Raymond, Joseph Mondon
1914 - 1970
Né le 8 mars 1914 à Ancy-sur-Moselle (District de Moselle, Empire allemand)
Décédé le 31 décembre 1970 à Metz (Moselle)
Député de la Moselle de 1946 à 1958
Secrétaire d'Etat à l'intérieur (chargé des affaires départementales et communales) du 20 janvier 1955 au 23 février 1955
Raymond Mondon est issu d'une famille de vignerons. Il fait ses études au collège Saint-Clément de Metz, puis à la faculté de droit de Nancy. A la veille de la guerre, pourvu de sa licence, il commence une carrière de magistrat. Mobilisé, il participe au conflit mondial. Il est blessé à la fin de la campagne de France. Résistant, il est arrêté en juin 1944. Deux fois pris par les Allemands, deux fois il s'est évadé. Ses actions durant le conflit mondial lui valent diverses décorations : médaille de la Résistance, croix de guerre 1939-1945, Légion d'honneur.
Raymond Mondon rentre à Metz dès la libération de la ville. Il est alors nommé directeur de cabinet du préfet de la Moselle. En 1945, il est élu conseiller municipal de Metz. Il se présente aux législatives de novembre 1946 sur la liste UDSR, dite d'union gaulliste, dirigée par le député sortant Alfred Krieger. La liste affronte une liste communiste, une liste SFIO, une liste MRP, une liste de droite conduite par d'anciens députés (Alex Wiltzer et Arthur Heid) et une liste dite d'union lorraine. Sous la houlette de Robert Schuman, le MRP, avec quatre élus, triomphe à nouveau en Moselle. Arrivée en deuxième position, la liste UDSR recueille 60 064 voix (sur 247 890 suffrages exprimés). Elle a deux élus, le dernier des six sièges du département revenant au PC arrivé troisième.
En décembre 1946, Raymond Mondon est nommé membre de la Commission des pensions et aussi membre de la Commission de la justice et de la législation dont il va être élu secrétaire. Membre de la Commission de l'intérieur à partir de janvier 1948, il en est élu secrétaire en janvier 1950. Il siège à la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre à partir de janvier 1951. En mars 1947 Raymond Mondon a été nommé juge titulaire à la Haute Cour de justice et désigné par la Commission des pensions pour faire partie de la commission consultative des opérations de rapatriements tardifs. En août de la même année il a été nommé membre suppléant de la Commission de la réforme administrative.
Raymond Mondon est un député zélé. Durant la législature il dépose 19 propositions de loi et 23 propositions de résolution. Il rédige 32 rapports : 3 pour la Commission des pensions, 18 pour celle de la justice, 11 pour la Commission de l'intérieur. Une vingtaine de ces textes ont trait à des questions touchant les départements d'Alsace-Lorraine. Il intervient fréquemment en séance, dans le débat budgétaire, mais aussi quand il s'agit d'organisation de la justice, ou du problème du logement. Ainsi il prend une part active au débat qui précède le vote de la loi de 1948 sur les loyers. En juin 1947 il a participé à la discussion du projet de loi sur l'amnistie et a déposé un amendement accordant le bénéfice de la loi aux incorporés de force dans l'armée allemande. Il vote le statut de l'Algérie, il approuve le plan Marshall comme l'alliance atlantique. En octobre 1947, il fait partie de la majorité qui fait tomber le gouvernement Ramadier. En janvier 1950 il s'abstient lors de l'adoption du projet de loi relatif aux conventions collectives. En 1951, il vote contre la loi des apparentements.
