Madeleine Marzin

1908 - 1998

Informations générales
  • Née le 21 juillet 1908 à Loudéac (Côtes-du-Nord - France)
  • Décédée le 27 mai 1998 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Seine
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Seine
Groupe
Communiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Née le 21 juillet 1908 à Loudéac (Côtes-du-Nord)
Décédée le 27 mai 1998 à Paris

Député de la Seine de 1951 à 1958

Madeleine Marzin voit le jour en Bretagne le 21 juillet 1908, dans un milieu modeste : sa mère, catholique pratiquante, est commerçante, et son père tâcheron, effectuant surtout des travaux de maçonnerie. Celui-ci, revenu tuberculeux de la guerre, meurt dès 1925, laissant derrière lui, outre sa fille, quatre garçons. L'année d'après, titulaire du brevet supérieur, Madeleine Marzin est reçue à l'Ecole normale de Saint-Brieuc dont elle sort trois ans plus tard.

Nommée institutrice en région parisienne, d'abord à Paris même, dans le XVIIIe arrondissement, puis au Plessis-Robinson, elle adhère au parti communiste ainsi qu'à l'association des « Bretons émancipés de Paris » fondée par Marcel Cachin. Militante syndicaliste, elle devient trésorière du syndicat unitaire de l'enseignement de la Seine en 1993 -1934. Professeur à l'université ouvrière, elle suit, en 1937, les enseignements de l'école centrale du parti communiste ; mais, malade, elle doit ensuite suspendre son activité politique pendant plusieurs années.

L'occupation lui fait reprendre du service : Madeleine Marzin s'engage très vite dans l'action du parti communiste clandestin. En novembre - décembre 1940, elle signe le Manifeste aux instituteurs et institutrices de France, et participe à la constitution du Front national universitaire avec Jean et Geneviève Roulon, Jeanne Ethève et André Voguet. Le 1er juin 1942, elle prend part à la manifestation organisée par le parti communiste rue de Buci, à Paris, contre l'occupant. Arrêtée, elle est condamnée par le tribunal spécial à la peine de mort dès le 23 juin, peine commuée le 22 juillet en prison à vie. Mais en août, lors de son transfert depuis la prison de Fresnes, gare Montparnasse, elle parvient à s'évader du train qui doit la conduire à la centrale de Rennes. Militante clandestine du mouvement féminin de Résistance du Front National, elle œuvre alors, pendant deux ans, dans les rangs de l'Union des femmes de France (UFF) puis regagne Paris aux premiers jours de l'insurrection. Pour sa conduite pendant l'Occupation, elle reçoit la rosette de la Résistance.

Avant même la Libération totale du territoire, Madeleine Marzin est nommée conseiller municipal de Paris et conseiller général de la Seine au titre du Comité parisien de Libération. Elle conservera ces fonctions par la voie des élections de 1945 à 1951, année où elle est élue député, puis de 1959 à 1971. Elue secrétaire du conseil municipal en 1946, elle s'intéresse particulièrement aux questions d'enfance, de colonie de vacance et de crèches municipales.

Madeleine Marzin se présente également aux suffrages de ses concitoyens lors des scrutins nationaux d'après-guerre, mais sa position sur la liste communiste de la troisième circonscription de la Seine - qui regroupe les arrondissements du Nord-Est de Paris - ne permet pas son élection. Elle est en effet sixième puis septième en 1945 et 1946, pour les Assemblées nationales constituantes, et la liste communiste n'obtient que quatre sièges lors de ces deux échéances. Aux élections de novembre 1946, pour la première législature, Madeleine Marzin est à nouveau septième sur une liste en progression, mais qui n'emporte que cinq sièges. Cette situation change en 1951 : cette fois, la liste communiste régresse, n'obtenant que quatre députés, mais Madeleine Marzin est précisément en quatrième position, et fait donc son entrée au Palais-Bourbon.

Son élection est validée le 6 juillet 1951, et elle est nommée membre de la Commission de l'éducation nationale et membre suppléant de la Commission des immunités parlementaires. De fait, c'est principalement dans le domaine de l'éducation que son activité de parlementaire va se déployer : l'institutrice qu'elle a été met toute son énergie au service de l'amélioration des conditions de travail et de formation des enseignants et des élèves ; elle s'occupe également, au Palais-Bourbon, d'affaires sociales.

