Roland Nungesser
1925 - 2011
NUNGESSER (Roland)
Né le 9 octobre 1925 à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne)
Décédé le 30 mars 2011 à Saint-Mandé (Val-de-Marne)
Député du Val-de-Marne de 1958 à 1966, en 1967 et de 1968 à 1997
Secrétaire d’Etat au Logement du 8 janvier 1966 au 1er avril 1967
Secrétaire d’Etat à l’Economie et aux finances du 7 avril 1967 au 31 mai 1968
Ministre de la Jeunesse et des sports du 31 mai 1968 au 10 juillet 1968
Roland Nungesser naît le 9 novembre 1924 à Nogent-sur-Marne où son père tient un commerce. Il est le neveu de l’aviateur Charles Nungesser, héros de la Première guerre mondiale disparu au cours de la première traversée de l’Atlantique en 1927. Roland Nungesser, déjà très attaché à sa ville natale, est contraint de la quitter afin de poursuivre des études secondaires au lycée Marcellin Berthelot de Saint-Maur. Le jeune homme, qui rêve de devenir ambassadeur, intègre l’Ecole libre des sciences politiques et s’inscrit à la Faculté de droit de Paris, dont il sort licencié à 21 ans. Entre temps, Roland Nungesser a participé à la Résistance au sein du Mouvement de Libération Nord, puis dans les FFI.
La carrière professionnelle de Roland Nungesser commence en 1947 lorsqu’il est nommé sous-directeur à la reconstruction de la flotte fluviale. Cinq ans plus tard, il prend la tête du commissariat général du Salon nautique international dont il devient le secrétaire général en 1956. Pendant cette période, il est également vice-président de la chambre syndicale des industries nautiques. Premier adjoint de sa ville natale depuis 1953, Roland Nungesser est connu des Nogentais pour avoir créé la célèbre « Fête du Petit vin blanc » dans sa commune. Son engagement auprès du général de Gaulle se traduit par son adhésion au Rassemblement du peuple français (RPF).
Repéré par les collaborateurs du général de Gaulle, le maire-adjoint de Nogent est convoqué à l’automne 1958 par Edmond Michelet, alors ministre des Anciens Combattants dans le gouvernement du général de Gaulle, mais aussi dirigeant des gaullistes dans le département de la Seine. Roland Nungesser a raconté comment ce dernier lui annonce : « Mon petit, tu y vas ». Perplexe, le jeune homme demande : « Je vais où ? ». Edmond Michelet lui répond : « Ils ne t’ont pas dit ? A la députation, bien sûr. Mais, tu n'es pas au courant ? ». Le jeune homme se porte donc candidat dans la quarante-septième circonscription de la Seine, nouvelle circonscription comprenant notamment Nogent-sur-Marne et Champigny. La ville est d’ailleurs réputée pour être une « citadelle communiste », comme le rappelle Roland Nungesser dans ses mémoires. Soutenu par l’Union pour la nouvelle République (UNR) et le Centre national des indépendants (CNI), il se présente comme un homme « neuf, à l’écart des intrigues politiques », « jeune, dynamique », « libre et indépendant ». Roland Nungesser se place en tête du premier tour avec 15 991 voix, et 31,06 % des suffrages exprimés, devançant ainsi son adversaire communiste, Louis Talamoni (13 624 voix), le socialiste Robert Belvaux (6 905 voix) ou encore le candidat du Mouvement républicain populaire (MRP), Henri Melchior (2 736 voix). Il faut dire que les Nogentais l’ont majoritairement choisi : il a recueilli 46,25 % des suffrages dans sa ville natale. Bénéficiant d’un très bon report des voix des petits candidats de droite, Roland Nungesser est très largement élu au second tour, ayant remporté 33 768 voix, et plus de 67,2 % des suffrages, face au candidat du Parti communiste français (PCF).
A son arrivée au Palais-Bourbon, Roland Nungesser s’inscrit au groupe UNR. Il siège à la commission des finances, de l’économie générale et du Plan pendant toute la législature. Il est rapporteur spécial du budget du Premier ministre, qui comprend celui de l’information. S’y ajoute la radiodiffusion télévision française (RTF) à partir du projet de loi de finances pour 1961. En outre, le jeune député de 33 ans est élu secrétaire de l’Assemblée nationale en décembre 1958, en octobre 1959 et en octobre 1960.
