Robert Poujade
1928 - 2020
POUJADE (Robert)
Né le 6 mai 1928 à Moulins (Allier)
Décédé le 8 avril 2020 à Paris
Député de Côte-D’Or de 1967 à 1971, en 1973, de 1978 à 1981 et de 1986 à 2002
Ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Protection de la nature et de l’environnement du 7 janvier 1971 au 5 avril 1973
Ministre de la Protection de la nature et de l’environnement du 5 avril 1973 au 1er mars 1974
Originaire du Languedoc par son père et du Dauphiné par sa mère, Robert Poujade est né, le 6 mai 1928, à Moulins où son père, professeur agrégé de lettres, est muté. Il débute ses études secondaires dans la préfecture de l’Allier et les termine à Nîmes. Trop jeune pour avoir connu le gaullisme par la Résistance, Robert Poujade s’engage dans cette famille politique par le militantisme étudiant après avoir écouté le discours de Bayeux du général de Gaulle le 16 juin 1946. Alors qu’il fait sa khâgne au lycée Alphonse Daudet de Montpellier, il adhère au Rassemblement pour la France (RPF), qui vient d’être créé à Strasbourg. Il en deviendra rapidement le secrétaire national pour les étudiants (1950-1951). Débute alors l’engagement d’une vie au service du gaullisme. En 1948, il est reçu à l’École normale supérieure (ENS). Alors que rue d’Ulm domine l’intelligentsia de gauche – Louis Althusser devient agrégé préparateur à l’ENS en 1948 –, André Malraux et Claude Mauriac prennent langue avec ce jeune Normalien, dont ils espèrent faire une des plumes de la Liberté de l’esprit, la revue qu’ils viennent de fonder en février 1949 pour concurrencer Les Temps Modernes et Esprit. Robert Poujade accepte de participer à l’aventure, recyclant quelques petits essais commis en classes préparatoires. Cette collaboration lui fait rencontrer Raymond Aron, Claude Mauriac et surtout André Malraux. Préparant son diplôme d’études spécialisées, alors nécessaire pour passer l’agrégation, il décide, contre les usages, de le consacrer à un écrivain contemporain, André Malraux précisément. C’est l’occasion de plusieurs rencontres avec l’auteur de La Condition humaine. Robert Poujade est fasciné par cette forte personnalité aux enthousiasmes extraordinaires : l’écrivain aurait en effet souhaité que le brillant Normalien aille porter la culture française en Tunisie. Mais le jeune Robert Poujade, désormais agrégé de lettres (1952), part pour une destination moins exotique, le lycée de Saumur. Un an plus tard, en 1954, il est muté comme professeur de lettres supérieures au lycée Carnot de Dijon. Dans la capitale des Ducs de Bourgogne, qui va devenir son fief électoral, il commence à se forger un destin national.
Secrétaire départemental de l’Union pour la nouvelle République (UNR) pour la Côte-d’Or en 1958, il gravit assez rapidement les échelons de l’organisation politique gaulliste. En 1960, il devient membre de la commission politique et du comité central de l’UNR. Membre de la commission de discipline de l’UNR, il vote, cette même année, l’exclusion de Jacques Soustelle. En 1962, le général de Gaulle en personne l’encourage lors des élections législatives à affronter, dans la 1ère circonscription de la Côte-d’Or (Dijon-Sud et Ouest), le chanoine Kir, député maire Indépendant de Dijon depuis 1945. Face au doyen d’âge de l’Assemblée nationale, le jeune candidat gaulliste fait un score remarquable au premier tour puisqu’avec 32% des suffrages (soit 12 554 voix), il n’est devancé que de 675 voix par le chanoine Kir (34%). Le second tour est marqué par l’appel du candidat communiste, Marcel Caignol, à ses 6 361 électeurs pour qu’ils reportent leurs voix sur le chanoine Kir. Si ce dernier les refuse, il n’en demeure pas moins qu’il en bénéficie puisqu’il remporte l’élection avec près de 3 500 voix d’avance (20 958 au total) sur Robert Poujade, qui rassemble toutefois sur son nom 45,5% des suffrages (17 511).
