Pierre Dumas

1924 - 2004

Informations générales
  • Né le 15 novembre 1924 à Chambéry (Savoie - France)
  • Décédé le 4 février 2004 à Chambéry (Savoie - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 15 mai 1962
Département
Savoie
Groupe
Union pour la nouvelle République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 18 novembre 1962 au 6 janvier 1963
Département
Savoie
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 5 mars 1967 au 7 mai 1967
Département
Savoie
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 23 juin 1968 au 12 août 1968
Département
Savoie
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 21 septembre 1969 au 1er avril 1973
Département
Savoie
Groupe
Union des démocrates pour la République

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 2 octobre 1986 au 1er octobre 1995

Biographies

Biographie de la Ve République

DUMAS (Pierre)
Né le 15 novembre 1924 à Chambéry (Savoie)
Décédé le 4 février 2004 à Chambéry (Savoie)

Député de Savoie de 1958 à 1973
Sénateur de la Savoie de 1986 à 1995

Secrétaire d’Etat aux Travaux publics du 15 avril au 16 mai 1962
Secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre en charge des relations avec le Parlement du 16 mai 1962 au 6 décembre 1962
Secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, du tourisme et de la promotion sociale du 6 décembre 1962 au 7 avril 1967
Secrétaire d’Etat chargé du Tourisme du 7 avril 1967 au 10 juillet 1968
Secrétaire d’Etat aux Affaires sociales du 12 juillet 1968 au 20 juin 1969


Fils de François Dumas (1884-1952), chef de division à la Préfecture, secrétaire général bénévole du conseil général de Savoie durant l’entre-deux-guerres, sénateur centriste de Savoie (1946-1952), et de Marcelle Beaumont, fondatrice d’une école de secrétariat commercial à Chambéry, Pierre Dumas est élevé au sein d’une famille catholique pratiquante. Elève au lycée Vaugelas de Chambéry, imprégné des valeurs du scoutisme (mouvement auquel il adhère à l’âge de dix ans), il fait preuve d’un engagement précoce dans la Résistance. A peine âgé de seize ans en 1940, il fonde un groupe de jeunesses gaullistes au sein de son lycée. Il contribue également au bulletin du rassemblement Espoir, ainsi qu’au journal Combat (dès mai 1942). Arrêté en avril 1943 par les troupes d’occupation italiennes, afin de permettre la libération de deux de ses camarades, il est interné pendant cinq semaines à la caserne Hoche de Grenoble. Finalement libéré, il rejoint le maquis et les MUR (Mouvements unis de la Résistance). Membre des Forces françaises de l’Intérieur (FFI), il participe, en août 1944, aux opérations de Saint-Pierre d’Albigny, Fort du Sapey et Modane. Cité comme « l’une des plus belles figures de la jeunesse française à qui il peut être cité en exemple », il reçoit en janvier 1946 la médaille de la Résistance.

Licencié en droit à l’université de Grenoble et diplômé de l’Ecole libre des sciences politiques de Paris, le jeune homme s’illustre par son militantisme. Adhérent, dès sa création en mai 1947, au groupement d’étudiants du Rassemblement du peuple français (RPF) derrière le général de Gaulle, il en gravit les différents échelons, comme responsable pour Paris et la région parisienne (juin 1947), secrétaire général des étudiants désigné par la direction du RPF (octobre 1947), et enfin délégué national (1947-1951). Appelé par Pierre de Gaulle, président du Conseil municipal de Paris, à rejoindre son cabinet (1949 à 1951), et devenu président du Conseil national des étudiants du RPF (1951), l’homme rompt pourtant avec sa trajectoire politique l’année suivante. Les revers électoraux du RPF (bientôt mis en sommeil) lors des législatives de 1952, comme le décès de son père (la même année), l’amènent en effet à s’éloigner un temps de la vie politique pour se consacrer à sa carrière professionnelle.

Ses activités l’orientent vers l’industrie de la papeterie, comme directeur commercial des cartonneries La Rochette à Chambéry. Président d’une commission de la Fédération européenne des fabricants de carton ondulé et délégué comme expert à la Commission économique pour l’Europe des Nations Unies à Genève, il s’y distingue par son expertise et l’ampleur de ses réseaux, professionnels comme politiques. Par ailleurs, reprenant, en mémoire de son père, la suite éditoriale dans l’hebdomadaire départemental La Renaissance, il en devient le rédacteur en chef de 1954 à 1958.

