Louis Odru
1918 - 2004
ODRU (Louis)
Né le 9 décembre 1918 à Sospel (Alpes-Maritimes)
Décédé le 10 septembre 2004 à Montreuil (Seine-Saint-Denis)
Député de Seine-Saint-Denis de 1962 à 1986
Louis Odru naît le 9 décembre 1918 à Sospel, petite bourgade des Alpes-Maritimes, située dans l’arrière-pays niçois. Il est l’aîné d’une famille de trois enfants. Sa mère est femme au foyer et son père, agent administratif des douanes, assure aussi les fonctions de trésorier du Syndicat autonome des douanes. Sous l’influence de son père mais aussi de son instituteur Virgile Barel (qui a repéré ses qualités intellectuelles et le pousse vers l’Ecole primaire supérieure puis vers l’Ecole normale d’instituteurs), Louis Odru s’inscrit aux Jeunesses communistes le 7 février 1934, le lendemain de la manifestation violente devant la Chambre des députés à Paris. L’année suivante, il entre à l’Ecole normale d’instituteurs de Nice. Il continue de militer et rejoint en 1936-1937 les étudiants communistes locaux rassemblés dans un groupe André Marty. Celui qui siège, dès 1937, au bureau régional des Jeunes communistes appartient aussi à d’autres structures plus ou moins liées au PCF comme le Comité de vigilance des jeunes intellectuels antifascistes, le Syndicat national des instituteurs (SNI) et les Amis de l’Union soviétique. Il s’occupe d’organiser des loisirs pour la jeunesse ouvrière locale, soutient l’Espagne républicaine et combat les ligues nationalistes. En 1938, Louis Odru est nommé instituteur à Menton.
Louis Odru est opposé à la déclaration de guerre en septembre 1939 aux côtés d’étudiants communistes niçois qui protestent aussi contre l’interdiction du Parti. Mobilisé en novembre 1939, il se retrouve, à la faveur du reflux des troupes à la fin de la campagne de France, dans le sud du pays (Montpellier, puis Sète et Agen). Au moment de l’armistice, le voici à Loches, en Indre-et-Loire. Avec quelques camarades, il est opposé au nouveau régime de Vichy et à sa politique de collaboration. Emprisonné pour propagande communiste dans l’armée, le 5 novembre 1940, il est condamné en janvier 1941 par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand à cinq ans de prison et dix ans d’interdiction des droits civiques. De février 1941 à juin 1944, son militantisme communiste et ses tentatives d’évasion lui valent d’être transféré de prisons militaires en autres centres de détention : Clermont-Ferrand, Mauzac (Dordogne) de février 1941 à avril 1942, Bergerac d’avril à août 1942, Mauzac d’août 1942 à janvier 1943, Bergerac de janvier à mai 1943, Villefranche-de-Rouergue de mai à juin 1944. Le 6 juin 1944, il s’évade avec d’autres détenus et rejoint le maquis Francs-tireurs et partisans (FTP) d’Ols-Camboulan. Il participe à la libération de l’Aveyron et du Tarn, avant de diriger, sous le pseudonyme de « commandant Curie », les FTP lors du défilé de la victoire à Albi, fin août 1944.
Représentant l’état-major de la XVIe région militaire, il se rend alors à Montpellier. Après une période de formation à l’école de cadres (mars-avril 1945) à Castres, il participe à « l’amalgame » et rejoint la première Armée afin de participer aux derniers combats de la campagne d’Allemagne. La capitulation du IIIe Reich acquise, il reste jusqu’en juillet 1945 à Stuttgart avant de revenir à l’état-major de la XVIe région militaire comme chef du bureau régional des Forces françaises de l’intérieur (FFI). Démobilisé le 1er octobre 1945 avec le grade de capitaine, il reçoit la médaille de la Résistance, la Croix de guerre avec palmes et une citation à l’ordre de l’armée signée par le général de Gaulle.
