Jeannette Prin
1907 - 1970
PRIN (Jeannette, Marguerite DESPRETZ, épouse)
Née le 8 juin 1907 à Auchy-les-Mines (Pas-de-Calais)
Décédée le 6 avril 1970 à Thiembronne (Pas-de-Calais)
Député du Pas-de-Calais de 1951 à 1958
Issue d'une famille d'ouvriers du Nord, Jeannette Prin travaille avant la guerre comme employée aux PTT. Au lendemain de la Libération, elle adhère au Parti communiste et accepte de se présenter en quatrième position de la liste communiste, dans la deuxième circonscription du Pas-de-Calais, aux élections législatives de novembre 1946. Avec 131 605 des 369 982 suffrages exprimés, soit 35,6% des voix, le Parti n'obtient que trois des neuf sièges à pourvoir, ce qui est insuffisant pour permettre son élection. De nouveau candidate aux élections législatives du 17 juin 1951, toujours en quatrième position, sur la liste communiste de la deuxième circonscription du Pas-de-Calais, elle est élue comme trois autres de ses colistiers, avec 138 376 des 380 284 suffrages exprimés, soit 36,4% des voix.
Après la validation de son élection le 6 juillet 1951, elle rejoint les commissions de la famille, de la population et de la santé publique (1951-1952), de la défense nationale (1953-1955) et des moyens de communication et du tourisme (1953-1955). Elle se révèle particulièrement active durant cette législature, dépose huit propositions de loi, six propositions de résolution et sept rapports sur des textes d’initiative parlementaire. Elle intervient à trente et une reprises en séance publique, en défendant dix-sept amendements, quinze amendements indicatifs et un sous-amendement. Elle dépose aussi une demande d’interpellation et une motion préjudicielle. Ses préoccupations portent essentiellement sur la revalorisation des prestations familiales et des retraites, l'amélioration de la condition professionnelle des femmes, l'aide aux jeunes gens et aux handicapés, la sauvegarde d'emplois miniers ou la modification du statut des travailleurs des PTT, positions qu'elle défend régulièrement lors des débats. Le 12 juin 1952, elle s'en prend à la politique du gouvernement en matière de coût de la vie, dénonce les atrocités commises en Corée, la guerre en Indochine et la venue de Ridgway en France. Le 1er avril 1955, elle dénonce les répercussions militaires et financières des accords de Paris et les actions répressives de l'armée en Afrique du Nord. Elle vote contre les lois Marie et Barangé, contre la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), contre l'adoption de l'échelle mobile des salaires, pour le premier cessez-le-feu en Indochine, contre la mise en place de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), pour les accords de Genève, pour l'adoption de la motion Aumeran, c'est-à-dire contre la Communauté européenne de défense (CED), contre les accords de Londres, contre les accords de Paris, contre la proclamation de l'état d'urgence en Algérie. À l'exception de l'investiture de Pierre Mendès France auquel elle accorde sa confiance, elle vote contre tous les gouvernements de la seconde législature.
De nouveau candidate aux élections législatives du 2 janvier 1956 en troisième position sur la liste communiste, elle est réélue avec 151 540 des 423 467 suffrages exprimés, soit 35,8% des voix. Le PCF conserve ses quatre sièges, la SFIO garde trois élus, le MRP un seul et les Indépendants en gagnent un grâce à la réélection de l'ancien député du Rassemblement du peuple français (RPF), Jean Lefranc. Une fois son élection validée, elle rejoint les commissions de la défense nationale (1956-1958) et des moyens de communication et du tourisme (1956-1958). Elle a par ailleurs été secrétaire de l'Assemblée nationale de 1956 à 1958. Avec quatre propositions de loi, cinq propositions de résolution, un avis et douze rapports déposés – dont un porte sur un projet de loi, son activité parlementaire demeure soutenue, d’autant qu’elle intervient en séance à douze reprises, en défendant dix amendements indicatifs et en remplissant les fonctions de rapporteur, le 6 décembre 1957, d’une proposition de loi relative au relèvement du taux des