Elle dépose ainsi pas moins de treize propositions de loi, trois propositions de résolution ainsi que sept rapports au nom de la Commission de l'éducation nationale, et intervient à de très nombreuses reprises à la tribune pour défendre ses innombrables amendements (pas moins de 150 amendements ou sous-amendements au cours de cette législature), notamment aux lois budgétaires, pour rétablir des crédits supprimés par la Commission des finances. Sa bonne connaissance des procédures parlementaires est attestée par l'usage fréquent et varié qu'elle en fait pour défendre ses points de vue sur tous les sujets intéressant l'éducation nationale, y compris les plus modestes ; elle se bat pied à pied, chaque année, pour obtenir des crédits pour les grands établissements scientifiques et l'enseignement public.

Parmi ses propositions de loi, plusieurs visent à accroître les ressources consacrées à l'enseignement : augmenter le nombre d'instituteurs dans le département de la Seine pour faire décroître les effectifs dans les classes (4 septembre 1951) ; augmenter le nombre d'instituteurs remplaçants ; lutter contre les « lois antilaïques » et augmenter les crédits affectés aux bourses nationales pour les élèves des établissements d'enseignement public, à l'occasion du 70e anniversaire de l'école laïque (10 juillet 1952) ; ou encore accorder une subvention de 100 francs par enfant et par jour de colonie de vacances, comme le propose Madame Vaillant-Couturier. Ses autres propositions ont un caractère social et local, qu'il s'agisse des loyers (protection des locataires par la limitation des majorations de loyer en 1951) ou des retraites (en faveur d'une péréquation intégrale et automatique des retraites servies par la RATP).

A la tribune, Madeleine Marzin croise souvent le fer avec le ministre de l'éducation nationale, et démontre une parfaite connaissance des dossiers et des situations particulières. Elle se fait souvent l'écho direct du syndicat national des instituteurs ; ainsi lorsqu'elle lutte, en juillet 1953, contre la réforme de l'enseignement secondaire, elle conteste point par point le projet de loi, puis expose les principes qui devraient guider une telle réforme : « Nous estimons qu'il convient de ne pas appliquer ce projet, et d'élaborer un projet d'ensemble qui sera soumis au Parlement. Ce projet devra tenir compte de l'accroissement de la natalité et du besoin croissant de culture résultant des conditions de la vie moderne. Il devra [...] abandonner le principe antidémocratique de sélection par l'argent qui marque déjà si fortement l'enseignement secondaire et supérieur et, hélas ! de plus en plus, l'enseignement technique, ce principe réactionnaire de sélection par l'argent que votre projet de réforme des études secondaires tend, lui, à renforcer. Il ne peut y avoir de réforme progressiste de l'enseignement sans crédits afférents et le projet que nous demandons doit comporter des crédits suffisants. »

Les votes de Madeleine Marzin sont strictement conformes à ceux de son groupe parlementaire. Elle s'oppose bien sûr avec une vigueur toute particulière, y compris à la tribune (pourfendant sans relâche la « majorité antilaïque de cette assemblée »), à la loi Barangé- Marie sur l'école libre, le 21 septembre 1951, et ne perd jamais une occasion pour tenter de rouvrir ce dossier. Elle s'oppose au projet de communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA, 13 décembre 1951). Elle refuse successivement de voter la confiance à Antoine Pinay, le 6 mars 1952, et à Joseph Laniel, le 26 juin 1953, de même qu'elle vote contre l'investiture de Pierre Mendès France, le 17 juin 1954, confirmant son vote de défiance le 4 février 1955, le jour où le président du Conseil doit abandonner son poste. En politique extérieure, elle se prononce pour la question préalable opposée par Edouard Herriot et le général Aumeran à la discussion de la ratification de la CED (Communauté Européenne de Défense) le 30 août 1954, vote équivalent au rejet du traité, et elle refuse la ratification, quelques mois plus tard, des accords de Londres et des accords de Paris qui mettent fin à l'occupation de l'Allemagne et permettent le réarmement de la RFA au sein de l'OTAN. Enfin, le 23 février 1955, elle vote contre la confiance à Edgar Faure, qui l'obtient néanmoins, mais qui échoue neuf mois plus tard, lorsque Madeleine Marzin et la majorité de ses pairs la lui refusent le 29 novembre 1955.

