Jean, Emile Lainé
1901 - 1980
Né le 22 décembre 1901 à Pont-Audemer (Eure)
Décédé le 9 novembre 1980 à Valletot (Eure)
Député de l'Eure de 1956 à 1958
Issu d'un milieu rural modeste, Jean Lainé a obtenu un brevet secondaire puis a effectué, en 1923, son service militaire, pour une part dans les troupes d'occupation de la Ruhr. Exploitant agricole à Valletot, dans le département de l'Eure, il anime avant guerre diverses coopératives, mutuelles et syndicats agricoles. Il est président de la Fédération départementale des exploitants agricoles de 1951 à 1956, puis président d'honneur. Conseiller municipal depuis 1927, il est élu maire de Valletot en 1950.
En vue des élections de 1956, ce notable rural, président de nombreuses organisations agricoles et titulaire de plusieurs décorations, prend la tête d'une liste de Concentration républicaine présentée par le Centre national des Indépendants et paysans, succédant à Bernard Pluchet qui ne se représente pas. Dans un département dominé par la personnalité de Pierre Mendès France, Jean Lainé mène une campagne très hostile au Front républicain. Sa liste obtient 23 952 voix, soit 14,9 % des suffrages exprimés. Il obtient personnellement 27 068 voix, preuve de son ancrage départemental, et est proclamé élu, deux autres sièges revenant au parti radical, le dernier siège allant au parti communiste. Il est désigné vice-président du groupe paysan à l'Assemblée. Mais ce groupe, dirigé par Paul Antier, ne comptant que treize membres, s'apparente un an plus tard à celui des Indépendants paysans.
Membre des commissions du travail et de la sécurité sociale, des immunités parlementaires et de la Commission des boissons, Jean Lainé dépose d'emblée un grand nombre de propositions de loi ou de résolution et intervient assez fréquemment à la tribune. L'ensemble de ses interventions est centré sur l'agriculture, particulièrement sur les productions de son département (blé, betterave, lait...). Sa sollicitude s'étend également aux soldats servant en Algérie, ainsi qu'à leurs familles.
Situé à la droite de l'hémicycle, Jean Lainé nourrit à l'égard des gouvernements de Front républicain des sentiments mitigés. Il refuse l'investiture à Guy Mollet le 31 janvier 1956 mais vote les pouvoirs spéciaux le 12 mars et approuve la politique algérienne du gouvernement le 25 octobre. Il vote la chute de Guy Mollet, s'abstient lors de l'investiture de Maurice Bourgès-Maunoury, mais vote celle de Félix Gaillard qui réintroduit des Indépendants dans son gouvernement. Apparemment peu conscient de la gravité des événements politiques, il dépose le 13 mai 1958 une proposition de loi relative à... la réparation des dégâts causés par les cerfs et les sangliers, mais n'en vote pas moins l'investiture à Pierre Pflimlin. Les 1er et 2 juin, il vote l'investiture du gouvernement de Gaulle, les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle.
Jean Lainé a poursuivi une longue carrière parlementaire sous la Ve République. Il est aisément élu dans la 2e circonscription de l'Eure (Bernay) le 30 novembre 1958, tandis que son second de liste de 1956, Rémy Montagne, l'a emporté dès le premier tour sur Pierre Mendès France dans la circonscription de Louviers. Il sera réélu en 1962, 1967 et 1968, et ne sera pas candidat en 1973.
Jean Lainé est décédé le 9 novembre 1980.
LAINÉ (Jean, Baptiste, Emile, Alphonse)
Né le 22 décembre 1901 à Pont-Audemer (Eure)
Décédé le 9 novembre 1980 à Valletot (Eure)
Député de l’Eure de 1958 à 1973
Député de l’Eure depuis 1956, Jean Lainé avait voté l’investiture et les pleins pouvoirs au général de Gaulle lors des séances des 1er et 2 juin 1958. Bien ancré localement et professionnellement dans le département, il se présente aux élections de novembre 1958 comme député sortant au nom de l’Unité française pour la sauvegarde du « oui » dans la 2ème circonscription de l’Eure, mais ne mentionne pas une seule fois le nom du général de Gaulle dans la 1ère circulaire de son programme d’action ; il arrive pourtant en tête au premier tour avec 14 647 voix contre 8 825 à son adversaire, l’avocat radical Pierre Desprez (Rénovation nationale républicaine, en tête aux élections de 1956). Pour l’emporter au second tour, avec le soutien du MRP, de l’UNR et du Centre républicain, il tient à rappeler la caution de l’UNR et son engagement en faveur du général de Gaulle. Il parvient à mobiliser l’électorat du centre jusqu’à la droite gaulliste et à préserver un écart de 6 000 voix sur Pierre Desprez. Cette avance sur le même adversaire s’amenuise en 1962 (13 933 voix contre 10 571 au second tour), puis Lainé retrouve en 1967 son score de 1958 face à Georges Beuvain, candidat de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) ; il en triomphe dès le premier tour dans le contexte particulier des élections de juin 1968, avec un total de 21 855 voix (majorité absolue fixée à 18 720 voix dans cette circonscription).
