Jean-Louis Gasparini

1915 - 1984

Informations générales
  • Né le 9 juin 1915 à Aix-les-bains (Savoie - France)
  • Décédé le 26 juin 1984 à Chambéry (Savoie - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Moselle
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT

Biographies

Biographie de la Ve République

GASPARINI (Jean-Louis, Ferdinand)
Né le 9 juin 1915 à Aix-les-Bains (Savoie)
Décédé le 26 juin 1984 à Chambéry

Député de la Moselle de 1962 à 1967

Jean-Louis Gasparini naît à Aix-les-Bains, pendant la première guerre mondiale. Il se destine très tôt à des études de médecine ou de pharmacie. C’est vers cette dernière discipline qu’il s’oriente finalement. Il est étudiant à la Faculté de pharmacie de Paris lorsqu’éclate la Seconde guerre mondiale. Il se marie peu après la déclaration de guerre, à la mairie du XVIème arrondissement de Paris. Ses états de service de septembre 1939 à la campagne de France sont mal connus. Ne pouvant se résoudre à la défaite française, Jean-Louis Gasparini rejoint ensuite les rangs de la France Libre. On sait peu de choses de son itinéraire jusqu’à la Libération, sinon que les combats auxquels il a pris part lui valent d’être décoré de la Légion d’honneur et de la croix de guerre 1939-1945. Il s’installe ensuite en Moselle pour y exercer comme pharmacien. Il ne semble pas avoir adhéré au Rassemblement du peuple français, que fonde le général de Gaulle en avril 1947. Président de l’Association des Français libres de Moselle, Jean-Louis Gasparini conserve fidélité et admiration pour l’homme du 18 juin sous la IVème République. Rien ne semble cependant le destiner à embrasser une carrière politique.
Le changement de régime de 1958-1959 se traduit, en matière de loi électorale, par le passage de la proportionnelle au scrutin d’arrondissement. La ville d’Uckange, où sont installés plusieurs hauts fourneaux et où Jean-Louis Gasparini travaille comme pharmacien, se situe dans la 3ème circonscription de la Moselle. L’avocat Jean Delrez y est élu député le 30 novembre 1958 contre le maire CNI d’Hayange Jean Engler, pourtant soutenu par l’Union pour la nouvelle République (UNR). Apparenté au groupe des Républicains populaires et du Centre démocratique à l’Assemblée nationale, Jean Delrez évolue vers l’opposition et vote la motion de censure du 4 octobre 1962. Après la dissolution de l’Assemblée nationale, c’est à Jean-Louis Gasparini, qui a été élu adjoint au maire d’Uckange en 1959, que l’UNR accorde son investiture dans la 3ème circonscription de Moselle. L’ancien Français libre a pour suppléant Gilbert Guérin-Pétrement, maire de Rosselange, « gaulliste de gauche » et membre de l’Union démocratique du Travail (UDT). Dans sa profession de foi, Jean-Louis Gasparini attaque « les anciens partis de la IVème » République et leur prête la « volonté farouche de voir le général de Gaulle se retirer, pour reprendre tranquillement ensemble les jeux stériles et malsains d’antan ». Il s’en prend en outre aux « champions du « non » qui l’affichaient publiquement ou qui, hypocritement, se sont tenus sur une prudente réserve dans l’espoir de se faire élire une fois de plus par des voix gaullistes ». Il vise implicitement Jean Delrez lorsqu’il dénonce « celui qui a trompé l’électeur et trahi le général de Gaulle » en renversant le gouvernement de Georges Pompidou, le 4 octobre 1962. Jean-Louis Gasparini arrive largement en tête du premier tour, le 18 novembre 1962. Il recueille en effet 40% des voix, contre 22,7% pour César Depietri, maire communiste de Moyeuvre-Grande. Frédéric Schulz, maire d’Algrange, et Gabriel Wahrheit, maire de Florange, qui se présentaient tous deux comme « Indépendants » obtiennent respectivement 11,7% et 10,9% des suffrages exprimés, devant le député sortant Jean Delrez (10,6%). Le 25 novembre 1962, une nette majorité (65,3%) des électeurs de la troisième circonscription de Moselle se prononce en faveur de Jean-Louis Gasparini, qui est élu député.
