Jean Delvainquière
1912 - 1971
DELVAINQUIERE (Jean)
Né le 20 avril 1912 à Wattrelos (Nord)
Décédé le 13 mai 1971 à Wattrelos
Député du Nord de 1967 à 1968
Fils du militant socialiste et syndicaliste Jules Delvainquière et de Flore Prévost, Jean Delvainquière obtient à l’Institut Turgot un brevet commercial. Sous l’influence de son père et de Victor Provo, le secrétaire fédéral des Jeunesses socialistes (JS), il adhére, à 17 ans, aux JS et en devient le responsable dans sa commune de Wattrelos. D’abord employé dans l’industrie textile à Roubaix, il entre, en 1930, au Bureau d’aide sociale de Wattrelos, comme simple commis. Syndicaliste, il fonde et préside la première mutuelle du personnel communal de la ville. Le 26 juillet 1934, il épouse Rosalie Mathyn, née le 29 décembre 1912, sans profession, dont il a deux enfants. Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier et rapatrié en 1942 à cause de ses blessures reçues au combat. Il participe alors à la Résistance au sein du mouvement Libération-Nord, où il remplaça Augustin Laurent, menacé par la Gestapo, comme délégué du parti socialiste clandestin. Il devient aussi secrétaire général de la mairie de Wattrelos en 1943, ce qui facilite ses activités clandestines.
À la Libération, il siège comme socialiste au Comité départemental de Libération et ce pendant deux ans. Il entre à la Commission administrative de la Fédération SFIO du Nord - où il demeure jusqu’à sa mort, et est le trésorier de l’Union des élus socialistes du Nord. Parallèlement, il entre au Conseil d’administration de la Caisse primaire de Sécurité sociale de Roubaix en 1947, puis en devient le secrétaire en 1950, et le président en 1956. En 1970, il occupe toujours ce poste. Il est également membre du Conseil supérieur national de l’Aide sociale et conseiller technique de l’Union nationale des bureaux d’aide sociale de France et il préside le conseil d’administration de l’hôpital de Wattrelos. Il est alors secrétaire de la section syndicale des services municipaux et secrétaire adjoint de l’Intersyndicale des services publics et membre de l’Union locale CGT de Roubaix et de ses environs.
En octobre 1951, il est candidat dans le canton de Roubaix-Nord, mais échoue face au MRP Jules Duquesne. En 1953, cependant, il est élu conseiller municipal de Wattrelos et commence alors une longue carrière d’élu local. En juin 1957, après la mort subite du maire et conseiller général de Wattrelos, Albert D’Hondt, en poste depuis dix ans, il est élu maire sur une liste SFIO-MRP qui associe d’anciens membres du RPF à la gestion municipale. Il est régulièrement réélu, jusqu’en 1971, où il l’emporte à la tête d’une liste comprenant également des socialistes, des démocrates-chrétiens et des « sans étiquette ». Il est alors vice-président de la Communauté urbaine de Lille-Roubaix-Tourcoing. Et en 1958, il gagne le siège de conseiller général du canton de Roubaix-Nord, qu’il avait tenté en vain de conquérir en 1951, battant le conseiller sortant MRP, Jules Duquesne, par 12 809 voix, contre 8 817. Il est réélu en 1964 et 1970 et siège jusqu’à la fin de sa vie à l’Assemblée départementale.
Aux législatives de 1958, il est le suppléant de Victor Provo dans la 7ème circonscription du Nord, puis en 1962, celui du docteur Marcel Guislain, ancien député SFIO (1951-1958) et adjoint au maire de Roubaix, dans la 8ème circonscription. Si dès le premier tour, avec Marcel Guislain, ils devancent largement le député MRP sortant, André Diligent, avec 25,7% des suffrages exprimés contre 1,2%, ils arrivent, cependant, derrière le candidat UNR, Pierre Herman, qui emporte 30,3% des suffrages. Le gaulliste, qui comme Marcel Guislain est adjoint au maire de Roubaix, est élu au second tour avec 53,9% des suffrages exprimés.
