Lucien Neuwirth
1924 - 2013
L'Assemblée nationale conserve des documents d’archives concernant Lucien Neuwirth, dans le cadre de son mandat de député de la Loire, de 1958 à 1981, et aussi en qualité de sénateur, de 1983 à 2001 :
• 2 J 44
Contraception d’urgence, examen de la proposition de loi : intervention de Bernard Perrut, texte d’un discours de Lucien Neuwirth (octobre 2000) ; relations avec les
associations : correspondance (septembre-octobre 2000).
• 27 FP 291
Activités dans le cadre de député de Paris, de conseiller régional d’Ile-de-France, de conseiller de Paris, de maire-adjoint chargé de la culture : photographies (1973-1981).
• 2007-095/1
Reportages photos noir et blanc : négatifs (1959-1969).
Les Archives nationales, quant à elles, conservent de nombreux documents ayant trait à l’action de l’homme politique à travers ses différentes fonctions.
En qualité de président du Conseil général de la Loire
• 20030375/24
Fête de la police nationale : déroulement ; allocutions du maire de Saint-Etienne et de Lucien Neuwirth, président du Conseil général de la Loire ; intervention de Paul Quilès, ministre de l'Intérieur et de la sécurité publique, Saint-Etienne (Loire) (20 juillet 1992).
En qualité de sénateur de la Loire
• 19970279/39
Dossier 3, Neuwirth Lucien. Fonction : Questeur du Sénat, sénateur de la Loire, conseiller général.
• 19890083/24 G 1127
Neuwirth, L. Fonction : Sénateur (Loire).
• 19970063/4 97/12 MI 4
Modification du code électoral : commentaires du bureau des élections sur diverses propositions de loi constitutionnelle, projets de réponse à des questions écrites, projets de loi, propositions de loi Vivien et Neuwirth, décrets, avis du Conseil d’État, comptes rendus de réunion.
La commission Neuwirth sur le financement du sport
• 19870219/10 F.17 ter. 886
Commission Neuwirth (1970), avis de l’École des parents.
• 19870482/2
Commission Neuwirth. – Composition de la Commission : procès-verbaux des réunions de groupe, rapport définitif établi par la Commission chargée d’étudier les possibilités de financement du sport, note sur l’institution de concours de pronostics.
• 19900334/60 1 HA 60
Commission Neuwirth sur le financement du sport. Objectifs : correspondance, coupures de presse.
• 19820373/24 F44 bis 9979
Commission Neuwirth : commission chargée d’étudier les possibilités de financement du sport 1978.
• 19840019/8 F 44 bis 10617
Commission d’étude et moyens de financements du sport : commission Neuwirth : compte rendu des réunions et rapport 1978.
La contraception
• 19910852/3 Dossier 1
1976-1977 : circulaires, plainte de M. Cornut-Gentille contre le député Neuwirth à Cannes : manœuvres frauduleuses, procès-verbaux d'audition, document.
• 19940386/12 3436
Loi du 28 décembre 1967 (loi Neuwirth). – Application, développement du planning familial : correspondance, rapports de préfets.
• 20130447/158
L’enfant d’un choix, 444. Réalisation : Scopcolor, production : CFES (1974). Ce film traite des différentes méthodes contraception autorisées depuis la loi Neuwirth.
• 20130447/273
Les jours de la vie – l’approche, 2008-1. Réalisation : Claude de Givray, production : Antenne 2 (1977). Ce film dans lequel Françoise Giroud, Lucien Neuwirth et Jean Cohen évoquent ce que fut la vie des femmes avant la promulgation de la loi autorisant la pilule contraceptive.
• 20141160/11 Semaine 14
Lundi 3 avril 1978, « À quoi sert un député ? », invité Lucien Neuwirth (député de la Loire).
20141160/23 Semaine 45
Jeudi 16 novembre 1978 : « La jeunesse française », invités Lucien Neuwirth (député RPR) et René Sylvestre (directeur du Guide de l’étudiant).
• 20144583/5 Semaine 51
Vendredi 20 décembre 1996, « 1er juillet 1967 : la "pilule" », invité Lucien Neuwirth.
• 19940227/143 93014/13
Conditions de création d'un centre de transfusion sanguine (TOM, 1974) ; projet de loi sur les cosmétiques (1974) ; application des lois et décrets relatifs aux stupéfiants (1969-1979) ; application aux TOM de la loi de 1973 sur les pensions alimentaires (1974-1975) ; extension aux TOM de la loi Neuwirth (régulation des naissances) (1968) ; vente sans ordonnance de contraceptifs en Polynésie (1970-1971).
• 19950427/1 A 178
Dossiers de principe (élaboration et application de textes législatifs et réglementaires) relatifs aux thèmes suivants : contraception, rapport Neuwirth (1965-1968).
• 20020402/32 C 7074
524-3-B-1 : Exercice de la pharmacie, textes, publicité comparative. - Projets de décrets portant règlement d'administration publique pour l'application des articles 2, 3, 4 et 5 de la loi du 28 décembre 1967 (dite Neuwirth) relative à la régulation des naissances : correspondance, notes, notes manuscrites, documents de travail, articles de presse (1968-1972) ; projet de loi modifiant la loi Neuwirth : correspondance, notes, notes manuscrites, articles de presse (1972-1974) ; projets de décrets d'application de la loi du 4 décembre 1974 relative à la régulation des naissances : correspondance, notes, notes manuscrites (1974-1975) (1968-1975).
De la correspondance
• 633AP/11 Dossier 1
Communication, publications et colloques : Promotion de l’ouvrage La doctrine gaulliste, exposé de la doctrine publié en 1997 par G. Sabatier et P. Ragueneau : lettres de G. Sabatier, Jacques Chirac, Philippe Seguin, Lucien Neuwirth, Jean-François Probst et Pierre Lelong ; article de G. Sabatier « Une crise économique ? Non, deux. » ; maquette de la page de titre ; préface de R. Nungesser (septembre 1995-juin 1997).
