Jean-Louis Massoubre
1938 - 2016
MASSOUBRE (Jean-Louis)
Né le 17 août 1938 à Perpignan (Pyrénées-Orientales)
Décédé le 15 février 2016 à Paris
Député de la Somme de 1967 à 1981
Ancien élève de l’École normale supérieure, licencié ès lettres et diplômé d’études supérieures de philosophie, Jean-Louis Massoubre entame à vingt-quatre ans une carrière dans l’administration d’État : il exerce comme chargé de mission d’abord au cabinet d’Edgard Pisani, ministre de l’Agriculture (1963-1966), puis de Charles de Chambrun, secrétaire d’État au Commerce extérieur (1966-1967). Il se marie en 1974 avec Ann Gould et sera père de trois enfants.
L’entrée en politique de Jean-Louis Massoubre se fait en 1967, sous la bannière du gaullisme social. Aux élections législatives de 1967, il est investi sous l’étiquette Ve République dans la deuxième circonscription de la Somme : il succède à Léon Heitz, député sortant, qui devient son suppléant. Affrontant cinq concurrents, le candidat gaulliste sort largement en tête du premier tour avec 11 786 voix et 41,2 % des suffrages exprimés, contre 26,5 % à son principal adversaire, le communiste Georges Pellerin. Le candidat de la Convention des institutions républicaines (CIR), Jean Millet, recueille 16,9 % des suffrages, mais se désiste au profit du candidat communiste. Finalement, le report des voix du second tour est favorable à Jean-Louis Massoubre, qui est élu avec 23 715 voix et 54,5 % des suffrages exprimés.
À 28 ans, Jean-Louis Massoubre est l’un des plus jeunes députés élus et, à ce titre, nommé secrétaire d’âge. Il s’inscrit au groupe de l’Union démocratique pour la Ve République et siège à la commission de la production et des échanges. Ses interventions en séance portent sur les questions d’éducation. Ainsi, il prend part, le 30 mai 1967, au débat qui suit la déclaration du gouvernement sur l’Éducation nationale, militant notamment pour le développement des liens entre école et industrie, et envisageant la création d’une grande école formant les étudiants à la direction d’entreprise. Il évoque, le 27 octobre 1967, lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1968, la situation de la Somme, plaidant pour un effort national en faveur des établissements d’enseignement. Il intervient aussi sur les crédits de l’agriculture, pour dénoncer l’insuffisance des crédits accordés à l’électrification rurale dans son département, le 8 novembre 1967.
Aux élections législatives anticipées de juin 1968, le député sortant – devenu en octobre 1967 conseiller général du canton de Montdidier – affronte, sous l’étiquette de l’Union pour la défense de la République (UDR), trois candidats de gauche : le communiste Georges Pellerin et les socialistes André Raoux (Parti socialiste unifié) et Jean Millet (Fédération de la gauche démocrate et socialiste). Dans le contexte de la vague gaulliste, Jean-Louis Massoubre est confortablement réélu dès le premier tour, avec 25 392 voix et 56,4 % des suffrages exprimés.
De retour au Palais-Bourbon, le jeune député retrouve le groupe gaulliste de l’Union des démocrates pour la République et sa fonction de secrétaire d’âge. Il est d’abord membre de la commission des affaires étrangères, puis, à partir du 18 novembre 1970, de celle des affaires familiales, culturelles et sociales. Il est en mai et juin 1971 rapporteur du projet de loi relatif aux relations entre les caisses primaires d’assurance maladie et les médecins. Par ailleurs, il est en novembre 1968 rapporteur pour avis du projet de loi autorisant l’approbation de l’arrangement international sur les céréales de 1967. Jean-Louis Massoubre intervient de nouveau, au cours de cette législature, sur les questions d’éducation et les questions agricoles, notamment pour défendre la Somme.
Le député poursuit son soutien à l’exécutif lors des scrutins qui suivent les déclarations de politique générale du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas, les 15 octobre 1970 et 24 mai 1972, ainsi qu’en votant les principaux projets de loi de la législature : le projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur en octobre 1968 (la loi « Edgar Faure » du 12 novembre 1970), le projet de loi relatif à l’exercice du droit syndical dans les entreprises en décembre 1968, le projet de loi sur le renforcement de la garantie des droits individuels des citoyens, sur la protection de la vie privée, en mai 1970, le projet de loi « Pleven » dit « anticasseurs » et celui sur l’abaissement du service national à douze mois, en juin 1970, ainsi que le projet de loi créant les régions, le 27 avril 1972.