Roland Nungesser est un parlementaire très actif. Il prend la parole à de nombreuses reprises. Il intervient ainsi, le 3 juin 1959, sur le projet de règlement définitif de l’Assemblée nationale. Ensuite, sur le projet de loi relatif à l’équipement scolaire et universitaire, il s’intéresse particulièrement à la modernisation des équipements sportifs, le 2 juillet 1959. Celui qui, en 1961, fonde et préside le Conseil supérieur de la navigation de plaisance et des sports de l’eau, plaide le 10 novembre 1960 pour « l’ouverture d'une grande enquête sur l'ensemble du tourisme nautique » lors de la discussion du projet de la loi des finances pour 1961. L’action de Roland Nungesser dans ce domaine est essentielle : il contribue significativement à l’adoption de la première loi-programme d’équipement sportif, votée le 28 juillet 1961. Un autre thème de prédilection du député est la recherche scientifique et spatiale, dont il souligne plusieurs fois le retard en France. Il est d’ailleurs rapporteur de la loi-programme de recherche scientifique et spatiale et de la création du Centre national d’études spatiales (CNES) de décembre 1961. Enfin, Roland Nungesser intervient souvent sur les questions relatives à l’information. En effet, chargé du contrôle parlementaire de la RTF, de la Société financière de radiodiffusion, la SOFIRAD, de l’Agence France-Presse et de la Société nationale des entreprises de presse, le député invite le gouvernement à l’occasion de l’examen des projets de loi de finances à faire preuve de davantage de cohérence dans ce domaine. Le ministère de l’Information « se présente davantage comme un cabinet ministériel que comme une véritable administration centrale », estime Roland Nungesser le 5 novembre 1960, qui souligne la nécessité d’une réorganisation rapide de ces services en vue d’assurer une meilleure information du pays.
Le député du Val-de-Marne soutient l’exécutif lors des grands débats nationaux. Il approuve le programme du gouvernement Debré (16 janvier 1959), le nouveau règlement de l’Assemblée nationale limitant les possibilités d’expression des élus de la Nation (3 juin 1959), la déclaration de politique générale du Premier ministre le 15 octobre 1959, quelques semaines après le discours du général de Gaulle évoquant l’« autodétermination » de l’Algérie, le projet de loi Debré sur le financement de l’enseignement privé (23 décembre 1959), les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie après la semaine des barricades (2 février 1960), le programme du gouvernement Pompidou (27 avril 1962) et la levée de l’immunité de Georges Bidault (5 juillet 1962). Enfin, il ne s’associe pas à la motion de censure du 4 octobre 1962.
Les élections législatives de 1962 se présentent sous un jour très favorable pour Roland Nungesser, élu maire de Nogent-sur-Marne en 1959. Avec 23 616 voix portées sur son nom, sur 49 322 suffrages exprimés, le député manque d’être réélu dès le premier tour d’un millier de voix. Il devance très largement son adversaire communiste, Louis Talamoni (16 816 voix), le socialiste Robert Cazabat (3 866 voix) ainsi que deux petits candidats de droite. Dans ces conditions, sa réélection au second tour est assurée : il est élu par 56,6 % des suffrages.
député de la Seine retrouve le groupe gaulliste de l’Assemblée ainsi que la commission des finances dont il est membre de 1962 à 1966, date à laquelle il abandonne son mandat parlementaire afin d’exercer ses fonctions de secrétaire d’Etat au Logement dans le gouvernement de Georges Pompidou. Au Palais-Bourbon, Roland Nungesser conserve ses rapports spéciaux, malgré ses protestations comme il le souligne dans ses mémoires publiés en 2003 : « Il me paraissait vain de continuer puisque depuis plusieurs années, les réformes que je proposais n’étaient pas appliquées par le gouvernement ». Le député consacre ainsi toujours l’essentiel de ses interventions à la situation de l’information en France, à la recherche spatiale et à l’équipement sportif, notamment dans le domaine de la navigation touristique. Il s’implique dans les réflexions et les débats suscités par l’aménagement de la région parisienne au début des années 1960. Le maire de Nogent-sur-Marne est, en effet, l’un des inspirateurs du schéma directeur visant à déterminer les axes d’extension de la région parisienne. Secrétaire en 1962 puis président de 1963 à 1964 du district de la région de Paris, la première organisation régionale de la capitale ainsi que rapporteur du schéma directeur de la région de Paris de 1965 à 1966, Roland Nungesser plaide pour le choix d’une grande région parisienne étendue jusqu’à Orléans, Amiens, Troyes, Chartres, ou encore Dreux, et non sur la création de quelques très grandes villes nouvelles plus proches de la capitale. Il défend ces conceptions dans une très longue intervention à la tribune, le 12 juin 1964, à l’occasion du projet de loi portant réorganisation de la région parisienne.