Début 1946, Louis Odru retourne à Nice où il reprend ses activités militantes au sein du Parti communiste français (PCF). Responsable départemental des Alpes maritimes en 1946-1947, il est repéré par la direction du parti pour ses qualités intellectuelles et son sens de la communication. En juillet 1947, Etienne Fajon le fait entrer à la section idéologique du Parti et, après l’avoir nommé « instructeur » du Comité central, lui donne comme mission de suivre les fédérations sur le plan doctrinal. Une fonction sensible dans ces premiers temps de la Guerre froide où le PCF impose une ligne stalinienne très dure. Louis Odru participe aux actions de choc menées par un PCF entré en opposition frontale avec le gouvernement atlantiste de la Troisième force. C’est ainsi qu’à l’automne 1947 il se rend en Lorraine pour bloquer des péniches de sucre supposées destinées aux troupes américaines stationnées en Allemagne alors que la population française souffre du rationnement. Il y rencontre une institutrice communiste Madeleine Dissoubray, ancienne déportée à Auschwitz puis à Mauthausen, avec laquelle il se marie un an plus tard, à Paris. Deux enfants naissent de cette union.
En août 1948, Raymond Barbé le propose pour entrer à l’Assemblée de l’Union française sur le contingent du PCF en remplacement d’Adrien Duqueroix. Il y siège à partir de février 1949 et entre alors comme permanent à la section coloniale du PCF, plus spécialement chargé des DOM-TOM. C’est à ce titre que la direction du Parti l’envoie à La Réunion prendre en main la fédération locale. Louis Odru reste conseiller de l’Union française jusqu’en 1958. Il s’y montre très dynamique, développant un discours anticolonialiste et luttant pour l’égalité des droits entre les habitants de la Métropole et les ressortissants des « vieilles colonies ». Sous son influence émergent des Partis communistes en Martinique (1957), en Guadeloupe (1958), puis à La Réunion (1959).
A partir de 1951, la direction du PCF lui demande de réorienter son action vers l’Afrique subsaharienne française et de nouer des relations avec les leaders indépendantistes locaux. La tâche est d’autant plus difficile que les communistes français ont coupé les ponts avec le Rassemblement démocratique africain (RDA) d’Houphouët-Boigny vers 1949-1950. Louis Odru lance le Comité de défense des libertés démocratiques en Afrique noire, qui édite un bulletin, Frères d’Afrique, envoie des avocats français défendre les militants anticolonialistes africains, et se rend lui-même en tant que conseiller de l’Union française dans plusieurs territoires du continent (Sénégal, Guinée, Soudan, Niger, Haute-Volta). Il se fait le relais auprès de ses camarades députés de l’Assemblée nationale des questions relatives à l’Afrique noire (répression, droits de l’Homme, code du travail, combat pour l’indépendance...). Louis Odru s’engage fortement contre les deux guerres coloniales dans laquelle la France est engagée sous la IVe République. Il milite contre la guerre en Indochine et dénonce à la tribune du Conseil de l’Union française les scandales liés au trafic de piastres. Après la défaite de Dien-Bien-Phu, il monte un comité « pour la solution pacifique de la guerre au Vietnam ». Puis, à partir de l’automne 1954, il réclame l’autodétermination pour l’Algérie et écrit plusieurs articles dans L’Algérien en France. Spécialiste des questions internationales, Louis Odru intègre en 1957 la section de politique extérieure du comité central. Installé à Montreuil depuis 1951 avec son épouse, il milite localement dans des structures communistes ou idéologiquement proches comme le Mouvement pour la Paix.
La crise algérienne s’étant dénouée avec le retour au pouvoir du général de Gaulle au printemps 1958 et le changement de Constitution, Louis Odru participe à la campagne législative de l’automne 1958 comme suppléant de Jacques Duclos, candidat communiste dans la Seine. Celui-ci s’est présenté dans la 45e circonscription (communes de Montreuil et de Rosny-sous-Bois), où Louis Odru est instituteur. Le chef communiste est nettement battu lors du second tour, le 30 novembre, avec seulement 41,7 % des suffrages exprimés par son adversaire Union pour la nouvelle République (UNR) Jean-Pierre Profichet, faute d’un bon report des voix socialistes. En mars 1959, Louis Odru est en revanche élu à la fois conseiller municipal et premier adjoint du maire communiste de Montreuil, André Grégoire (il siège au conseil municipal jusqu’en 1989), mais aussi conseiller général de la Seine (il le reste jusqu’en 1967). Dans l’assemblée départementale, il suit les dossiers relatifs à la population immigrée, à l’éducation et à l’urbanisme. Toujours très engagé contre la guerre d’Algérie, il participe à la manifestation de la station Charonne de février 1962 aux côtés d’autres élus communistes.
