Jean Sagette

1907 - 1974

Informations générales
  • Né le 5 octobre 1907 à Cussac (Cantal - France)
  • Décédé le 18 avril 1974 à Champs-sur-tarentaine (Cantal - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Cantal
Groupe
Union pour la nouvelle République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Cantal
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 7 mai 1967 au 30 mai 1968
Département
Cantal
Groupe
Union démocratique pour la V° République

Biographies

Biographie de la Ve République

SAGETTE (Jean)
Né le 5 octobre 1907 à Cussac (Cantal)
Décédé le 18 avril 1974 à Champs-sur-Tarentaine (Cantal)

Député du Cantal de 1958 à 1968

Lorsqu’il est élu député pour la première fois en novembre 1958, Jean Sagette dispose déjà d’une expérience solide en politique. Né dans le Cantal, il reste fidèle toute sa vie à ce département. Dès l’Entre-deux-guerres, il y exploite des terrains agricoles situés à Cussac et à Champs-sur-Tarentaise. Il est alors poche du milieu des ligues de la droite nationaliste. Très désireux de s’engager dans la vue publique, il s’oppose au Front populaire au printemps 1936. Dans la circonscription de Saint-Flour, le candidat sortant Stanislas de Castellane est menacé par la candidature de Maurice Montel, investi par le mouvement de la Jeune République. Les droites cherchent à limiter le succès du Front populaire entre les deux tours de scrutin, et Stanislas de Castellane accepte de retirer sa candidature en faveur de Jean Sagette, homme neuf et capable de s’imposer auprès de l’électorat paysan. Cette tactique échoue et c’est Maurice Montel, candidat des gauches, qui est élu député du Cantal le 3 mai 1936.
Comme beaucoup de responsables des milieux agricoles, Jean Sagette observe une attitude favorable à l’égard du régime de Vichy. Il appartient notamment à la Corporation paysanne et demeure étranger à la Résistance. Ce n’est que plusieurs années après la Libération qu’il renoue avec l’engagement politique en devenant conseiller municipal de Neuvéglise en 1953. Hostile au régime de la IVe République et proche des Indépendants, Jean Sagette figure néanmoins en seconde position sur une liste « Républicaine de défense paysanne et d’action sociale » soutenue par l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR) et le Rassemblement des gauches républicaines (RGR). Elle est emmenée par Augustin Chauvet, maire d’Anglards-de-Salers à l’occasion des élections législatives du 2 janvier 1956. Ce dernier entend attirer une partie des voix poujadistes en se rapprochant d’un homme resté proche des milieux nationalistes. Grâce à l’apparentement conclu avec le MRP et la liste d’ « Union des indépendants et paysans » de Camille Laurens, Augustin Chauvet est élu député du Cantal, mais la seconde expérience législative de Jean Sagette se solde par un échec.
Le conseiller municipal de Neuvéglise est élu conseiller général du canton de Saint-Flour-Sud au printemps 1958. Il accueille favorablement le retour au pouvoir du général de Gaulle le 1er juin 1958. Le changement d’institutions s’accompagne d’un retour au scrutin d’arrondissement : la région de Saint-Flour fait partie de la seconde circonscription du Cantal. Les gaullistes ne disposent pas dans le département d’un vivier d’anciens cadres et militants du RPF, ce mouvement n’ayant réussi à s’y implanter sous la IVe République. Les Républicains sociaux, qui se réclamaient de De Gaulle, n’ont pas même réussi à présenter une liste aux élections législatives de 1956. L’investiture de l’Union pour la Nouvelle République échoit donc à Jean Sagette, dont la mission est de mettre en échec l’ancien ministre Camille Laurens, symbole du régime défunt. Jean Sagette prête aux Français un « dégoût des mœurs politiciennes de la IVe République » et appelle les Cantaliens à « sauver la France et la République ». Il insiste en particulier sur la nécessité de « mettre un terme à la guerre d’Algérie », approuvant par avance « toute solution soucieuse de l’intérêt national » qui rendrait ses enfants à la France et écarterait « la terrible angoisse qui nous étreint ». Il propose d’organiser les marchés de la viande et du lait au niveau départemental par la conclusion d’ententes interprofessionnelles et s’élève contre la suppression d’un siège de député pour le Cantal. Il importe selon lui de « rendre à Mauriac avec son arrondissement, son représentant à l’Assemblée Nationale ».