• 633AP/16 Dossier 3
Rapports « Propositions pour une réforme des structures de la télévision » et ses suites : rapport ; lettres de transmission du rapport de P. Ragueneau à Jean de Préaumont, Robert-André Vivien, Louis-Alexis Delmas, François Gerbaud, Joseph Fontanet, Jacques Foccart, Philippe Malaud, Jacques Chaban-Delmas, Monsieur et Madame André Bricourt, Claude Hettier de Boislambert, Jacques Narbonne, Georges Cosse-Manière, François Seydoux, André Chamson, Pierre Huet, Pierre Laurent, Paul Delouvrier, Jacques Chirac, Jacques Richard, Lucien Neuwirth, Jacques Locquin, Jean-Paul Bourcheix, Pierre Juillet, René Tomasini, Roger Vaurs, Joël Le Tac, Roland Nungesser et Michel Debré ; lettres de Lucien Neuwirth, Philippe Malaud, Jacques Chirac et André Astoux à P. Ragueneau. Mai-juin 1972.- Autres propositions : notes intitulées « Éléments pour une note sur l'organisation de la télévision », « Suggestion pour une réforme de structure de la télévision » et « Projet de schéma d'organisation fonctionnelle du secteur de la télévision »; schémas d'organisation ; lettres de P. Ragueneau à Roger Vaurs (juin-1971- juillet 1972).
Dossiers documentaires sur l’homme politique
• AG/5(2)/978/N2
Reportage n°2287 / Chasse officielle à Rambouillet (Parlement) : portrait de M. Neuwirth (31 octobre 1970).
• 19980538/33
Neuwirth Lucien : dossier documentaire (1972-1974).
La question de la construction
• 19790096/25 C.4414
Interventions parlementaires et questions écrites intéressant la construction (primes et prêts).
• 19860171/6 C9087
Proposition de loi relative aux ventes d’immeubles à construire ou en cours de construction déposée par MM. Neuwirth et Tomasini (1966-1972).
Projets divers
• 19850762/2
Lettre en date du 25 juillet 1983 concernant la requête présentée par M. Neuwirth.
• 19790635/4 CAB 1085
Questions écrites et réponses intéressant le tourisme, la protection de la nature et la pollution (1977).
• 20060283/1
Commission interministérielle des radioéléments artificiels : M. Neuwirth sur les manipulations génétiques et les recherches biologiques (1975).
• 19870502/31
Neuwirth Lucien : 2 interventions, dossiers 22375-24744.
• 19840136/5 PM 1352
Question de Neuwirth (outillage du port ouest de Dunkerque), 1977.
• 569AP/72
Relations de Pierre Lefranc avec des parlementaires : correspondance et coupures de presse (1960-1963).
• 19940281/2
Proposition de loi relative au régime des formalités hypothécaires demandées par les collectivités locales (présentée par M. Lucien Neuwirth 1985).
• 20040076/19
PUBLI 7.6. Police sanitaire, santé publique, pilule du lendemain. - Utilisation dans les infirmeries scolaires : projet de réponse à la question écrite de Lucien Neuwirth, député (1999) (1998-1999).
Le Sénat conserve aussi de nombreux fonds relatifs à l’homme politique.
Certains de ces fonds ont trait à des missions d’information et des commissions auxquelles Lucien Neuwirth a participé :
• 1AV 79-80
Mission commune d'information sur la place et le rôle des femmes dans la vie publique (1997).
• 2AV 68-71
Commission des affaires sociales : auditions publiques sur les soins palliatifs (1998).
• 2AV 458-459, 461-462
Commission des affaires sociales, auditions sur la sécurité sanitaire après la loi du 1er juillet 1998 (2000).
• 2AV 662-664
Commission des Affaires sociales, projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2001 (2000).
• 2AV 748-749, 845-854
Commission des affaires sociales, projet de loi relatif à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) (2000).
• 2AV 911-915, 955
Commission des affaires sociales, Mission d'information sur la lutte contre le cancer (2001).
• 50S 80-81
Commission des affaires sociales : demande de constitution d'un groupe d'étude, à l'initiative de M. NEUWIRTH, sur le traitement de la douleur (5 octobre 1994) ; communication sur le système de santé américain suite à une mission effectué en septembre 1994 au États-Unis ; communication sur l'application des lois ; création du groupe d'étude sur le traitement de la douleur (27 octobre 1994, M. NEUWIRTH, président) (1994).
• 50S 87-88, 91-92, 100
Commission des affaires sociales, séances : 27 mars 1996, rapports de M. NEUWIRTH sur le PJKL, la PPL relatif à l'adoption, la PPL relative aux élections aux caisses d'assurance vieillesse des professions artisanales, industrielles et commerciales (4 février 1997), le PJL créant le Conseil des communes " compagnon de la libération " (19 janvier 1999), communication sur la lutte contre la douleur (1996-1999).
• 52S 71, 78, 89
Commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d’administration générale : rapports de MM. Lucien NEUWIRTH sur la PPL tendant à permettre aux associations d’anciens combattants d’ester en justice (17 avril 1991), rapport sur la PPL permettant aux associations d’anciens combattants et victimes de guerre d’ester en justice (10 décembre 1991), rapport sur la PPR tendant à organiser les modalités d’une assistance juridique du Sénat au profit des collectivités locales (1991-1992).
• 105S 2-3
Commission des affaires sociales, séances : rapport de Lucien NEUWIRTH sur la PPL instituant un congé ou une allocation en cas de maladie d'un enfant ou de fin de vie d'un proche (8 juin 2000) et le PPL relative à la contraception d'urgence (25 octobre 2000) (2000).
Lucien Neuwirth a également participé à des commissions en tant que personne auditionnée :
• 50S 99
Commission des affaires sociales, séances : auditions sur les soins palliatifs de MM. NEUWIRTH (27 octobre 1998).
• 269S 1
Commission des affaires sociales, séances : audition de M. Lucien NEUWIRTH (sénateur honoraire) sur la PPL relative aux droits des malades et à la fin de vie (26 janvier 2005).
