Georges Gorse
1915 - 2002
Né le 15 février 1915 à Cahors (Lot)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Vendée)
Député de la Vendée de 1946 à 1951
Sous-secrétaire d'Etat aux affaires musulmanes du 20 décembre 1946 au 22 janvier 1947
Sous-secrétaire d'Etat à la France d'outre-mer du 28 octobre 1949 au 7 février 1950
De son agrégation de lettres et de son passage à la rue d'Ulm, Georges Gorse a conservé une culture toujours en éveil, toujours rajeunie par une curiosité intellectuelle aiguë. Il a aussi gardé de solides références littéraires et historiques dont il émaille ses propos privés - réservant aux discours publics la sobriété de la raison. Né le 15 février 1915 à Cahors (Lot) dans un milieu plutôt modeste - orphelin de père et de mère à 5 ans, il est élevé par ses grands-parents maternels à Nantes et en Vendée -, rien ne semblait le prédisposer à cette passion pour l'histoire et l'archéologie du monde arabe dont il allait devenir un grand connaisseur, ni pour ce goût très vif pour la carrière diplomatique et politique.
Elève brillant, il monte à Paris pour ses études préparatoires, hypokhâgne et khâgne, au lycée Louis le grand Il intègre l'Ecole normale supérieure en 1936 ; après l'agrégation, il choisit de partir en Egypte : il est professeur au lycée français, puis maître de conférence à l'université du Caire en 1939-1940. C'est à ce moment que les choix décisifs sont faits. Il se rallie à de Gaulle dès juin 1940 et dirige les services d'information de la délégation de la France Libre au Proche-Orient. Il épouse en 1942 la journaliste et future romancière Nadine Gelat, dont il aura trois enfants. En janvier 1943, il troque son service actif et voyageur dans la région pour une mission diplomatique de la France Combattante en URSS ; et dès le mois de décembre 1943, peu après l'accord Giraud-de Gaulle, il est chargé de mission au cabinet du président du gouvernement provisoire. Le général de Gaulle, qui apprécie ses services, confirme le choix du Conseil de l'ordre de la Libération qui le nomme à l'Assemblée consultative provisoire dans le groupe de la France combattante - qui comprenait six membres en 1944. Albert Camus, dans un éditorial de Combat, salue son action, notamment en ces termes : « Quant à l'esprit et la volonté, il faut être reconnaissant à M. Gorse d'avoir prononcé au milieu du plus vieux des décors les jeunes mots d'aventure et d'héroïsme ». En août, il remonte les Champs Elysées derrière le chef de la France Libre. Son action au cours de la guerre sera reconnue par la médaille de la Résistance.
A la Libération, Georges Gorse ne se résout pas à abandonner la vie d'action qu'il a menée au cours des années de guerre. Même si ses idées l'apparentaient plutôt à l'UDSR, il choisit de se présenter sur la liste SFIO de Vendée : les dirigeants de la fédération socialiste du département l'ont placé en tête de liste en raison de sa profonde culture et de son passé de résistant. En contrepartie, Georges Gorse, qui s'est révélé être un orateur de talent, a réussi à renforcer la position du Parti socialiste dans le département - même si beaucoup lui reprochent de rester trop attaché à de Gaulle Ses dons lui ont permis de s'imposer dans un département où il était peu connu, ayant tout au plus une attache familiale aux Sables d'Olonne ou réside sa grand-mère et où une rue porte le nom de son grand-père.
Pourtant, sa position électorale s'effrite rapidement : le 21 octobre 1945 (première Constituante), sa liste remporte 33 139 voix sur 198 130 suffrages exprimés, il est élu à la plus forte moyenne. Le 2 juin 1946, pour la seconde Constituante, il n'a plus que 31 001 suffrages sur 204 174 suffrages exprimés : il est élu de justesse devant la communiste Odette Roux, maire des Sables d'Olonne qui n'obtient que quelque 613 voix de moins que lui. On comprend que l'échéance suivante, marquée par un redoutable apparentement des partis de droite et du centre soit fatale à Georges Gorse. Le 17 juin 1951, avec 19,9% des 195 103 suffrages exprimés, il n'est pas réélu. Trois jours avant le scrutin, il s'était élevé contre « l'attitude du MRP qui s'est apparenté en Vendée avec le PRL et le RPF pour faire échec à son élection sur instigation directe du clergé ». Enfin, le 2 janvier 1956, pour la troisième législature, tous les sièges sont de nouveau remportés par la droite malgré le score très honorable de 38 685 voix sur 210 841 suffrages exprimés (17 %).