Il s’inscrit au groupe de l’UNR-UDT et siège à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales sous la deuxième législature de la Vème République. Il est porté à la Vice-présidence de cette commission permanente en avril 1965. Sa relative inexpérience en politique n’empêche pas le pharmacien d’Uckange de se montrer très actif au Palais-Bourbon entre 1962 et 1967. Il prend la parole dans l’hémicycle à 19 reprises pendant cette période. Jean-Louis Gasparini se montre d’abord soucieux de la situation du département qu’il représente au Palais-Bourbon. La Moselle, comme le bassin de Briey en Meurthe-et-Moselle, est en effet frappée très durement par le déclin des mines de fer et de charbon, ainsi que de la sidérurgie. Toute mesure susceptible d’affecter un équilibre économique précaire éveille dès lors l’inquiétude de Jean-Louis Gasparini. Le 11 janvier 1963, il s’alarme ainsi de « la réduction des crédits alloués par le FORMA Fonds d’orientation des marchés agricoles à l’exportation des produits laitiers, notamment du beure, en particulier dans la Sarre », qui risque d’affecter les agriculteurs de Moselle et du Bas-Rhin.
Il aborde pour la première fois dans l’hémicycle la question des mines de fer de Lorraine lors de la discussion du budget de l’Industrie pour 1964, soit quelques mois après la grève nationale des mineurs, au printemps 1963. Le député mosellan comprend que « le minerai lorrain doive rester compétitif, autant par une réduction du prix de revient que par une productivité accrue », mais est très préoccupé par les conséquences sociales de ce raisonnement. La suppression de 2000 emplois en Moselle est en effet envisagée entre 1963 et 1965, ce qui pose la question de la « réadaptation » des mineurs, laquelle «va se traduire, automatiquement et malheureusement, par une baisse du niveau de vie des travailleurs ainsi reclassés ». Il juge « nécessaire que l’Etat fasse lui-même un gros effort financier pour ces ouvriers reclassés » et esquisse les contours d’une politique visant à défendre l’avenir des mines de fer de Lorraine. Elle passerait par un renforcement des protections douanières à l’importation au sein de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), par « la canalisation mer du Nord-Moselle-Méditerranée » et par le soutien aux « industries de transformation » (séance publique du 30 octobre 1963). Jean-Louis Gasparini évoque à nouveau ces questions lors de la discussion du budget du Travail, quelques jours plus tard (5 novembre 1963), puis à l’occasion d’une question orale sans débat posée au ministre de l’Industrie (13 décembre 1963). Le 13 avril 1966, l’élu d’Uckange se désole que « malgré de nombreux rappels et communications adressés à mon groupe, à son bureau politique et au Gouvernement, la situation n’ait cessé d’évoluer » dans le sens de la désindustrialisation. Il décrit avec émotion ce « drame que vit la Lorraine ferrifère et industrielle » : « des mines ferment tous les jours leurs portes et licencient une partie de leur personnel. Il n’y a plus d’embauches dans la sidérurgie et la métallurgie. Les heures supplémentaires sont supprimées ou nettement réduites, à telle enseigne que les salaires sont devenus dans la plupart des cas absolument dérisoires ». Le député de la Moselle identifie plusieurs raisons à cette crise, qu’il s’agisse de « l’apparition d’une concurrence étrangère vigoureuse et plus compétitive », de « l’imprévoyance de certains milieux patronaux » ou des freins à l’investissement prévus par le plan de stabilisation de septembre 1963. Il plaide en conséquence pour le lancement d’ « un ou plusieurs emprunt (…) sous le contrôle et la garantie de l’Etat, par et pour la sidérurgie ». Si Jean-Louis Gasparini participe à la discussion du budget de l’Industrie pour 1967, c’est pour saluer « les accords du 29 juillet 1966 passés avec la sidérurgie » : ils montrent, selon lui, que le Gouvernement a « entendu les appels de la Lorraine ». L’élu d’Uckange propose toutefois de compléter ces accords en offrant « à la sidérurgie des prêts à long terme et à très faible taux d’intérêt » et se préoccupe plus encore de l’aspect « social » de la crise, c’est-à-dire du reclassement des ouvriers ou mineurs licenciés. Le recours aux retraites anticipées et l’octroi d’une « prime intégrale de transfert et de réinstallation » en sus des indemnités de licenciements permettraient, à ses yeux, d’atténuer l’effet des fermetures d’usine ou de leurs réductions d’effectifs (séance du 7 novembre 1966).