Interventions sur des sujets divers :
• 2AV 575
Association des historiens colloque intitulé : Les problèmes que pose la médecine aujourd'hui (22 mai 2000) : Pr Zitoun, Lucien Neuwirth (2000).
• 2AV 988-991
Colloque intitulé : « La décentralisation française vue d'Europe - La France et la charte européenne de l'autonomie locale », organisé par le Congrès des pouvoirs locaux du Conseil de l'Europe, ouverture par MM. Lucien NEUWIRTH (Délégation française à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe) (2001).
• 2038AS 4
Neuwirth, Lucien (1983-2001).
• 209S 14
Dossiers législatifs : Loi portant diverses mesures d'ordre social (n° 93-121 du 27 janvier 1993), Loi relative au développement de l'emploi et de l'apprentissage (n° 93-953 du 27 juillet 1993), Proposition de loi visant à la création d'une allocation pour les situations de dépendance résultant d'un état de sénescence (texte n° 210 (1989-1990) de M. Lucien NEUWIRTH, déposé au Sénat le 2 avril 1990 (1990-1993).
• 213S 18
Groupe d'étude sur la douleur : correspondance, documentation, rapport n° 138 (1994-1995) de M. Lucien NEUWIRTH (2002).
• 508S 6
Parc d'attractions enfantines, travaux et agrandissement : lettre de Charles PASQUA à Lucien NEUWIRTH (aide à Mme Jacqueline SACRESTE) (1968-1998).
Lucien NEUWIRTH
Né le 18 mai 1924 à Saint-Etienne (Loire)
Décédé le 26 novembre 2013 à Paris
Député de la Loire de 1958 à 1981
Sénateur de 1983 à 2001
Fils unique d’un couple d’artisans fourreurs stéphanois, Lucien Neuwirth est né le 18 mai 1924 à Saint-Etienne. C’est dans la ville ligérienne qu’il passe son enfance : il est encore élève au lycée Claude-Fauriel de Saint-Etienne, lorsque la guerre le surprend. Agé de seize ans le 18 juin 1940, Lucien Neuwirth fait partie des quelques milliers de Français qui entendent l’appel radiophonique du général de Gaulle. Il capte en effet, par hasard, en réparant son poste de TSF, les ondes de la BBC. Avec sa mère, il est immédiatement séduit par le discours de ce militaire dont il n’a pourtant jamais entendu parler. De ce moment, naît son engagement politique : « Je suis entré en gaullisme comme on entre en religion » pourra-t-il dire par la suite. Rapidement, Lucien Neuwirth et ses camarades commencent à constituer un noyau de résistance autour du journaliste Jean Nocher : c’est le groupe Espoir, qui publie un journal clandestin du même nom. Parallèlement à ses activités de résistant, Lucien Neuwirth s’inscrit à l’école de commerce de Saint-Etienne. Fin 1942, l’étau se resserre autour du réseau Espoir : Jean Nocher est arrêté et livré à la Gestapo. Menacé d’arrestation Lucien Neuwirth doit, début 1943, quitter la France. Il prend la direction de l’Espagne où il est arrêté et fait prisonnier, retenu notamment dans le camp de Miranda. Se faisant passer pour un Américain, il parvient finalement à gagner Londres, en juillet 1943. Dans la capitale britannique, le Stéphanois s’engage dans le 4e Special Air Service (SAS), c’est-à-dire les parachutistes de la France libre. À partir d’août 1944, Lucien Neuwirth est largué par planeur en Bretagne pour exécuter plusieurs missions de reconnaissance. Il part en jeep, dans le cadre de l’opération Spencer, avec ses frères d’armes Djamil Jacir et Pierre Lacaze. Il mène de nombreuses opérations commando au milieu des troupes allemandes, en Belgique lors de la contre-offensive allemande dans les Ardennes, et enfin aux Pays-Bas, dans le cadre de l’opération Amherst. Le 7 avril 1945, il est capturé avec quatre autres Français. Les SS, qui retiennent Lucien Neuwirth et ses camarades, décident de les exécuter. Protégé par le corps d’un de ses camarades qui est tombé sur lui, Lucien Neuwirth échappe au coup de grâce. Évanoui, le jeune homme de vingt ans finit par se rendre compte que, seulement blessé, il a échappé à la mort grâce à des pièces de monnaie faisant obstacle, dans son portefeuille, à une balle allemande. Parvenant à se traîner un peu plus loin, il est arrêté par deux officiers qui le font prisonnier. Il s’évade, regagne les lignes alliées puis, finalement, sa ville natale, au moment même où ses parents viennent d’apprendre que leur fils unique est « mort pour que vive la France ».
À son retour à la vie civile, Lucien Neuwirth s’installe à Saint-Etienne, travaille dans l’entreprise familiale avant de fonder sa propre boutique. Mais lorsque de Gaulle fonde le RPF en 1947, l’ancien résistant y adhère aussitôt, devient responsable des jeunes dans la Loire, et se présente aux élections municipales de sa ville sur la liste conduite par Alexandre de Fraissinette, ancien déporté, qui a rejoint, dès sa création, les rangs du RPF. Cette première élection est un succès : Lucien Neuwirth est élu conseiller municipal, le plus jeune de France, et devient adjoint au maire. Le 4 janvier 1948, il organise à Saint-Etienne un grand rassemblement d’ouvriers et de mineurs pour écouter le général de Gaulle qui prononce un discours sur l’association capital-travail. Il siège au conseil municipal jusqu’en 1965, et prend notamment en charge l’assistance judiciaire pour les affaires de divorce. C’est dans ce cadre, qu’en 1957 il commence à travailler avec le mouvement Maternité heureuse, qui devient, en 1960, le Mouvement français pour le planning familial. En effet, le plus jeune maire adjoint de France s’aperçoit qu’une des causes de divorce, c’est l’enfant refusé.
