Robert Fabre
1915 - 2006
FABRE (Robert, Charles, Victor)
Né le 21 décembre 1915 à Villefranche-de-Rouergue (Aveyron)
Décédé le 23 décembre 2006 à Villefranche-de-Rouergue (Aveyron)
Député de l'Aveyron de 1962 à 1980
Fils de Georges Fabre, pharmacien à Villefranche-de-Rouergue (Aveyron), et de Louise Feille, sans profession, Robert Fabre est né le 21 décembre 1915 à Villefranche-de-Rouergue, où il effectue l'ensemble de sa scolarité. Sa jeunesse est notamment marquée par le scoutisme puisqu'il est membre du mouvement des Eclaireurs de France, dont il fut chef de groupe. Après son baccalauréat, il poursuit des études universitaires à la faculté de pharmacie de Toulouse, d'où il sort diplômé en 1939 ou 1940 selon les sources. C'est à la même époque qu'il s'installe comme pharmacien dans l'officine familiale de sa ville natale et est mobilisé, puis fait prisonnier, pendant trois mois.
Dans les années cinquante, il entame une longue carrière politique à laquelle il n'était pas destiné, car « toujours porté par [s]es amis à briguer des mandats qu['il] ne souhaitai[t] pas exercer » avoua-t-il plus tard dans Quatre grains d'ellébore (Ramsay, 1990), le troisième de ses ouvrages souvenirs, après Quelques baies de genièvre (Ramsay, 1976) et Toute vérité est bonne à dire (Fayard, 1978). Président du syndicat d'initiative de Villefranche-de-Rouergue de 1946 à 1949, il est élu maire sans étiquette de cette ville sous-préfecture en 1953, comme le fut également son grand-père, Marcellin Fabre, de 1892 à 1904. Deux ans plus tard, l'élu rouergat, qui a assisté au développement du mouvement de son voisin lotois, Pierre Poujade, devient président du syndicat des pharmaciens de l'Aveyron. C'est également en 1955 qu'il adhère au Parti radical et radical-socialiste, puis est investi par le Rassemblement des gauches républicaines (RGR) pour les élections cantonales et est élu conseiller général de Villefranche-de-Rouergue, succédant au radical Roger Cavaignac. Il devient la même année président du Comité radical-socialiste de Villefranche-de-Rouergue.
Réélu maire en 1959 puis conseiller général en juin 1961, Robert Fabre, qui a pris la tête de la fédération radicale-socialiste de l'Aveyron, est candidat aux élections sénatoriales du 23 septembre 1962, mais le Centre national des indépendants et paysans (CNIP) représente avec succès ses deux sortants dans l'Aveyron, Robert Laurens et Raymond Bonnefous. Deux mois plus tard, Robert Fabre sollicite les suffrages des électeurs aux législatives dans la deuxième circonscription de l'Aveyron, où le socialiste Paul Ramadier a été défait en 1958. Déjà pressenti pour être le candidat des radicaux à cette date, Robert Fabre aurait refusé « pour ne pas être l'homme qui aurait abattu Paul Ramadier » (Quelques baies de genièvre, page 169). A cette élection, Robert Fabre affronte notamment l'ancien sénateur Jean-Marie Jayr, investi par le Mouvement républicain populaire (MRP), l'ancien sous-préfet Maurice Mennecier (SFIO) et le député sortant, Albert Trebosc, candidat Indépendant paysan d'action sociale (IPAS), qui n'est autre que l'adjoint de Robert Fabre à la mairie de Villefranche-de-Rouergue. Le candidat du CNIP, devancé au premier tour de 1 378 suffrages par Robert Fabre (15 375 voix), est largement battu le dimanche suivant. Le 25 novembre 1962, le candidat radical est élu député : il obtient 29 159 voix, soit 62,4% des suffrages exprimés, contre 17 570 (37,6%) à son adversaire. Robert Fabre a pour suppléant son cousin, Jean-Marie Centres, maire d'Almon-les-Junies, une commune rurale du canton de Decazeville.