Après un bref passage, en 1963, comme conseiller technique auprès de Jacques Maziol, alors ministre de la Construction, il entre au Conseil économique et social en 1964 où il reste jusqu’en 1967, et est nommé la même année membre de la Commission économique de développement de la Bourgogne, la CODER. En 1965, il affronte, une nouvelle fois, le chanoine Kir lors des élections municipales de mars. Si la liste UNR qu’il conduit arrive en troisième position au premier comme au second tours, derrière celle du chanoine Kir et celle de l’Union de la Gauche, il peut compter sur un socle d’électeurs fidèles qui représente environ 25% de l’électorat dijonnais.
L’année 1967 est cruciale dans sa carrière puisqu’il est élu député de la 1ère circonscription de la Côte-d’Or en mars sous l’étiquette UNR. Il arrive en tête au premier tour avec 29,50% des suffrages exprimés (soit 14 904 voix) devant le candidat communiste (18% soit 9 133 suffrages) qui devance de fort peu celui de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) qui recueille 9 103. Quant au chanoine Kir, qui se présente en tant qu’apparenté Rassemblement démocratique, il est éliminé dès le premier tour puisque sa candidature recueille moins de 10% des inscrits (6 438 voix), soit guère plus que son concurrent Indépendant, Jean Veillet (5 249 voix), talonné par le candidat du Mouvement républicain populaire-Centre démocrate, René Dumas (4 212). Au second tour, Robert Poujade l’emporte avec 56% des suffrages exprimés (26 844 voix) face à Marcel Caignol, le candidat du PCF (20 417 voix), ancien conseiller municipal de Dijon. Quelques mois plus tard, il gagne un nouveau duel contre le chanoine Kir dans le canton de Dijon-Ouest, où il est élu conseiller général. Enfin, cette même année, il devient un des cinq secrétaires nationaux de l’Union pour la défense de la République (UDR).
Alors que le gaullisme traverse une période difficile, Robert Poujade se montre un habile secrétaire collaborant régulièrement à La Nation, l’organe officiel du parti gaulliste, ou à Nouvelle frontière, la revue des gaullistes orthodoxes, sans toutefois rechigner à écrire parfois pour Notre République, la publication des gaullistes de gauche qui sent le fagot pour les partisans de Pompidou, son ancien condisciple à Normale Sup, dont il fait la connaissance personnelle en 1964. L’agrégé de grammaire et celui de lettres partagent le même amour de la langue française et défendent la cause des humanités classiques – depuis 1960, Robert Poujade est président de la Société des agrégés de Côte-d’Or, et sa femme, une sévrienne, est agrégée de philosophie.
Au Palais-Bourbon, le nouveau député est membre de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales et membre de la Commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi autorisant le gouvernement, par application de l’article 38 de la Constitution, à prendre par ordonnance des mesures d’ordre économique et social et, enfin, membre de la Commission supérieure des sites, perspectives et paysages. Il s’illustre en prenant part au débat sur les réformes nécessaires que doit entreprendre l’Éducation nationale. Afin que la qualité de l’enseignement demeure, il en appelle à ce que l’éducation se délivre de trois erreurs : « L’encyclopédisme déconcertant qui surcharge dès l'enfance les tout-petits de connaissances inassimilables […], la lourdeur des horaires, laquelle laisse trop peu de place à des activités de détente et d'épanouissement physique [et enfin] la rigidité des méthodes et l'esprit de concours qui envahit l'enseignement dès que l'enfant sort de l'école maternelle ».
Robert Poujade se rêvait un destin à la Chateaubriand mais le « tombeur » du chanoine Kir est sans doute plus justement décrit par le journaliste du Monde, André Passeron, comme « un stendhalien raisonnable et passionné », qui a le profil idéal pour devenir le secrétaire général du parti dominant de la majorité. Le 20 janvier 1968, il est élu, au scrutin secret, par 80 voix sur les 107 votants du comité central, à cette responsabilité. Il succède à Jacques Baumel.
