Amicale parlementaire agricole et rurale, Daniel Daviaud regrette dans sa profession de foi que le pouvoir gaulliste s’efforce d’ « enlever la plupart de ses droits à l’Assemblée nationale » et tente « de la transformer en Chambre d’enregistrement ». Partisan d’un contrat de législature passé entre l’Assemblée et le gouvernement, avec retour devant les électeurs en cas de crise ministérielle, il s’engage à ne « pas plier genou devant le pouvoir personnel », sans plaider cependant en faveur d’un retour « aux errements de la IVème République ». Le principal concurrent de Daniel Daviaud en mars 1967 est l’ancien ministre gaulliste Pierre Ferri, qui a appartenu au gouvernement de René Laniel au titre des Républicains sociaux comme ministre des PTT, en 1953-1954. Le député sortant se distingue de son adversaire en réaffirmant sa ferme opposition à la force de frappe.
Ayant réuni 37,1% des suffrages exprimés dès le 1er tour, Daniel Daviaud l’emporte avec plus de 10 000 voix d’avance sur Pierre Ferri le 12 mars 1967, dans un contexte favorable à l’opposition de gauche. Le député sortant n’avait pas manqué pendant la campagne d’insister sur la qualité de « parachuté » de Pierre Ferri.
Daniel Daviaud retrouve à l’Assemblée nationale la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales, et s’inscrit au groupe de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), qui regroupe radicaux et membres de la SFIO. Toujours discret en séance publique en 1967-1968, il multiplie en revanche les questions écrites adressées aux ministres du gouvernement Pompidou, comme sous la précédente législature. En première comme en seconde lecture, Daniel Daviaud vote la motion de censure visant à empêcher l’exécutif de légiférer par ordonnance pour certaines mesures d’ordres économique et social (mai et juin 1967).
Les législatives des 23 et 30 juin 1968 sont l’occasion d’une poussée générale de la droite et des gaullistes. Les Français sanctionnent ceux qui - de François Mitterrand à Pierre Mendès France - ont pu donner le sentiment de jouer le désordre contre les pouvoirs constitués. Le « Parti de la trouille », comme de Gaulle aime en privé à nommer les conservateurs, semble devoir l’emporter. Dans la 4ème circonscription de Charente-Maritime, le scrutin offre l’occasion d’un duel d’élus locaux : à Daniel Daviaud, maire de Saint-Aigulin et Conseiller général depuis 25 ans, s’oppose Louis Joanne, maire de Chevanceaux, élu du canton de Montlieu-La Garde. Ce dernier, qui se réclame des Indépendants et bénéficie du soutien de l’UDR, obtient la majorité absolue dès le premier tour de scrutin dans 6 cantons sur 10. Daniel Daviaud ne devance son adversaire que dans le canton de Montguyon, pour 28 voix (43,4%, contre 42,9%). Malgré un bon report des voix communistes et une hausse de la participation, il n’obtient que 45% des suffrages exprimés le 30 juin 1968. C’est donc Louis Joanne qui représente le sud-est de la Charente-Maritime à l’Assemblée nationale sous la quatrième législature.
Daniel Daviaud n’abandonne pas pour autant la vie publique, mais réserve désormais son énergie aux affaires locales. Aux élections législatives de 1973, les idées radicales sont incarnées dans la 4ème circonscription de Charente-Maritime par le jeune Claude Belot, futur maire de Jonzac.
Daniel Daviaud meurt à l’âge de 73 ans. Il avait été décoré de la Légion d’honneur et des Palmes académiques.
Le fils cadet de Daniel Daviaud perpétue la tradition familiale d’engagement au service de la collectivité en devenant maire de Saint-Aigulin en 1985, puis conseiller général de Montguyon en 1988. Pierre-Jean Daviaud siège à l’Assemblée nationale de 1990 à 1993, en remplacement du socialiste Philippe Marchand, membre des gouvernements Rocard, Cresson et Bérégovoy.