A l'Assemblée, il s'inscrit au groupe du Rassemblement démocratique puis est nommé membre de la commission de la production et des échanges. Défenseur du bassin houiller de l'Aveyron, il prend part à plusieurs débats sur la politique économique et industrielle du gouvernement, sur laquelle il exprime de nombreuses réserves. Il est d'autre part entendu sur les questions orales avec débat relatives à la mutualité et à la réforme de la Sécurité sociale. Le député de l'Aveyron s'intéresse également à la question des prix agricoles et intervient dans la discussion du projet de loi de programme relative à l'équipement sportif et socio-éducatif (2 juin 1965). Lors des grands scrutins de cette législature, Robert Fabre s'abstient volontairement sur la ratification du traité du 11 janvier 1963 entre la République française et la RFA sur la coopération franco-allemande (13 juin 1963), le « traité de l’Elysée », et se montre défavorable au projet de loi relatif à certaines modalités de la grève dans les services publics (26 juillet 1963), de même qu’au projet de loi constitutionnelle modifiant les dates des sessions ordinaires du Parlement fixées à l'article 28 (20 décembre 1963). Il s'oppose encore au projet de loi relatif à l’élection des conseillers municipaux (17 juin 1964) et à la réforme du service militaire (26 mai 1965), qu'il tente d'amender par deux fois.
Elu vice-président du Parti radical-socialiste en septembre 1964, Robert Fabre, réélu maire de Villefranche-de-Rouergue en mars 1965, soutient activement la candidature de François Mitterrand à l’élection présidentielle de décembre 1965. Il est nommé vice-président de l'association nationale pour la candidature du député de la Nièvre en octobre 1965, puis entre au comité exécutif de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) en décembre de la même année et intègre le contre-gouvernement de François Mitterrand, chargé de l'aménagement du territoire et l'économie régionale, en mai 1966.
Le 12 mars 1967, Robert Fabre, étiqueté « FGDS », est réélu député de la deuxième circonscription de l'Aveyron, après avoir manqué de 2 000 voix une réélection dès le premier tour. Il totalise 61,3% des suffrages exprimés (29 350 voix) face à Hubert Bouyssière, maire et conseiller général de Najac (18 514 voix), investi par les Républicains indépendants et dont le suppléant est le frère de Valéry Giscard d'Estaing, Olivier Giscard d'Estaing. Le 24 septembre 1967, Robert Fabre est également réélu conseiller général. Il quitte la même année la présidence du syndicat des pharmaciens de l'Aveyron.
Au Palais-Bourbon, il s'inscrit naturellement au groupe de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, dont il est vice-président de mars 1967 à octobre 1968, et retrouve la commission de la production et des échanges, au nom de laquelle il est rapporteur de la proposition de loi tendant à créer une appellation d'origine destinée à protéger la production traditionnelle de veaux de lait dans le département de la Corrèze. Il dépose également une proposition de loi relative à la création d'un fonds national de garantie aéronautique (7 décembre 1967). Au cours de cette IIIe législature, Robert Fabre approuve les motions de censure déposées au cours de la discussion du projet de loi autorisant le gouvernement à intervenir par ordonnances en matière économique et sociale (20 mai et 9 juin 1967). Il intervient notamment lors du débat du 19 mai 1967 pour fustiger « l'évolution du régime vers l'autoritarisme » et les « atteintes portées à la démocratie ». Ses interventions portent également sur les problèmes agricoles et d'aménagement du territoire, qui concernent particulièrement son département, et la réforme de la Sécurité sociale.