La mort du chanoine Kir en avril 1968 et la démission de l’un de ses adjoints rendent nécessaires une nouvelle élection municipale à Dijon. Cinq listes sont en lice (celles du PCF, de la FGDS, du Centre démocrate, des gaullistes conduite par Robert Poujade, ainsi qu’une liste locale). Avec 18 673 voix (49,60% des suffrages exprimés) contre 6 572 pour celle de la FDGS et 6 500 pour celle du PCF, la liste de Robert Poujade manque de très peu la majorité absolue au premier tour. Au second tour, elle s’impose avec 54,5% des suffrages contre 45,5% pour celle des forces de gauche. Robert Poujade a fait beaucoup mieux que le chanoine Kir en 1962 ! Il renonce toutefois à devenir maire : « C’est délibérément que je n’ai pas été candidat aux fonctions de maire de Dijon. J’ai constaté en effet qu’il ne m’était pas possible de collaborer efficacement avec la majorité du conseil municipal, qui n’entend en aucune manière s’écarter de ses voies traditionnelles et de ses habitudes ».
Dans une ambiance surchauffée, où les manifestants pro et anti-Poujade s’invectivent devant l’Hôtel de ville, le non-candidat recueille, le 31 mai 1968, 8 voix contre 26 pour le docteur Jean Veillet, ancien suppléant du chanoine Kir et président du conseil général de Côte-d’Or, qui est élu maire de Dijon. Robert Poujade n’a pas encore pleinement conquis les faveurs de la bourgeoisie dijonnaise, mais la machine est en marche et le conseiller municipal va rapidement œuvrer à saper le pouvoir du premier édile, d’autant qu’il est réélu député sous l’étiquette de l’UDR – Union des démocrates pour la Ve République (UD-Ve), aux élections législatives de juin 1968 dès le premier tour avec presque 51% des suffrages (26 267 voix) – dominant largement ses principaux rivaux, le socialiste Maurice Fourrier qui ne rassemble que 8 705 voix comme le communiste Marcel Caignol (7 514 voix). Robert Poujade a progressé de 20 points par rapport au premier tour de l’année précédente.
Le tout nouveau secrétaire général de l’UD-Ve a, entretemps, retrouvé André Malraux aux côtés de qui il défile le 30 mai 1968 sur les Champs-Élysées : « Nous venons de vivre un instant prodigieux. Le peuple de Paris a remonté les Champs-Élysées toutes classes mêlées, avec les élus de la nation, avec les ministres de la République, André Malraux en tête […] Le peuple s’est déjà ressaisi et ce n’est qu’un début. L’atmosphère aujourd’hui était celle d’une libération. Chaque fois que ce sera nécessaire, la nation, sûre désormais que le parti de l’anarchie et de l’aventure est minoritaire dans le pays, montrera sa volonté. Les fauteurs de guerre civile verraient maintenant le peuple tout entier se dresser contre eux » déclare-t-il à la presse, le 1er juin 1968.
Bien secondé par Jean Charbonnel, qu’il a choisi comme adjoint, le secrétaire général réussit après les événements de 1968, les déclarations de Pompidou à Rome, le référendum de 1969, le départ du général de Gaulle puis sa mort, à « maintenir ensemble tous ces gens que sont les gaullistes […] ; ce furent plusieurs campagnes d’Italie et plusieurs campagnes de Russie, mais chaque fois la Berezina fut traversée ». Robert Poujade est devenue une personnalité incontournable de la famille gaulliste. Aussi les tensions au sein de la droite dijonnaise – en 1970, Robert Poujade, qui vient d’être élu président du Conseil régional et quelques conseillers municipaux, dont deux adjoints de Jean Veillet, refusent de voter le budget municipal – sont-elles réglées lors d’un déjeuner entre les principaux leaders nationaux de la droite, Jacques Chaban-Delmas, Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Duhamel, au profit du député de la Côte-d’Or. Nommé au Conseil économique et social, Jean Veillet renonce à se présenter à la mairie de Dijon et appelle à voter pour Robert Poujade. Le 14 mars 1971, la liste conduite par ce dernier recueille la majorité absolue des voix (50,78%) dès le premier tour. Robert Poujade est élu maire. En ce printemps 1971 commence son règne de premier édile de la cité des Ducs de Bourgogne, un règne qui va durer trente ans.
