Maurice Schnebelen
1910 - 1976
SCHNEBELEN (Maurice)
Né le 17 juin 1910 à Thionville (District de Moselle, Empire allemand)
Décédé le 26 mars 1976 à Sierck-les-Bains (Moselle)
Député de la Moselle de 1962 à 1976
Maurice Schnebelen naît quatre ans avant la Première guerre mondiale à Thionville, alors que la Moselle fait partie du Reich allemand. Ses parents, originaires de l’Alsace voisine, exercent une activité de négociants en porcelaine et cristaux d’art. Maurice Schnebelen reçoit une solide éducation catholique, d’abord au Pensionnat des Frères de Grand dans les Vosges, puis au Pensionnat Saint-Joseph de Hachy en Belgique. Il poursuit ensuite des études en pharmacie aux Facultés de Nancy, et de Lille : c’est dans cette ville qu’il obtient son doctorat peu avant la Seconde guerre mondiale. En 1939-1940, Maurice Schnebelen est au reste mobilisé dans les services de santé de l’armée française.
Installé comme pharmacien d’officine à Sierck-les-Bains en 1945, Maurice Schnebelen est très vite honoré de la confiance de ses concitoyens. Elu conseiller municipal aux élections d’octobre 1947, il devient adjoint du maire MRP de la ville quelques années plus tard. En 1953, Maurice Schnebelen est choisi comme premier magistrat de Sierck-les-Bains : il se réclame dès cette date des Indépendants, tout étant sensible au discours des démocrates-chrétiens. A cette époque, la personnalité principale du MRP dans le département de la Moselle n’est autre que Robert Schuman. C’est d’ailleurs dans la 4e circonscription de la Moselle, qui comprend le canton de Sierck-les-Bains, que l’ancien Président du Conseil choisit de se présenter aux élections législatives des 23 et 30 novembre 1958. Robert Schuman, bien qu’associé au « régime des partis », ne se voit pas opposer de concurrent gaulliste dans une circonscription qui a voté « oui » à 89,9% à la Constitution de la Ve République : il est donc très aisément réélu, avec le soutien d’élus locaux comme Maurice Schnebelen, Président de l’Association des communes de Sierck-les-Bains.
En novembre 1962, le premier Président du Parlement européen (1958-1960) choisit de ne pas solliciter le renouvellement de son mandat. Maurice Schnebelen se porte alors candidat au nom des Républicains indépendants. Seul des quatre concurrents à avoir voté « oui » au référendum d’octobre 1962, il bénéficie de l’appui des gaullistes contre le maire de Thionville Georges Ditsch. Ce dernier se réclame de la démocratie-chrétienne et a pour suppléant le professeur Jean-Marie Pelt, qui s’illustrera plus tard comme précurseur des luttes écologistes. Maurice Schnebelen distingue dans sa profession de foi électorale deux bienfaits principaux de la Constitution de la Ve République : « le rétablissement de l’autorité de l’Etat » et « l’assainissement de nos finances ».
L’élu de Sierck-les-Bains se réclame de la majorité présidentielle, mais il place sa candidature sous l’égide de l’Indépendant Raymond Mondon, député-maire de Metz, ainsi que du député sortant Robert Schuman. Sa fidélité à l’ancien Président du conseil se traduit dans le souci de militer « en faveur d’une Europe unie économiquement et politiquement et pour la défense du monde libre, dans le cadre du Pacte Atlantique ». Arrivé en tête du premier tour avec 14726 voix, soit 42,3% des suffrages exprimés, Maurice Schnebelen l’emporte au second dans une triangulaire, face aux candidats de la SFIO et des communistes, malgré un excellent report des électeurs du MRP sur le maire socialiste de Volmerange-les-Mines Nicolas Schuller.
Inscrit au groupe des Républicains indépendants, Maurice Schnebelen siège à la Commission des Affaires culturelles, familiales et sociales de l’Assemblée nationale de 1962 à 1975. En cette qualité, il est désigné par ses collègues comme Rapporteur pour avis du budget des Anciens combattants et victimes de guerre pour 1963 et 1964. A cette occasion comme plus tard, le député de la Moselle demande que soient entreprises des recherches dans le but de connaître le sort des nombreux Alsaciens et Mosellans enrôlés de force dans l’armée allemande et disparus en URSS (séance du 22 janvier 1963). Il regrette que les prisonniers de guerre mosellans de 1914-1918 ne puissent recevoir le pécule auquel ils ont droit, « pour la simple raison qu’ils ont été prisonniers dans des camps français ou dans des camps des alliés de l’armée française » (séance du 25 octobre 1963). Président de la Chambre syndicale des pharmaciens de la Moselle de 1958 à 1966, le maire de Sierck-les-Bains intervient fréquemment dans les débats de l’Assemblée nationale qui abordent les questions de santé. Il est chargé au cours de la première législature de rapports concernant la médecine du travail ou l’exercice illégale de la médecine.