Après la dissolution de l'Assemblée nationale en mai 1968, Robert Fabre est à nouveau candidat à sa propre succession en juin. Au premier tour, avec 19 418 voix (41%), le député sortant, qui est aussi membre suppléant du bureau politique de la FGDS depuis février, est devancé par l'ancien député Albert Trebosc, investi par les Républicains indépendants (22 571 voix). Le 30 juin, le parlementaire radical est réélu avec 24 299 voix, soit 217 d'avance sur le candidat giscardien. Robert Fabre a notamment bénéficié du désistement du candidat communiste Jean Martin (5 393 voix) dans le cadre des accords nationaux passés entre la FGDS et le PCF. En novembre 1968, le député-maire de Villefranche retrouve la vice-présidence du Parti radical-socialiste, poste auquel il est élu pour deux années.
A l'Assemblée nationale, il s'inscrit au groupe fédéré, qui est passé de 122 à 57 membres, auquel il cesse d'appartenir le 3 octobre 1969. La FGDS disparue, il s'apparente au groupe socialiste du 21 octobre 1969 au 15 octobre 1970, date à laquelle la majorité des élus radicaux rompent leur apparentement au groupe PS, puis à nouveau à partir du 16 novembre 1971, n'appartenant entre temps à aucun groupe parlementaire. Il retrouve la commission de la production et des échanges, du 13 juillet 1968 au 3 avril 1969, puis rejoint celle des affaires culturelles, familiales et sociales. Il dépose une proposition de loi relative à la création d'un fonds national de garantie aéronautique (3 avril 1969). Son travail parlementaire s'oriente vers les problèmes de l'artisanat et de l'industrie minière, l’aménagement du territoire et l'équipement, ainsi que les questions de santé publique et de sécurité sociale. Prenant la parole à une vingtaine de reprises au cours de cette législature, Robert Fabre relaie ainsi les revendications des artisans auprès du ministre de l'Industrie lors d'une question orale avec débat (29 novembre 1968), propose d'amender le projet de loi relatif à l'assurance maladie et maternité des travailleurs non salariés des professions non agricoles en insérant un nouvel article créant un système de protection sociale unifié, étendu à tous les Français (3 décembre 1969) et prend part à la discussion du projet de loi portant amélioration des retraites du régime général de sécurité sociale (1er décembre 1971). A partir du 14 octobre 1970, le député-maire de Villefranche, vainqueur des élections municipales de 1971, préside également le groupe parlementaire d'étude sur les problèmes du troisième âge.
Sur les principaux scrutins de la législature, Robert Fabre se prononce en faveur du projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur, le 10 octobre 1968, du projet de loi relatif à l’exercice du droit syndical dans les entreprises, le 4 décembre 1968, et du projet de loi tendant à renforcer la garantie des droits individuels des citoyens, le 28 mai 1970. Il s'oppose ensuite au projet de loi « anti-casseurs » tendant à réprimer certaines formes nouvelles de délinquance, le 4 juin 1970, et vote en faveur du projet de loi relatif au service national, le 10 juin 1970. Le député radical désapprouve les déclarations de politique générale du gouvernement Chaban-Delmas, le 15 octobre 1970 et le 24 mai 1972. Il s'abstient sur le projet de réforme hospitalière lorsqu'il arrive en deuxième lecture à l'Assemblée le 16 décembre 1970. Il se prononce en revanche pour le projet de loi organique modifiant l’ordonnance du 24 octobre 1958 relative aux incompatibilités parlementaires, le 25 novembre 1971. Lors du scrutin sur la réforme régionale du 27 avril 1972, il vote contre le projet de loi « portant création et organisation des régions. » Enfin, il est nommé secrétaire de l'Assemblée nationale le 4 avril 1972 et occupe cette fonction jusqu'à la fin de la législature.