allocations aux familles nécessiteuses dont le soutien est à l’armée. Ses sujets de prédilections demeurent essentiellement sociaux et portent encore sur les allocations familiales, les pensions, le statut des agents des PTT ou la réglementation de la colombophilie. Elle revient régulièrement sur ces sujets en séance et prend également la parole à plusieurs reprises pour dénoncer la tournure prise par la guerre d'Algérie. Le 26 novembre 1957, à l'occasion de la discussion du projet de loi sur les institutions en Algérie, elle souligne "l'aggravation de la misère des travailleurs due à la poursuite de la guerre" et se fait l'écho des "protestations de nombreux soldats ayant servi en Algérie". Toujours soucieuse de défendre les travailleurs algériens, elle évoque le 27 février suivant "l'horreur et l'injustice de la guerre d'Algérie et le témoignage de nombreux officiers et soldats relatif aux tortures [qui y sont] exercées". Elle en profite pour prendre la défense d'un jeune soldat condamné pour avoir "refusé de combattre le peuple algérien". Cette sortie en séance lui vaut un rappel à l'ordre le même jour. Elle vote les pouvoirs spéciaux en Algérie, s'oppose à la Communauté économique européenne (CEE) et à l'Euratom, au projet d'institutions en Algérie, vote pour la proclamation de l'état d'urgence. Elle apporte sa confiance à Guy Mollet, mais la lui retire par la suite et s'oppose de façon systématique à ses successeurs, exception faite de Pierre Pflimlin sur l'investiture duquel elle s'abstient volontairement. Partisan d'une révision partielle des institutions le 27 mai 1958, elle s'oppose le 1er juin au retour du général de Gaulle et, le lendemain, à l'octroi des pleins pouvoirs comme à la révision constitutionnelle.
Elle se représente dans la onzième circonscription du Pas-de-Calais aux élections législatives de novembre 1958, mais elle battue au second tour Elle retrouve en revanche son siège en 1962 et le conserve en 1967. Jeannette Prin, qui a été conseillère municipale d'Auchy-les-Mines, d'avril 1945 à avril 1953, est restée jusqu'à sa mort membre du secrétariat de la fédération départementale et secrétaire générale adjointe de l'Union des femmes françaises du Pas-de-Calais, à partir de 1949 et vice-présidente nationale de l'Union des femmes françaises (UFF) à partir de 1954. Elle disparaît le 6 avril 1970
PRIN (Jeannette, Marguerite DESPRETZ, épouse)
Née le 8 juin 1907 à Auchy-les-Mines (Pas-de-Calais)
Décédée le 6 avril 1970 à Thiembronne (Pas-de-Calais)
Député du Pas-de-Calais de 1951 à 1958 et de 1962 à 1970
Jeannette Despretz naît à Auchy-les-Mines le 8 juin 1907, dans une famille d'ouvriers mineurs. Elle est la fille de Louis Despretz et de Marguerite Mullier. Employée des Postes, elle épouse Gustave Prin le 4 juillet 1932. Né lui aussi à Auchy-les-Mines, en 1896, il est conseiller municipal socialiste, vice-président de l’Association républicaine des anciens combattants et administrateur de la coopérative centrale du pays minier.
C'est dans la Résistance que Jeannette adhère au parti communiste. Elle devient agent de liaison dans le groupe formé par Ignace Humblot, ce qui lui vaudra la médaille de la Résistance. En 1946, elle entre au comité de la Fédération communiste du Pas-de-Calais puis devient, en 1949, secrétaire général adjoint de l’Union des femmes françaises (UFF). Aux élections législatives de novembre 1946, elle est en quatrième position de la liste communiste, dans la deuxième circonscription du Pas-de-Calais. Avec 131 605 des 369 982 suffrages exprimés, soit 35,6% des voix, le Parti n'obtient que trois des neuf sièges à pourvoir, ce qui est insuffisant pour permettre son élection. De 1947 à 1953, elle est maire adjoint d’Auchy-les-Mines. Après une tentative malheureuse pour briguer un siège au Conseil de la République en 1948, elle est à nouveau candidate aux élections législatives du 17 juin 1951. Toujours en quatrième position, sur la liste communiste de la deuxième circonscription du Pas-de-Calais, elle est élue comme trois autres de ses colistiers, avec 138 376 des 380 284 suffrages exprimés, soit 36,4% des voix.
