Joannès Ruf

1896 - 1975

Informations générales
  • Né le 30 mai 1896 à Vienne (Isère - France)
  • Décédé le 11 décembre 1975 à Vienne (Isère - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Isère
Groupe
Union et fraternité francaise

Biographies

Biographie de la IVe République

RUF (Joannès)
Né le 30 mai 1896 à Vienne (Isère)
Décédé le 11 décembre 1975 à Vienne

Député de l’Isère de 1956 à 1958

Joannès Ruf est le fils de fabricants de boissons gazeuses. Il fait ses études dans sa ville natale, Vienne, au collège Ponsard, et suit la voie familiale en entrant dans la section commerciale de l’Ecole pratique du commerce et de l’industrie. Il est d’abord employé dans une droguerie lyonnaise, puis représentant d’une maison de café de Rouen. Il revient dans l’entreprise que ses parents ont dû vendre, où il est d’abord simple représentant de commerce. Devenu épicier et cafetier, il rachète l’entreprise paternelle. Sapeur-pompier volontaire, il fait partie de la défense passive de Vienne pendant la seconde guerre mondiale et fait fonction de directeur des différents services urbains, les deux dernières années.
A la veille de son entrée en politique en 1956, Joannès Ruf est déjà bien implanté dans la vie économique et associative locale. Juge au tribunal de commerce de Vienne depuis 1936, il le préside depuis 1952. Mais il est aussi le président du syndicat des fabricants de boissons gazeuses du Bas-Dauphiné, et le président d’honneur des syndicats des cafetiers, hôteliers et restaurateurs de la région. Par ailleurs, il s’intéresse depuis très longtemps à l’histoire locale. Il est le fondateur et le secrétaire général de Rhodania, association d’archéologues et de numismates de la vallée du Rhône, et organise régulièrement des manifestations dans la région. Disciple d’Albert Vassy, conservateur des Musées de Vienne, il lui succède et supervise les fouilles archéologiques qui permettent la mise à jour du temple de Cybèle.
Les élections législatives anticipées de janvier 1956 constituent la première expérience électorale de Joannès Ruf et lui permettent d’emblée d’entrer au Parlement, grâce à la vague poujadiste qui porte cinquante-deux députés à l’Assemblée nationale. Il est second, derrière Marcel Varvier, sur la liste d’Union et de Fraternité française (UFF), présentée par Pierre Poujade, dans l’Isère. Avec le slogan « Sortez les sortants ! », il dénonce « les politiciens professionnels » qui auraient mené la France et son empire à « la faillite », et préconise « la révolte antifiscale » et la convocation « d’états généraux ». Comme tous les poujadistes, il conclut sa profession de foi en s’engageant à démissionner lorsque « le salut de la patrie » sera assuré. Avec 57 594 voix, soit 20,2 % des suffrages exprimés, il est élu avec Marcel Varvier, derrière les trois députés communistes (28,9 %), mais loin devant le député socialiste (14,4 %). Il remporte ainsi un succès largement supérieur aux 12 % des votants remportés par toutes les listes poujadistes en France.
A la différence de nombre de ses collègues du même groupe, son élection à l’Assemblée nationale est validée, dès le 20 janvier 1956. Il entre à la commission des boissons et à celle de la production industrielle et de l’énergie. Il siège dans ces deux commissions durant les deux années de la législature. Il dépose trois textes de loi : un avis, au nom du premier aréopage d’appartenance, à propos de la proposition de loi de la socialiste Germaine Degrond sur la protection des enfants contre l’alcoolisme (18 janvier 1957) ; une proposition de loi qui a trait plus directement aux thèmes économiques soulevés par les poujadistes et tendant à instituer la rente de survie pour le titulaire d’une rente viagère à capital réservé (29 mai 1957) ; une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à faire procéder à une prospection complète du gisement houiller alpin (18 octobre 1957), pour favoriser le développement de son département.
Durant les deux années de cette législature écourtée, il prend la parole à deux reprises en séance publique. En corollaire à son avis déposé le 18 janvier 1957, il intervient dans la discussion d’une proposition de loi relative à la protection des enfants contre l’alcoolisme, en qualité de rapporteur pour avis, le 13 février 1957. Il critique la lutte contre le débitant de boissons qu’elle implique, car si l’apéritif devient prohibitif dans les cafés, selon lui, il sera pris en famille. « La consommation enfantine de l’alcool en famille est un problème autrement plus important que celui qui consiste à interdire la distribution de publicité pouvant s’adresser aux jeunes et portant un simple nom. Dans combien de foyers campagnards voit-on encore donner au nourrisson une goutte de marc pour « le faire tenir sur ses jambes » ou pour « tuer le ver » ! », déclare-t-il. Il s’oppose par conséquent à la limitation de la publicité pour les alcools qui est « une ressource budgétaire appréciable » et qui « fait vivre de nombreux ouvriers ». « Ne la bridez pas inutilement, tous doivent pouvoir gagner leur vie », conclut-il, en défenseur des travailleurs indépendants.
Lors des scrutins intervenus entre 1956 et 1958, il est régulièrement dans l’opposition avec son groupe. Il refuse l’investiture au socialiste Guy Mollet (31 janvier 1956) et contribue à la chute de son gouvernement sur la réforme fiscale (21 mai 1957). Pour l’Algérie, il n’accorde les pouvoirs spéciaux à aucun des gouvernements successifs (mars 1956, juillet et novembre 1957), parce que les poujadistes les jugent inefficaces, et il s’oppose à la loi-cadre qui réviserait ses institutions (septembre 1957 et janvier 1958). Il refuse également la ratification du traité de Rome instaurant la CEE et l’Euratom (juillet 1957). Il contribue à la chute du gouvernement de Félix Gaillard (15 avril 1958). Après la crise de mai 1958, il vote l’investiture au général de Gaulle le 1er juin.
Aux premières élections législatives du nouveau régime, en novembre 1958, il se représente dans la circonscription de Vienne-Sud, sous l’étiquette de l’Union de défense des libertés de Pierre Poujade. Mais il ne recueille que 1 836 voix, soit 0,4 % des suffrages exprimés. Il préfère se retirer avant le second tour.
Il tente à nouveau sa chance aux législatives de novembre 1962, en vain. Il décède le 11 décembre 1975, à l’âge de soixante-dix neuf ans.