Décidé alors à renouer avec la vie politique, Pierre Dumas, fidèle au gaullisme, se présente comme candidat des Républicains sociaux en Savoie lors des élections législatives de janvier 1956. Il figure en troisième position sur la liste commune avec le Centre national des indépendants et paysans (CNIP). Seul député sortant tête de liste, Joseph Delachenal, figure politique savoyarde incontournable depuis sa première élection en 1910, est élu. Pierre Dumas va cependant profiter du retour du général de Gaulle sur la scène nationale, deux ans plus tard.

Elu conseiller général dans le canton de Beaufort en avril 1958, Pierre Dumas prend ainsi pied dans la vie politique locale. Profitant de cette dynamique politique, il se présente la même année, le 30 novembre, sous l’étiquette Union pour la nouvelle République (UNR) aux élections législatives, dans la troisième circonscription de Savoie (cantons d’Aiguebelle, Chambéry-Sud, La Chambre, Chamoux-sur-Gelon, Lanslebourg-Mont-Cenis, Modane, Montmélian, La Rochette, Saint-Jean-de-Maurienne, Saint-Michel-de-Maurienne). Il a le soutien du CNIP. Associant « l’expansion régionale » au « redressement national », il remporte son duel électoral avec le député sortant Pierre Cot, ancien ministre, membre de l’Union progressiste et apparenté au groupe communiste. Le gaulliste recueille 62,71% des suffrages exprimés au second tour. Le succès s’explique entre autres par le bon report sur son nom des voix du candidat MRP Jean Blanc qui avait obtenu 26,6% des suffrages exprimés au premier tour. L’élu du bassin chambérien et de la vallée de la Maurienne confirme son ascension en remportant, l’année suivante, la mairie de Chambéry (15 mars 1959), sa ville natale.

Particulièrement actif au Palais-Bourbon, inscrit au groupe UNR, membre de la commission de la production et des échanges, Pierre Dumas est nommé rapporteur du projet de loi, emblématique, sur la création des parcs nationaux (29 avril 1960), inaugurant par ce biais un nouveau cycle de politiques publiques nationales des territoires ruraux. Le député participe ainsi à la fondation du parc national de la Vanoise en 1963 (le projet avait été voté à l’unanimité par le Conseil général de Savoie en décembre 1955) et en préside le conseil d’administration pendant deux décennies (1963-1983). Devenu président de la commission de production et des échanges (juin 1961), Pierre Dumas est nommé quelques mois plus tard, du fait de ses réseaux transnationaux et de ses convictions résolument européennes, rapporteur sur le projet de loi autorisant la ratification de l’accord créant une association entre la récente Communauté économique européenne (CEE) et la Grèce, posant les bases d’un délicat accord douanier entre d’une part une économie grecque essentiellement agricole et méditerranéenne, et d’autre part six Etats de la CEE, alors fortement industrialisés (29 novembre 1961).

Secrétaire d’Etat aux Travaux publics au sein du premier Cabinet Pompidou (15 avril – 15 mai 1962) – vite ébranlé par la démission des ministres du Mouvement républicain populaire (MRP) –, Pierre Dumas accède ensuite au secrétariat d’Etat auprès du Premier ministre chargé des relations avec le Parlement (16 mai 1962).

Confortablement réélu lors des élections législatives de novembre 1962, dès le premier tour avec 58,63% des suffrages, face au communiste Auguste Mudry (22,36%), le député conserve son secrétariat d’Etat, auquel sont rattachés le Tourisme (1962-1967) et la Promotion sociale (1962-1966). Il est remplacé au Palais-Bourbon par son suppléant, Florimond Girard. Bien que n’étant pas un ministre de plein exercice et restant sous la tutelle du Premier ministre, l’accroissement des pouvoirs du gouvernement dans la procédure législative lui confère un rôle clé à ce poste. Devenue permanente, mais particulièrement exposée, cette fonction s’avère d’autant plus exigeante qu’elle requiert de réels talents de pondération et de diplomatie. Pierre Dumas met ces deux qualités au service d’un Georges Pompidou qui, n’ayant jamais exercé de mandat électif, ne bénéficie pas d’autre autorité que celle que le président de Gaulle lui a conférée. La confiance accordée par l’Assemblée nationale, malgré le succès du référendum d’octobre 1962 sur le mandat présidentiel et les élections qui suivent, restait donc à consolider.