Georges Gorse est donc député de 1945 à 1951, mais ce ne sera pourtant pas à l'Assemblée nationale qu'il consacrera l'essentiel de son temps. En effet, il trouve à réconcilier son goût pour l'action et sa passion de la civilisation arabe dans sa fonction de sous-secrétaire d'Etat aux affaires musulmanes, dans le gouvernement Blum (20 décembre 1946-22 janvier 1947). De même, le 28 octobre 1949, il est sous-secrétaire d'Etat à la France d'outre-mer du cabinet Bidault, jusqu'au 7 février 1950. Enfin, toujours au cours de cette législature, il est nommé délégué-adjoint de la France à l'ONU, en 1950.
A l'Assemblée, Georges Gorse va exercer ses talents dans son domaine de prédilection : les affaires étrangères. Il est membre de la Commission des affaires étrangères pendant tous ses mandats, y ajoutant une participation aux Commissions de la justice et de la législation générale (première Constituante), de la presse, et des territoires d'outre-mer (première législature). Il est aussi désigné comme juré à la Haute cour de justice en 1948.
Au cours des deux Assemblées nationales constituantes, il dépose quatre rapports pour la Commission des affaires étrangères notamment un rapport du 30 juillet 1946 - pour permettre l'aide américaine à la France : ce sont les fameux accords Blum-Bymes. De novembre 1946 à 1951, il dépose un rapport important, toujours au nom de sa Commission, pour faire approuver les traités de paix de Paris du 10 février 1947 avec l'Italie.
Il soutient les deux projets de Constitution présentés aux suffrages des députés le 19 avril puis le 26 septembre 1946. Il vote bien sûr pour la confiance à Léon Blum (17 décembre 1946) et à Paul Ramadier (4 mai 1947), le jour où celui-ci se sépare de ses ministres communistes. Le 27 août 1947, il se prononce en faveur du statut de l'Algérie et soutient aussi la ratification du Plan Marshall (7 juillet 1948), celle des statuts du Conseil de l'Europe (9 juillet 1949) et celle du Pacte atlantique (26 juillet 1949). Socialiste, il vote pour la loi électorale instituant le système des apparentements (7 mai 1951) qui lui sera pourtant fatal.
Malgré ses échecs de 1951 et 1956, Georges Gorse ne reste pas inactif. Ainsi le 12 juillet 1952, il est élu par l'Assemblée nationale conseiller de l'Union française ; il est de ceux qui mènent l'opposition au projet de CED opposition qui sera relayée par les groupes de l'Assemblée nationale. En 1956, il précède, organise puis accompagne la visite au Caire de M. Pineau, ministre des affaires étrangères ; rencontre le colonel Nasser, et prépare aussi les premiers contacts entre les représentants du FLN algérien et ceux du gouvernement Guy Mollet. Surtout, le 23 janvier 1957, Guy Mollet, alors président du Conseil, le nomme ambassadeur envoyé exceptionnel de France en Tunisie, où Habib Bourguiba l'accueille avec ferveur. Il est toutefois rappelé à Paris après l'attaque de Sakhiet Sidi Youssef (8 janvier 1958) mais le général de Gaulle - fait peu fréquent dans le monde diplomatique - le reconduit à ce poste le 23 juin 1958.
Sous la Ve République, aux élections de mars 1967, Georges Gorse est élu député de la 9e circonscription des Hauts-de-Seine (Boulogne-Billancourt). Il conserve ce mandat lors des renouvellements de 1968, 1973, 1978, 1981, 1986, 1988 et 1993. Il exerce par ailleurs des fonctions ministérielles.