Pierre, Henri, René Naudet

1922 - 1997

Informations générales
  • Né le 23 décembre 1922 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 17 décembre 1997 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Seine
Groupe
Républicain radical et radical-socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né 23 décembre 1922 à Paris
Décédé le 17 décembre 1997 à Paris

Député de la Seine de 1956 à 1958

Diplômé d'études supérieures en droit et de l'Ecole libre des sciences politiques, Pierre Naudet s'est inscrit au barreau de la cour d'appel de Paris en 1946 après son retour d'Allemagne où il avait été requis au titre du STO. Avocat de talent, ancien secrétaire de la conférence de stage, il s'est précocement tourné vers la politique.

Après un passage à la conférence Molé-Tocqueville, il adhère au Club des Jacobins, fondé en 1953 par Charles Hernu, en vue de fédérer les mouvances « républicaines » de la gauche et du centre. Séduit par la démarche innovante et la personnalité de Pierre Mendès France, il accède en 1955 au comité exécutif du parti radical, dont il préside la fédération pour les banlieues nord et ouest du département de la Seine. Le 2 décembre 1955, le jour même où la dissolution de l'Assemblée nationale est publiée au Journal officiel, il est le rapporteur de la mesure d'exclusion du parti qui frappe Edgar Faure, et qui sera adoptée par 19 voix contre 2 et 5 abstentions. Il est par ailleurs conseiller municipal et maire-adjoint de Courbevoie depuis 1951.

Aux élections législatives du 2 janvier 1956, Pierre Naudet se porte candidat dans la 5e circonscription de la Seine (banlieue ouest de Paris), circonscription très convoitée dans laquelle on compte douze listes en présence pour neuf sièges à pourvoir et où se présente un nombre impressionnant de « caciques » de la IVe République : Etienne Fajon, Albert Gazier, Fernand Bouxom, Edmond Barrachin, etc. Il dirige, en tandem avec le jeune auditeur à la cour des comptes, Alain Gourdon, une liste radicale officiellement patronnée par Pierre Mendès France et qui reçoit le soutien actif de L'Express devenu quotidien pour la circonstance. Au terme d'une campagne très vive, et très sévère pour la majorité sortante, sa liste obtient un indéniable succès, qui illustre bien la percée mendésiste dans les grandes villes et notamment dans la région parisienne. Avec 15,2 % des 422 225 suffrages exprimés, elle manque de peu un second siège.

Secrétaire de l'Assemblée nationale, Pierre Naudet appartient à la Commission de la justice et de la législation, ainsi qu'à celle des territoires d'outre-mer. Il est également membre de la Commission des immunités parlementaires et juge suppléant à la Haute cour de justice constitutionnelle. Député actif, il dépose quelques rapports sur des questions judiciaires (interdiction de séjour, casier judiciaire, sièges de tribunaux) et intervient en séance dans plusieurs débats importants. Sur la question de la Sarre, il dénonce le « double jeu » du chancelier Adenauer et demande une renégociation de l'accord franco-allemand (séance du 11 décembre 1956). Ayant souhaité une révision du titre VIII de la Constitution, consacré à l'Union française, il participe activement au débat sur l'adoption des décrets d'application de la loi-cadre Defferre (30 janvier et 2 février 1957). Le 11 février 1958, il dépose une demande d'interpellation sur la situation créée par le bombardement de Sakhiet et développe une longue critique de la politique algérienne du gouvernement Gaillard.

Ses votes épousent de très près l'évolution politique et parlementaire de Pierre Mendès France. Après avoir soutenu le gouvernement Mollet et voté les pouvoirs spéciaux en Algérie, il s'abstient volontairement lors de sa chute le 21 mai 1957. Il vote contre l'investiture de Maurice Bourgès-Maunoury et contre la ratification des traités de Rome dont il avait en séance, le 6 juillet 1957, dénoncé l'absence de garanties suffisantes pour la France. Il vote également contre les deux projets de loi-cadre en Algérie et refuse la confiance à Félix Gaillard le 15 avril 1958. Mais il se sépare de Pierre Mendès France quand, après avoir soutenu Pierre Pflimlin, il vote l'investiture du général de Gaulle le 1er juin puis, les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle le 2 juin.

Dans la perspective du changement de régime, il fonde en juillet 1958 le Centre de la réforme républicaine, dont la cheville ouvrière est Jean-Claude Servan-Schreiber et qui rallie quelques gaullistes de gauche comme Pierre Clostermann ou Jean de Lipkowski. Mais, s'il a préconisé le « Oui » à l'adoption de la nouvelle Constitution, il ne rallie pas pour autant l'Union démocratique du travail (UDT), qui rassemble l'essentiel de la gauche gaulliste, ni davantage l'Union des forces démocratiques (UFD) qui tente de rassembler les composantes de la gauche non communiste hostile à la République gaullienne. C'est donc sous l'étiquette « Union républicaine-Cinquième République » qu'il se présente le 23 novembre 1958 dans la 35e circonscription de la Seine (Courbevoie, La Garenne). Mais il n'obtient qu'à peine 10 % des voix et, arrivé en cinquième position, se retire du second tour. Ayant rejoint le parti radical l'année suivante, il se présente à nouveau aux élections du 18 octobre 1962, mais est éliminé dès le 1er tour avec seulement 1 773 voix. Pierre Naudet se retire alors de la vie politique et revient à sa profession d'avocat.