Pourtant, ce commerçant bien connu de ses concitoyens peine à renforcer son implantation locale : il est battu aux élections législatives de 1951 et de 1956 ainsi qu’aux élections cantonales de 1951 et de 1958 (canton de Saint-Etienne Nord-Ouest) sous l’étiquette des Républicains sociaux, mouvement continuateur de l'Union des républicains d'action sociale (URAS), dont il est membre du comité directeur. Cette même année, Lucien Neuwirth, alors âgé de 34 ans, se trouve en Algérie car, devant accomplir une période de lieutenant de réserve, il a demandé à servir à Alger. Avant de quitter la métropole, il rencontre le général de Gaulle qu’il enjoint de « revenir » : « Mon général, l’on fera appel à vous » martèle l’adjoint au maire de Saint-Etienne, « Et je vous répondrai » lâche le général, avant de clore l’entretien. Lorsque surviennent les événements du 13 mai, Lucien Neuwirth est l’un des plus actifs artisans du retour de Charles de Gaulle au pouvoir, agissant notamment en liaison avec Léon Delbecque, Guy Ribaud, Jean Pouget et Jacques Chaban-Delmas. Il devient membre puis porte-parole du comité de salut public d’Algérie.
En juin 1958, Jacques Soustelle, alors ministre de l’Information du gouvernement de Gaulle, le nomme représentant permanent en Algérie et directeur de la RTF afin qu’il puisse réorganiser la radiodiffusion et la télévision pour lutter contre l’influence du Front de libération national (FLN) dans les médias. À cette date, à la demande du général de Gaulle, Lucien Neuwirth se présente aux premières élections législatives de la Ve République dans la 2e circonscription de la Loire. Membre fondateur de l’Union pour la nouvelle République (UNR), c’est sous cette étiquette qu’il sollicite les suffrages des électeurs dans la deuxième circonscription de la Loire comprenant les cantons de Saint-Etienne Sud-Ouest et Sud-Est. Au premier tour, avec 16 645 voix, il remporte 36,2 % des suffrages contre 29 % à Jean Violet du Centre national des indépendants (CNI), 18,1 % au communiste Michel Olagnier et 16 % au socialiste Claudius Volle. Grâce au retrait en sa faveur de Jean Violet, Lucien Neuwirth est largement élu député au second tour avec 32 942 voix, soit près de 77 % des voix face au candidat communiste (23,1 % des voix).
À son arrivée à l’Assemblée nationale, Lucien Neuwirth est nommé membre de la commission de la production et des échanges puis, à partir de juillet 1961, de la commission des finances, de l’économie générale et du plan. Dès décembre 1958, l’élu ligérien est secrétaire de l’Assemblée nationale. Le jeune député occupe parallèlement des responsabilités au sein de l’UNR : de décembre 1958 à octobre 1959, il est secrétaire général du groupe parlementaire et membre de la commission politique de ce parti en 1958-1959, puis de 1964 à 1967 ; à partir d’avril 1961 et jusqu’en octobre 1962, il est adjoint au secrétaire général du l’UNR.
Député actif, Lucien Neuwirth intervient en séance sur l’Algérie : lors de sa première intervention, dans la discussion du projet de loi portant dispositions financières intéressant l'Algérie (10 juin 1959), il insiste sur le refus de toute négociation avec les chefs de la rébellion et sur la permanence de la France en Algérie. Par ailleurs, en qualité de rapporteur de la commission de la production, il présente deux rapports concernant les enjeux économiques du Sahara. Le 7 décembre 1960, à la suite d’une déclaration du Premier ministre relative à l’Algérie, il souligne l'attachement des Musulmans au général de Gaulle, les avantages de l'association, et rappelle le soutien apporté par le groupe de l’UNR à la politique de paix du gouvernement et du président de la République. Représentant d’un département industriel, le député prend la parole à plusieurs reprises pour évoquer la situation des mines, notamment lors d’une question au gouvernement le 19 mai 1961.
Fervent gaulliste, Lucien Neuwirth soutient sans réserve la politique du gouvernement, approuvant le programme du gouvernement Debré (16 janvier 1959), le nouveau règlement de l’Assemblée nationale limitant les possibilités d’expression des élus de la Nation (3 juin 1959), la déclaration de politique générale du Premier ministre le 15 octobre 1959 quelques semaines après le discours du général de Gaulle évoquant l’« autodétermination » de l’Algérie, la loi Debré sur le financement de l’enseignement privé (23 décembre 1959), les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie après la semaine des barricades (2 février 1960), le programme du gouvernement Pompidou (27 avril 1962) et la levée de l’immunité de Georges Bidault (5 juillet 1962). Enfin, dans le débat sur la motion de censure du 4 octobre 1962, il défend l’élection du président de la République au suffrage universel afin d’assurer à la fonction « la plus large audience populaire. »
Aux élections anticipées de 1962, Lucien Neuwirth affronte quatre candidats : le communiste Michel Olagnier (qui obtient 22,8 % des voix), l’ancien ministre radical-socialiste Michel Soulié (12,8 %), l’industriel Jean Violet du CNI (15,4 %) et Michel Durafour de Défense républicaine pour le développement économique et le Progrès social (10,1 %). Le député sortant recueille près de 38,8 % des suffrages exprimés. Au second tour, 54,4 % des électeurs accordent leur confiance à Lucien Neuwirth ainsi réélu, contre 45,6 % à Michel Soulié.
En décembre 1962, il devient questeur de l’Assemblée nationale, fonction qu’il occupe jusqu’en avril 1975. Il siège, par ailleurs, à la commission des lois durant son second mandat. Député toujours actif, Lucien Neuwirth intervient à plusieurs dizaines de reprises sur les sujets les plus divers, comme l’organisation des Jeux olympiques d’hiver à Grenoble prévu pour le début de l’année 1968 et, surtout, la construction de logements sociaux en France, dont il est l’un des ardents partisans. Il soutient avec constance l’action du gouvernement, votant pour le projet de loi encadrant les grèves des services publics, le 26 juillet 1963, la modification des dates des sessions parlementaires, le 20 décembre 1963, la réforme du mode d’élection des conseillers municipaux, le 17 juin 1964, et la réforme du service national, le 26 mai 1965. Il dépose, le 1er juin 1966, une proposition de loi visant à légaliser la contraception.