Proche du général de Gaulle qui lui voue « une sorte d’affection paternelle », selon lui, et devenu spécialiste de l’aménagement du territoire, Roland Nungesser est appelé en janvier 1966 à siéger au gouvernement de Georges Pompidou comme secrétaire d’Etat au Logement. Afin de résorber la crise du logement qui frappe la France et en particulier la région parisienne, Roland Nungesser explique « qu’il faut construire vite et pas cher », tout en développant les maisons individuelles. Le secrétaire d’Etat défend à de nombreuses reprises le programme de résorption des bidonvilles qu’il a lancé dès son arrivée au ministère.
Auparavant, lors des grands scrutins de la législature, le député Roland Nungesser a soutenu avec constance l’action du gouvernement. Il s’est prononcé ainsi en faveur de la ratification du traité de l’Elysée le 13 juin 1963, du projet de loi encadrant les grèves des services publics le 26 juillet 1963, de la modification des dates des sessions parlementaires le 20 décembre 1963, de la réforme du mode d’élection des conseillers municipaux le 17 juin 1964 et de la réforme du service national le 26 mai 1965.
En 1967, Roland Nungesser sollicite le renouvellement de son mandat parlementaire dans la 6e circonscription du Val-de-Marne. Le secrétaire d’Etat au Logement, qui défend les couleurs gaullistes, obtient 48,1 % des suffrages dès le premier tour, puis 56,6 % au second tour contre le communiste Louis Talamoni.
L’Assemblée prend acte de son élection le 3 avril 1967. Il s’inscrit alors au groupe de l’Union démocratique pour la Ve République et siège à la commission de la défense nationale et des forces armées. Cependant, nommé le 7 avril 1967, secrétaire d’Etat à l’Economie et aux finances dans le quatrième gouvernement de Georges Pompidou, le député du Val-de-Marne abandonne son mandat de député le mois suivant au profit de son suppléant, René Ithurbide. En 1967, Roland Nungesser est également élu conseiller général du canton de Nogent-sur-Marne, fonction qu’il occupe jusqu’en 1988.
Du 31 mai au 10 juillet 1968, en pleine crise politique, il lui échoit d’assumer la fonction du ministre de la Jeunesse et des sports dans le gouvernement Pompidou, remanié. Les élections législatives anticipées du 23 juin 1968 confortent la position du nouveau ministre, élu dès le premier tour avec 50,3 % des suffrages exprimés, quand le communiste Louis Talamoni n’en recueille que 25,5 %. Pourtant, il n’est pas membre du gouvernement constitué par Maurice Couve de Murville le 12 juillet 1968. Au Palais-Bourbon, Roland Nungesser siège d’abord à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales avant de rejoindre, l’année suivante, la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Son expérience parlementaire et sa très bonne connaissance du travail législatif le portent à la vice-présidence de l’Assemblée nationale de 1969 à 1973. Il propose plusieurs résolutions de réforme du règlement de l'Assemblée, afin d’en moderniser et d’en améliorer le fonctionnement. Il est également à l’origine d’une proposition de loi, déposée le 30 juin et à nouveau le 9 novembre 1972, visant à modifier le code électoral en vue d’instituer une commission de contrôle des opérations de vote dans les communes de plus de 20 000 habitants. Il s’agit pour le député de lutter contre « la fraude électorale au niveau de la composition des listes électorales, pendant le déroulement des opérations, à l’occasion du vote par correspondance et pendant les opérations de dépouillement ».