Ancien résistant communiste, bien implanté depuis un douzaine d’années dans la banlieue rouge parisienne, Louis Odru obtient l’investiture du PCF lors des législatives anticipées de novembre 1962, dans la même 45e circonscription de la Seine, profitant de ce que Jacques Duclos a choisi le Sénat en 1959. Arrivé au premier tour avec 45,6 % des suffrages exprimés face au député sortant (41,6 %), le candidat communiste confirme son avance au second tour en s’imposant avec 53,3 % des suffrages exprimés. A l’évidence, les voix (8,5 %) du candidat socialiste Edouard Stroesel, qui s’est retiré, ont fait la différence. Louis Odru, dont le suppléant lors de ce scrutin est le dessinateur industriel de Rosny, Roger Daviet (il sera de toutes les campagnes législatives de Louis Odru), rejoint le Palais-Bourbon, où il s’inscrit au groupe PCF et siège à la commission des affaires étrangères. Il reste fidèle à cette commission jusqu’au terme de son parcours législatif en 1986. Durant cette législature, il dépose trois propositions de loi tendant à la nationalisation des principales entreprises de l'industrie électronique française (décembre 1963), portant amnistie à la Guadeloupe, à la Guyane, à la Martinique et à la Réunion (décembre 1964), tendant à l'amélioration des conditions de vie et de séjour des gitans et des tziganes nomades en France (décembre 1966). Le député de Montreuil évoque la situation de sa commune de banlieue à l’occasion de plusieurs questions orales. Il profite de l’examen annuel du projet de loi de finances pour intervenir sur les dossiers relatifs à l’éducation, aux affaires étrangères, aux affaires algériennes, à la coopération. Il prend part aux débats à propos de divers textes législatifs portant sur la réorganisation de la région parisienne (juin 1964), l’équipement sportif et socio-éducatif (juin 1965), l’organisation de la police d’Etat (juin 1966), les collectivités locales (mai 1966), la Cour de cassation (décembre 1966).
Lors des législatives de 1967, Louis Odru se représente dans la 7e circonscription du nouveau département de la Seine-Saint-Denis. La circonscription correspond à la commune de Montreuil. Arrivé en tête du premier tour avec 45,5 % face au gaulliste André Barroy (34,4 %), le député sortant s’impose nettement au second tour avec 56,8 % des suffrages exprimés. C’est le début d’une solide implantation dans cette circonscription ouvrière qui fait partie de la ceinture communiste autour de Paris. Louis Odru retrouve le groupe communiste dont il devient le secrétaire général. Durant cette courte législature, il prend part aux débats lors de l’examen de textes législatifs sur l’extension aux départements d’outre-mer des assurances maladie, invalidité et maternité des exploitants agricoles et des membres non-salariés de leur famille (mai 1967) et sur l’enfance délinquante et l’organisation des juridictions pour enfants (juillet 1967). Il pose deux questions orales concernant le problème de l’emploi (mai 1967) et de la réforme des taxes sur les chiffres d’affaires (juin 1967). Il intervient lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1968 s’agissant des territoires d’outre-mer et des anciens combattants et victimes de guerre.
Les événements de mai 68 ayant conduit de Gaulle à dissoudre l’Assemblée nationale, des législatives anticipées sont organisées fin juin. Louis Odru est candidat à sa réélection dans la même circonscription de Saint-Denis. Dans un contexte politique national très favorable aux gaullistes, le candidat Union pour la défense de la République (UDR) Jean-Marie Bernard arrive en tête au premier tour avec 44,4 % des suffrages exprimés, le député communiste sortant se contentant de 39,6 % des suffrages exprimés. Mais il peut compter au second tour sur les réserves de voix socialistes et Parti socialiste unifié (PSU) pour s’imposer de justesse avec 50,8 % des suffrages exprimés. Il retrouve le groupe communiste dont il est membre du bureau. De juillet 1968 à avril 1970, Louis Odru assure les fonctions de secrétaire de l’Assemblée nationale. Il est également membre de la Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi tendant à favoriser le développement économique et social de la Nouvelle-Calédonie (novembre 1968) et de la Commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi de Lucien Neuwirth tendant à créer un Office national d'information et d'éducation familiale (juillet 1972). Durant cette législature, il dépose plusieurs propositions de loi tendant à accorder le droit de port d'armes aux chauffeurs de taxi (novembre 1968), à instituer des mesures sociales en faveur des travailleurs antillais, guyanais et réunionnais émigrant en France métropolitaine (mai 1969), à créer une Commission d'enquête sur les conditions de l'intervention militaire française au Tchad (avril 1970), à aménager les conditions dans lesquelles est appliqué le régime du forfait (juin 1970). Le 2 octobre 1968, lors du débat consécutif à la déclaration du gouvernement sur la politique étrangère, il prend la parole au nom du groupe communiste pour indiquer que celui-ci désapprouve l’intervention des troupes du pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie. Très actif, il intervient à de très nombreuses reprises lors de l’examen de textes législatifs liés à la politique étrangère, ainsi que sur des sujets très divers (Nouvelle-Calédonie, aménagement de la région parisienne, statut de l’ORTF, situation de l’emploi, transports…). Lors de la discussion annuelle autour du projet de loi de finances, il prend la parole sur les thèmes qui lui sont chers : éducation, coopération, DOM-TOM, anciens combattants… Il est membre du groupe Europe-Pays arabes et fait partie de la présidence de l’Association française d’amitié et de solidarité avec les pays d’Afrique (Afaspa). Il préside l’Amicale franco-italienne (AFI) et rejoint le comité exécutif de l’Association parlementaire pour la coopération euro-arabe. En novembre 1968, il est vice-président du groupe d’amitié France-Yougoslavie avant de devenir, deux ans plus tard, vice-président du groupe parlementaire d’amitié paneuropéen. Il vote contre le projet de loi portant création et organisation des Régions (la loi du 5 juillet 1972).