En octobre 1947, Metz comme tant d'autres villes s'est donné un maire appartenant au Rassemblement du peuple français (RPF) que vient de fonder le général de Gaulle. Ce maire est Raymond Mondon qui va rester à la tête de la ville jusqu'à sa mort. En ces débuts de mandat, il s'occupe surtout des problèmes du logement, en un temps où il convient d'accueillir des milliers de Lorrains expulsés par l'occupant. Maire et conseiller général, Raymond Mondon fait alors partie du petit nombre des notables gaullistes solidement implantés localement. Aux législatives de juin 1951, Raymond Mondon dirige la liste RPF en Moselle. Cette fois-ci, Alfred Krieger a été rétrogradé à la deuxième place tandis que la troisième place est occupée par un autre député sortant, Jules Thiriet, élu sur la liste Schuman en novembre 1946. La liste Mondon doit faire face à des listes communiste, socialiste, RGR (Rassemblement des gauches républicaines) et MRP (Mouvement républicain populaire). Ces trois dernières se sont apparentées. Cette alliance recueille moins de voix que la liste Mondon. Celle-ci obtient 46 % des suffrages exprimés contre 32 % à la liste MRP. Les deux listes (qui comportaient des éléments de la droite « classique ») ont chacune trois députés.
Dès l'été 1951, Raymond Mondon siège dans trois commissions : intérieur, reconstruction et dommages de guerre, enfin affaires étrangères. A partir de janvier 1953 il est secrétaire de cette dernière. En juin 1953, la Commission des affaires étrangères le désigne comme membre de la Commission de coordination pour l'étude des questions relatives à la Communauté européenne du charbon et de l'acier. Le mois suivant, il est nommé à la Commission chargée d'enquêter sur le trafic des piastres. Le 28 août 1951, Raymond Mondon est devenu vice-président de la Haute Cour de justice.
Durant la législature, Raymond Mondon dépose 15 propositions de résolution et 13 propositions de loi. Sa proposition de loi du 7 octobre 1952 tend à faire bénéficier des dispositions de la loi du 6 août 1948 établissant le statut des internés et déportés de la Résistance les Lorrains et les Alsaciens réfractaires à l'incorporation dans l'armée allemande ou dans les formations paramilitaires, déserteurs de cette armée ou de ces formations, ainsi que leur famille. Durant cette législature Raymond Mondon dépose 3 rapports. Le plus important est celui qu'il a rédigé au nom de la Commission chargé d'enquêter sur le trafic des piastres. Remis le 17 juin 1954, à quelques semaines de la fin de la guerre d'Indochine, ce rapport fait le point sur un des scandales ayant marqué ce conflit. Il intervient fréquemment en séance, notamment lorsque sont en cause les départements d'Alsace-Lorraine ou la Sarre.
Au début de la législature, Raymond Mondon vote en général comme les autres députés RPF : c'est ainsi qu'il approuve les lois Marie et Barangé sur l'aide à l'enseignement privé et qu'il s'abstient lors de l'investiture d'Edgar Faure. Mais il ne s'oppose pas frontalement au projet de pool charbon-acier. Le gouvernement ayant engagé sa responsabilité sur la question, il s'abstient lors du vote de confiance du 13 décembre 1951. Le 6 mars 1952, Raymond Mondon fait partie du groupe des 27 députés RPF qui, refusant la discipline du parti, permettent l'investiture d'Antoine Pinay. Il quitte le RPF en juin et participe à la fondation de l'ARS (Action républicaine et sociale). Raymond Mondon soutient presque constamment les gouvemements Pinay, Mayer et Laniel. Le 12 juin 1954, il s'abstient lors du vote de confiance qui met un terme à l'existence de ce ministère. Le 17 juin, il vote l'investiture de Mendès France (alors qu'un an plus tôt il s'est abstenu lors de la première tentative de celui-ci). Le 30 août 1954, Raymond Mondon fait partie de la majorité qui enterre la Communauté européenne de défense (CED). Il approuve en revanche la solution de remplacement trouvée par Mendès France (création d'une armée allemande dans le cadre de l'OTAN et de l'UEO). Son soutien au chef du gouvernement lui vaut de bénéficier d'un ultime remaniement. Le 20 janvier 1955, il devient secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'intérieur, François Mitterrand. Le cabinet étant renversé le 5 février, Raymond Mondon ne peut guère donner sa mesure à ce poste. Raymond Mondon vote l'investiture du second gouvernement Edgar Faure et fait partie de la minorité qui le 29 novembre 1955 accorde la confiance au cabinet.