Le secrétaire d’Etat s’impose notamment par sa grande maîtrise des questions de transports. Anticipant une explosion du trafic des marchandises par les Alpes, interface d’une unité européenne en construction, Pierre Dumas milite pour une nouvelle percée entre la Maurienne et l’Italie, afin de compléter celle du Mont-Blanc. L’idée a été lancée avant lui par Edouard Herriot. Soucieux de désenclaver le département et de trouver les financements nécessaires, il fonde à ce titre, en 1962, avec l’appui des collectivités territoriales et des acteurs économiques de la région Rhône-Alpes, la Société française du tunnel routier du Fréjus (SFTRF). Plaidant pour le rattachement du Commissariat général au tourisme aux Services du Premier ministre, et surtout député d’un département qui profite des sports d’hiver, l’homme promeut également la mise en place d’une politique touristique volontaire qui, malgré certains retards en matière de financement et d’aménagement (des stations d’hiver notamment), entend encourager le développement des structures d’accueil (fiscalité favorable à l’hôtellerie, aménagement de plages et de ports de plaisance), l’essor du tourisme social (16 janvier et 28 octobre 1963, 17 janvier 1964), ou encore la création d’offices du tourisme (17 juin 1964). Il défend ainsi une « politique de garantie offerte aux touristes » (27 juin 1966), tout en rappelant que « le tourisme n’est nullement une industrie nationalisée » (projet de loi de finances pour l’année 1965).

De nouveau opposé à Auguste Mudry lors des législatives de mars 1967, Pierre Dumas est réélu dès le premier tour au sein de sa circonscription, en obtenant 50,75% des suffrages exprimés (contre à 24,78% pour son rival). Nommé secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, chargé du Tourisme (avril 1967-mai 1968) et parfaitement conscient de l’impact des médias et du poids des images, l’homme s’illustre en plongeant dans les eaux glacées de la Manche, prouvant ainsi que les opérations de dépollution menées à la suite du naufrage du pétrolier Torrey Canyon sont terminées. Il est également à l’origine de l'ouverture du chantier dit de « l’étalement des vacances ». Il est remplacé au Palais-Bourbon par Florimond Girard, son suppléant une nouvelle fois.

Réélu dès le premier tour des législatives de juin 1968 (53% des suffrages), face à son rival Auguste Mudry (23,13% des voix), après la dissolution de l’Assemblée nationale faisant suite aux événements du mois de Mai, Pierre Dumas est nommé secrétaire d’Etat aux Affaires sociales au sein du gouvernement Couve de Murville (1968-1969), chargé notamment de négocier l’application des accords de Grenelle. Il est remplacé à l’Assemblée nationale par Léopold Durbet, maire d’Hermillon. Il dépose en décembre 1968 le projet de loi relatif à la rémunération des stagiaires de la formation professionnelle.

S’il parvient à conforter ses assises militantes en intégrant respectivement le comité central de l'Union des démocrates pour la Ve République (UDR) en novembre 1967, le bureau politique du groupe UDR de l'Assemblée (avril 1970) et enfin le secrétariat général de l'UDR comme chargé des problèmes des élus locaux (octobre 1972), Pierre Dumas n’en reste pas moins écarté du gouvernement Chaban-Delmas. Ce dernier préfère en effet, au lendemain de l’élection de Georges Pompidou à la présidence de la République, jouer la carte de l’ouverture avec un autre savoyard, le centriste Joseph Fontanet, avec lequel Pierre Dumas est en rivalité. Jusqu’ici remplacé par son suppléant Léopold Durbet, il récupère son siège après la démission de ce dernier, en obtenant 61,5% des suffrages exprimés dès le premier tour de l’élection législative partielle d’octobre 1969, loin devant Auguste Mudry (22% des voix). Membre du groupe UDR, Pierre Dumas siège d’abord à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, avant de rejoindre en juin 1970 la commission des finances, de l’économie générale et du Plan. Il est aussi, en juin 1972, membre de la commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi « Hoguet » sur le commerce, et aussi en décembre 1972 de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi d’orientation du commerce.

Il est en 1970, 1971 et 1972 rapporteur spécial des crédits de la jeunesse et des sports. Il présente en novembre 1972 une proposition de loi portant un aménagement du délai sur la délimitation des régions créées par la loi du 5 juillet 1972.

Une nouvelle désillusion se profile néanmoins en avril 1973 lorsque, mis en ballottage, le député sortant est battu par le socialiste Jean-Pierre Cot, le fils de l’ancien député et ministre qu’il a battu en 1958. Loin de renoncer à la vie politique, l’ancien élu de Savoie décide de se recentrer sur le territoire.

