Jeannil, Fernand, Edouard Dumortier
1911 - 1993
Né le 28 juin 1911 à Attichy (Nord)
Décédé le 18 février 1993 à Fontenay-les-Briis (Essonne)
Député du Pas-de-Calais de 1956 à 1958
Jeannil Dumortier, fils d'un tapissier et d'une institutrice, choisit d'abord la voie de l'enseignement en entrant à l'Ecole normale supérieure de l'enseignement technique et en devenant professeur certifié en 1936 au collège technique de Boulogne-sur-Mer. Depuis 1927 il est membre des Etudiants socialistes et il poursuit ses activités de militant à Boulogne. En 1938 il est élu conseiller municipal de Saint-Martin-Boulogne. Sa fidélité à la S.F.I.O. explique que son activité de résistant se déroule dans le mouvement de Libération-Nord où il est responsable de la forteresse de Boulogne. Elle lui vaut, à la Libération, la Croix de guerre et la confiance de ses concitoyens qui le portent à la mairie de Saint-Martin-Boulogne. Il sera réélu maire en 1947 et en 1953. En 1955, après un échec en mars 1949, il réussit son entrée au Conseil général du Pas-de-Calais (canton de Boulogne-Sud).
Jeannil Dumortier est membre du bureau de la fédération socialiste du Pas-de-Calais et il représente un appui fidèle pour Guy Mollet. En 1956 il conduit la liste de la S.F.I.O. dans la première circonscription du Pas-de-Calais (Boulogne - Saint-Omer) devant Henri Henneguelle, député sortant, qui s'est montré beaucoup moins hostile que lui aux communistes. La liste comporte quatre enseignants sur cinq candidats - « cinq réalisateurs-cinq maires » - et elle adopte un slogan sans concession : « Silence aux faillis, aux banqueroutiers et à leurs complices ». Le ton, la vivacité des attaques contre les adversaires séduisent les électeurs puisque la liste de la S.F.I.O. passe de 49 807 voix en 1951 (26 %) à 74 194 voix en 1956 (34,8 %). Elle a trois élus, les communistes (20,9 % des voix) et les indépendants (15,8 % des voix) obtenant chacun un siège.
Le nouveau député du Pas-de-Calais est nommé membre de la Commission de la défense nationale, de la Commission du travail et de la sécurité sociale et de la Commission des moyens de communication et du tourisme au nom de laquelle il présente plusieurs rapports. Le maintien des petites lignes de la S.N.C.F., l'électrification des grandes lignes, la modernisation des canaux trouvent un défenseur dans le rapporteur pour avis du budget de 1957. Il veille au maintien des crédits d'entretien des routes nationales et il préconise de les doter d'une voie cyclable parallèle plutôt que de les élargir ; il se soucie de la situation matérielle des ingénieurs des travaux publics et des agents des Ponts et chaussées.
Le député du Pas-de-Calais qui vote le traité créant la C.E.E. le 9 juillet 1957 est persuadé que l'avenir portuaire du Nord sera déterminé par les grands mouvements européens et mondiaux, au premier rang desquels figure la création d'industries sur les sites de déchargement de l'énergie et des matières premières. Dans une intervention du 30 novembre 1956, il montre qu'une nouvelle étape doit être franchie après la reconstruction qui s'achève. Il s'agit d'adapter désormais les ports français au développement de l'Europe. Il propose la création d'un comité d'experts des transports auprès de la Commission européenne et, en France, une coordination de tous les tarifs de transport.
La volonté de paix en Algérie, l'anticolonialisme, affirmés par la S.F.I.O. aux élections de 1956, sont mis en doute par certains lorsque Guy Mollet exerce les fonctions de chef du gouvernement. Jeannil Dumortier participe, au second semestre de 1956, à une campagne d'explications auprès des militants du département. Lui-même vote le projet de Bourgès-Maunoury sur les institutions en Algérie le 30 septembre 1957 et la loi-cadre le 31 janvier 1958. Comme son parti, il soutient Pierre Pflimlin et le projet de révision constitutionnelle du 27 mai 1958. Comme Guy Mollet, il accorde sa confiance au général de Gaulle le 1er juin 1958 et vote les pleins pouvoirs ainsi que la révision constitutionnelle le 2 juin 1958.