Hervé, Marie Mao

1913 - 1987

Informations générales
  • Né le 14 juin 1913 à Edern (Finistère - France)
  • Décédé le 15 avril 1987 à Brest (Finistère - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Finistère
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 14 juin 1913 à Edern (Finistère)
Décédé le 15 avril 1987 à Brest (Finistère).

Député du Finistère de 1956 à 1958.

Fils de cultivateurs-exploitants, orphelin de guerre, Hervé Mao est adopté par la nation suivant le jugement du tribunal civil de Châteaulin daté du 17 juin 1919. Il suit les cours de l'école primaire supérieure et commence à travailler aux PTT à dix huit ans, en 1931. Reçu au concours des PTT, il est nommé commis à Paris. En 1934, il part au service militaire mais est réformé au bout de quelques mois pour affection pulmonaire. Nommé à Brest en 1937, il se marie le 9 juillet de la même année, avec Anne Guidal, à Châteaulin. Deux ans plus tard, Hervé Mao accède au grade de contrôleur des PTT dans cette ville. Nommé inspecteur-adjoint des postes après à la Libération, il termine sa carrière comme inspecteur principal des PTT.

Hervé Mao, militant très actif de la CGT et de la SFIO, à laquelle il a adhéré en 1932, participe dès l'avant-guerre à des réunions politiques où il prend parfois la parole. Sa participation active à la résistance l'oriente vers un militantisme plus actif encore.

Non mobilisé en septembre 1939, Hervé Mao s'embarque avec des collègues le 18 juin 1940 sur Le Guilvinec pour rejoindre l'Angleterre. Le bateau est détourné sur le Maroc et il séjourne deux mois à Casablanca et à Rabat. Rapatrié en France, le bouillant postier est mis à pied puis réintégré dans les PTT par le gouvernement de Vichy. Il s'engage alors dans une résistance multiforme, politique, administrative et militaire. En mars 1942, Mao rejoint le mouvement Libération-Nord dont Tanguy-Prigent est le principal dirigeant pour le Finistère. De 1943 à mai 1944, il est agent du réseau F2, chargé notamment d'organiser l'interception des lettres de dénonciation dans les principaux bureaux de poste de Brest, Landerneau et Châteaulin. Il organise aussi des parachutages d'armes dans la région de Châteaulin comme responsable de l'armée secrète et met sur pied, à partir du 1er mai 1944, la compagnie FFI « De Gaulle » qu'il commande avec le grade de lieutenant. Cette compagnie, intégré au bataillon Stalingrad, participe en août 1944 aux combats pour la libération de la presqu'île de Crozon. Déjà décoré de la Croix de guerre 1939-1945, Hervé Mao obtient, le 21 janvier 1953, la carte de combattant volontaire de la résistance (CVR).

Hervé Mao désigné maire provisoire SFIO de Châteaulin en 1944, se voit reconduit régulièrement dans cette fonction par les électeurs. Elu la première fois aux municipales d'avril-mai 1945, il administre la ville jusqu'en 1971, puis siège comme simple conseiller municipal jusqu'en 1977. En juillet 1945, il reçoit le général de Gaulle à la mairie de la cité.

Hervé Mao tente en vain à de multiples reprises de conforter sa position locale en gagnant un siège de conseiller général. Il se présente à Châteaulin aux cantonales de septembre 1945, avril 1958 et 1964, et sans plus de succès au Faou en 1951 et à Pleyben en 1961. Dans le grand Ouest où l'affrontement entre les Bleus et les Blancs est de règle, Hervé Mao milite activement dans les rangs laïques. Président de la délégation cantonale de Châteaulin, il est vice-président de l'Amicale laïque châteaulinoise.

Le maire de Châteaulin, ville moyenne, figure tout d'abord en situation subalterne sur les listes SFIO aux premières élections nationale d'après-guerre. En octobre 1945, pour l'élection à la première Constituante, il occupe la cinquième position (9 sièges) sur la liste conduite par François Tanguy Prigent, ministre du général de Gaulle depuis 1944, et Jean-Louis Rolland, tous deux élus du Front populaire qui avaient refusé les pleins pouvoirs au gouvernement du maréchal Pétain en juillet 1940. Ils sont les seuls députés socialistes du département à l'issue du scrutin. Pour les deux élections suivantes, à la deuxième Constituante et à la première législature de la IVe République, Hervé Mao rétrograde à la septième place de la liste socialiste, une femme et un enseignant ayant été introduits parmi les candidats. En 1951, il accède enfin à la troisième place, derrière Tanguy-Prigent et Eugène Reeb qui représente le sud du département, où la SFIO est bien implantée. Mais les socialistes n'ont toujours que deux élus à l'Assemblée et Hervé Mao patiente toujours aux portes du Palais Bourbon.

L'élection législative partielle de mars 1955 consécutive à la mort de Joseph Halleguen, député gaulliste, offre à Hervé Mao la chance d'approcher sinon d'atteindre son but. Conformément à la loi électorale du 9 mai 1951, l'élection doit se faire, dans ce cas, au scrutin uninominal, majoritaire à deux tours. Hervé Mao obtint 47 125 suffrages, derrière Jean Crouan, du Centre national des Indépendants, ancien candidat du RPF, et le candidat du MRP Louis Orvoën, mais il devance le candidat communiste Pierre Mazé de 1 500 voix. Mais celui-ci se maintient au deuxième tour, alors que Louis Orvoën se désiste en faveur de Jean Crouan. Avec 52 561 suffrages, soit 20,7 % des votants, Hervé Mao n'arrive qu'en deuxième position derrière Jean Crouan, élu avec près de 55 % des suffrages. Echec encourageant qui l'incite à préparer activement les élections législatives prévues pour le printemps suivant.