Lors des législatives de mars 1973, Louis Odru se représente dans sa circonscription de Montreuil sous l’étiquette communiste. Il se détache nettement en tête après le premier tour, avec 44,1 % des suffrages exprimés, face au gaulliste Jean-Marie Bernard (25,1 %) et, fort d’un bon désistement en sa faveur des voix socialistes dans le cadre du Programme commun de gouvernement, il s’impose facilement au second tour avec 58,5 % des suffrages exprimés. Durant cette législature, il dépose trois propositions de loi relatives à l'égalité de rémunération entre les hommes et les femmes (mai 1973), tendant à assurer une meilleure protection des personnes âgées ayant des reconnaissances de dettes impayées (mai 1973) et visant à assurer le paiement mensuel des pensions de retraite ou d'invalidité (juin 1974). En tant que membre de la commission des affaires étrangères, il est rapporteur de nombreux projets de convention liant la France à des Etats étrangers. Il intervient lors de l’examen annuel de projet de loi de finances sur ses sujets de prédilection (affaires étrangères, DOM-TOM, travail, équipement et logement…). Il prend part aux discussions sur plusieurs textes législatifs portant sur des sujets divers : crise du logement (juin 1973), convention européenne des droits de l’homme (octobre 1973), fiscalité directe locale (décembre 1973), éducation (juin 1975), Nouvelle-Calédonie (décembre 1975), organisation de la région Ile-de-France (décembre 1975), emploi irrégulier d’une main-d’œuvre d’origine étrangère (octobre 1976), prévention des accidents du travail (mai 1976), participation des employeurs au financement de la formation professionnelle continue (juin 1976), statut des sociétés ouvrières de production (décembre 1977). Il multiplie enfin les questions au gouvernement liées à la situation socio-économique dans le pays et dans sa circonscription, ou à la politique étrangère française. Il s’abstient volontairement lors du vote du projet de loi d’orientation du commerce et de l’artisanat (loi dite Royer du 27 décembre 1973). Il soutient le projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse (la loi dite Simone Veil du 17 janvier 1975). Il approuve également la loi du 11 juillet 1975 portant réforme du divorce. Il s’oppose en revanche au projet de loi relatif à l’informatique, aux fichiers et aux libertés (la loi du 6 janvier 1978).
Toujours bien implanté dans sa circonscription de Montreuil, Louis Odru remporte sans difficulté les législatives de 1978. En tête au premier tour avec 38,9 % (un score inférieur toutefois au scrutin précédent et qui témoigne d’un début d’érosion de l’électorat communiste local), il bat son rival de droite, le candidat de l’Union pour la démocratie française (UDF) Jean-François Durand, en rassemblant au second tour 57,3 % des suffrages exprimés. Il est réélu membre du bureau du groupe communiste. Durant cette législature, il dépose deux propositions de loi, l’une relative à la transparence de l'activité des hommes politiques durant la Seconde Guerre mondiale et les guerres coloniales (juin 1980), et l’autre tendant à interdire les internements administratifs (décembre 1980). Il est le rapporteur au nom de sa commission de très nombreuses conventions liant Paris à plusieurs Etats étrangers et profite des questions au gouvernement pour interroger celui-ci sur sa politique étrangère. L’examen annuel des projets de loi de finances lui donne l’occasion d’évoquer les affaires étrangères, la coopération, la jeunesse, les sports et loisirs, les postes et télécommunications. Il prend part aux débats sur plusieurs textes législatifs portant sur les matières nucléaires (avril 1979), le droit de grève au sein du service public de radio et diffusion-télévision français (avril 1979) et les fonds communs de placement (juin 1979). Il vote contre le projet de loi renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes (la loi dite Peyrefitte du 2 février 1981).