A la tribune, le député du Val-de-Marne s’intéresse toujours aussi vivement aux questions d’équipement et de logement. Il prend part, le 12 décembre 1968, à la discussion qui suit la déclaration du gouvernement relative à la réforme de la région et du Sénat, soulignant l’absence d’incompatibilité entre la création de la région et le maintien du département. Plus généralement, le député s’inquiète de la situation de la France d’après mai 1968, évoquant le « problème de l’homme devant la machine et celui de l’individu devant la masse », le 15 octobre 1970, lors du débat sur la déclaration du gouvernement relative à la politique générale. Déplorant la portée de la querelle qui oppose le libéralisme au socialisme, il estime nécessaire « de réaliser un changement fondamental de l’état d’esprit des Français » par la pratique du sport, par la satisfaction des « besoins d’épanouissement et d’évasion de l’homme moderne », par une politique de l’environnement ou encore par l’humanisation de la ville. Ainsi se trouvent réunis tous les thèmes chers au député : l’urbanisme, le sport et l’environnement.
Par ailleurs, la fidélité de Roland Nungesser au gaullisme conduit le président Georges Pompidou, soucieux de regrouper les diverses sensibilités gaullistes sur une base doctrinale, à lui confier, en 1972, le soin de rédiger la « Charte du Gaullisme », que devaient approuver les mouvements et associations qui s’en réclament.
Le député poursuit son soutien à l’exécutif approuvant les déclarations de politique générale des gouvernements, les 15 octobre 1970 et 24 mai 1972, et votant pour les grandes réformes de cette législature, le projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur en octobre 1968, le projet de loi relatif à l’exercice du droit syndical dans les entreprises en décembre 1968, le renforcement de la garantie des droits individuels des citoyens en mai 1970, le projet de loi Pleven dit « anticasseurs » et l’abaissement du service national à douze mois en juin 1970 ainsi que la création des régions, le 27 avril 1972.
Les élections législatives de 1973 offrent à Roland Nungesser, devenu trois ans président du conseil général du Val-de-Marne, un cinquième mandat législatif. Au premier tour, le maire de Nogent-sur-Marne obtient 38,7 % des suffrages exprimés, devançant son adversaire communiste Guy Poussy (27,7 % des voix), le socialiste Jean Pécoup (15,3 %) ou encore le candidat du Mouvement Réformateur Etienne Audfray, maire de Bry-sur-Marne (13,6 %). Le second tour voit la victoire de Roland Nungesser qui bat Guy Poussy : plus de 52,1 % des électeurs de la 6e circonscription (Nogent, Le Perreux, Bry-sur-Marne, Champigny) ont voté pour le député sortant.
Inscrit au groupe de l’Union des démocrates pour la République (UDR) puis, après sa création en 1976, à celui du Rassemblement pour la République (RPR), Roland Nungesser devient le premier vice-président de l’Assemblée et siège à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République jusqu’en 1977, puis à la commission de la production et des échanges. Le député du Val-de-Marne est également membre de la commission de contrôle et de gestion financière de l’ORTF, et membre du Conseil supérieur des habitations à loyer modéré.
Roland Nungesser se distingue pendant cette législature par son action décisive en matière de défense de l'environnement. En juin 1976, il est ainsi l’artisan de la grande loi sur la protection de la nature dont il est le rapporteur. Son expérience parlementaire lui permet en particulier d’intégrer au texte initial du projet de loi des amendements instaurant les études d’impact et les dispositions législatives définissant une « Charte de l'Animal ». Ce texte constitue une avancée décisive de la législation française à l’égard des animaux qu’elle considère désormais comme des « êtres sensibles à traiter dans les conditions de sa race » et non plus comme de simples objets sur le plan juridique. Son intérêt pour l’environnement et l’urbanisme se traduit également par ses nombreuses prises de paroles relatives à l’aménagement du territoire, notamment lors des projets de loi de finances. Il y défend à plusieurs reprises la navigation fluviale et, en particulier, la liaison Rhin-Rhône, la nécessité de prendre en compte la qualité de la vie dès l’élaboration des projets d’urbanisme ou encore de faire inscrire dans la loi l’obligation de l’étude d’impacts environnementaux pour les grands ouvrages.
Enfin, il souligne le 29 juin 1973, dans une question d’actualité, l’enjeu de l’aménagement du parc du Tremblay de Champigny comme grand ensemble de loisirs et de détente. Le député-maire de Nogent-sur-Marne est en effet à l’origine de la réalisation de ce grand parc de la région parisienne.