Membre du comité directeur du Parti radical-socialiste depuis décembre 1970, Robert Fabre est une des principales figures de l'aile gauche de cette formation, avec René Billères, député des Hautes-Pyrénées, et Maurice Faure, député du Lot. Avec ces derniers, le député de l'Aveyron mène l'opposition interne à Jean-Jacques Servan-Schreiber, porté à la présidence nationale du Parti radical-socialiste au congrès de Suresnes d'octobre 1971 et promoteur du regroupement des centres aux côtés de Jean Lecanuet dans le Mouvement réformateur. En juin 1972, au congrès de Lille, la minorité radicale, favorable à une alliance à gauche et au programme commun de gouvernement, fait scission. Robert Fabre forme le Mouvement de la gauche radicale-socialiste, dont il assure la présidence à partir d'octobre 1972, et devient le « troisième homme » signataire du Programme commun de gouvernement avec François Mitterrand et Georges Marchais au nom de sa formation, devenue le Mouvement des radicaux de gauche dès 1973.
Aux élections législatives du 4 mars 1973, le président du MRG est ainsi le candidat de l'Union de la gauche socialiste et démocrate, structure commune d'action électorale formée par le MRG et le PS, du bureau national de laquelle il est membre. En tête du premier tour avec 20 874 voix (43%), il précède le conseiller général Jean Puech, candidat des Républicains indépendants au sein de l'Union des républicains de progrès (17 588 voix), investiture dont ne bénéficie plus Hubert Bouyssière, étiqueté « Indépendant d'action sociale, familiale, rurale et ouvrière » (2 502 voix), ainsi que le communiste René Baules (5 565 voix) et le radical Max Icher, présenté par le Mouvement réformateur (1 966 voix). Robert Fabre est réélu le 11 mars 1973 avec 27 456 des 50 313 suffrages exprimés (54,6%) contre 22 857 voix (45,4%) à Jean Puech. Comme lors des deux législatures précédentes, son suppléant est Lucien Orsane, adjoint au maire de Decazeville et secrétaire fédéral du PS. En septembre, « le pharmacien de Villefranche » est également réélu conseiller général, dès le premier tour. En tant que parlementaire, il siège aussi au conseil régional de Midi-Pyrénées, dont il est élu vice-président en janvier 1974. En mars de la même année, il est désigné président d'honneur à l'Assemblée nationale des élus de la gauche radicale et républicaine.
Au Palais-Bourbon, Robert Fabre s'inscrit au groupe du Parti socialiste et des radicaux de gauche. Au cours de cette législature, il siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales jusqu'au 2 avril 1976 puis à la commission des affaires étrangères. Il traduit sans surprise son opposition au gouvernement de Pierre Messmer (12 avril 1973). Lors de la déclaration de politique générale de ce dernier, il en critique vivement la composition, polémique avec Jean Lecanuet sur sa position vis-à-vis de la majorité, et demande l'application immédiate de mesures sociales, telles que le SMIC à 1 100 francs par mois et la retraite à soixante ans. Le 9 octobre 1973, il joint sa voix à la minorité des 181 députés approuvant la motion de censure, qu'il défend longuement. Il repousse également la déclaration de politique générale du gouvernement de Jacques Chirac, le 6 juin 1974, et vote la motion de censure, discutée le 17 décembre 1974, qui ne recueille que 183 voix sur les 245 nécessaires. A cette occasion, le discours de Robert Fabre est une charge contre le gouvernement, confronté à la crise économique internationale et à l'échec de son plan de lutte contre l'inflation. Figure de l'opposition, Robert Fabre réclame l'application du programme commun de la gauche lors des débats relatifs à la déclaration du gouvernement sur la politique de l'énergie (14 mai 1975) et du budget de la culture pour 1976 (3 novembre 1975). Le 28 avril 1977, il vote encore contre le programme du gouvernement de Raymond Barre.