Aux élections du 2 janvier 1956, la liste communiste de la troisième circonscription de la Seine est identique à celle de 1951, avec Madeleine Marzin en quatrième position. Son score étant proche de celui atteint cinq ans plus tôt, cette liste obtient quatre mandats, de sorte que la député communiste retrouve son siège à la Chambre.

Elle retrouve également la Commission de l'éducation nationale, dont elle devient secrétaire en octobre 1957. Elle y ajoute des responsabilités de membre titulaire de la Commission des immunités parlementaires et de représentante de l'Assemblée nationale au sein du conseil d'administration du Bureau universitaire de statistique et de documentation scolaires et professionnelles.

Madeleine Marzin ne perd rien, pendant cette courte législature, de l'activisme dont elle a fait preuve de 1951 à 1956 pour le compte de son parti et de son domaine d'activité, l'éducation nationale ; mais elle consacre aussi une large part de son énergie à d'autres dossiers sociaux tels que la rémunération des fonctionnaires, le soutien aux économiquement faibles, les conditions de travail des transporteurs routiers, ou encore l'abrogation de la redevance de location et d'entretien des compteurs électriques instituée en 1957. Mais c'est bien l'éducation nationale qui reste l'objet de prédilection de son travail intensif : elle dépose notamment plusieurs propositions de loi visant à revaloriser le traitement des personnels du CNRS (1957 et 1958), à améliorer les conditions de travail et la rémunération des agents techniques des lycées et collèges (1957), ou encore à réduire les frais des élèves des écoles normales supérieures (13 mai 1958).

Elle intervient à plusieurs reprises, notamment pour dénoncer la discrimination politique et syndicale qui sévit, selon elle, au Commissariat à l'énergie atomique (28 novembre 1956). Le 6 juillet 1957, lisant, à titre d'exemple, une lettre de la section ardéchoise du Syndicat national des instituteurs exprimant la crainte d'une Europe défavorable aux intérêts de la classe ouvrière, elle met en garde ses pairs contre les effets à long terme des traités européens soumis à leur vote en vue de leur ratification. Estimant que la CEE et l'Euratom sont « une machine à guerre froide », elle déclare : « On ne voit pas comment les puissantes sociétés des houillères, de la métallurgie, de la mécanique, de l'électrochimie de l'Allemagne occidentale, qui, dans l'Europe des Six, tiendraient le haut du pavé, s'accommoderaient des structures actuelles de l'école et l'université françaises. On ne voit pas non plus comment les réactionnaires cléricaux de la démocratie chrétienne des six pays ne chercheraient pas à »aligner« - pour employer l'expression des traités - la Constitution qui fait de la France un Etat laïque, à »aligner« la législation scolaire française qui affirme le caractère laïque de l'école publique sur celle des autres Etats membres puisque des six partenaires, nous sommes le seul dont la Constitution et la législation scolaire aient ce caractère. »

Avec le groupe communiste, Madeleine Marzin accorde sa confiance à Guy Mollet le 31 janvier 1956, mais la refuse à Maurice Bourgès-Maunoury le 12 juin 1957. Elle vote bien sûr, nous l'avons vu, contre la ratification des traités instituant la communauté économique européenne et l'Euratom, le 9 juillet 1957, et n'accorde pas au gouvernement les pouvoirs spéciaux en Algérie (12 novembre 1957). Elle s'abstient volontairement lors du vote de confiance à Pierre Pflimlin le 13 mai 1958, soutient la révision de la constitution (27 mai), puis refuse la confiance au général de Gaulle le 1er juin. Le lendemain, elle refuse également de lui accorder les pleins pouvoirs et vote contre la révision constitutionnelle.

Madeleine Marzin retrouve, en 1959, son siège de conseillère municipale de Paris dans le 9e secteur. En 1965, elle est réélue dans le 14e secteur (le 20e arrondissement), et ne se représente pas en 1971. Célibataire, elle s'éteint le 27 mai 1998 dans le 10e arrondissement de Paris dont elle avait été l'élue.