Le député se prononce en faveur des réformes constitutionnelles ou institutionnelles promues par Georges Pompidou (réduction du mandat présidentiel à 5 ans le 16 octobre 1973, projet qui n’aboutit pas), puis par Valéry Giscard d’Estaing (extension de la saisine du Conseil constitutionnel le 10 octobre 1974 ; élection des membres de l'Assemblée des communautés européennes au suffrage universel le 21 juin 1977). Par ailleurs, il soutient les trois déclarations de politique générale des Premiers ministres : Pierre Messmer le 12 avril 1973, Jacques Chirac le 6 juin 1974, Raymond Barre le 28 avril 1977. Enfin, il approuve la création du divorce par consentement mutuel le 4 juin 1975. En revanche, il ne s’associe pas au vote de la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse : le député du Val-de-Marne s’abstient volontairement le 28 novembre 1974.
Aux élections législatives de 1978, Roland Nungesser, désormais également conseiller régional d’Île-de-France, remporte 45,5 % des suffrages exprimés au premier tour, loin devant le communiste Guy Poussy (25,6 %) et le socialiste Gérard Descotils (16,6 %). Le député sortant est largement réélu avec 54,8 % des voix au second tour.
Au Palais-Bourbon, Roland Nungesser siège à la commission des affaires étrangères durant la législature. Ainsi, s’il continue de défendre à la tribune une politique environnementale ambitieuse notamment par le biais de l’aménagement du territoire, le député du Val-de-Marne s’intéresse davantage aux problèmes internationaux. Dès le 2 novembre 1978, il dénonce l’insuffisance des moyens alloués aux services diplomatiques. Le député s’illustre aussi par sa volonté de développer une diplomatie parlementaire. Il est d’ailleurs, depuis 1969, président de la chambre de commerce franco-soviétique. Par ailleurs, Roland Nungesser prend la parole, le 26 juin 1979, lors de la déclaration du gouvernement sur l’échelle des peines criminelles pour s’opposer à l’abolition de la peine de mort. Il souligne le déphasage très net, selon lui, entre « l’offensive des » abolitionnistes et la réserve de la très grande majorité de la population, reprochant aux premiers d’« oublier trop souvent les victimes au profit des criminels ». Soulignant le caractère inhumain d’une trop longue détention et le caractère plutôt dissuasif de la peine capitale, il préconise de restreindre le nombre des crimes passibles de la peine de mort, sans l’abolir totalement.
Lors des principaux scrutins publics, le député apporte un soutien constant à l’action gouvernementale. Roland Nungesser vote ainsi pour l’augmentation de la quote-part de la France au Fonds monétaire international le 18 avril 1978, pour la déclaration de politique générale du gouvernement Barre le 20 avril 1978, pour l’aide aux travailleurs privés d'emploi le 5 janvier 1979, pour l'aménagement de la fiscalité directe locale sur lequel la responsabilité du gouvernement est engagée le 18 décembre 1979, pour le projet de loi sur la définition et la répression du viol le 11 avril 1980, pour la modification du code électoral en vue de favoriser la participation des femmes aux élections municipales le 20 novembre 1980, ou encore pour le projet de loi renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes le 18 décembre 1980. Seul écart à l’adhésion à la politique menée par l’exécutif, le député, absent des débats en première lecture, le 29 novembre 1979, ne participe pas, le 19 décembre suivant, au vote du texte établi par la commission mixte paritaire sur le projet de loi relatif à l’IVG.
Par ailleurs, la même année, au lendemain des élections européennes, Roland Nungesser crée le Carrefour du Gaullisme, association qui regroupe d’éminentes personnalités appartenant aux univers politiques, scientifiques, économiques, culturels et sociaux, en vue de servir « une certaine idée de la France ».
La « vague rose » de 1981 n’emporte pas, aux élections législatives, le député sortant qui brigue un septième mandat : après avoir obtenu 46,2 % des suffrages au premier tour, Roland Nungesser est réélu au second tour avec 51,3 % des voix face à Pierre Jacquemin du Parti socialiste (PS). Le maire de Nogent-sur-Marne retrouve la commission des affaires culturelles, familiales et sociales en 1981, puis celle des affaires étrangères à partir de 1984.