En mars 1967, Jean Delvainquière remplace son aîné, Marcel Guislain, dans la campagne qu’il mène pour la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) et a pour suppléant le maire socialiste de Croix, Gustave Dedecker. Au premier tour, avec 33,6% des suffrages exprimés, il est devancé par le député gaulliste sortant, Pierre Herman, avec 38,9%. Mais au second tour, il bénéficie du report des voix communistes et est élu avec 53% des suffrages. Député de la courte IIIe législature, il s’y fait en particulier le défenseur de sa région industrielle sinistrée et des ouvriers.
À l’Assemblée nationale, il est nommé membre de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il intervient, le 26 mai 1967, dans le cadre des questions orales, à propos de la crise métallurgique et de ses graves conséquences dans le Nord. Il rappele que l’agglomération de Lille-Roubaix-Tourcoing a déjà été rudement frappée par la crise textile et que les licenciements dans la métallurgie viennent aggraver une situation déjà difficile, en particulier pour les jeunes. Il demande que l’on favorise enfin l’implantation de nouvelles industries par des avantages fiscaux et que l’on équipe la région d’infrastructures, ce qui n’avait pas été prévu au Ve Plan. Puis le 25 octobre, il prend part à la discussion du projet de loi de finances pour 1968 pour le budget des affaires sociales. Il y réclame l’augmentation de l’allocation aux personnes âgées, une réévaluation de leur retraite et l’abaissement de l’âge de la retraite à 60 ans pour les femmes, en particulier les ouvrières. Pour les autres aides, il propose d’unifier les barèmes et règles d’admission et d’indexer leur taux et de créer un secours d’urgence pour les accidents du travail mortels. Il demande aussi une meilleure répartition des charges entre les communes et l’État au bénéfice des premières dans ce même domaine des affaires sociales. Inscrit au groupe de la FGDS, il proteste avec lui contre la législation par ordonnances du gouvernement Pompidou dans les domaines économique et social le 26 avril 1967, de même qu’il approuve avec les socialistes la loi Neuwirth autorisant la contraception le 28 décembre de la même année. Lors des événements de mai 1968, il signe avec, entre autres, François Mitterrand, Waldeck Rochet et Guy Mollet la motion de censure qui échoue le 22 mai.
Mais au lendemain de mai 68 et de la dissolution de l’Assemblée nationale, il ne résiste pas à la vague gaulliste et au discrédit qui affecte la FGDS. Lors des législatives de juin 1968, il se représente avec Gustave Debecker contre son ancien adversaire gaulliste, Pierre Herman. Avec 31,4% des suffrages exprimés, il est devancé dès le premier tour, le candidat UDR emportant lui 42,1% des suffrages. Au second tour, Jean Delvainquière opère une belle remontée, mais insuffisante, et il est battu avec 49,4% des suffrages exprimés.
Durant ses mandats locaux de 1957 à 1971 et en profitant de son court mandat de député, Jean Delvainquière accélère le développement de Wattrelos dans tous les domaines : économique, avec l’aménagement de la zone industrielle de la Martinoire, la première du département dès 1959 ; et démographique, avec la poursuite des grands programmes de logements, et notamment le lancement de la zone à urbaniser par priorité (ZUP) de Beaulieu, portant à plus de 45 000 le nombre d’habitants, dont 30% âgés de moins de 20 ans. Jean Delvainquière multiplie, par conséquent, le nombre de classes d’écoles par trois en vingt ans et met en service un centre administratif attenant à l’Hôtel de ville, un centre socio-éducatif, des centres sociaux, des collèges, et surtout le lycée Zola, tant espéré par ses administrés. Lorsqu’il décède, des suites d’un cancer, le 13 mai 1971, sa ville natale lui rend un vibrant hommage. Il était titulaire de la Médaille de la Résistance, des Palmes académiques, de la Croix du Combattant et était Chevalier du Mérite social.