Le premier tour de scrutin place en tête le sortant Camille Laurens avec 11117 voix, soit 29,6% des suffrages exprimés. Jean Sagette ne devance l’ancien député MRP Henri Joannon que de 32 voix et rassemble 24,4% des électeurs. Il l’emporte dans son canton de Saint-Flour-Sud (50,2%) et dans celui de Riom-ès-Montagnes, que son suppléant Jean Peyrac représente à l’Assemblée départementale (44,3%). Le retrait des candidats socialiste et démocrate chrétien favorise Jean Sagette. Il bénéficie de surcroît d’une légère hausse de la participation entre les deux tours (+3,3%) et l’emporte nettement sur Camille Laurens et le communiste Louis Taurant le 30 novembre 1958. Jean Sagette est en effet élu député du Cantal par 55,9% des suffrages exprimés.
Il s’inscrit au groupe UNR à l’Assemblée nationale et siège d’abord la Commission de la Défense nationale et des forces armées le 27 janvier 1959. En octobre 1959, l’élu de Neuvéglise rejoint la Commission des affaires étrangères. Il y appartient jusqu’à la fin de la première législature. Jean Sagette se montre un parlementaire très impliqué dans le travail législatif entre 1958 et 1962. L’essentiel de son activité est consacré aux problèmes du monde rural, dans une période où le gouvernement conçoit et met en place d’importantes réformes de structure du secteur agricole. Le député du Cantal défend la spécificité de l’agriculture de montagne, dont les coûts de production sont plus élevés que dans d’autres régions ; il souhaite par conséquent que le calcul du prix de revient des produits agricoles tiennent compte des situations locales. Jean Sagette plaide en faveur d’une représentation majoritaire des paysans au conseil d’administration du Fonds de revalorisation et d’orientation des marchés agricoles (FORMA) le 4 mai 1960 et insiste sur la nécessité d’une représentation de l’ensemble des productions et des régions agricoles au sein de cette structure (11 octobre 1961). Attaché au modèle de la petite propriété indépendante que le pouvoir gaulliste remet pourtant en cause, il dépose une proposition de loi tendant à améliorer les conditions des prêts individuels à long terme pour favoriser l’installation de jeunes agriculteurs par l’accès à la propriété (6 mai 1960). Jean Sagette estime en outre nécessaire que le FORMA soit soumis à un comité de contrôle et de surveillance analogue à celui de la Radiotélévision française (9 novembre 1961).
Le parlementaire auvergnat défend les intérêts de sa circonscription dans l’hémicycle. Il tente de convaincre le Gouvernement et ses collègues de l’intérêt d’un équipement des montagnes du Massif central en stations de sports d’hiver ou d’y rénover certaines villes d’eau (21 juin 1962). Il s’inquiète de la réforme des tarifs de la SNCF à l’été 1962 et préconise qu’elle ne frappe pas trop durement les régions du Massif central (22 juin 1962). Ses préoccupations sociales l’amènent à envisager l’attribution aux salariés d’une quatrième semaine de congés payés (10 novembre 1961).
Cette importante activité est reconnue par ses collègues parlementaires, qui le désignent comme secrétaire de l’Assemblée nationale le 4 juillet 1961. Il conserve cette responsabilité jusqu’au 24 avril 1962. Jean Sagette soutient l’action de l’exécutif avec constance sous la première législature de la Ve République. Il approuve le programme du gouvernement Debré (16 janvier 1959) comme la déclaration de politique générale du Premier ministre (15 octobre 1959) et la loi sur le financement de l’enseignement privé (23 décembre 1959). Jean Sagette accorde les pouvoirs spéciaux au Gouvernement pour rétablir l’ordre en Algérie peu après la semaine des barricades (2 février 1960), se prononce en faveur du programme du gouvernement Pompidou (27 avril 1962) et de la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault (5 juillet 1962). Il ne vote pas la motion de censure dont l’adoption provoque le renversement du Gouvernement, le 4 octobre 1962.
Camille Laurens, qui se consacre exclusivement au CNIP depuis 1961, ne présente pas sa candidature contre Jean Sagette aux législatives de novembre 1962. Le sortant, maire de Neuvéglise depuis 1959, a pour adversaires principaux le conseil général Roger Besse, investi par le CNIP, et Richard Chaput, maire MRP de Vieillespesse. Arrivé en tête du premier tour dans 12 cantons sur 13, Jean Sagette est réélu député du Cantal dans le cadre d’une triangulaire, le 25 novembre 1962. Il rassemble alors 57,5% des suffrages exprimés.