A la tribune, le député du Val-de-Marne, désormais dans l’opposition, se montre un ardent pourfendeur du projet de loi « Defferre » sur la décentralisation et de celui abolissant la peine de mort. A l’occasion de ce débat, il réaffirme, le 17 septembre 1981, sa conviction dans le caractère dissuasif de la peine capitale et souligne l’absence de consultation des Français. En novembre 1984, il dépose une proposition de loi tendant à instaurer quatre cas d’exception à la loi du 9 octobre 1981 abolissant la peine de mort.
Ses interventions portent également sur la défense de l’environnement avec la lutte contre le bruit, contre la pollution de l’eau et celle de l’air, la nécessité de développer la navigation fluviale ou encore la défense des animaux, victimes d’abandon et de cruauté. Le 20 décembre 1984, le député du Val-de-Marne dépose une proposition de loi tendant à renforcer la protection animale définie par la loi de 1976. Roland Nungesser est d’ailleurs élu président en 1984, puis président d’honneur en 1988, de la Société protectrice des animaux (SPA). Enfin, il s’intéresse à nouveau à la lutte contre la fraude électorale au cours de ses interventions et par le dépôt de deux propositions de loi en décembre 1985 et en février 1986 tendant à améliorer la répression et la prévention d’une telle fraude.
A l’occasion des déclarations de politique générale des différents gouvernements de la législature, Roland Nungesser s’affirme dans l’opposition (Mauroy I et II, 9 juillet 1981 et 6 avril 1983 ; Fabius, 24 juillet 1984). S’il vote les projets de loi en faveur de la protection des victimes d’infraction (5 mai 1983) et des étrangers séjournant en France (25 mai 1984), il vote contre l’abolition de la peine de mort (18 septembre 1981), le remboursement de l’IVG (20 décembre 1982), et la démocratisation des enquêtes publiques (20 avril 1983). Il s’abstient volontairement de prendre part au scrutin du 6 décembre 1982 sur l’égalité professionnelle des femmes et des hommes et ne prend pas part au scrutin du 6 mai 1985 sur l’égalité des époux dans les régimes matrimoniaux.
Par ailleurs, en 1983, Roland Nungesser fonde l’Association des maires de l’Île-de-France, qu’il préside jusqu’en 1995.
Les élections législatives de 1986 voient la victoire relative du PS dans le Val-de-Marne. La liste emmenée par Joseph Franceschi obtient en effet 28,8 % des voix soit 4 des 12 sièges à pourvoir dans le département. La liste RPR menée par Robert-André Vivien, avec 23 % des voix, obtient 3 élus dont Roland Nungesser et Christiane Papon. La liste Union pour la démocratie française (UDF) d’Alain Griotteray remporte 2 sièges, tout comme celle du communiste Georges Marchais. Le Front national gagne également un élu dans le département.
Toujours membre du groupe RPR et de la commission des affaires étrangères, Roland Nungesser reprend ses propositions de loi déposées lors de la précédente législature visant à améliorer la protection animale, à lutter contre la fraude électorale et à instaurer des exceptions à l’abolition de la peine de mort. En séance publique, il demeure un ardent défenseur de l’environnement, cause à laquelle il consacre l’essentiel de ses interventions. A partir d’avril 1986, il préside la commission spéciale chargée de vérifier et d’apurer les comptes de cette assemblée.
Fidèle soutien à l’exécutif pendant la première cohabitation, le député approuve les deux déclarations de politique générale du gouvernement Chirac le 9 avril 1986 et le 7 avril 1987, la ratification de l’Acte unique européen le 20 novembre 1986, et la réforme de l’exercice de l’autorité parentale le 7 mai 1987.
Lors des élections législatives de 1988, Roland Nungesser est à nouveau élu. Il remporte 48,6 % des suffrages au premier tour puis est réélu au second avec 60,1 % des voix, loin devant le socialiste Henri Morel.