Investi par les Républicains indépendants comme par les gaullistes de l’UD-Ve République, Maurice Schnebelen est pourtant confronté le 5 mars 1967 à deux autres candidats « modérés », dont la centriste Sylvie de Sélancy. La quatrième circonscription de la Moselle connaît une très forte croissance démographique dans les années 1960 : en 1967, on y compte 8,6% d’électeurs supplémentaires inscrits sur les listes électorales par rapport à 1962. Dans ce contexte, risqué pour un sortant, Maurice Schnebelen devance nettement ses concurrents au premier tour, avant d’être réélu avec 47% des suffrages exprimés le 12 mars 1967, face aux candidats communiste et centriste.
La troisième législature de la Ve République, quoique très brève, permet à Maurice Schnebelen d’être élu Secrétaire de la Commission des Affaires culturelles, familiales et sociales : il conservera cette responsabilité jusqu’en 1973. Le député de la Moselle manifeste également son intérêt pour les questions culturelles en rejoignant le Conseil supérieur de la réunion des théâtres lyriques nationaux en octobre 1967. En juin 1968, malgré la forte poussée gaulliste et le soutien de l’UDR, Maurice Schnebelen voit sa réélection à nouveau contestée par le sans étiquette Paul Dalmar, ainsi que par la candidate du Centre démocrate Sylvie de Sélancy. Il s’impose cependant au second tout dans des conditions semblables à celles de l’année précédente, mais avec 57,3% des suffrages exprimés.
Très attentif aux moyens budgétaires dont dispose le ministère des Anciens combattants, Maurice Schnebelen intervient en outre dans l’hémicycle comme rapporteur pour avis du budget du Ministère des Affaires culturelles (13 novembre 1968) sous la quatrième législature. Il s’attache à défendre les intérêts économiques de son département d’élection, victime selon lui de la monoactivité métallurgique et sidérurgique (13 novembre 1969).
Maurice Schnebelen affronte à nouveau Sylvie de Sélancy, maire de Manom et candidate des Réformateurs et du Centre démocrate, aux élections législatives de 1973. Pour ce Républicain indépendant très proche des gaullistes, il importe avant tout de mettre en échec « l’alliance socialo-communiste » issue du Programme commun de 1972. Le maire de Sierck-les-Bains se réclame alors de Georges Pompidou comme hier du général de Gaulle, plutôt que du leader des Républicains Indépendants Valéry Giscard d’Estaing. En tête des suffrages dès le premier tour avec plus du tiers des voix, Maurice Schnebelen est réélu avec 53,9% des suffrages exprimés le 11 mars 1973, face au candidat communiste René de Matteis, déjà présent en 1962.
Les interventions de Maurice Schnebelen dans l’hémicycle se font plus rares sous la cinquième législature. Le 20 décembre 1974, le député de la Moselle choisit avec quatre-vingts autres parlementaires de saisir (en vain) le Conseil constitutionnel quant à la loi sur l’interruption volontaire de grossesse, dite « Loi Veil ». Désigné en avril 1975 par le groupe des Républicains indépendants pour siéger à la Commission de la Défense nationale et des forces armées, Maurice Schnebelen consacre sa dernière intervention dans l’hémicycle au projet, évoqué par certaines fédérations du Parti socialiste, de créer des « Comités de soldats » dans les casernes (26 novembre 1975).
Le maire de Sierck-les-Bains décède d’une crise cardiaque au printemps 1976. Son suppléant Henri Feretti, conseiller municipal de Thionville et président des clubs giscardiens Perspectives et Réalités de la Moselle, lui succède comme député de la 5e circonscription.
Entre 1962 et 1976, les choix de Maurice Schnebelen apparaissent plus proches de ceux de Raymond Marcellin que de Valéry Giscard d’Estaing. Ses prises de positions à l’occasion des grands votes ne se distinguent guère en effet de celles des gaullistes. Le député de la Moselle soutient loyalement les gouvernements Pompidou, Couve de Murville, Chaban-Delmas, Messmer et Chirac, la seule exception notable –due à ses convictions religieuses- se situant lors du vote de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse, le 28 novembre 1974.