Après la validation de son élection le 6 juillet 1951, elle rejoint les commissions de la famille, de la population et de la santé publique (1951-1952), de la défense nationale (1953-1955) et des moyens de communication et du tourisme (1953-1955). Elle se révèle particulièrement active durant cette législature, dépose huit propositions de loi, six propositions de résolution et sept rapports sur des textes d’initiative parlementaire. Elle intervient à trente et une reprises en séance publique, en défendant dix-sept amendements, quinze amendements indicatifs et un sous-amendement. Elle dépose aussi une demande d’interpellation et une motion préjudicielle. Ses préoccupations portent essentiellement sur la revalorisation des prestations familiales et des retraites, l'amélioration de la condition professionnelle des femmes, l'aide aux jeunes gens et aux handicapés, la sauvegarde d'emplois miniers ou la modification du statut des travailleurs des PTT, positions qu'elle défend régulièrement lors des débats. Le 12 juin 1952, elle s'en prend à la politique du gouvernement en matière de coût de la vie, dénonce les atrocités commises en Corée, la guerre en Indochine et la venue de Ridgway en France. Le 1er avril 1955, elle dénonce les répercussions militaires et financières des accords de Paris et les actions répressives de l'armée en Afrique du Nord. Elle vote contre les lois Marie et Barangé, contre la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), contre l'adoption de l'échelle mobile des salaires, pour le premier cessez-le-feu en Indochine, contre la mise en place de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), pour les accords de Genève, pour l'adoption de la motion Aumeran, c'est-à-dire contre la Communauté européenne de défense (CED), contre les accords de Londres, contre les accords de Paris, contre la proclamation de l'état d'urgence en Algérie. À l'exception de l'investiture de Pierre Mendès France auquel elle accorde sa confiance, elle vote contre tous les gouvernements de la seconde législature.
De nouveau candidate aux élections législatives du 2 janvier 1956, en troisième position sur la liste communiste, elle est réélue avec 151 540 des 423 467 suffrages exprimés, soit 35,8% des voix. Le PCF conserve ses quatre sièges, la SFIO garde trois élus, le MRP un seul et les Indépendants en gagnent un grâce à la réélection de l'ancien député du Rassemblement du peuple français (RPF), Jean Lefranc. Une fois son élection validée, elle rejoint les commissions de la défense nationale (1956-1958) et des moyens de communication et du tourisme (1956-1958). Avec quatre propositions de loi, cinq propositions de résolution, un avis et douze rapports déposés – dont un porte sur un projet de loi, son activité parlementaire demeure soutenue, d’autant qu’elle intervient en séance à douze reprises, en défendant dix amendements indicatifs et en remplissant les fonctions de rapporteur, le 6 décembre 1957, d’une proposition de loi relative au relèvement du taux des allocations aux familles nécessiteuses dont le soutien est à l’armée. Ses sujets de prédilection demeurent essentiellement sociaux et portent encore sur les allocations familiales, les pensions, le statut des agents des PTT ou la réglementation de la colombophilie. Elle revient régulièrement sur ces sujets en séance et prend également la parole à plusieurs reprises pour dénoncer la tournure prise par la guerre d'Algérie. Le 26 novembre 1957, à l'occasion de la discussion du projet de loi sur les institutions en Algérie, elle souligne « l'aggravation de la misère des travailleurs due à la poursuite de la guerre » et se fait l'écho des « protestations de nombreux soldats ayant servi en Algérie ». Toujours soucieuse de défendre les travailleurs algériens, elle évoque le 27 février suivant « l'horreur et l'injustice de la guerre d'Algérie et le témoignage de nombreux officiers et soldats relatif aux tortures [qui y sont] exercées ». Elle en profite pour prendre la défense d'un jeune soldat condamné pour avoir « refusé de combattre le peuple algérien ». Cette intervention en séance lui vaut un rappel à l'ordre le même jour. Elle vote les pouvoirs spéciaux en Algérie, s'oppose à la Communauté économique européenne (CEE) et à l'Euratom, au projet d'institutions en Algérie, vote pour la proclamation de l'état d'urgence. Elle apporte sa confiance à Guy Mollet, mais la lui retire par la suite et s'oppose de façon systématique à ses successeurs, exception faite de Pierre Pflimlin sur l'investiture duquel elle s'abstient volontairement. Partisane d'une révision partielle des institutions le 27 mai 1958, elle s'oppose le 1er juin au retour du général de Gaulle et, le lendemain, à l'octroi des pleins pouvoirs comme à la révision constitutionnelle.