Membre du groupe de l’UNR-UDT, l’élu cantalien retrouve les fonctions de secrétaire de l’Assemblée nationale entre décembre 1962 et avril 1964, puis à nouveau de 1966 à 1967. Il travaille au sein de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de décembre 1962 à janvier 1963, puis à nouveau en 1966-1967. De 1963 à 1966, Jean Sagette siège à la Commission des affaires étrangères. Il prend la parole à huit reprises à l’Assemblée nationale sous la deuxième législature. Ses interventions se concentrent comme précédemment sur les différents aspects de la vie du monde rural, qu’il s’agisse de la dévolution à l’Office national des eaux et forêts de compétences exercées jusque-là par l’Etat (9 décembre 1964) ou des difficultés que rencontre l’agriculture de montagne (13 mai 1966). Il propose la création d’une banque spécialisée dans le financement de l’installation des marchands de viande et bouchers, le 26 octobre 1966.
Jean Sagette autorise la ratification du traité de l’Elysée conclu entre la France et l’Allemagne (13 juin 1963) et l’encadrement des modalités d’exercice du droit de grève dans les services publics (26 juillet 1963). Il vote la réforme du mode d’élection des conseillers municipaux (17 juin 1964) et celle du service national (26 mai 1965).
Parlementaire efficace mais « gaulliste du lendemain », c’est-à-dire d’après juin 1958, Jean Sagette se trouve mêlé à une actualité qui dépasse le cadre local à l’occasion des élections législatives de mars 1967. Le Premier ministre Georges Pompidou souhaite en effet consacrer le rôle politique qu’il a su jouer depuis avril 1962 en se soumettant pour la première fois au suffrage universel. Natif de Montboudif dans le Cantal, il a grandi à Albi mais reste attaché à ses origines auvergnates. Il annonce sa candidature dans la 2e circonscription du Cantal le 3 décembre 1966 et propose au sortant Jean Sagette de devenir son suppléant. La profession de foi de Georges Pompidou rend hommage au travail accompli au Parlement par le maire de Neuvéglise, qui a « constamment soutenu le Gouvernement « et a « constamment fait valoir les besoins du Cantal ». Le Premier ministre dénonce les campagnes dirigées contre son suppléant « dans le but d’amener certains électeurs (…) à rayer son nom », alors que tout bulletin portant un signe distinctif est considéré comme nul aux élections législatives. Le principal adversaire de Georges Pompidou est l’ancien député Maurice Montel, qui avait défait Jean Sagette aux législatives de 1936 et se situe désormais au centre-gauche. Si le binôme Pompidou-Sagette est plébiscité dès le premier tour par une majorité d’électeurs (62,3% des suffrages exprimés), il est devancé par Maurice Montel dans les cantons de Riom-ès-Montagnes et de Ruynes-en-Margeride. Confirmé à l’Hôtel Matignon, Georges Pompidou démissionne de son mandat parlementaire et Jean Sagette retrouve son siège à l’Assemblée nationale le 9 mai 1967.
Il s’inscrit au groupe de l’Union de défense de la Ve République et est élu représentant suppléant à l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe. Il siège désormais à la Commission de la Défense nationale. Jean Sagette s’intéresse avec d’autres collègues au financement de l’Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF) par des ressources publicitaires à la fin de l’année 1967, mais ne prend pas la parole dans l’hémicycle sous la troisième législature de la Ve République. Il ne vote pas la motion de censure déposée contre la volonté gouvernementale de légiférer par ordonnances en matière économique et sociale (9 juin 1967).
Georges Pompidou se choisit un nouveau suppléant pour les élections législatives de juin 1968 en la personne de Pierre Raynal, maire de Chaudes-Aigues. Confronté au seul candidat communiste Louis Taurant, le chef du Gouvernement l’emporte dès le premier tour avec 80,1% des suffrages exprimés.
L’ancien député Jean Sagette, retiré de la vie publique nationale, assiste à l’élection de Georges Pompidou comme président de la République, le 15 juin 1969. Il meurt au printemps 1974, quelques jours après celui dont il fut le suppléant.