Alexis Méhaignerie
1899 - 1976
Né le 11 octobre 1899 à Balazé (Ille-et-Vilaine)
Décédé le 3 décembre 1976 à Strasbourg (Bas-Rhin).
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Ille-et-Vilaine)
Député d'Ille-et-Vilaine de 1946 à 1958
Fils d'un cultivateur qui a été durant quarante ans maire de sa commune natale, Balazé, et conseiller général durant quinze ans, Alexis Méhaignerie suit des études à l'école privée de Balazé puis à celle de Vitré et obtient son certificat d'études primaires. Appelé à l'âge de dix-huit ans et demi, en 1918, il est mobilisé trois années et participe à l'occupation de l'Allemagne.
Cultivateur d'une petite ferme de vingt hectares qu'il exploite durant quarante années, Alexis Méhaignerie se fait connaître comme responsable d'organisations professionnelles. Après avoir milité dans la Jeunesse agricole chrétienne, il occupe les fonctions de président de la Fédération des syndicats agricoles d'Ille-et-Vilaine et de vice-président de la Confédération générale de l'agriculture.
En 1945, Alexis Méhaignerie conquiert successivement les fauteuils de maire de Balazé, de conseiller général du canton Est de Vitré, qu'il détient respectivement jusqu'en 1976 et 1974, puis de député d'Ille-et-Vilaine. Pour les élections à la première Assemblée nationale constituante, ce responsable du monde agricole est placé en deuxième position sur la liste du MRP, conduite par Pierre-Henri Teitgen, ancien ministre de l'information puis de la justice et délégué à l'Assemblée consultative. Pierre-Henri Teitgen, intellectuel chrétien et résistant prestigieux n'est pas issu de la région. Alexis Méhaignerie est à ses côtés le « représentant unanimement respecté de la paysannerie du département » écrit l'ancien ministre dans ses mémoires Faites entrer le témoin suivant. Ils adjoignent à la liste un pharmacien, Georges Coudray, une syndicaliste, Renée Prévert et un patron boulanger, Pierre Busnel. Le MRP arrive largement en tête du scrutin, obtenant 117 490 suffrages sur 357 558 inscrits et 273 109 exprimés et obtient quatre élus alors qu'il en escomptait deux. Le député-maire de Balazé démissionne alors de ses mandats syndicaux mais est nommé président d'honneur de la Fédération d'exploitants agricoles d'Ille-et-Vilaine (FDSEA).
Après l'échec du premier référendum le 5 mai 1946, particulièrement massif dans l'Ille-et-Vilaine où le MRP a appelé à voter non avec le général de Gaulle, Alexis Méhaignerie se représente au côté de Pierre-Henri Teitgen, la liste étant reconduite sans changement. Elle progresse nettement, dépassant la barre des 50 % des voix, obtenant 146 100 suffrages sur 357 688 inscrits et 290 873 exprimés, et emporte cinq sièges, avec l'élection supplémentaire de Pierre Busnel.
Alexis Méhaignerie siège, sans surprise, dans la Commission du ravitaillement et dans celle de l'agriculture dans les deux Assemblées constituantes. Il ne fait aucune intervention publique, ni ne dépose de proposition de résolution ou de proposition de loi.
Aux élections pour la première assemblée de la IVe République, le 10 novembre 1946, la liste MRP fait presque un aussi bon score, avec 140 072 suffrages sur 359 850 inscrits et 288 229 exprimés. Elle a perdu six mille voix et repasse sous la barre des 50 % des exprimés, n'obtenant plus que quatre élus sur sept. Alexis Méhaignerie, toujours deuxième, est réélu sans difficulté. Nommé membre de la Commission de la production industrielle, le 17 décembre 1946, puis régulièrement renouvelé dans celle-ci, il entre dans la Commission de la santé publique le 26 janvier 1948 et dans la commission des pensions le 17 janvier de l'année suivante. Puis, il réintègre la Commission de l'agriculture le 23 janvier 1951. Il est par ailleurs nommé juré à la Haute Cour de justice le 26 janvier 1948. A partir du printemps 1948, il dépose plusieurs propositions de loi et surtout multiplie les interventions publiques, visant principalement le monde rural et l'agriculture. Il traite des questions comme le cumul et la protection des exploitations, les emprunts, les prix agricoles, la libération du prélèvement obligatoire, institué par René Mayer, l'électrification des campagnes, etc.
