Gabriel Paul
1918 - 2015
PAUL (Gabriel, Fernand)
Né le 27 janvier 1918 à Brest (Finistère)
Membre de la première et de la seconde Assemblées nationales constituantes (Finistère)
Député du Finistère de 1946 à 1958
De tous les parlementaires de la Quatrième République, Gabriel Paul est sans doute l’un de ceux qui témoignent de la plus grande longévité. Ce fils de cheminot a étudié à l’école primaire supérieure de Brest et obtenu un brevet élémentaire et un brevet d’enseignement primaire supérieur. Il épouse alors la profession de secrétaire comptable et entre à la direction des constructions et armes navales de Brest où il a accompli toute sa carrière. Il adhère, dès 1936, à la Confédération générale du travail (CGT) et s’investit dans la section syndicale de l’arsenal. Il accède peu après au secrétariat de la section des retraités de l’établissement d’Etat. Mobilisé alors qu’il effectuait son service militaire, il participe à la campagne de France et combat, du Havre à Cherbourg, où il est fait prisonnier en juin 1940.
Relâché l’année suivante, Gabriel Paul reprend son activité et se tourne progressivement vers la résistance. Il adhère au Parti communiste clandestin en janvier 1942 et rejoint les Francs tireurs et Partisans (FTP) dont il devient le responsable départemental de l’organisation des maquis, d’abord pour le Morbihan, puis le Finistère. Auréolé de son prestige de résistant, il est élu membre du secrétariat fédéral du Parti dès 1944, fonction qu’il occupe jusqu’en 1968. A ce titre, il a publié de nombreux articles dans La Bretagne, l’organe départemental de la fédération communiste, et dans L’Arsenal, l’organe de la section communiste de l’arsenal de Brest. Membre du Comité départemental de Libération du Finistère en 1944, il est élu conseiller municipal de Brest en 1947 et le demeure jusqu’en 1959. Par la suite, à partir de 1977, il retrouve son siège de conseiller municipal et est élu vice-président délégué aux transports de la communauté urbaine de Brest.
En octobre 1945, il est désigné par son parti pour figurer en seconde position sur la liste conduite par Pierre Hervé et présentée en vue des élections à la première Assemblée nationale constituante. Avec 81 628 des 366 073 des suffrages exprimés, soit 22,3% des voix, la liste communiste obtient deux des neuf sièges à pourvoir. Gabriel Paul est donc élu député du Finistère. Il n’est inscrit dans aucune commission, ce qui est fort rare. Il intervient une fois en séance, lors de la discussion du budget de 1946, pour attirer l’attention de ses collègues sur les besoins financiers particuliers pour la reconstruction du port de Brest. Il ne dépose aucun texte de loi, au cours de ce premier mandat. Il vote bien entendu pour l’ensemble des nationalisations et pour le projet constitutionnel.
L’échec du premier référendum amène à la désignation d’une nouvelle Assemblée constituante en juin 1946. La liste communiste, où Gabriel Paul est reconduit en seconde position, obtient 95 343 des 387 313 suffrages exprimés, soit 24,6% des voix, et retrouve ses deux sièges. Une fois son élection validée, le 13 juin 1946, il est nommé membre des commissions du ravitaillement et du travail et de la sécurité sociale. Il dépose une proposition de résolution et un rapport sur deux propositions de loi; la première vise à l’indemnisation des victimes des intempéries, le second à l’indemnisation des heures perdues par les personnels, victimes de la fermeture de la frontière franco-espagnole. Il vote en faveur du second projet constitutionnel. Il intervient une fois sous la seconde Constituante, le 13 juin 1946.
L’adoption de la constitution permet l’organisation de nouvelles élections législatives en novembre 1946. La liste communiste, toujours conduite par Pierre Hervé et Gaston Paul, recueille 105 886 des 380 219 suffrages exprimés, soit 27,9% des voix, et remporte trois des sièges à pourvoir. Son élection est validée le 29 novembre 1946. Il est nommé membre de la commission du travail et de la sécurité sociale (1946-1951). À ce titre, il dépose onze propositions de loi, six propositions de résolution et un avis. Il signe également sept rapports sur des textes d’initiative parlementaire. Il s’investit sur les thèmes de la participation des jeunes travailleurs à la vie syndicale des entreprises, l’indemnisation des travailleurs, la revalorisation des salaires, la majoration des allocations familiales, l’amélioration des pensions et indemnités des anciens combattants ou encore la reconstruction du port de Brest. Il prend la parole à vingt reprises en séance publique, sous cette première législature de la Quatrième République. Il défend quinze amendements et dépose trois demandes d’interpellation, le 4 août 1947, le 7 février 1950 et le 12 avril 1951. Durant cette première législature, Gabriel Paul vote à l’unisson de ses collègues communistes. Il s’oppose à la confiance posée le 4 mai 1947, qui conduit au départ des communistes du gouvernement, s’abstient sur le statut de 1947 de l’Algérie, contre le plan Marshall, contre le pacte atlantique, contre les conventions collectives de travail, les apparentements et le renouvellement de l’Assemblée nationale. Il vote l’investiture de Léon Blum, mais s’oppose ensuite à l’ensemble des gouvernements.