Lors des autres grands scrutins de la Ve législature, Robert Fabre s'oppose également aux révisions de la Constitution, sur la réduction de la durée du mandat présidentiel, le 16 octobre 1973, sur l'extension de la saisine du Conseil constitutionnel, le 10 octobre 1974, et sur les règles de la campagne électorale des élections présidentielles, le 8 juin 1976. Seuls les projets de loi relatifs à l’intervention volontaire de grossesse (IVG), le 28 novembre 1974, au divorce, le 4 juin 1975, et sur l’élection des représentants à l’Assemblée des communautés européennes au suffrage universel, le 21 juin 1977, reçoivent son soutien. Robert Fabre dépose par ailleurs une proposition de loi tendant à étendre le bénéfice des dispositions de l'article 11 de la loi de finances rectificative du 21 décembre 1973 à l'ensemble des agents des houillères ayant fait l'objet d'une mesure de conversion (29 avril 1975). Son amendement au projet de loi de finances pour 1978 relatif à la majoration du tarif des droits de consommation et de fabrication sur les alcools et la majoration du montant des prélèvements opérés sur les recettes de l'Etat en faveur du régime général de la sécurité sociale minière, est repoussé (18 octobre 1977).
En mars 1977, Robert Fabre est réélu conseiller municipal puis maire de Villefranche-de-Rouergue à la tête d'une municipalité d'union de la gauche. A cette époque, le député aveyronnais siège par ailleurs au comité directeur de l'Association des maires de France. Dans la perspective de nouveaux rendez-vous électoraux (législatives en 1978 et présidentielles en 1981), le PCF juge alors nécessaire de remettre à jour le Programme Commun. En mai 1977, des négociations en vue d'une refonte du Programme commun s'ouvrent. À l'issue de la réunion au sommet du 14 septembre 1977, Robert Fabre déloge sans égard Georges Marchais de la tribune et l'écarte des micros pour dire à la presse son refus de poursuivre les négociations en raison de la rigidité du PCF. Fin septembre, la négociation PS-PC-MRG échoue définitivement. Pour certains, l'abandon très médiatisé de Robert Fabre a pesé lourd dans l'échec de la gauche lors des législatives de mars 1978.
Robert Fabre est cependant réélu dans sa circonscription aveyronnaise, où le candidat de la majorité est de nouveau le maire de Najac, Henri Bouyssière. Au premier tour, le radical de gauche arrive en première position avec 24 427 voix (45,8%). Il distance Henri Bouyssière (18 210 voix), le communiste René Baules (8 314 voix), Françoise Richer (Lutte ouvrière) et Henri Boyer (Occitaniste), qui recueillent respectivement 1 418 et 1 011 suffrages. Le 19 mars 1978, Robert Fabre remporte le scrutin avec 32 485 voix (60,2%) contre son adversaire de droite (21 515 voix). Dès le lendemain, il démissionne de la présidence nationale du MRG.
Dans l'hémicycle, Robert Fabre s'apparente au groupe socialiste, mais en est exclu le 19 septembre 1978. Quelques jours plus tôt, le 4 septembre, l'élu radical de gauche a en effet été chargé par le président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, d'une mission sur les problèmes de l'emploi. Le même jour, sur le perron de l’Élysée, le député-maire de Villefranche déclarait que cette mission ne participait pas de la procédure des « parlementaires en mission » mais lui avait été confiée à titre personnel et n'engageait donc pas le MRG. Il tenait aussi à préciser que sa démarche s'inscrivait dans la cadre de la décrispation des rapports politiques et procédait de « l'esprit radical ». Il ajouta : « Personne ne peut mettre en doute ma qualité d'homme de gauche. J'entends garder une totale liberté de réflexion. » En acceptant cette mission, le bureau national du MRG, dès le 7 septembre, puis le comité directeur, le 13, considèrent pourtant qu'il s'est mis « en dehors du parti. » Le 24 avril 1979, il affirme encore être un « homme de l'opposition » à l'occasion de la remise de son rapport, contenant 100 propositions dont la création de 320 000 emplois, le blocage des licenciements dans les secteurs en difficultés, la réduction du temps de travail et l'allégement des charges sociales.