En janvier 1971, après avoir démissionné de sa fonction de secrétaire général de l’Union des démocrates pour la République, il est appelé à faire partie du gouvernement de Jacques Chaban-Delmas en qualité de ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Protection de la nature et de l’environnement. Il continue d’occuper cette fonction dans le premier ministère Messmer, et devient un ministre à part entière dans le second gouvernement Messmer. Il est remplacé à l’Assemblée nationale par son suppléant, René Blas.
Dans un livre publié en 1975, il revient sur son expérience difficile, et exaltante, à la tête du Ministère de l’impossible. À la différence des Anglo-saxons, sensibles depuis le milieu du XIXe siècle au problème de l’environnement – la création du parc de Yosemite date de 1864 –, la France est pourvue d’une maigre législation en matière de sauvegarde de la nature : création en 1901 de la Société pour la protection du paysage, loi du 21 avril 1906 sur la protection des sites et monuments naturels à caractère artistique, loi du 22 juillet 1960 sur les parcs nationaux complétée en 1967 par un décret sur les parcs régionaux. Toutefois, 1970, décrétée « Année européenne de la conservation de la nature » par le Conseil de l’Europe, marque le début d’une prise de conscience, dont portent témoignage le discours de février, à Chicago, de Georges Pompidou qui avance « la nécessité morale de l’environnement », et la publication en juin d’un programme de cent mesures pour l’environnement. La création, en janvier 1971, d’un ministère de la Protection et de la nature s’inscrit dans cette logique. Il s’agit d’une première – le mot même d’environnement, guère familier aux oreilles des Français, est popularisé par Robert Poujade d’abord dans les cercles du pouvoir, puis auprès du grand public. Nouveau ministre à la tête d’un nouveau ministère pour défendre une nouvelle notion, la tâche est rude, car il faut faire face aux lobbys industriels, parvenir à rassembler et à coordonner différentes administrations qui dépendaient jusqu’alors d’autres ministères soucieux de préserver leur domaine d’action. Robert Poujade doit faire fonctionner son ministère avec seulement trois cents agents et un modeste budget de deux cents millions de francs ; à titre de comparaison, il bénéficie, en 1980, comme maire de Dijon d’un budget deux fois et demi supérieur et de presque dix fois plus d’employés municipaux ! Toutefois, comme il s’en explique plus tard dans une interview accordée à l’historien Stéphane Frioux, pour la revue Vingtième siècle, en 2012, il a le soutien du président de la République, dont il dira qu’il est un homme à la fois « passionné par la bagnole » et « en insurrection contre les types qui abattaient les arbres le long des routes », et il peut s’appuyer sur la compétence des fonctionnaires de la Délégation interministérielle à l’aménagement des territoires et à l’action régionale (DATAR) qui, depuis sa création en 1963, « a été vraiment à l’origine de l’intrusion dans le monde administratif de la problématique de l’environnement ». Robert Poujade peut s’enorgueillir de plusieurs réussites, dont les trois plus emblématiques sont la création du Conservatoire du littoral, le maintien du parc de la Vanoise contre une tentative de dérogation à la loi sur les parcs nationaux afin de satisfaire des projets d’installations touristiques et sa participation, à la tête de la délégation française, pendant trois semaines à la grande conférence organisée par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement à Stockholm, en 1972.