Au sein de la mairie de Chambéry tout d’abord, en renforçant l’attractivité industrielle (fusion de Bissy afin de réaliser une zone industrielle sur l'emplacement de ses anciens marais) et tertiaire (zone commerciale de Chamnord et les zones d'activités des Landiers et des Epinettes) de la ville, mais également en multipliant les chantiers de logements destinés à relever les défis de la croissance urbaine. Chambéry-le-Haut sort de terre entre 1964 et 1977, près de 4 000 logements HLM sont construits. Les infrastructures de services complètent cette politique d’aménagement (avec le Centre hospitalier sur l’emplacement de l’ancien hôpital de la Charité de Chambéry, les lycées Monge et de la Cardinière, les collèges de Bissy et de Côte-Rousse, le Gymnase Jean Jaurès, le Maison des jeunes et de la culture). Un dynamisme local qu’il porte également comme vice-président de l’Association des maires de France (1974) et président de l’Office national des forêts (1973-1983).

La perte de la mairie de Chambéry en mars 1977 (au profit du socialiste Francis Ampe), puis sa nouvelle défaite, l’année suivante, au second tour des législatives de mars 1978 dans la 3e circonscription de Savoie, malgré 5 000 voix d’avance au premier tour, face au socialiste Jean-Pierre Cot qui l’emporte avec 52,62% des suffrages, semblent toutefois sonner le glas d’une féconde carrière politique. L’ancien élu n’entend pourtant pas renoncer à son action politique et, bien décidé à profiter de la déception suscitée par les premiers revers socialistes dans un contexte de crise socio-économique aggravée, part à la reconquête de son ancien fief. Elu conseiller général Rassemblement pour la République (RPR) de Savoie dans le canton de Chambéry-sud (mars 1982), il reconquiert l’année suivante la mairie de Chambéry lors des municipales, puis il est élu conseiller régional de Rhône-Alpes (2e de la liste Union pour la démocratie française-RPR en Savoie, mars 1986). Vice-président du Conseil régional (avril 1986), puis du Conseil général (octobre 1986), il accède finalement au Palais du Luxembourg lors des élections sénatoriales du 28 septembre 1986. Sénateur de Savoie, comme son père avant lui, il doit cependant démissionner de son mandat de conseiller général de Chambéry-sud afin d’être en conformité avec la loi sur le cumul des mandats.

Sénateur RPR, il rejoint la commission des affaires économiques et du Plan. S’appuyant sur ses qualités d’administrateur, il s'y montre très actif et multiplie les rapports, questions au gouvernement et interventions. Ses interventions portent plus particulièrement sur questions relatives à l'aménagement du territoire, notamment dans les domaines du tourisme (organisation des 16e Jeux olympiques d’hiver à Albertville, sports d'hiver, hôtellerie) et des transports autoroutiers et ferroviaires dont il est un spécialiste reconnu. Assurant la présidence de la SFTRF jusqu’en 1999, il entend parachever un engagement, débuté deux décennies auparavant, au service de la construction du tunnel du Fréjus (mis en service en juillet 1980) et l’autoroute de la Maurienne (débutée en 1972 et achevée en juillet 2000), sans oublier le développement du ferroutage entre la France et l’Italie. C'est dans le cadre de l'examen du projet de loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire, en 1993 et 1994, qu'il défend son projet de TGV Lyon-Turin. Il suit de près la création de l'Agence de l'environnement et participe aux discussions autour des groupements européens d'intérêt économique.

S’il décide de ne pas se représenter à la mairie de Chambéry en 1989, il maintient néanmoins son action politique au sein du Conseil régional de Rhône-Alpes (où il est réélu en 1992), comme vice-président de l'assemblée régionale chargé des transports et communications. Retiré de la vie politique après sa volonté de ne pas se représenter aux sénatoriales du 24 septembre 1995, Pierre Dumas n’en reste pas moins un mentor pour son protégé savoyard, Michel Barnier.

L’annonce de son décès, le 4 février 2004, marque la disparition d’une grande figure politique savoyarde dont Hervé Gaymard (alors député de Savoie et ministre de l’Agriculture) a rappelé qu’enfant, voyant sa haute silhouette, il croyait qu’il « y avait un de Gaulle par département ». Une fondation Pierre Dumas est créée à l’Institut de France en 2005.