Roger Prat
1909 - 1997
PRAT (Roger)
Né le 13 juin 1909 à Bannalec (Finistère)
Décédé le 30 avril 1997 à La Verrière (Yvelines)
Député du Finistère de 1967 à 1968
Fils d'un père clerc de notaire et d'une mère au foyer, Roger Prat suit des études à l'école primaire supérieure de Quimperlé puis à l'École normale d'instituteur de Quimper. Il obtient son brevet élémentaire puis son brevet supérieur. En 1928, Roger Prat devient instituteur jusqu'à sa retraite en 1964, en poste au cloître-Saint-Thégonnec, à Saint-Martin-des-Champs et à Morlaix. Il est, pendant trois ans, directeur d'une école élémentaire. L'instituteur, pionnier de la méthode Freinet, s'engage d'abord auprès des jeunes : il crée une équipe de football en 1941, fonde et dirige une colonie de vacances de 1947 à 1950, gère localement les éclaireurs de France de 1954 à 1964 et a en charge la trésorerie des maisons de jeunes de Morlaix de 1960 à 1962. Par ailleurs, Roger Prat assume des responsabilités syndicales. Il est notamment secrétaire adjoint de la section départementale du syndicat national des instituteurs de 1944 à 1950 et trésorier de la section départementale de la Fédération de l'éducation nationale de 1950 à 1954. En 1960, il adhère au Parti socialiste unifié (PSU). Quatre ans après, il devient conseiller général du Finistère et le restera jusqu'en 1976.
En 1967, le député historique de la 4e circonscription du Finistère (cantons de Huelgoat, Lanmeur, Morlaix, Plouigneau, Saint-Pol-de-Léon et Taulé), Tanguy Prigent, PSU, décide de ne pas se représenter pour des raisons de santé. Il sollicite Roger Prat pour défendre les couleurs de ce parti. Au premier tour, Roger Prat affronte trois candidats dont deux anciens députés. Le candidat de l’Union des démocrates pour la Ve République (UD-Ve), Pierre Lelong, conseiller référendaire à la Cour des comptes, avec pour suppléant l’ancien député Jean Le Duc, maire de Morlaix, se place en tête du scrutin avec 17 301 voix, 37,3 %, devant Roger Prat, 12 377 voix, 26,7 %, l'ancien député communiste Alphonse Penven, 9 045 voix, 19,5 % et le centriste André Colin, sénateur et président du Conseil général, ancien député, et ancien ministre, 7 658 voix, 16,5 %. Le second tour s'annonce mathématiquement assez défavorable. Alphonse Penven appelle ses électeurs à porter leurs suffrages sur le nom de Roger Prat, mais les électeurs d'André Colin constituent un réservoir de voix pour le candidat gaulliste. Toutefois, le report des voix du Parti communiste français (PCF) est très bon, à l'inverse des électeurs du Centre démocrate dont certains votent pour Roger Prat, ce qui lui permet, avec 23 298 voix contre 23 249, de devancer son adversaire de droite de 49 voix. Pierre Lelong saisit le Conseil constitutionnel, mais sa requête est rejetée. Roger Prat est l'un des quatre députés PSU de la IIIe législature.
Le nouveau député du Finistère s'apparente au groupe de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) à son arrivée au Palais-Bourbon. Il est nommé membre de la commission de la défense nationale et des forces armées.
Roger Prat prend la parole à deux reprises. Le 27 avril 1967, à l'occasion de la déclaration du gouvernement sur la protection du littoral contre le pétrole après le naufrage du Torrey Canyon, l'élu breton intervient comme « représentant d'un département maritime fournissant à la marine marchande et à la pêche de nombreux effectifs ». Roger Prat fustige les responsabilités des gouvernements anglais et français qui ont fait preuve d'un « optimisme pour le moins inconsidéré en laissant croire pendant deux semaines que la marée noire n'atteindrait pas nos côtes » malgré les avertissements des spécialistes. Surtout, il demande plus de moyens pour attaquer les nappes de pétrole en haute mer, d'une part, et nettoyer les rivages, d'autre part. L'importance du tourisme, pour le nord du Finistère, rend la situation urgente, insiste le député. En outre, il réclame que les dommages subis soient considérés comme une calamité nationale et qu'à ce titre non seulement la totalité des frais engagés pour lutter contre le mazout et pour nettoyer la côte soit mise à la charge de l'État, mais aussi que les Bretons bénéficient d'une indemnisation totale des sinistres et du manque à gagner. Dans le débat suivant la déclaration du gouvernement relative à l'éducation nationale, le 31 mai 1967, Roger Prat s'interroge : « Quels sont en définitive les buts de l'éducation nationale ? Est-ce d'assurer la promotion de tous en garantissant l'égalité des chances compte tenu de la différence des aptitudes, ou bien de dégager les élites et de préparer les autres, par une spécialisation hâtive, aux tâches professionnelles qui les attendent dans notre société moderne ? ». L'ancien instituteur se prononce résolument pour la première solution et regrettant que la réforme de l'enseignement institue une « sélection impitoyable ». Plus généralement, Roger Prat s'inquiète du manque de moyens alloués à l’Éducation nationale. Le député du Finistère vote les motions de censure sur les pouvoirs spéciaux des 20 mai, 9 et 16 juin 1967.
Les événements de Mai 1968 viennent cependant interrompre la troisième législature de la Ve République. Roger Prat est à nouveau candidat. Au premier tour, le gaulliste Pierre Lelong, maire de Morlaix, recueille 21 002 voix, 44,9 %. Roger Prat, 13 373 voix, sous l’étiquette du PSU, se place en seconde position du scrutin avec 26,6 % des suffrages, devant le communiste Alphonse Penven, maire de Huelgoat, 7 768 voix, 16,6 % et le centriste Eugène Berest, alors adjoint au maire de Brest, 4 599 voix, 9,8 %. Au second tour, le 30 juin 1988, malgré le désistement du candidat communiste, Roger Prat est devancé de plus de 3 000 voix par Pierre Lelong, 53,2 % des suffrages.
En 1971, élu au conseil municipal de Morlaix sur la liste d’Union des gauches, il est adjoint au maire, chargé des finances. Il occupe la présidence du SIVOM de Morlaix-Saint-Martin-des-Champs. Roger Prat se représente comme candidat PSU, mais avec seulement 11,3 % des voix, il ne parvient pas à se qualifier pour le second tour.
Aux élections législatives de 1973, le représentant du PSU ne parvient pas non plus au deuxième tour qui oppose Pierre Lelong, Union des républicains de progrès (URP), qui l’emporte de 146 voix, sur Marie Jacq, qui représente le Parti socialiste. Cet échec marque la fin de la carrière parlementaire de Roger Prat qui, retiré à Carantec, s'éteint le 30 avril 1997 à l'âge de 88 ans.