François Mitterrand, élu président de la République en mai 1981, dissout l’Assemblée nationale. Lors des législatives anticipées de juin, Louis Odru se représente dans sa circonscription de Montreuil. Profitant de la dynamique de la « vague rose » consécutive à la présidentielle, le député communiste sortant domine largement le premier tour avec 38,5 % des suffrages exprimés, devant la candidate socialiste Nadine Rochet (26,9 %) et le candidat UDF François Goetz (24 %). Nadine Rochet s’étant retirée conformément aux accords de désistement à gauche, Louis Odru affronte au second tour son adversaire de droite qu’il bat facilement avec 62,7 % des suffrages exprimés. En juin 1981, celui qui a été réélu membre du bureau du groupe PCF à l’Assemblée critique la présence de ministres communistes au gouvernement, persuadé que le Parti briderait ainsi sa liberté critique par rapport à l’action du nouveau pouvoir de gauche. Membre de la commission des affaires étrangères, il la quitte en février 1986 pour celle des affaires culturelles, familiales et sociales. En décembre 1981, le député de Montreuil est choisi comme rapporteur de la commission parlementaire d’enquête sur les activités du Service d’action civique (SAC), le service d’ordre gaulliste dont certains membres marseillais ont été impliqués l’été précédent dans la tuerie d’Auriol. Aux côtés du socialiste Louis Hautecoeur, qui préside la commission, il entend pendant plusieurs mois des dizaines de témoins (responsables policiers et administratifs, anciens membres du SAC, journalistes…) évoquer les agissements de ces prétoriens gaullistes. Les députés de droite boycottent rapidement les auditions. En juin 1982, le rapport de la commission est rendu public, et son écho aboutit à la dissolution du SAC. Le député communiste participe aux débats lors de l’examen des projets de loi portant sur les grandes réformes sociétales et socio-économiques du premier septennat mitterrandien : abolition de la peine de mort (septembre 1981), nationalisation (octobre 1981), liberté des travailleurs dans les entreprises (mai 1982), limitation de la concentration et pluralisme de la presse (décembre 1983). Il s’intéresse également à d’autres sujets : enseignement supérieur (mai 1983), aménagement du temps de travail (décembre 1985), congé de formation (décembre 1985)... Il intervient lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1986 au sujet des populations immigrées. Le député communiste vote en faveur du projet de loi portant abolition de la peine de mort (la loi du 9 octobre 1981). Il soutient le projet de loi relatif aux droits et libertés des communes, des départements et des régions devenu la loi dite Defferre du 2 mars 1982. Il approuve également le projet de loi relatif aux prestations de vieillesse, d’invalidité et de veuvage (la loi du 13 juillet 1982). Louis Odru est en janvier 1985 vice-président de la section française de l’Association parlementaire pour la coopération euro-arabe. Durant cette législature, il est président ou vice-président de plusieurs groupes parlementaires d’amitié (France-Angola, France-Chypre…). Il siège aussi dans le bureau de l’Amicale parlementaire des anciens déportés et internés.
Retiré de la vie politique active après avoir cédé son siège de député communiste de Montreuil à Jean-Pierre Brard, en 1986, Louis Odru continue de s’engager sur le terrain associatif. Il réagit également en tant qu’ancien résistant communiste à certains événements politico-médiatiques. C’est ainsi qu’en octobre 1991, il fait partie des anciens communistes qui, aux côtés notamment d’Henri Rol-Tanguy, s’insurgent contre la présence de Georges Marchais (qui a travaillé dans les usines Messerschmitt durant la guerre) à Châteaubriant, lors de la célébration du cinquantième anniversaire de l’exécution de vingt-sept otages par les nazis en 1941. Louis Odru s’éteint à l’âge de 85 ans à Montreuil. Cet ancien résistant communiste, député de Montreuil de 1962 à 1986, avait été une figure du monde parlementaire communiste.