A son retour au Palais-Bourbon, le député du Val-de-Marne retrouve les rangs du groupe RPR de l’Assemblée et ceux de la commission des affaires étrangères. La lutte contre la fraude électorale, la protection de l’environnement et le rétablissement de la peine capitale pour certains cas sont, à nouveau, ses thèmes favoris. En 1989, il est notamment rapporteur du projet de loi autorisant l’approbation d'une convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe, ainsi que de celui autorisant l’approbation d’une convention relative à la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage. Surtout, le député est l’auteur, en mai 1992, du rapport d’information au nom de la commission des affaires étrangères sur la préparation et le déroulement de la conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement. Roland Nungesser est d’ailleurs, l’année suivante, rapporteur d’information sur les suites de cette conférence. Enfin, nommé rapporteur d’information sur le droit d’ingérence et la réforme de l’ONU en octobre 1991, il s’intéresse également aux questions de stabilité internationale. Il est enfin l’auteur d’une proposition de loi tendant à proclamer, le 18 juin 1990, jour férié afin de célébrer le cinquantenaire de l’appel du général de Gaulle.
Lors des scrutins d’importance nationale, le député ne se démarque pas des votes de son groupe parlementaire. Ainsi, il s’oppose, le 4 juillet 1989, au projet de loi sur les conditions de séjour et d’entrée des étrangers en France qui revient sur les restrictions adoptées en 1986, à la réforme du code pénal votée le 12 octobre 1989, au projet de loi constitutionnelle instituant un contrôle de constitutionnalité des lois par voie d'exception, le 25 avril 1990, à la proposition de loi « Gayssot » tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe le 2 mai 1990, à la réforme du statut de la Corse accordant au territoire une plus grande autonomie, le 12 avril 1991, ainsi qu’au texte traitant de la répression des crimes et délits contre la Nation destiné à intégrer le nouveau code pénal le 8 octobre 1991. Comme la plupart de ses collègues RPR, il se prononce en faveur de l’entrée en guerre contre l’Irak le 16 janvier 1991 et de la ratification des accords de Schengen, le 2 juin 1991. Cependant, le 12 mai 1992, il ne prend pas part au vote sur le projet de loi constitutionnelle visant à tenir compte de la rectification du traité de Maastricht.
En 1993, Roland Nungesser brigue avec succès un dixième mandat de député. Après avoir remporté 41,1 % des suffrages au premier tour, il bat son adversaire du second tour, le socialiste Jean-Louis Besnard, avec plus de 64,4 % des suffrages exprimés.
Toujours membre de la commission des affaires étrangères, rapporteur pour avis du budget de la Défense dans le cadre de l’examen des projets de loi de finances, chaque année, et vice-président de la commission spéciale chargée de vérifier et d’apurer les comptes, le député du Val-de-Marne poursuit inlassablement son combat pour la protection de l’environnement au cours de son dernier mandat de parlementaire. Il est notamment rapporteur du projet de loi autorisant la ratification de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques adoptée le 9 mai 1992 et de celui autorisant l’amendement, adopté en 1992 à Copenhague, au protocole de Montréal de 1987 sur la protection de la couche d’ozone. Toujours partisan de la transparence en matière politique, le député-maire de Nogent-sur-Marne est à l’origine d’une proposition de loi, déposée le 16 novembre 1994, visant à renforcer les pouvoirs de la commission chargée de recevoir les déclarations de patrimoines des membres du gouvernement et de certains élus.
En 1995, il perd la mairie qu’il présidait depuis trente-six ans. Il est battu au second tour par Estelle Debaecker, une candidate Divers droite. Pour le créateur de la fête du « Petit vin blanc », le sauveur du pavillon Baltard ainsi que des orgues du Gaumont palace, et le détenteur de la « Marianne d’or 1986 », décernée pour son action à la tête de la ville, la déception est forte. Celui qui aimait à appeler sa ville natale « notre bonne ville » décide alors de se retirer progressivement de la vie politique.
Le 30 mars 2011, Roland Nungesser s’éteint à l’âge 85 ans d’une hémorragie cérébrale. Il était commandeur de la Légion d’honneur et chevalier du Mérite commercial. Dès le mois de juillet 2011, le conseil municipal de Nogent-sur-Marne décide de lui rendre hommage en attribuant son nom à une place qui donne sur la mairie même. Outre ses mémoires Du petit vin blanc au Palais Bourbon (2003), Roland Nungesser est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Le Chevalier du Ciel (1953) et Pour une société nouvelle : la Révolution qu’il faut faire (1970).