Madeleine Aymé de la Chevrelière

1906 - 1976

Informations générales
  • Née le 11 mai 1906 à Paris (Seine - France)
  • Décédée le 29 mai 1976 à Gournay (Deux-Sèvres - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Deux-Sèvres
Groupe
Républicains populaires et centre démocratique
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Deux-Sèvres
Groupe
Centre démocratique
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Deux-Sèvres
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 23 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Deux-Sèvres
Groupe
Union des démocrates pour la République

Biographies

Biographie de la Ve République

AYMé DE LA CHEVRELIèRE (Marie-Magdeleine)
Née le 11 mai 1906 à Paris (XVIème)
Décédée le 29 mai 1976 à Gournay (Deux-Sèvres)

Députée des Deux-Sèvres de 1958 à 1973

Avant Ségolène Royal, le département des Deux-Sèvres était déjà représenté à l’Assemblée nationale par une femme, Marie-Magdeleine Aymé de la Chevrelière. Née dans le XVIème arrondissement parisien le 11 mai 1906, elle est la fille de Louis Lannes, marquis de Montebello, officier de cavalerie, et de la marquise, née Marie-Louise de Salignac-Fénelon. Elle descend en ligne directe du Maréchal Lannes et est la petite fille de Gustave de Montebello, ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg de 1891 à 1902. En 1925, elle épouse Jacques Aymé, baron de la Chevrelière, dont elle aura quatre enfants. Après une scolarité à l’institution Sainte-Marie de Neuilly, elle est licenciée de la faculté de droit de Paris, puis diplômée de l’école des bibliothécaires de l’Institut catholique.

Pendant la guerre, elle organise la bibliothèque de l’hôpital de Niort et un service de bibliothèque ambulante dans les Deux-Sèvres. Durant ces années noires, elle aurait également aidé le professeur Robert Debré.

Conseillère municipale de sensibilité MRP de la commune de Gournay depuis 1945, elle remporte la mairie en 1953. Elle devient veuve la même année. Elue en avril et novembre 1958, elle cumule respectivement les fonctions de conseillère générale du canton de Chef-Boutonne et de député des Deux-Sèvres, mandats qu’elle conserve jusqu’en 1973. A une époque où la France compte 1,5% de femmes députées et 1% de femmes maires, elle reconquiert la première circonscription des Deux-Sèvres, occupée par son beau-père le monarchiste Louis Aymé de la Chevrelière, entre 1871 et 1877. Députée sans étiquette en 1958, elle s’inscrit puis s’apparente au groupe du Centre démocratique. En 1967, apparentée à l’Union démocratique pour la Vème République, elle est réélue avec moins de trois cents voix d’avance sur son adversaire socialiste Raoul Auzanneau, puis beaucoup plus largement en 1968 sous l’étiquette UDR. En 1973, malade, elle ne sollicite pas le renouvellement de ses mandats ; la circonscription bascule à gauche.

Membre de la Commission des affaires étrangères de 1958 à 1972, à l’exception de deux années durant lesquelles elle siège à la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République (1967-1969), elle est rapporteur du projet de loi autorisant l’approbation de l’Accord de siège, signé à Paris le 13 mai 1966, entre la France et la Banque interaméricaine de développement. Mais elle-même à la tête d’une exploitation et députée d’une circonscription rurale, c’est aux problèmes agricoles qu’elle consacre le plus grand nombre d’interventions. Elle intervient pour décrire avec réalisme le quotidien des agriculteurs et des femmes d’agriculteurs. Elle lutte notamment contre le surendettement agricole, les problèmes d’approvisionnement en eau potable des populations rurales et l’insuffisance de leurs revenus. Elle milite pour une reconnaissance de la qualité bactériologique du lait et de la richesse en matière azotée au lieu de ne considérer que la matière grasse, elle incite les députés à encourager l’élevage caprin, et les conjure d’améliorer la gestion des crédits à destination des agriculteurs. De façon plus générale, elle soutient la délocalisation de l’activité économique en vue de redynamiser sa circonscription. Mais elle intervient aussi dans le domaine social, par exemple en déposant un proposition de loi d’abolition de la peine de mort le 21 février 1963, ou en favorisant la revalorisation des pensions destinées aux anciens combattants.

Marie-Magdeleine Aymé de la Chevrelière s’intéresse aux questions liées à la famille et à son équilibre. Elle voudrait ainsi exempter de service militaire les jeunes reconnus soutiens de famille, obtenir la reconnaissance du travail féminin, secourir les orphelins (elle propose une loi visant à instaurer une allocation à leur profit le 25 juillet 1968) et améliorer l’enseignement des langues et l’orientation scolaire dans sa région. C’est d’ailleurs son statut de femme, mis en avant dans sa profession de foi de 1958, qui, selon elle, garantit une plus grande sensibilité face aux problèmes des personnes faibles. Elle insiste dans ses discours de campagne sur son attachement aux valeurs républicaines et à l’Europe, sur son soutien à l’action rurale et sur sa volonté de progrès social.

Elle approuve globalement la majorité gaulliste de 1958 à 1973 mais vote deux motions de censure, en 1959 sur le budget des anciens combattants et en 1964 concernant la politique agricole. Elle se désolidarise également du gouvernement ponctuellement, par exemple concernant les restrictions du droit de grève dans les services publics (en juillet 1963) ou au sujet des amnisties liées à la guerre d’Algérie. En revanche, elle fait front derrière le général en mai 1968, conjurant les électeurs à lutter contre l’extrême gauche.

Elle reçoit la croix de chevalier de la Légion d’honneur des mains de Maurice Schumann, qui lui rend hommage lors de sa mort, survenue le 29 mai 1976.