Aux élections législatives de 1973, Robert Poujade, candidat de l’Union des républicains de progrès-UDR, retrouve son fauteuil de député de la première circonscription de la Côte-d’Or. Il s’engage à mettre son expérience ministérielle au service de sa circonscription, de sa ville et de son département. Dans sa profession de foi, il déclare que c’est « en refusant l’aventure » que la « grande espérance » née du gaullisme pourra être confortée pour faire de la France, « dans cinq ans, le pays le plus prospère d’Europe ». Il est largement en tête des six candidats en lice, à l’issue du premier tour, avec 36,70% des suffrages exprimés (27 455 voix). Maurice Fourrier, qui a reçu l’investiture socialiste, est en deuxième position avec 21% des voix (soit 14 174) suivi par le candidat du PCF (14,5% soit 9 666 voix) et un candidat du centre étiqueté Mouvement réformateur (10,6%). La semaine suivante voit un affrontement entre les deux vainqueurs du premier tour, remporté avec 53,4% des suffrages exprimés (soit 32 418 voix contre 28 337 à Maurice Fourrier) par Robert Poujade et son suppléant René Blas, qui continue de le remplacer à l’Assemblée nationale jusqu’à la fin de la Ve législature. En septembre 1973, Robert Poujade est de nouveau, dès le premier tour, élu conseiller général du canton de Dijon-6.
Après la fin de son expérience ministérielle en mars 1974, il est nommé Inspecteur général de l’Instruction publique. Deux ans plus tard, il occupe la responsabilité de président de la Commission nationale des secteurs sauvegardés – il est renouvelé à cette fonction en 1978 et l’occupe jusqu’en 1981 – et du Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres. En mars 1977, Robert Poujade conforte son assise d’élu local en se voyant confirmé maire de Dijon dès le premier tour, puisque sa liste s’impose avec 52% des voix. Il devient, deux mois plus tard, vice-président de l’Association des maires des grandes villes et occupe, en juin, la présidence du Conseil régional de Bourgogne, où il aime à discuter avec François Mitterrand, conseiller général de la Nièvre.
En 1978, l’ancien professeur des lettres supérieures entre au conseil d’administration de la Bibliothèque nationale. Cette même année, il est réélu député avec comme suppléant Pierre Barbier, directeur adjoint des affaires sanitaires et sociales et conseiller général de la Côte-d’Or. Il prend encore une fois la tête des dix candidats présents au premier tour, avec 48,5% des suffrages exprimés (soit 35 939 voix), devançant nettement le candidat socialiste (20 308 voix), le jeune Roland Carraz, figure montante du PS en Bourgogne (devenu maire de Chenôve en 1977), le communiste Alain Thérouse (9 505 voix) et le candidat écologiste qui ne réunit que 3 396 voix. Si l’agrégé d’histoire socialiste fait mieux que le plein des voix de gauche au second tour avec ses 35 083 voix, il est toutefois nettement devancé par l’agrégé de lettres gaulliste qui se présente sous la bannière du Rassemblement pour la République (RPR) et rassemble sur son nom 53,3% des suffrages (40 106 voix).
Membre de la commission de la défense nationale et des forces armées, membre titulaire du Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres et membre du conseil d’administration de la Bibliothèque nationale, il se montre particulièrement actif dans les débats sur les questions de l’environnement : il propose un amendement, qui sera adopté, visant à interdire l’apposition de publicité sur les arbres ; il milite pour l’acquisition de 10 000 hectares par le Conservatoire du littoral ; il souhaite des contrats entre les communes et l’État pour la création des secteurs sauvegardés. Il l’est aussi dans ceux concernant la politique d’aménagement du territoire : il se montre soucieux que la dotation globale de fonctionnement des communes soit sécurisée et renforcée ; il salue la politique de la DATAR, tout en soulignant l’échec des métropoles régionales d’équilibre. Il n’oublie pas la Bourgogne, dont il pointe la situation préoccupante du milieu rural et qu’il espère mieux desservie par des infrastructures routières et autoroutières.