Jean-Louis Gasparini est rapporteur pour avis du budget de la promotion sociale, qui figure dans le chapitre budgétaire des services du Premier ministre, pour 1965, 1966 et 1967. Un délégué général à la Promotion sociale a en effet été institué par un décret du 29 mai 1961, qui relève directement du chef du Gouvernement. Le terme de « promotion sociale » désigne alors la formation professionnelle, en particulier dans son acception éducative. Le député de la Moselle parle à cet égard d’ « un enseignement permettant à l’homme déjà engagé dans une activité professionnelle, quels que soient son métier et sa formation antérieure, de s’élever dans la hiérarchie par l’acquisition des connaissances théoriques et pratiques indispensables ». Le développement des « cours du soir » lui paraît malheureusement freiné par « le comportement des chefs d’entreprise », qui « ne sont pas suffisamment renseignés de l’intérêt (sic) que présente le développement de la promotion sociale » et « craignent que les salariés ne les quittent (…), risquant de désorganiser des ateliers, des services ». Il ouvre plusieurs pistes s’agissant de l’efficacité de la politique de promotion sociale : « cours par correspondance à intensifier, horaires des cours à temps partiel et à temps plein à aménager, réforme des bourses, équivalence des diplômes », … Il suggère enfin de « reconsidérer l’utilisation du produit de la taxe d’apprentissage dont les deux tiers seulement sont affectés à des actions de formation » (séance publique du 9 novembre 1964). Il réclame « un relèvement de la taxe d’apprentissage » le 26 octobre 1965 et obtient satisfaction l’année suivante, puisque le budget pour 1967 prévoit une hausse de son taux « de 0,4 à 0,6% » (séance du 28 octobre 1966).
Le pharmacien d’Uckange ne limite pas pourtant son activité parlementaire aux débats sur la reconversion industrielle ou la promotion sociale. Il prononce par exemple un vibrant plaidoyer pour « la protection des eaux douces et salées contre leur pollution par l’homme » le 16 octobre 1963. Il rappelle à cette occasion que « l’eau est le capital le plus précieux de l’homme » et déplore qu’ « on ait trop tendance à considérer les rivières et les mers comme des poubelles ». La responsabilité du pouvoir politique lui paraît engagée, dès lors que la pollution menace la santé des générations futures. C’est pourquoi il se réjouit de l’examen par le Parlement d’un projet de loi relatif au régime, à la répartition des eaux et à leur protection contre la pollution. Il participe également au débat sur le projet de loi relatif au régime d’assurance maladie et d’assurance maternité des travailleurs non salariés des professions non agricoles (9 juin 1966) ou à la discussion d’un texte concernant les pensions de retraite des marins français du commerce de pêche ou de plaisance (30 juin 1966). Jean-Louis Gasparini respecte la discipline de vote du groupe UNR-UDT à l’Assemblée nationale en autorisant la ratification du traité de l’Elysée, qui consacre la réconciliation franco-allemande (13 juin 1963). Il consent à l’encadrement du droit de grève dans les services publics (26 juillet 1963) comme à la réforme du mode d’élection des conseillers municipaux (17 juin 1964) ou à la transformation du service militaire en service national (26 mai 1965).
L’énergie déployée par Jean-Louis Gasparini en faveur de l’industrie et des mines de fer de Lorraine ne suffit pas à compenser le rejet du pouvoir gaulliste par de nombreux électeurs mosellans confrontés au drame de la désindustrialisation. Le député sortant, qui se présente sous l’étiquette de l’UD-Vème République dans la troisième circonscription de Moselle en mars 1967, subit un premier désaveu au premier tour. C’est en effet le communiste César Depietri qui remporte le plus de suffrages le 5 mars 1967. Fort du soutien de 36,1% des électeurs, il aborde le scrutin décisif en position favorable et bénéficie du retrait du maire PSU de Nilvange, Victor Madelaine (19,9%). Jean-Louis Gasparini ne recueille que 33,3% des voix. Il ne l’emporte sur son principal adversaire que dans le canton de Hayange (35,6% des suffrages exprimés). Le 12 mars 1967, César Depietri ravit le siège de député de la 3ème circonscription de la Moselle à Jean-Louis Gasparini avec l’assentiment de 56,2% des électeurs. Une partie des voix centristes ou modérées du premier tour (10,7%) a même fait défaut à l’ancien Français libre.
Jean-Louis Gasparini semble abandonner définitivement la vie publique au lendemain de cet échec. En juin 1968, c’est le maire de Florange Léon Arnould qui reprend la troisième circonscription de Moselle au communiste César Depietri, au nom des Républicains indépendants et avec le soutien de l’UDR.
C’est dans son département de naissance, en Savoie, loin de cette Moselle qu’il avait représentée au Palais-Bourbon entre 1962 et 1967, que Jean-Louis Gasparini s’éteint peu après son 69ème anniversaire.