Jeune combattant de la France libre, il découvre à Londres la « gynomine », contraceptif en vente libre dans les parfumeries anglaises. A Saint-Etienne, confronté aux difficultés des couples en milieu ouvrier, le jeune élu local observe les effets dramatiques de la loi de 1920, alors toujours en vigueur, interdisant toute « prophylaxie anticonceptionnelle ». Jeune député, travaillant depuis des années avec le Planning familial, il est convaincu qu’il faut supprimer l’appareil législatif très répressif qui interdit, dans un même mouvement, le recours à la contraception et à l’avortement. En effet, la loi du 31 juillet 1920, adoptée par la « Chambre bleu horizon » dans un esprit nataliste, après la période de grave déficit démographique de la Grande Guerre, et que Lucien Neuwirth estime être une loi de circonstance, interdisait non seulement l'avortement, mais aussi toute forme de contraception et même d'information sur le sujet. Pourtant, la majorité au pouvoir n’est pas favorable à la modification de la loi : les onze propositions de loi, déposées en dix ans sur ces questions, n’ont pas été inscrites à l’ordre du jour. Lucien Neuwirth obtient de pouvoir discuter, à l’Elysée, de la proposition de loi « relative à la régulation des naissances » dont il est l’auteur. Le général de Gaulle l’écoute une cinquantaine de minutes, sans dire mot, mais le député insiste : « À la Libération, on a donné le droit de vote aux femmes. Vous avez bien fait, elles l’avaient mérité. Maintenant, les temps sont venus de leur donner le droit de maîtriser leur fécondité ». Le général observe un long silence, et lui répond enfin : « Vous avez raison, transmettre la vie, c'est important. Il faut que ce soit un acte lucide. Continuez ! ». Pour autant, le combat n’est pas gagné : « Au Parlement, j’ai tout entendu » racontera plus tard le député de la Loire qui subit les critiques de son propre camp, des associations catholiques ou de l’ordre des médecins. Finalement, celui qu’on surnomme alors « Lulu la pilule » dépose sa proposition de loi le 18 mai 1966, jour de son quarante-deuxième anniversaire pour marquer symboliquement son respect de la naissance. Une commission spéciale est constituée, le 11 juin 1966, comprenant François Mitterrand et cinq femmes, dont Marie-Claude Vaillant-Couturier, sur les six que compte alors l’Assemblée nationale. Elle entend jusqu’au mois de novembre les autorités religieuses, les associations concernées, des scientifiques tels les professeurs Monod et Jacob, l’économiste Alfred Sauvy ou encore le sociologue Pierre Bourdieu. Les prix Nobel de médecine 1965 ont conclu à l’innocuité de l’utilisation de la pilule en matière de risques tératogènes et de malformations congénitales à la différence des critiques émises, par exemple, au cours des entretiens de Bichat de 1966.
En mars 1967, Lucien Neuwirth, devenu membre du bureau exécutif du parti gaulliste et conseiller général de la Loire, sollicite le renouvellement de son mandat, malgré son échec à conquérir la mairie de sa ville, en 1965, face à Michel Durafour. Le député sortant recueille 40,7 % des voix au premier tour, devançant largement ses adversaires, notamment de gauche : le socialiste Charles Hernu (19,9 %) et le communiste Serge Gaillard (19,8 %). Au second tour, Lucien Neuwirth bat facilement Charles Hernu, recueillant 27 758 suffrages sur les 52 433 exprimés. Lucien Neuwirth retrouve les rangs du groupe politique de l’Union démocratique pour la Ve République et sa fonction de questeur de l’Assemblée nationale. Durant cette brève législature, le député siège à la commission des lois puis à celle des affaires culturelles, familiales et sociales.
Le 12 avril 1967, l’ancien résistant dépose à nouveau sa proposition de loi tendant à autoriser la prophylaxie anticonceptionnelle. Celle-ci, reprenant l’essentiel de la proposition adoptée par la commission spéciale au cours de la législature précédente, est examinée par la commission des affaires culturelles, familiales et sociales les 14 et 15 juin 1967. Le 30 juin 1967, afin d’obtenir l’inscription de la proposition de loi à l’ordre du jour, Lucien Neuwirth et sa collègue de gauche Jacqueline Thome-Patenôtre n’hésitent pas à perturber, par des rappels au Règlement, la séance consacrée au dépôt solennel du rapport de la Cour des comptes. Le texte est examiné en première lecture par l'Assemblée nationale, le 1er juillet 1967. Lucien Neuwirth, en qualité de rapporteur, rappelle l’échec de la loi de 1920, loi de circonstance faite pour compenser l’hémorragie causée par la Première guerre mondiale. En effet, considère-t-il, « il ne s'agit point de permettre aux Français de ne pas mettre au monde des enfants qu'ils ne désirent pas, mais au contraire de les aider à créer une famille dont il leur appartiendra, en propre, de fixer l'importance et le rythme d'accroissement, en fonction de leurs possibilités. » Il considère qu’il « ne faut pas confondre, ni même juxtaposer, contraception et avortement » et refuse que soient traités les deux sujets dans un même texte, estimant que ce fut « l’erreur regrettable de la loi de 1920 faisant apparaître l’un comme le complément naturel de l’autre. » Il souligne l’importance de la politique d’information sans négliger l’éducation familiale et la responsabilité des parents mais rappelle, à l’issue d’une longue discussion en commission, la nécessité d'établir une distinction entre ce qui est l'information et ce qui relève de la propagande antinataliste. Présentant les dispositions de la proposition de loi, il indique qu’elle offre, à toutes celles qui le désirent, la possibilité d'accéder à la maternité volontaire en utilisant des moyens, des objets ou des méthodes que le ministère des Affaires sociales aura estimé susceptibles d'être mis en vente. Le rapporteur est conforté