En janvier 1979, il est nommé président du conseil d’administration de la Bibliothèque nationale. Le 18 mars, il est réélu conseiller général – il avait renoncé à ce mandat en 1976. En octobre de la même année, il entre au conseil politique du RPR, dont il était, depuis sa création, membre du comité central. Devenu inspecteur général de l’Éducation nationale en 1980, il connaît sa première défaite politique depuis 1965 en se faisant battre par le candidat socialiste Roland Carraz au second tour de l’élection législative de 1981. Bien qu’il ait rassemblé, le 14 juin, 49 % des suffrages exprimés (soit 31 814 voix) contre 43,5% (soit 28 321 voix) pour Roland Carraz, le reste des voix allant pour l’essentiel à G. Deprez, candidate du PCF (4 251), l’augmentation de la participation et le bon report des voix à gauche, entre les deux tours, font qu’il est devancé, le 21 juin, de 1 236 voix par le candidat de la gauche, qui réalise 50,8% des suffrages exprimés (36 741 voix). Il conserve toutefois ses mandats locaux : il est élu en mars 1982 président du conseil général de la Côte-d’Or, réélu triomphalement un an plus tard (mars 1983) maire de Dijon au premier tour avec 68% des suffrages, réélu vice-président de l’Association des maires des grandes villes de France (avril 1983) et élu en octobre vice-président de l’Association des maires de France. En 1985, il est réélu conseiller général du canton de Dijon-6 et président du conseil général de la Côte-d’Or.
Il retrouve les bancs de l’Assemblée à la faveur des élections législatives de mars 1986, au scrutin proportionnel départemental de liste. La liste RPR-UDF qu’il conduit obtient 53% des voix et trois élus (lui-même ainsi que Lucien Jacob et Gilbert Mathieu) et celle du PS 33% et deux élus (Roland Carraz et François Patriat). Membre de la commission de la défense nationale et des forces armées, il intervient comme rapporteur pour avis pour le budget de la gendarmerie. Cette même année, il quitte le Conseil régional de Bourgogne. En 1987, il représente la France au comité d’honneur de l’Année européenne de l’environnement. Toujours en 1987, il est le président de « l’Association nationale 88 pour 92 », qui soutient la candidature de Jacques Chirac à l’élection présidentielle. En 1988, il est réélu député au premier tour avec 52% des suffrages exprimés (19 949 voix) face au candidat socialiste François Rebsamen, qui rassemble 35% des voix (13 517 voix), les candidats du Front national et du PCF recueillant respectivement 3 159 et 1 716 voix. En application de la loi sur le cumul des mandats, il renonce à son mandat de conseiller général. Il rejoint le groupe RPR et siège à la commission de la défense nationale et des forces armées. Membre de la commission spéciale constituée pour l'examen du projet de loi relatif à l'administration territoriale de la République (octobre 1990), il est l’auteur d’une proposition de loi tendant à permettre la dation en paiement des droits de succession, des droits sur les mutations à titre gratuit entre vifs et du droit de partage par la remise de biens immobiliers susceptibles d'être annexés au domaine du Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres. Il intervient notamment dans les discussions sur l'aménagement du territoire, sur le développement local et la coopération intercommunale, appelant à clarifier les compétences de celle-ci dans le cadre de la décentralisation. La sauvegarde de la mer et du littoral, la réorganisation dans un sens moins déséquilibré entre Paris et la province et la question de la rentabilité des transports ferroviaires TGV-Rhin-Rhône font aussi partie des sujets sur lesquels il prend la parole en séance publique.
Admis à la retraite du corps de l’Inspection générale de l’Éducation nationale en octobre 1988, il est réélu, en 1989, maire de Dijon dès le premier tour, sa liste recueillant un peu moins de 59% des voix. C’est aussi dès le premier tour qu’il conserve son siège aux élections législatives de mars 1993, avec 50,72% des suffrages (20 201 voix), devançant François Rebsamen qui ne recueille que 18% des suffrages (7 109 voix), les candidats en lice étant très nombreux. Membre encore une fois de la commission de la défense nationale et des forces armées, il participe au débat sur le budget dévolu à la gendarmerie et au débat sur la programmation militaire 1995-2000. En tant que membre de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi d’orientation pour le développement du territoire en 1994, il a l’occasion de présenter ses arguments en faveur des collectivités territoriales.