La dissolution de l'Assemblée nationale par le gouvernement Edgar Faure précipite les échéances. Le maire de Châteaulin est placé en deuxième position (10 élus pour le Finistère) sur la liste socialiste, derrière Tanguy-Prigent mais devant l'autre député socialiste sortant Eugène Reeb. Ensemble, ils mènent une campagne active contre « le mauvais coup » de la majorité qui rétablit « le syndicat des sortants ». Ils visent par ce vocabulaire l'apparentement entre le RGR, le MRP et les indépendants et paysans qu'ils qualifient encore de « politiciens déshonorés » par la défaite en Indochine et leur politique en Afrique du Nord. Cette campagne, proche sur la forme de celle des poujadistes, porte ses fruits. La liste socialiste, une des neuf en course, obtient une moyenne de 66 137 suffrages sur 496 888 inscrits et 398 472 exprimés. Bénéficiant de nombreux votes préférentiels, Hervé Mao en recueille personnellement 67 600, loin devant Reeb qui en comptait 1 500 de moins, confirmant ainsi sa popularité grandissante dans les milieux socialistes. Tanguy-Prigent et Hervé Mao sont élus.

Son activité parlementaire, qui ne s'étend que sur deux années, est limitée. Il appartient à quatre commissions. Tout d'abord à celle de la marine marchande et des pêches, secteur intéressant beaucoup ses électeurs finistériens ; ensuite à celle de la famille, de la population et de la santé publique, dans laquelle il ne se fait guère remarquer. Il est plus actif à la Commission des finances, où il défend les intérêts de ses anciens collègues agents de la Poste, et surtout à la Commission de la défense nationale. Dans cette dernière, alors que son camarade Tanguy-Prigent est ministre des anciens combattants en 1956-1957, il dépose des propositions de loi visant à l'extension des droits de ces derniers et présente plusieurs rapports.

Hervé Mao, comme Tanguy Prigent, les 1er juin et 3 juin 1958, refuse d'accorder au général de Gaulle la confiance et les pleins pouvoirs mais il ne prend pas part au vote sur la révision constitutionnelle. Gaulliste - il le réaffirme en 1960 en recevant de nouveau l'ancien chef de la France Libre dans sa cité -, il n'accepte pas les conditions du retour au pouvoir du général de Gaulle et la participation de Guy Mollet au gouvernement. Avec Tanguy Prigent, et la majorité de leur fédération, il fait campagne pour le non au référendum à l'automne 1958, contre Hippolyte Masson, ancien secrétaire fédéral et sénateur du département.

En novembre 1958, Hervé Mao se représente aux élections législatives dans la 6e circonscription du Finistère, celle de Châteaulin-Carhaix. Il y affronte un autre sortant, Jean Crouan. Il obtient au premier tour 6 316 suffrages, devançant de peu le communiste Roger Thomas, qui se désiste pour Hervé Mao qui a nettement fait campagne pour le non. Avec 16 429 voix, Hervé Mao est nettement battu au second tour par Jean Crouan qui obtient 27 121 suffrages. La carrière parlementaire d'Hervé Mao est achevée mais il poursuit son action au plan départemental, au nom de la SFIO, puis de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), enfin du Parti socialiste.

Quand au début octobre 1959, Tanguy-Prigent décide de quitter la SFIO pour rejoindre le Parti socialiste autonome, Mao s'oppose lui. Avec Hippolyte Masson, il reste fidèle à la « vieille maison » et défend lors du congrès fédéral du 25 octobre 1959 une motion de synthèse qui l'emporte pour préserver l'unité du parti socialiste. Le maire de Châteaulin devint alors le secrétaire de la fédération SFIO du Finistère d'octobre 1959 à 1965. Il est à nouveau candidat dans son arrondissement lors des élections législatives de novembre 1962, où il arrive en quatrième position au soir du premier tour. Mao bénéficie du désistement de Louis Hémery, candidat du PCF, dans la quadrangulaire qui l'oppose à l'UNR Suzanne Ploux, au MRP Edouard Le Jeune et au candidat d'Action régionale, ex-radical, Jean Rohou. Suzanne Ploux l'emporte au second tour avec 33,3 % des suffrages exprimés. Mao arrive en troisième position avec 21,4 % des voix seulement.

Toujours socialiste SFIO, mais aussi président départemental de la FGDS, le maire de Châteaulin est de nouveau candidat en 1967 au nom de cette alliance. Cette fois, il est devancé au premier tour par le communiste Louis Hémery. Il recueille 7 085 voix, contre 8 729 à Hémery. Respectant l'accord conclu entre la FGDS et le PCF, Hervé Mao se désiste pour ce dernier qui est battu au second tour par Suzanne Ploux. Il ne présente pas en juin 1968 et connaît un dernier échec, lorsqu'il se présente, au nom du Parti socialiste en mars 1973.

Hervé Mao, titulaire de la Médaille du combattant volontaire de la Résistance et de la Croix de guerre 1939-1945, a été fait commandeur dans l'ordre des palmes académiques, officier d'Académie, médaillé de l'éducation physique. Il est également médaillé des hospitaliers sauveteurs.

Hervé Mao meurt le 15 avril 1987 à Brest.