par le ministre des Affaires sociales, Jean-Marcel Jeanneney, qui ne souhaite pas surseoir au réaménagement de la loi de 1920 car « il est toujours très mauvais, moralement et civiquement, affirme-t-il à la tribune, que subsiste aux yeux de tous une loi dont chacun sait qu’elle est comme si elle n’était pas, car c’est le respect même de la loi et du législateur qui se trouve de ce fait atteint ». Il argue du déni de droit affirmant qu’« on ne peut pas surveiller ou réglementer ce qui est interdit légalement, mais que tout le monde tolère. Le 29 novembre 1967, au cours d’une réception donnée par Jacques Chaban-Delmas à l’hôtel de Lassay, Lucien Neuwirth revoit le général de Gaulle qui l’encourage publiquement : « Bonjour, Neuwirth, vous allez bien ? – Oui, mieux, mon général. » Ce simple échange public indique aux députés gaullistes que l’Élysée soutient la réforme, examinée au Sénat. La proposition de loi, amendée par le Sénat et adoptée en première lecture le 5 décembre 1967, revient le 14 décembre à l’Assemblée nationale, en deuxième lecture, pour deux séances au cours desquelles sont défendus et rejetés de nombreux amendements visant à restreindre la portée de la réforme. Dans la discussion, Lucien Neuwirth, rappelant la philosophie de sa proposition de loi, déclare qu’« il ne s’agit point de permettre aux Français de ne pas mettre au monde des enfants qu’ils ne désirent pas, mais au contraire de les aider à créer une famille dont il leur appartiendra en propre de fixer l’importance et le rythme d’accroissement en fonction de leurs possibilités. » Le groupe communiste menaçant de demander un scrutin public, Lucien Neuwirth alerte dans les couloirs Marie-Claude Vaillant-Couturier qui en dissuade ses collègues. L’Assemblée nationale adopte, en deuxième lecture, à main levée, l’ensemble de la proposition de loi, le 14 décembre 1967. Le Sénat adopte, en deuxième lecture, la proposition de loi, en supprimant notamment l’adjonction, par l’Assemblée nationale, d’un certificat médical de non-contre-indication, et en modifiant les conditions de vente et de fourniture des contraceptifs. Dans les deux assemblées, le texte de la commission mixte paritaire est adopté à main levée, le 19 décembre 1967, par une partie de la majorité gaulliste et par l'ensemble des parlementaires de gauche. La proposition de loi, définitivement adoptée après des débats très vifs, autorise la fabrication ou l’importation de contraceptifs et leur vente exclusive en pharmacie sur ordonnance médicale. Le certificat médical de non-contre-indication, qui avait été supprimé par le Sénat, est rétabli avec l'accord de ce dernier. En ce qui concerne les contraceptifs intra-utérins, des dispositions de sauvegarde ont été adoptées par le Sénat et l’Assemblée nationale. Quant à la vente de contraceptifs aux mineurs, les deux assemblées sont parvenues à un accord pour admettre qu'il pouvait être dangereux de laisser un libre accès aux contraceptifs hormonaux avant vingt et un ans. En revanche, l'âge de dix-huit ans, fixé par l'Assemblée nationale pour les autres contraceptifs non-inscrits au tableau, est maintenu tel qu’adopté par celle-ci. La loi relative à la régulation des naissances, dite « loi Neuwirth », est promulguée par le général de Gaulle, le 28 décembre 1967, depuis Colombey-les-Deux-Églises, où il passe les fêtes en famille. Les décrets d'application ne paraissent toutefois qu'entre 1969 et 1972.
Les événements du printemps 1968 mettent fin à cette brève législature, le général de Gaulle ayant dissout l’Assemblée nationale. Lucien Neuwirth est donc amené à se présenter une nouvelle fois devant ses électeurs stéphanois. Ceux-ci manquent de le réélire dès le premier tour à un millier de voix près : en effet, le député sortant a recueilli 24 282 suffrages sur les 40 746 exprimés, le 23 juin. Une semaine plus tard, avec 26 150 bulletins validés portant son nom, Lucien Neuwirth est très largement réélu dans le cadre d’une triangulaire l’opposant à Louis Paulet du Centre progrès et démocratie moderne (8 130 voix) et Serge Gaillard du parti communiste (14 070 voix). Le député de la Loire retrouve à l’Assemblée sa fonction de questeur, le groupe gaulliste parlementaire ainsi que la commission des lois. Lucien Neuwirth est l’auteur de plusieurs propositions de lois, dont deux d’importance en juin 1972. La première est relative à l’orientation du secteur des métiers, afin d’adapter l’artisanat et le commerce aux nouvelles structures économiques françaises. La seconde vise à créer l’Office national d'information et d'éducation familiale qui devient le Conseil supérieur de l’information sexuelle. A la tribune, le député de la Loire s’exprime sur des sujets très variés, mais il consacre l’essentiel de ses interventions à la formation de la jeunesse, en particulier à l’apprentissage, à l’enseignement technologique, professionnel ainsi qu’à l’enseignement supérieur. Lucien Neuwirth est, par ailleurs, secrétaire général du groupe parlementaire d’étude de l’aviation civile après novembre 1968 et membre de la commission de contrôle de gestion de l’ORTF à partir de 1971. Durant cette législature, les responsabilités du député de la Loire, au sein du parti gaulliste, s’accroissent. Membre du comité central de l’Union des démocrates pour la Vème République, puis de l’Union pour la défense de la République (UDR), il devient membre du bureau exécutif de l’UDR. Le député poursuit son soutien à l’exécutif en votant pour les grands projets de loi de la législature : la loi d’orientation de l’enseignement supérieur en octobre 1968, le renforcement de la garantie des droits individuels des citoyens en mai 1970, ainsi que la création des régions le 27 avril 1972. Il vote pour les déclarations de politique générale du gouvernement, les 15 octobre 1970 et 24 mai 1972.