En 1995, il ne réussit pas à se faire élire dès le premier tour aux élections municipales car sa liste, qui recueille 39,45% des voix, est concurrencée par une liste dissidente de droite qui réalise le score de 17% et se place en troisième position derrière celle de la gauche conduite par François Rebsamen (26%). Il remporte toutefois le second tour, avec 45,5% des voix, et sa liste devance celle de la gauche (37,5%) comme celle de droite qui maintient son résultat du premier tour (17%).
En 1997, c’est aussi au second tour qu’il conserve son siège de député de la 1ère circonscription de Côte-d’Or. Dans cette élection, marquée à nouveau par un très grand nombre de candidats, Robert Poujade arrive en tête au premier tour avec 30% des suffrages exprimés suivi de François Rebsamen (26%). Au second tour, il l’emporte avec 53,60% des voix (22 651) contre 46,30% des voix (19 573) à François Rebsamen.
Toujours membre de la commission de la défense nationale et des forces armées, il siège au groupe RPR. Le grand thème qui occupe le député-maire de Dijon lors de son dernier mandat est la défense des policiers municipaux et l’octroi du port d’armes à ces agents : « Les polices municipales ont en fait de bonnes racines républicaines. Elles ont - c’est une simple constatation qui a été faite à plusieurs reprises - plus d’ancienneté historique que la police d’État. Elles ne sont nées ni des pouvoirs nouveaux donnés aux maires par la décentralisation, contrairement à un mythe tenace, ni des problèmes d’insécurité surgis, hélas ! Ces dernières décennies dans les quartiers difficiles, même si ces problèmes de société parmi les plus préoccupants de notre temps, et dont nos collègues ont longuement parlé cet après-midi, ont pu conduire certains maires à créer de telles polices. Les élus et les grandes associations de maires ont toujours été parfaitement clairs sur ce point. Pour la presque totalité des maires, la fonction des polices municipales doit être placée sous le signe de la complémentarité avec les forces de police de l’État. Cette conception de leur rôle est mesurée, pragmatique, raisonnable et, pour employer un mot qui vous est cher, monsieur le ministre, républicaine. Contrairement à ce que l’on a dit parfois, elle ne met pas en cause le principe de la prépondérance de l’État dans le domaine de la sécurité, prépondérance dont tous les membres de mon groupe, et d’ailleurs tous les membres de l’opposition, ont toujours souligné la nécessité ».
En 2001, Robert Poujade renonce à se représenter à la mairie de Dijon, et l’élection municipale est remportée par François Rebsamen, premier maire socialiste depuis la Libération. Il laisse une marque profonde sur cette ville qu’il a profondément remodelée et modernisée (piétonisation du centre-ville, création d’un auditorium, d’un palais des sports et surtout de nombreux parcs et jardins) et dont il a fait une des villes les plus « vertes » de France, ce qui lui vaut, dans les années 1980, le surnom de « jardinier de Dijon ». En 2002, il renonce aussi à se présenter aux élections législatives. Sa succession est, là-encore, reprise par François Rebsamen, dans le cadre d’une alternance.
Sa retraite est active, car il reste une des figures de droite très écoutée de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. Il profite de son temps libre pour écrire trois livres de souvenirs et de réflexion politique : Passage du siècle : les étapes d'une renaissance urbaine (2007), Avec de Gaulle et Pompidou : Mémoires (2011), Retrouver Malraux : souvenirs et relecture (2011). Il était commandeur de la Légion d’honneur, chevalier de l’ordre national du Mérite, commandeur de l'ordre des Arts et des lettres, officier de l'ordre des Palmes académiques, ainsi que titulaire de la médaille d'honneur de la Jeunesse et des sports, et commandeur de l'ordre du Mérite de la République italienne.