Au Palais-Bourbon, Robert Fabre, exclu de son parti, siège donc parmi les non-inscrits. Membre de la commission des affaires étrangères d'avril à septembre 1978 et à partir d'avril 1979, il intervient à plusieurs reprises pour souligner la gravité de la situation de l'emploi et déplorer l'absence d'un véritable débat sur ce sujet, notamment lors de la discussion de la motion de censure déposée par soixante députés du groupe socialiste le 2 octobre 1978, qu'il approuve vivement (4 octobre 1978), lors des débats sur le projet de loi relatif à l'aide aux travailleurs privés d'emploi, au cours duquel il propose 4 amendements, dont 2 furent rejetés et 2 finalement retirés (21 décembre 1978), et sur le projet de loi de finances pour 1980 (25 octobre 1979). Au cours de cette législature, Robert Fabre ne prend pas part au vote sur l’augmentation de la quote-part de la France au Fonds monétaire international (FMI), le 18 avril 1978. Deux jours plus tard, il vote contre la déclaration de politique générale du gouvernement de Raymond Barre. Lors du scrutin du 10 octobre 1978, Robert Fabre vote avec la majorité en faveur du projet de loi relatif aux opérations de la caisse d'amortissement pour l'acier, adopté par 276 voix contre 200 sur 482 votants. Il vote contre le projet de loi relatif à l’aide aux travailleurs privés d’emploi, le 5 janvier 1979. Il renouvelle son approbation au texte relatif à l’interruption volontaire de grossesse, lorsqu’il arrive en deuxième lecture devant l’Assemblée nationale, le 29 novembre 1979. Il vote également pour la réforme de la fiscalité directe locale, le 18 décembre 1979. A l’image de la représentation nationale, il approuve enfin la proposition de loi relative au viol et aux attentats à la pudeur, le 11 avril 1980.
En janvier 1979, Robert Fabre déclare qu'il ne sollicitera pas le renouvellement de son mandat de conseiller général lors des élections du mois de mars. Jean Rigal (MRG) lui succède dans le canton de Villefranche-de-Rouergue. Nommé Médiateur par Valéry Giscard d'Estaing pour remplacer Aimé Paquet, ancien député de l'Isère (1951-1973) et ancien secrétaire d’Etat au Tourisme (1973-1974), Robert Fabre démissionne de son mandat de député le 19 septembre 1980. Il quitte aussi le conseil régional de Midi-Pyrénées, dont il était membre du bureau depuis février 1976, après avoir occupé une vice-présidence pendant deux ans. Jean Rigal (MRG) remporte l'élection partielle organisée les 23 et 30 novembre 1980 dans la deuxième circonscription de l'Aveyron face à Henri Bouyssière (Parti républicain).
En février 1986, sept mois avant l'expiration de son mandat de Médiateur, Robert Fabre est nommé membre du Conseil constitutionnel par Louis Mermaz, président de l'Assemblée nationale. Il y siège jusqu'en 1995.
Chevalier de la Légion d'honneur, de la Santé publique et Officier de l'ordre national du Sénégal, Robert Fabre était aussi titulaire des Palmes académiques et de la médaille de la Jeunesse et des sports.
Il s’éteint, le 23 décembre 2006, à l'âge de 91 ans et quelques semaines après Jean-Jacques Servan-Schreiber, l'autre grand protagoniste de la scission radicale de 1972. Avec Robert Fabre disparaît aussi, après Georges Marchais et François Mitterrand, le troisième acteur du Programme commun et de l'Union de la gauche. Maire de Villefranche-de-Rouergue pendant 30 ans, conseiller général de l'Aveyron durant 24 ans et député pendant 18 ans, Robert Fabre a en effet représenté une frange du radicalisme ancrée à gauche, à l'heure de la bipolarisation de la vie politique française, avec une trajectoire politique très spécifique jusqu’à sa nomination au Conseil constitutionnel.
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