De nouveau candidat en seconde position sur la liste « d’union républicaine, résistante et antifasciste » dirigée par Alain Signor, en vue des élections législatives du 17 juin 1951, Gaston Paul est réélu. En effet, la liste communiste obtient 78 541 des 375 012 suffrages exprimés, soit 20,9% des voix. Son élection est validée le 6 juillet 1951 et il rejoint les commissions du travail et de la sécurité sociale (1951-1954), des territoires d’Outre-mer (1953-1955), puis de l’agriculture (1954-1955). L’activisme de Gabriel Paul ne se dément pas durant cette seconde législature de la Quatrième République. Il dépose treize propositions de loi, huit propositions de résolution, deux avis. Il signe également trois rapports sur des textes d’initiative parlementaire et un rapport supplémentaire. Entre 1951 et 1955, il intervient à quarante-deux reprises en séance publique, défendant trente-six amendements, cinq amendements indicatifs, deux articles additionnels. Il dépose deux demandes d’interpellation, le 18 mars 1952 et le 7 octobre suivant. Il défend aussi deux contre-projets, le premier visant à équiper l’enseignement public et accorder des bourses aux élèves des établissements publics (3 septembre 1951), le second sur l’enseignement obligatoire gratuit (22 juin 1955). Si ses initiatives parlementaires demeurent essentiellement d’ordre social, scolaire, professionnel ou agricole, ses interventions se font en revanche parfois plus politiques. Ainsi propose-t-il, en décembre 1951, de réduire les aides aux personnels de l’enseignement technique partant en stage aux Etats-Unis, d’annuler les crédits en faveur de la Yougoslavie titiste. Le 13 mars 1953, il prend la parole pour dénoncer la guerre impérialiste de Corée et, le 16 décembre 1954, il réclame une amnistie totale à Madagascar. Il vote contre les lois Marie et Barangé, contre la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier (CECA), contre l’adoption de l’échelle mobile des salaires, pour le premier cessez-le-feu en Indochine, contre la mise en place de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), pour les accords de Genève, pour l’adoption de la motion Aumeran, c’est-à-dire contre la Communauté européenne de défense (CED), contre les accords de Londres, contre les accords de Paris, contre la proclamation de l’état d’urgence en Algérie. À l’exception de l’investiture de Pierre Mendès France auquel il accorde sa confiance, il vote contre tous les gouvernements de la seconde législature.
Dans la perspective des élections législatives du 2 janvier 1956, Gabriel Paul est désigné comme tête de liste du PCF. Cette dernière recueille 18,6% des voix, soit 74 169 des 398 472 suffrages exprimés, et obtient deux élus. Après la validation de son élection, le 20 janvier 1956, Gabriel Paul est nommé membre des commissions de la défense nationale et de la marine marchande et des pêches. Il siège dans ces deux commissions durant les deux années de la législature. Il est également membre de la commission supérieure du Crédit maritime mutuel. Son activité parlementaire demeure soutenue puisqu’il dépose trois propositions de loi, deux propositions de résolution et trois rapports sur des textes d’origine parlementaire. Il intervient en séance à six reprises, déposant notamment une demande d’interpellation sur le licenciement de 165 ouvriers de la poudrerie de Pont-de-Buès, le 20 novembre 1957. Il concentre, durant cette dernière législature, ses propositions et interventions sur les problèmes maritimes ou agricoles, qu’il s’agisse d’indemnisation, de retraite ou d’aides aux marins pêcheurs ou à leur famille. Il vote les pouvoirs spéciaux en Algérie, s’oppose à la Communauté économique européenne (CEE) et à l’Euratom, au projet d’institutions en Algérie. Il se prononce pour la proclamation de l’état d’urgence. Il vote la confiance à Guy Mollet, mais la lui retire par la suite et s’oppose de façon systématique à ses successeurs, exception faite de Pierre Pflimlin, sur l’investiture duquel il s’abstient volontairement. Partisan d’une révision partielle des institutions, le 27 mai 1958, il s’oppose, le 1er juin, au retour du général de Gaulle et, le lendemain, à l’octroi des pleins pouvoirs, comme à la révision constitutionnelle.
La carrière parlementaire de Gabriel Paul s’interrompt avec la fin de la Quatrième République. Il est battu dans la deuxième circonscription du Finistère aux élections législatives de novembre 1958, de novembre 1962 et de mars 1967.