En 1973, le député de Saint-Etienne se porte candidat à sa propre succession. En raison du nombre élevé de candidats et de l’éparpillement des voix au premier tour, Lucien Neuwirth ne recueille que 38 % des voix, suivi du communiste Lucien Arnaud (20,6 %) et de la socialiste Arlette Bardon-Levy (17,6 %). Au second tour, le député sortant est confortablement réélu avec 55,8 % des suffrages. Maintenu à son poste de questeur et membre du groupe UDR, Lucien Neuwirth siège au cours de la législature successivement à la commission des lois, puis à celle des affaires culturelles et enfin à celle des finances. Il préside l’amicale interparlementaire des petites et moyennes entreprises. Parlementaire toujours aussi actif, le député de la Loire est l’auteur d’une dizaine de propositions de loi portant sur des sujets extrêmement divers. Cette diversité marque aussi ses interventions en séance publique, concernant les harkis, l’artisanat, l’apprentissage, l’urbanisme, l’éducation, et l’élection du maire de Paris à laquelle il s’oppose. Cependant, il défend avec constance l’évolution de la société en matière de sexualité. Ainsi, dès juin 1973, à l’occasion du débat sur sa proposition de loi tendant à créer un Conseil supérieur de l’information sexuelle, déposée en juin 1972, mais rejetée par le Sénat, Lucien Neuwirth redit la « nécessité d’une meilleure connaissance des problèmes de la vie ». La loi du 11 juillet 1973 crée ce conseil dont il devient membre. L’année suivante, un projet de loi de régulation des naissances vise à élargir la loi du 28 décembre 1967, en instaurant notamment le remboursement de la contraception par la Sécurité sociale et la suppression de l’autorisation parentale pour les mineures. Le député de la Loire, qui en est le rapporteur, milite ardemment pour cette évolution. Le 26 novembre 1974, il poursuit son combat à l’occasion de l’examen du projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse. Fervent défenseur d’une éducation sexuelle visant précisément à éviter les situations à risque, Lucien Neuwirth déclare pourtant : « Je le dis gravement, je rejette l’avortement comme méthode de contraception, mais j’accueille les femmes qui s’y trouvent contraintes aujourd'hui par la faute de notre législation, de l’hypocrisie de notre société et aussi, nous devons le reconnaître, par la faute de l’écrasant et séculaire égoïsme masculin ».
Elu au conseil régional de la région Rhône-Alpes en 1973, Lucien Neuwirth accède, dès sa fondation, au comité central du Rassemblement pour la République (RPR) dont il est le représentant dans son département de la Loire. Cependant, cet engagement ne lui permet pas de conquérir la mairie de Cannes en 1977. Le député soutient constamment l’exécutif lors des scrutins publics. Il se prononce en faveur des réformes constitutionnelles proposées par les présidents Georges Pompidou (réduction du mandat présidentiel à 5 ans le 16 octobre 1973) et Valéry Giscard d’Estaing (extension de la saisine du Conseil constitutionnel le 10 octobre 1974 et élection des membres de l'Assemblée des communautés européennes au suffrage universel le 21 juin 1977). Il vote pour les déclarations de politique générale des gouvernements de Pierre Messmer le 12 avril 1973, Jacques Chirac le 6 juin 1974 et Raymond Barre le 28 avril 1977. En revanche, le député ne prend pas part au vote sur le divorce par consentement mutuel le 4 juin 1975.
Les élections de 1978 se présentent, pour lui, sous un jour similaire à celles de 1973. Le député stéphanois recueille 32,3 % des voix, devançant ainsi le communiste François Tomas (22,5 %) et le socialiste Bruno Vennin (22,4 %).Il est réélu au second tour, et entame un sixième mandat au Palais-Bourbon. Membre de la commission des finances, il dépose six propositions de loi visant notamment à améliorer la situation des artisans. Il est, par ailleurs, rapporteur spécial du projet de loi de finances pour 1981 sur les constructions scolaires. Ses sujets d’intervention restent très variés, puisque le député s’intéresse tout autant à l’aménagement du territoire qu’à la fiscalité, l’éducation ou des enjeux locaux comme les inondations de la Loire de l’hiver 1980. Il vote pour la déclaration de politique générale du troisième gouvernement Barre le 20 avril 1978. En décembre de la même année, afin de protester contre l’attitude du président de la République et de son premier ministre à l’égard du groupe gaulliste, Lucien Neuwirth se met en congé de vote de son groupe. Il vote toutefois pour la modification du code électoral en vue de favoriser la participation des femmes aux élections municipales, le 20 novembre 1980. Lors de l’examen du projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse, en novembre 1979, il rappelle ses positions en la matière : « La maîtrise de la fécondité, c’est-à-dire le règne de la grossesse désirée, passe d’abord par l’éducation et par l’information » explique-t-il à la tribune le 28 novembre 1979. Cependant, le député ne prend pas part, le 29 novembre 1979, au vote du projet de loi visant à rendre définitives les dispositions de la loi de 1975 sur l’IVG qui rencontre une forte opposition des députés de la majorité, reprochant au projet de loi de banaliser l’avortement.
En 1981, malgré son élection deux ans plus tôt à la tête du conseil général de la Loire, Lucien Neuwirth est emporté par la « vague rose » qui suit l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République. En effet, malgré un bon score au premier tour (45,4 % des voix), le député de Saint-Etienne peine à élargir sa base électorale au second tour. Il ne parvient à recueillir que 47,7 % des voix et il est battu par le socialiste Bruno Vennin. Deux ans plus tard, le 25 septembre 1983, Lucien Neuwirth est élu au Sénat sous l’étiquette RPR (voir la notice biographique en ligne sur le site Internet du Sénat). Au Palais du Luxembourg, il siège au groupe du RPR dont il est vice-président de 1986 à 1989. Il exerce les fonctions de questeur du Sénat, de 1989 à 1998. Membre de la commission des affaires économiques (1983-1985), des affaires sociales (1985-1986), des finances (1986-1989), des lois (1989-1990), des affaires étrangères (1990), des lois (1990-1993), des affaires sociales (1993), des lois (1993-1994), et des affaires sociales (1994-2001), il est également membre de la délégation française aux assemblées consultatives du Conseil de l'Europe et de l'Union de l'Europe occidentale de 1998 à 2001. Président du groupe sénatorial d'amitié France-Québec, il préside aussi le groupe d'études sénatorial démographie et populations et celui sur la politique spatiale française et européenne. Il représente le Sénat au sein de la commission de la télématique en 1987 et du conseil d'administration de l'établissement public Autoroutes de France de 1987 à 1989.