Désignée au poste de secrétaire à l’Assemblée nationale de 1956 à 1958, Jeannette Prin est une figure incontournable du parti communiste : secrétaire de la fédération communiste du Pas-de-Calais, elle est aussi vice-présidente nationale de l’UFF à partir de 1954 puis membre du comité central du PCF. En 1958, toutefois, elle est battue par le socialiste Anselme Evrard dans la 11ème circonscription, qu’elle reconquiert le 25 novembre 1962, malgré le maintien en lice du député sortant Just Evrard et du gaulliste Raoul Leblond. Jeannette Prin est l’une des huit femmes qui siègent à l’Assemblée nationale pendant cette législature et des trois femmes députés communistes.
Jeannette Prin dépose de nombreuses propositions de loi, intervient très régulièrement lors des discussions législatives, dénonce dans ses interventions la « politique antisociale du gouvernement », notamment vis-à-vis des familles. Dans sa profession de foi, elle se présente d’ailleurs aux électeurs comme la candidate « des familles et de la misère ». Ses propositions de loi visent la promotion du droit des femmes à la retraite, aux congés maternité à plein salaire, aux congés pour enfants malades, au droit à la formation professionnelle féminine. Jeannette Prin insiste sur la revalorisation des prestations familiales et se concentre sur l’égalité entre les hommes et les femmes. Elle réclame des modes de garde et la possibilité pour les femmes de déduire ces frais de leur revenu net imposable. Elle intervient lors de la discussion du projet de loi portant réforme des régimes matrimoniaux, en juin 1965 : défendant quatorze amendements, elle tente sans succès de faire supprimer la notion de « chef de famille », de faire reconnaître l’égale légitimité des époux à contribuer financièrement aux charges de famille (cet amendement visait à discréditer la notion même de salaire d’appoint imputé aux femmes) et la possibilité pour les femmes de parvenir à une indépendance économique. Toutefois, au nom du groupe communiste, elle vote pour le projet de loi au motif qu’il représente une amélioration car il permet à la femme d’administrer ses biens propres et d’en disposer. Elle regrette cependant que le projet de loi ne donne pas à la femme l’égalité complète dans le mariage. Jeannette Prin est aussi un infatigable défenseur des mineurs, concernant leur sécurité ou leurs conditions de logement, elle critique les manques de débouchés offerts à la jeunesse, dans un contexte de fermetures répétées des puits de mines dans le bassin houiller du Pas-de-Calais. Elle s’émeut du sort réservé aux mines de fer, défend le droit de grève et le pouvoir d’achat des travailleurs, qu’ils soient ouvriers du textile ou paysans. Candidate de gauche unie, elle est réélue le 12 mars 1967, puis le 30 juin 1968. Elle est élue au conseil général du Pas-de-Calais en 1967.
Elle poursuit alors les combats en faveur de l’émancipation de la femme et de l’amélioration de la situation des mineurs et de la classe ouvrière, insistant sur les problèmes de reconversion de l’industrie textile et des activités charbonnières dont souffre son département. Le 12 juillet 1968, elle redevient secrétaire de l’Assemblée nationale. Pendant cette troisième législature, elle défend les droits des femmes, propose la revalorisation des allocations de chômage, intervient dans le domaine de l’exercice du droit syndical et de l’accès à la formation et à l’éducation, notamment en ce qui concerne les enfants handicapés. En décembre 1968, elle dépose neuf amendements au projet de loi relatif à l’exercice du droit syndical dans l’entreprise et huit amendements au projet de loi relatif à la rémunération des stagiaires de la formation professionnelle. Au cours de ces débats, elle demande que l’on tire les leçons de mai 1968, et réclame un abaissement de l’âge d’éligibilité aux fonctions syndicales, insistant sur l’exposition des jeunes au chômage. Durant ses huit années de travail parlementaire, Jeannette Prin intervient sur les conditions de travail aux PTT (dont elle était employée).
Le 6 avril 1970, elle décède en même temps que son mari dans un accident de la route près de Fauquembergues. Des milliers de personnes assistent à Auchy à leurs funérailles, au cours desquelles trois éloges funèbres sont prononcés, respectivement au nom de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance, de l’Union des femmes françaises et du Parti communiste. L’Assemblée nationale lui rend hommage le 7 avril 1970. Elle est remplacée par Henri Lucas.