Jean Lainé traverse quatre législatures comme membre de la Commission de la production et des échanges (du 17 janvier 1959 au 4 avril 1972). Si, lors de la première législature, il intègre, d’avril à mai et à partir d’octobre 1960, la Commission chargée d’examiner la proposition de résolution permettant de requérir la suspension de la détention d’un membre de l’Assemblée, et, en juin 1961, la Commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi de finances rectificatives pour 1961, il abandonne ces responsabilités lors des législatures ultérieures.
Exploitant agricole depuis 1924, Jean Lainé a exercé de multiples responsabilités dans les domaines de la coopérative (blé, lait) et du crédit agricoles, ainsi qu’au sein de la Fédération départementale des exploitants agricoles. Apparenté au groupe des Républicains indépendants (issus du Centre national des indépendants et paysans), son activité parlementaire est presque exclusivement tournée vers la défense des intérêts agricoles à un moment important (remembrement, fin des paysans) dans l’histoire des campagnes françaises. Il dépose diverses propositions de loi touchant le monde rural, ainsi sur la saisine par les fédérations départementales de chasseurs puis de pêcheurs pour des questions d’infraction en matière de chasse (25 avril 1961) et de pêche (13 juillet 1961), propositions qu’il réitère lors des deuxième et troisième législatures (juin 1963 et 1967). Il intervient lors des discussions générales relatives à l’agriculture (3 mai 1960), à l’investissement et aux prix agricoles (7 décembre 1961), aux disparités de revenu cadastral entre les départements (28 octobre 1965). Jean Lainé propose une réglementation sur les opérations de remembrement à l’intérieur d’un périmètre de 200 mètres autour des agglomérations rurales (novembre 1966 et juin 1967). Il se fait particulièrement entendre lorsque le débat porte sur des questions touchant aux spécialités de sa région d’origine, ainsi la défense de la production laitière (7 juillet 1961) ou le financement de l’assainissement de l’industrie cidricole (22 juillet 1961). Jean Lainé demande également au ministre des finances des mesures fiscales favorables aux aviculteurs et agriculteurs des régions d’élevage (9 juin 1965) et défend, à l’occasion d’une question orale, le principe de parité entre prix industriels et agricoles (18 octobre 1967), puis prend part à la discussion de la deuxième partie du projet de loi de finances pour 1971, pour s’inquiéter du pouvoir d’achat des agriculteurs et de la mévente du matériel agricole (7 novembre 1970).
Au cours de la 1ère législature (9 décembre 1958 – 4 octobre 1962), Jean Lainé a voté en faveur de la déclaration de politique générale du gouvernement Debré (16 janvier et 15 octobre 1959), du projet de loi concernant l’enseignement privé (23 décembre 1959) ; il a émis un vote favorable lors du scrutin du 3 juin 1959 sur le règlement de l’Assemblée nationale, puis sur les pouvoirs spéciaux attribués au gouvernement (scrutin du 2 février 1960). En revanche, il a voté contre la modification de la Constitution (scrutin du 11 mai 1960) et, à l’instar des indépendants profondément divisés sur ces questions, il s’est abstenu lors du scrutin portant sur la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault (5 juillet 1962), puis sur le programme de gouvernement de Georges Pompidou (27 avril 1962) dont il vote même la censure le 4 octobre 1962, contribuant à sa chute. Cette prise de position lui vaut de se voir opposer un candidat gaulliste aux législatives ultérieures.
Lors de la seconde législature, Jean Lainé vote pour la ratification du traité du 11 janvier 1963 entre la République française et la RFA sur la coopération franco-allemande (13 juin 1963) et se montre favorable au projet de loi relatif à certaines modalités de la grève dans les services publics (26 juillet 1963), de même qu’au projet de loi constitutionnelle portant modification des dispositions de l’article 28 de la Constitution (20 décembre 1963). Il s’oppose au projet de loi relatif à l’élection des conseillers municipaux (17 juin 1964), et s’abstient sur le projet de loi relatif au recrutement en vue de l’accomplissement du service national (25-26 mai 1965). La troisième législature le voit voter contre les motions de censure déposées au cours de la discussion du projet de loi autorisant le gouvernement à prendre des mesures d’ordre économique et social (les 20 mai et 9 juin 1967). Enfin, au cours de sa dernière législature, il se prononce en faveur du projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur (10 octobre 1968), du projet de loi tendant à renforcer la garantie des droits individuels des citoyens (28 mai 1970), du projet de loi tendant à réprimer certaines formes nouvelles de délinquance (4 juin 1970), du projet de loi relatif au service national (10 juin 1970) et du projet de loi organique modifiant l’ordonnance du 24 octobre 1958 relative aux incompatibilités parlementaires (25 novembre 1971). Jean Lainé approuve également les déclarations de politique générale du gouvernement des 15 octobre 1970 et 24 mai 1972.
En revanche, il ne prend pas part au vote sur le projet de loi relatif à l’exercice du droit syndical dans les entreprises (4 décembre 1968) et vote contre le projet de loi portant création et organisation des régions (27 avril 1972).
Jean Lainé, dont l’activité parlementaire a notablement diminué au cours de la quatrième législature, ne se représente pas aux élections de 1973 ; c’est le candidat de la gauche (non communiste) unie qui prend la circonscription dans une triangulaire dont la tendance des républicains indépendants est désormais exclue.
Jean Lainé était officier de la Légion d’honneur (1974), et chevalier du mérite agricole.