Au Sénat, il s'engage pour une meilleure prise en charge de la douleur par une médecine alors insuffisamment sensibilisée à ce problème en France. Dans un premier temps, il dépose, en novembre 1994, un amendement au projet de loi portant diverses dispositions d'ordre social obligeant les établissements de santé à mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour prendre en charge la douleur d'un patient. Cette obligation est ainsi inscrite dans la loi n° 95-116 du 4 février 1995 portant diverses dispositions d'ordre social. Lucien Neuwirth milite ensuite pour la reconnaissance du droit aux soins palliatifs. Dès 1990, il dépose une proposition de loi visant à la création d'une allocation pour les situations de dépendance résultant d'un état de sénescence. Membre titulaire, au titre du Sénat, du Comité national d'évaluation des dispositifs expérimentaux d'aide aux personnes âgées dépendantes de 1995 à 2001, il présente en février 1999 un rapport d'information sur les soins palliatifs et cosigne une proposition de loi tendant à favoriser leur développement. Il est ainsi à l'origine de la loi n° 99-477 du 9 juin 1999 visant à garantir le droit à l'accès aux soins palliatifs, qu'il a lui-même rapportée. Cette loi garantit un droit à l'accès aux soins palliatifs et à un accompagnement pour toute personne en fin de vie. Il cosigne également, en 2000, une proposition de loi qui institue un congé et une allocation en cas de maladie d'un enfant ou de fin de vie d'un proche. En outre, il présente en 2001 un rapport d'information sur la politique de lutte contre le cancer. Il déplore l'insuffisance de cette politique, et appelle de ses vœux un dépistage systématique du cancer du sein. L'amélioration des conditions de la contraception demeure par ailleurs au cœur de ses préoccupations à la Haute Assemblée. Rapporteur de la proposition de loi relative à la contraception d'urgence en 2000, l'auteur de la loi de 1967 sur la régulation des naissances défend la gratuité de la pilule du lendemain pour les mineures défavorisées. Son avant-dernière intervention au Sénat, en mai 2001, porte d'ailleurs symboliquement sur la contraception : il plaide une nouvelle fois en faveur d'une véritable politique d'éducation à la sexualité et d'information sur la contraception, jugeant que « l'État a failli » dans ce domaine. Le sénateur de la Loire se soucie plus largement de l'amélioration de la condition féminine. Il est ainsi membre, de 1999 à 2001, de la délégation sénatoriale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, dont il est le secrétaire en 2000 et 2001. Il cosigne en 2000, avec son collègue sénateur Gérard Cornu, une proposition de loi relative à l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives dans les élections professionnelles. Au Sénat comme à l'Assemblée nationale, Lucien Neuwirth s'intéresse également aux sujets les plus divers. L'ancien résistant et Français libre se fait notamment le défenseur des anciens combattants. Nommé représentant du Sénat au conseil d'administration de la Fondation de la Résistance en 1993, il rapporte en 1991 la proposition de loi d'Yves Guéna et de plusieurs autres collègues tendant à permettre aux associations d'anciens combattants d'ester en justice. Il est aussi rapporteur du projet de loi créant le Conseil national des communes « Compagnon de la Libération » en 1999. Rapporteur des comptes spéciaux du Trésor de 1986 à 1988, il rapporte également des textes sur le développement du mécénat (1987), l'organisation d'une assistance juridique du Sénat au profit des collectivités locales (1992) et l'adoption (1996). Il dépose aussi des propositions de loi sur l'aide aux entreprises en difficulté (1984), la suspension administrative du permis de conduire (1990), la préservation des paysages ruraux (1991), la contribution de la France à la lutte contre la faim (1991 et 1993) ou les élections aux caisses d'assurance vieillesse (1997). Il vote pour la loi relative au revenu minimum d'insertion en 1988, la loi relative aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale en 1993, la loi d'orientation et d'incitation relative à la réduction du temps de travail en 1998, la loi relative au pacte civil de solidarité et la loi constitutionnelle relative à l'égalité entre les femmes et les hommes en 1999. En revanche, il se prononce contre la loi constitutionnelle ajoutant à la Constitution le titre, « De l'Union européenne », en 1992.
Lors du renouvellement sénatorial du 23 septembre 2001, Lucien Neuwirth n'est pas réélu. La liste divers droite qu'il conduit dans la Loire ne recueille, en effet, que 155 voix sur les 1 715 suffrages exprimés et n'obtient aucun siège. Cette défaite met un terme à une carrière parlementaire, longue de quarante et une années. Lucien Neuwirth se retire alors de la vie politique. Il avait déjà renoncé, en 1998, au mandat de conseiller général de la Loire qu'il avait détenu sans discontinuer pendant trente et un ans. Peu après son départ du Palais du Luxembourg, en octobre 2001, il est nommé membre du Conseil économique et social et y siège à la section des affaires sociales. Longtemps souffrant, il s'éteint le 26 novembre 2013 à Paris, à l'hôpital Sainte-Périne, à l'âge de quatre-vingt-neuf ans, des suites d'une infection pulmonaire. Il était Commandeur de la Légion d’honneur, Grand officier de l’ordre national du Mérite, Chevalier des Palmes académiques et décoré de la Médaille militaire, de la Croix de guerre 39-45 ainsi que de la Rosette de la Résistance. L'Institut de cancérologie de la Loire, situé à Saint-Priest-en-Jarez, qui résulte de la fusion des activités de cancérologie et de radiothérapie du Centre Hospitalier Universitaire de Saint-Etienne et de la Mutualité Française de la Loire, porte le nom de Lucien Neuwirth, de même qu’une salle du conseil départemental de la Loire et une place sur le parvis de la gare de Saint-Etienne.