Pour les législatives du 17 juin 1951, le MRP, menacé par la poussée RPF, ne conclut aucun apparentement en Ille-et-Vilaine mais présente une liste d'union avec le PRL et les Républicains indépendants. Donnant la priorité à la poursuite de la reconstruction en poursuivant la politique d'expansion et de productivité en s'efforçant d'aller vers plus de justice sociale, la liste entend « défendre les libertés familiales, scolaires et professionnelles ». L'union repose aussi sur l'accord passé en vue d'assurer « l'existence des écoles libres et l'exercice pratique de la liberté d'enseignement », sans, précise leur profession de foi «jamais opposer l'enseignement privé à l'enseignement public, qui méritent, l'un et l'autre, la sollicitude nationale ». Cette union résiste mieux que le MRP au plan national, mais ne peut enrayer le déclin puisqu'elle obtient à peine mieux que de la moitié des suffrages des seuls républicains populaires en 1946. La liste sur laquelle Alexis Méhaignerie figure toujours en deuxième place obtient 73 053 voix en moyenne (76 222 pour A. Méhaignerie), soit 26 % des 280 274 exprimés et ne conserve que deux députés, Pierre-Henri Teitgen et Alexis Méhaignerie. Se consacrant surtout de nouveau à la commission de l'agriculture, où il est régulièrement nommé à partir du 6 juillet 1951, il renforce sa position dans le monde rural en se faisant désigner le 4 novembre 1952 à la commission des boissons. Le député MRP de l'Ille-et-Vilaine, département où la question scolaire est très présente, entre aussi à la commission de l'éducation nationale le 19 janvier 1954. La commission de l'agriculture le désigne pour représenter l'Assemblée nationale à la commission consultative des assurances sociales agricoles. Il prononce une série d'interventions sur ses champs de compétence traditionnels, le budget de l'agriculture, les prestations familiales agricoles, etc., mais ne fait pas de dépôts.
Après la dissolution de l'Assemblée nationale par Edgar Faure, le MRP d'Ille-et-Vilaine mène seul campagne contre la division de la France en deux camps et pour la défense de l'intérêt général en proposant une politique qui obéisse à des « règles morales et spirituelles ». La réforme de l'Etat, avec la question de la stabilité gouvernementale, est désormais placée au premier rang des réformes à accomplir, avant « la justice sociale dans l'expansion économique » et la sauvegarde de la paix. En dépit de la disparition du RPF, les candidats du MRP qui doivent affronter la concurrence des Indépendants et du mouvement poujadiste connaissent un nouveau recul, qui se traduit par la perte de 8 000 suffrages, en obtenant 65 598 en moyenne sur 373 322 inscrits et 300 260 exprimés. Ce recul est lié à la fois aux difficultés nationales du parti et à la multiplication de l'offre politique au plan local puisqu'il n'y a pas moins de huit listes, contre cinq aux scrutins précédents. Son élection étant validée le 20 janvier 1956, Alexis Méhaignerie est de nouveau désigné à la commission de l'agriculture et pour représenter l'Assemblée dans la Commission consultative des assurances sociales agricoles. Il y déploie désormais une activité régulière, notamment dans les débats budgétaires et d'interpellation, où il évoque aussi bien les prix agricoles que la question des permissions en cette période de guerre d'Algérie.
Dans les scrutins des 1er et 2 juin 1958, il apporte son concours au général de Gaulle.
Sa carrière parlementaire se poursuit sous la Ve République, de 1958 à 1968.
Père de huit enfants, Alexis Méhaignerie a vu son combat politique continué par ceux-ci. Son fils, Paul, est élu maire de Balazé après lui ; Pierre, élu député d'Ille-et-Vilaine à partir de 1973, lui succède au conseil général en mars 1976 ; dirigeant national du Centre des démocrates sociaux, il a été plusieurs fois ministre et a présidé le conseil général d'Ille-et-Vilaine.