Alphonse Jenn
1916 - 1996
JENN Alphonse
Né le 12 mars 1916 à Bourbach-le-Bas (District de Haute-Alsace, Empire allemand)
Décédé le 17 mai 1996 à Ferrette (Haut-Rhin)
Député du Haut-Rhin de 1967 à 1973.
Alphonse Jenn naît le 12 mars 1916 à Bourbach-le-Bas, petite commune située dans la campagne de Mulhouse. Après avoir obtenu son certificat d’études primaires, il interrompt son parcours scolaire : celui qui se définit lui-même comme un « fils du peuple » entre alors comme clerc dans une étude notariale, profession qu’il exerce durant une trentaine d’années. Par ailleurs, il participe aux campagnes militaires de 1939-1940 et de 1944-1945. En 1944, à 22 ans, il est fait partie des « malgré-nous » incorporés de force dans l’armée allemande.
Maire et conseiller général de Ferrette, petite commune du Jura alsacien, de 1959 à 1982, son engagement politique au niveau local coïncide avec la mise en place de la Ve République et le retour du général de Gaulle au pouvoir.
En 1967, il se présente dans la troisième circonscription du Haut-Rhin, qui inclut son bastion de Ferrette : le député sortant, le gaulliste Joseph Perrin, élu en 1958 et 1962, n’a pas souhaité renouveler sont mandat. Défendant le bilan de la Ve République, qu’il juge « positif » et « éloquent », Alphonse Jenn dénonce une opposition divisée, sauf dans la « haine contre de Gaulle », et promettant une politique « d’aventure ». Se présentant lui-même comme un « gaulliste de toujours », il enjoint les électeurs à la fidélité.
Le nouveau candidat de l’Union pour la Défense de la Ve République affronte au premier tour le communiste Albert Lantz, le socialiste Antoine Koch (FGDS), et le centriste Louis Uhlrich (Centre Démocratique). Alphonse Jenn manque de peu la majorité absolue : il obtient 48,5% des voix, à moins de 500 voix d’une qualification directe, contre 38,5% au candidat centriste, 7,7% au communiste et 5,2% au socialiste. Au second tour, le candidat gaulliste parvient à l’emporter contre Louis Uhlrich, seul adversaire resté en lice, en réunissant sous son nom 57,7% des suffrages.
A son arrivée au Palais-Bourbon, le nouveau député s’inscrit au groupe d’Union démocratique pour la Ve République et est nommé membre de la commission de la production et des échanges (6 avril 1967, à nouveau en 1968). Durant cette législature écourtée, le député du Haut-Rhin n’intervient qu’à une seule occasion en séance publique : lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1968, il évoque le projet de construction d’un canal entre Mulhouse et Altkirch, inscrit dans le Ve plan mais dont la réalisation n’est pas encore entamée. Il demande alors à l’Etat d’entamer des démarches concrètes, notamment de rachat des parcelles, car ses administrés sont dans l’incertitude. Il en profite également pour évoquer plus généralement la situation des transports dans la région (9 novembre 1967).
Lors des grands scrutins de son premier mandat, Alphonse Jenn marque sa fidélité au gaullisme, en refusant notamment de s’associer aux deux motions de censure déposées le 20 mai et le 9 juin 1967.
La dissolution de l’Assemblée nationale décidée par le général de Gaulle amène Alphonse Jenn à se présenter à nouveau devant ses administrés le 23 juin 1968. Sa circulaire le montre virulent contre « les agitateurs du dedans et du dehors, brandissant des drapeaux rouges ou noirs de la révolution et de l’anarchie », qui veulent « imposer une "démocratie populaire" comme à Moscou, Prague, Pékin ou Cuba. » Selon le député sortant, dans un tel contexte, l’abstention est criminelle car il en va de « la sauvegarde de notre civilisation occidentale ». Ce discours est largement entendu puisque Alphonse Jenn est largement réélu dès le premier tour, recueillant 60,3% des voix contre 26,1% à Louis Uhlrich (Centre démocrate), 5,6% à Albert Lantz du Parti communiste, 5,4% à Bernard Besançon du PSU et 2,3% à Antoine Koch de la FGDS.
De retour dans l’hémicycle, le député du Haut-Rhin s’inscrit au groupe d’Union des démocrates pour la République, et retrouve les bancs de la commission de la production et des échanges, à laquelle il siège durant tout son mandat. Au nom de cette commission, il dépose deux rapports, portant sur deux projets de loi relatifs à l’amélioration des essences forestières (22 avril 1971). Il prend la parole à huit reprises, intervenenant en plusieurs occasions sur des sujets touchant directement sa circonscription : lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1969, il évoque le problème de l’assurance accidents agricole et le cas du Haut-Rhin (16 novembre 1968) ; il intervient le 14 octobre 1969 pour défendre un projet de loi modernisant le système de réparation des dégâts causés aux cultures par les sanglires dans les départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de Moselle (modifiant une législation d’Empire datant de 1881). De même, le 29 juin 1972, lors du projet de loi sur la commercialisation des vins AOC, il évoque le problème de protection des frontières.
A l’occasion des grands scrutins de la quatrième législature, le député du Haut-Rhin marque son soutien sans faille à la famille gaulliste : il vote en faveur de la loi d’orientation de l’enseignement supérieur le 10 octobre 1968, de la loi relative à l’exercice du droit syndical dans les entreprises en décembre 1968, du renforcement de la garantie des droits individuels des citoyens le 28 mai 1970, de la loi Pleven dite « anticasseurs » le 4 juin 1970, de la réduction du service national à douze mois en juin 1970, de la politique générale du gouvernement Chaban-Delmas le 15 octobre 1970, de la création des régions en avril 1972 et à nouveau de la politique générale du gouvernement le 24 mai 1972.
En 1973, Alphonse Jenn ne se représente pas aux élections législatives, laissant la place au maire RPR d’Illfurth Pierre Weisenhorn. Sa carrière de député s’achève, mais il conserve ses mandats locaux pendant une dizaine d’années.
Il meurt à Ferrette, le 17 mai 1996, à l’âge de 90 ans. Il était chevalier du mérite agricole, officier des Palmes académiques, membre de l’Ordre national du Mérite et Croix de guerre.