Louis Dupont
1912 - 2004
Né le 17 septembre 1912 à Saulnes (Meurthe-et-Moselle)
Député de la Meurthe-et-Moselle de 1956 à 1958
Fils d'un mineur de fer, Louis Dupont, après sa scolarité primaire, commence à travailler comme ouvrier sidérurgiste aux Hauts Fourneaux de la Chiers, dès l'âge de 13 ans. Il milite également aux Jeunesses communistes dont il devient le secrétaire. Promu secrétaire de la Fédération de Meurthe-et-Moselle du parti communiste, il en dirige l'hebdomadaire, la Voix de l'Est à partir de 1937. Il est fait prisonnier en 1940. A la Libération, Louis Dupont retrouve ses fonctions de directeur de la Voix de l'Est et est élu conseiller municipal de Nancy en 1947. L'année précédente, il avait figuré en seconde position derrière Maurice Kriegel-Valrimont sur la liste du parti communiste de Meurthe-et-Moselle pour les élections à la seconde Assemblée nationale Constituante. Ayant recueilli 50532 suffrages, cette liste est distancée par celles du Parti républicain de la liberté (68262 voix), du M.R.P. (65008 voix) et de la S.F.I.O. (54263 voix). Aussi seul Maurice Kriegel-Valrimont va-t-il siéger au Palais Bourbon. Aux législatives suivantes, la même liste brigue les suffrages des électeurs lorrains. Malgré son score supérieur (56837 suffrages) et sa seconde place derrière la liste du Parti républicain de la liberté et gaulliste (86757 voix), seul de nouveau Maurice Kriegel-Valrimont obtient un siège. La conjoncture électorale est encore plus défavorable en 1951, en raison à la fois de la loi sur les apparentements et du tassement du résultat du parti communiste (48683 voix en moyenne, soit 20,3 % des suffrages exprimés contre plus de 24 % en 1946). Maurice Kriegel-Valrimont sauve son siège car aucun des groupes de listes apparentées n'obtient la majorité absolue, mais Louis Dupont doit une fois de plus attendre son tour. Réélu conseiller municipal de Nancy en 1953, toujours secrétaire de la Fédération de son parti et second de liste aux élections législatives du 2 janvier 1956, Louis Dupont connaît enfin le succès électoral grâce à la conjonction de plusieurs facteurs : la division des forces conservatrices, le recul du MRP et du gaullisme, le score moyen bien qu'en progrès du parti socialiste et du parti radical. Avec 77036 voix en moyenne (et 77459 voix sur le seul nom de Louis Dupont plus populaire cette fois que le premier de liste), la liste communiste talonne la liste des Indépendants paysans autrefois dominante (79531 suffrages) et obtient en pourcentage un gain de sept points par rapport au précédent scrutin.
Pendant cette dernière législature de la IVe République, Louis Dupont appartient à la Commission de la reconstruction, des dommages de guerre et du logement ainsi qu'à celle du travail et de la sécurité sociale. Aussi dépose-t-il quatre propositions de résolution en faveur de mesures sociales et une proposition de loi tendant à la suppression totale des abattements de zone. Il rédige également deux rapports au nom de la Commission du travail : le premier sur une proposition de loi tendant à rétablir le droit aux prestations familiales pour les ouvriers frontaliers habitant la France et travaillant en Suisse, le second sur une proposition de loi d'André Mancey et de plusieurs de ses collègues tendant à maintenir aux jeunes travailleurs rappelés sous les drapeaux du fait de la guerre d'Algérie le droit à la prime de résultat attribuée dans divers services publics et entreprises privées.
Dans les débats, Louis Dupont concentre ses interventions également sur les questions sociales. Il participe notamment à la mise au point des deux grandes mesures proposées par le gouvernement Guy Mollet : l'allongement des congés payés et la création du Fonds national de solidarité. Le 16 mars 1956, lors du débat en deuxième lecture du premier projet cité, il critique vivement les restrictions apportées par la Conseil de la République au projet amendé par la Commission du travail de l'Assemblée nationale. Le 27 juin 1956, Louis Dupont profite de son explication de vote sur l'adoption de l'ensemble du projet sur le Fonds national de solidarité en quatrième lecture pour vanter l'union de la gauche ainsi réalisée sur des mesures sociales profitant aux travailleurs, dénoncer les dépenses militaires liées à la guerre d'Algérie et appeler à aller plus loin dans le sens d'un mouvement populaire unitaire.
Hormis le dépôt de divers amendements aux lois sociales, sa plus importante contribution aux débats concerne un commentaire des titres III et IV du budget du ministère du travail lors de la séance du 29 novembre 1956 : le député communiste critique la dégradation du climat politique international (affaire de Suez, développement de la guerre d'Algérie) et les restrictions apportées aux mesures sociales votées grâce aux communistes. Face à la dégradation du climat économique et à la reprise de l'inflation, il demande une revalorisation du salaire minimum, la fin des abattements de zone et une politique dynamique de formation professionnelle. Louis Dupont affirme sa confiance en un mouvement unitaire à la base qui obligera le gouvernement à pratiquer une large politique d'union de la gauche. En 1957-1958, Louis Dupont n'a plus de véritable occasion de s'exprimer à la tribune en raison de l'importance déterminante de la guerre d'Algérie qui prend le pas sur les questions sociales. De même sa carrière parlementaire s'achève avec le régime, mais il conserve son mandat municipal jusqu'en 1965.