Neuf listes s'affrontent en Moselle pour les élections du 2 janvier 1956. Aux listes présentées par les grandes formations s'ajoutent deux listes poujadistes et une liste socialiste indépendante. Raymond Mondon dirige la liste patronnée par le CNIP (Centre national des in dépendants). Resté fidèle au gaullisme, son second de 1951, Alfred Krieger, est à la tête des républicains sociaux. La première profession de foi de la liste Mondon prône la réforme constitutionnelle (dissolution automatique après deux crises ministérielles la même année), le scrutin d'arrondissement, la défense de l'Union française, la poursuite de la construction européenne par l'association de la Grande-Bretagne. La seconde profession de foi est plus axée sur les problèmes locaux (règlement des dommages de guerre, sort des frontaliers, maintien du statut scolaire...). Trois apparentements sont déclarés en Moselle : un poujadiste, un dit de Front républicain (associant socialistes, radicaux et néo-gaullistes) et un de centre droit liant MRP et CNIP. Cette dernière alliance obtient la majorité absolue et remporte donc tous les sièges du département. Avec 22,7 % des suffrages exprimés la liste Mondon fait élire trois députés (Mondon, Thiriet et Ramel).
Raymond Mondon est nommé en janvier 1956 membre de la Commission des immunités parlementaires et membre de la Commission des affaires étrangères. Il est élu secrétaire (en février 1956) puis vice-président de cette commission (en octobre 1957). Au printemps 1956 il devient vice-président de la Haute Cour de justice constitutionnelle.
Chargé du rapport concernant les élections législatives à la Guadeloupe, il met en cause les résultats obtenus dans certaines communes par la liste du PC. Raymond Mondon manifeste aussi son anticommunisme à la suite de l'intervention soviétique à Budapest. Le 7 novembre 1956, il est rappelé à l'ordre lors de la discussion portant sur ces événements. En séance, Raymond Mondon intervient souvent pour souligner les difficultés financières des collectivités locales. Il prend activement part à de grands débats de politique extérieure. Le 11 décembre 1956, il fait un discours assez critique sur la politique sarroise de la France. Le 4 juillet 1957, il prend la parole pour défendre les traités de Rome. A plusieurs reprises, il intervient sur la question algérienne. Durant la législature, il est l'auteur de 8 propositions de loi et de 3 propositions de résolution. Il s'agit souvent de textes déjà déposés avant 1956.
Raymond Mondon s'abstient lors de l'investiture de Guy Mollet, mais soutient de ses votes la politique algérienne de son gouvernement. Le 21 mai 1957, il s'abstient lors du vote qui amène la chute du cabinet. Raymond Mondon vote l'investiture de Bourgès-Maunoury, approuve les traités de Rome et vote la confiance le 30 septembre (jour où le ministère est renversé). Raymond Mondon vote l'investiture de Félix Gaillard et approuve la loi-cadre sur l'Algérie. Le 15 avril 1958, il fait partie de la majorité qui fait tomber le gouvernement. Le 13 mai 1958, Raymond Mondon refuse l'investiture à Pierre Pflimlin. Le 16 mai, il vote contre la loi déclarant l'état d'urgence en métropole. Le 20 mai, il dépose une demande d'interpellation sur les raisons pour lesquelles a été interdite la publication par la presse d'un télégramme d'amitié adressé au maire de Blida, ville jumelle de Metz. En séance il proteste contre cette interdiction, dénonce les journaux « défaitistes » et le prétendu péril fasciste.
Raymond Mondon approuve le retour au pouvoir du général de Gaulle : il vote l'investiture de son gouvernement, les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle. Aux législatives de novembre 1958 il est élu - dès la premier tour- dans la première circonscription de la Moselle. Il poursuit sous la Ve République ses carrières municipale, départementale, parlementaire et ministérielle.