Durant son deuxième mandat, le député de la Somme poursuit sa réflexion personnelle, publiant en 1972 un ouvrage, C’était, qui envisage la fin du marxisme, et accroît son ancrage local : il devient maire d’Arvillers en 1971, pour un mandat, et membre du conseil régional de Picardie en 1973.
Cette même année, lors des élections législatives dans la deuxième circonscription de la Somme, Jean-Louis Massoubre est le candidat de l’alliance des partis de droite (Union des républicains de progrès). En tête à l’issue du premier tour, avec 17 171 voix et 35,2 % des suffrages exprimés, il est talonné par le communiste Claude Lemoine (28,1 %) et le socialiste Jacques Fleury (19,4 %), tandis que le candidat du Mouvement réformateur, Jean-Pierre Prévost, est quatrième avec 13,3 % des suffrages. Après désistements, le duel du second tour entre le gaulliste et le communiste tourne à l’avantage du premier : le député sortant est réélu avec 25 951 voix et 53,3 % des suffrages exprimés.
Inscrit au groupe de l’Union des démocrates pour la République, Jean-Louis Massoubre retrouve – pour son troisième mandat – la commission de la production et des échanges. Il soutient l’exécutif notamment lors des scrutins d’importance nationale. Il se prononce en faveur des réformes constitutionnelles et institutionnelles portées par le président de la République Georges Pompidou (la réduction du mandat présidentiel à 5 ans, le 16 octobre 1973) puis par le président de la République Valéry Giscard d’Estaing (extension de la saisine du Conseil constitutionnel, le 10 octobre 1974 ; élection des membres de l'Assemblée des communautés européennes au suffrage universel, le 21 juin 1977). Par ailleurs, il soutient les déclarations de politique générale des Premiers ministres Pierre Messmer, le 12 avril 1973, et Jacques Chirac, le 6 juin 1974. Il soutient également la création du divorce par consentement mutuel, le 4 juin 1975. En revanche, il ne prend pas part, le 28 novembre 1974, au vote sur la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) qui aboutit à la loi « Veil » du 17 janvier 1975, ni lors du vote sur le programme du gouvernement, présenté par le Premier ministre, Raymond Barre, le 28 avril 1977.
Aux élections de 1978, Jean-Louis Massoubre sollicite un quatrième mandat. Candidat de l’Union de la majorité, il affronte huit concurrents au premier tour. Il recueille 16 185 voix et 27,8 % des suffrages exprimés, mais il est suivi de près (un peu plus de mille voix les séparent) par Claude Lemoine, communiste investi sous l’étiquette « Pour l’union et le changement », et par Jacques Fleury, candidat du Parti socialiste (PS), arrivé en troisième position. Le second tour est encore plus serré, puisque les deux candidats encore en lice sont séparés par moins de trois cent voix, à l’avantage du candidat gaulliste, qui l’emporte donc contre son adversaire communiste par une très courte majorité de 50,2 % des suffrages exprimés, avec 29 547 voix.
Jean-Louis Massoubre s’inscrit au groupe du Rassemblement pour la République (RPR) et siège de nouveau à la commission de la production et des échanges. Le 13 novembre 1978, lors de l’examen du projet de loi de finances, le député évoque la situation de l’enseignement professionnel et technique dans la Somme, appelant notamment l’État à honorer ses engagements financiers pour la construction de nouveaux lycées d’enseignement professionnel.
Lors de la législature, le député se prononce en faveur des grandes réformes menées par le gouvernement, ainsi l'augmentation de la quote-part de la France au FMI, le 18 avril 1978, l’aide aux travailleurs privés d’emploi, le 5 janvier 1959, la réforme de l’IVG, le 29 novembre 1979, l'aménagement de la fiscalité directe locale, le 18 décembre 1979, la définition et la répression du viol, le 11 avril 1980, la modification du code électoral en vue de favoriser la participation des femmes aux élections municipales, le 20 novembre 1980, et le projet de loi renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes (la loi « sécurité et liberté » dite « Peyrefitte » du 2 février 1981), le 18 décembre 1980.
À l’issue de ce mandat, Jean-Louis Massoubre décide de ne pas se représenter, mettant ainsi un terme à sa carrière politique ; il n’est plus conseiller général depuis 1979. Il poursuit son activité agricole. Sa conversion au bouddhisme le conduit à jouer un rôle de premier plan dans la diffusion et l’institutionnalisation de cette religion en France, reconnue en 1986.
Il meurt le 15 février 2016, à l’âge de 77 ans, des suites d’une longue maladie. Selon ses volontés, les cérémonies funéraires sont célébrées conformément aux rites bouddhiques à la grande pagode du Bois de Vincennes. Jean-Louis Massoubre était chevalier du Mérite agricole.