Colette Privat
1925 - 2021
PRIVAT Colette
Née le 14 novembre 1925 à Paris
Décédée le 7 avril 2021 à Rouen (Seine-Maritime)
Députée de Seine-Maritime de 1967 à 1968, et de 1978 à 1981
Née le 14 novembre 1925 dans le 15e arrondissement à Paris, Colette Privat, née Moat, est la fille d’un ingénieur de Thomson-Houston et d’une secrétaire de direction. Après sa scolarité secondaire au lycée de Sèvres, elle entre au lycée Fénelon de Paris en classes préparatoires littéraires. Elle obtient ensuite trois certificats de licence en lettres classiques, littérature française et latin-grec à la Sorbonne. En 1949, elle est reçue à l’agrégation de lettres modernes, qu’elle a préparée à Lille et au cours Sévigné à Paris. En suivant des cours à l’université populaire de Paris, elle découvre le marxisme et le léninisme. Sa vie professionnelle débute par sa nomination au lycée Jeanne d’Arc de Rouen. Elle y enseigne les lettres entre 1949 et 1967. En 1968, elle obtient sa mutation au poste de maître assistant à la faculté des lettres de Rouen-Mont-Saint-Aignan. Au cours de sa carrière universitaire, elle publie des articles et études dans des revues littéraires, ainsi que dans des journaux. En 1981, elle fait valoir ses droits à la retraite auprès de l’administration de l’Education nationale. Elle s’est mariée avec Robert Privat, ouvrier mécanicien à l’Institut d’astrophysique de Paris, puis dessinateur industriel dans le réseau technique de l’équipement à Rouen. Le couple aura trois enfants.
Sur le plan politique, en 1946, Colette Privat entre aux Jeunesses Communistes, où elle y rencontre son mari. Membre du parti communiste, elle vote pour la première fois, en 1947, une fois majeure. Après son installation en Seine-Maritime, elle s’investit dans la fédération communiste locale. Elle milite à la Fédération de l’éducation nationale-CGT jusqu’au milieu des années 1950. Elle en est la responsable dans son établissement à partir de 1949. Elle adhère également au Syndicat national de l’enseignement secondaire et, par la suite, au Syndicat national de l’enseignement supérieur. En mai 1953, elle obtient son premier mandat politique comme conseillère municipale de Rouen. Elle le reste jusqu’en mars 1959. Colette Privat est candidate pour la première fois, aux élections législatives de 1967, dans la 4e circonscription de la Seine-Maritime (Clères, Pavilly), qui couvre le sud de l’agglomération de Rouen. Elle est élue au second tour avec 54,39% des suffrages exprimés (soit 26 661 voix) contre le député sortant gaulliste et ancien résistant, André Chérasse (22 365 voix).
Au Palais-Bourbon, membre du groupe communiste, elle siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales.
Elle présente deux propositions de loi, en faveur des femmes, en juin 1967 : l’une pour donner à toutes les femmes une formation professionnelle leur permettant d’accéder aux emplois qualifiés ; l’autre, tendant à porter à seize semaines sans perte de salaire l’indemnisation du congé maternité.
Dans ses interventions en séance publique, la députée de la Seine-Maritime se spécialise sur l’enseignement. Elle prend ainsi part au débat sur la déclaration du gouvernement relative à l’éducation nationale, en mai 1967, comme sur les crédits prévus en la matière par le projet de loi de finances pour 1968, en novembre 1967.
Les enjeux plus locaux la conduisent aussi à intervenir, d’abord en novembre 1967, sur l’entretien des berges de la Seine, lors de l’examen des crédits de l’Equipement et du Logement, puis, en mai 1968, où elle pose une question orale avec débat sur la situation des chantiers navals et de la marine marchande.
En mai 68, Colette Privat fait partie de la vingtaine de députés communistes qui déposent, avec 49 autres, une motion de censure qui condamne l’exécutif pour refus de dialoguer avec « les étudiants, les enseignants, les paysans, les ouvriers, les jeunes sans emploi ».
Aux élections législatives anticipées de juin 1968, qui suivent la dissolution de l’Assemblée nationale, Colette Privat brigue à nouveau le siège de député de la 4e circonscription. En tête au premier tour avec 18 476 voix, contre 15 186 au candidat Union pour la défense de la République (UDR), Olivier de Sarnez, Colette Privat est cependant battue au deuxième tour, avec 23 499 voix. Son principal adversaire en recueille 27 280, bénéficiant d’un report de voix du premier tour, soit du candidat Progrès et démocratie moderne, Brajeux (7 388 voix) ou encore de Bourgeois, candidat Républicain indépendant (6 652 voix). En 1973, elle perd encore une fois les élections législatives dans la 4e circonscription, dans les mêmes conditions : elle arrive en tête au premier tour avec 18 646 voix, mais elle est devancée, avec ses 27 427 voix, au second tour par André Martin, maire de Montville et candidat centriste du Mouvement réformateur. Ce dernier fait plus que doubler ses voix du premier tour puisqu’il passe de 13 344 voix à 32 141 au second, puisant dans la réserve de voix des candidats UDR et Républicain indépendant du premier tour.
Sur le plan local, Colette Privat poursuit sa carrière politique. En octobre 1967, elle est la première femme à être élue conseillère générale de la Seine-Maritime dans le canton de Maromme. Elle est réélue en 1973. En mars 1977, aux élections municipales, elle est élue sur la liste de l’Union de la gauche à Maromme et devient maire de la commune.
Aux élections législatives de mars 1978, Colette Privat se représente à nouveau. La configuration est meilleure pour elle dans la 4e circonscription de la Seine-Maritime qui comprend Maromme, dont elle est devenue le premier édile. Elle arrive en seconde place au premier tour avec 28,98 % des suffrages exprimés, contre 33,12 % au député sortant André Martin et 20,26 % au candidat du Parti socialiste (PS), Roger Provost. Bénéficiant d’un relativement bon report des voix à gauche, y compris de celles qui se sont portées au premier tour vers le MRG, Lutte ouvrière et le Front autogestionnaire, elle l’emporte dans le duel du second tour avec 50,4 % des suffrages exprimés et un peu plus de 600 voix d’avance. Son suppléant est Gilbert Grenier, ouvrier, maire du Houlme.
Au Palais-Bourbon, rejoignant de nouveau le groupe communiste, Colette Privat retrouve la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Elle est désignée en avril 1981 vice-présidente de l’Assemblée nationale.
Si elle continue à se concentrer sur l’enseignement dans ses interventions en séance publique, lors de l’examen des crédits budgétaires prévus chaque année, pour l’éducation nationale, et aussi l’enseignement supérieur, la députée de la Seine-Maritime fait aussi largement part des préoccupations de son groupe en matière d’emploi, face à l’augmentation du chômage.
Elle pose ainsi deux questions au gouvernement, l’une en octobre 1979 pour protester contre les violences policières lors d’une manifestation de salariés contre les licenciements, l’autre en décembre suivant, pour demander un report des licenciements annoncés dans une usine proche de Rouen. Elle dénonce les insuffisances en matière d’emploi des jeunes en Seine-Maritime lors de l’examen du projet de loi des finances rectificatives pour 1978. Elle rappelle les propositions de son groupe en faveur des femmes lors de l’examen, en juin 1978, du projet de loi relatif à l’emploi des jeunes. Par ailleurs, au cours de la discussion du projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) pour pérenniser la loi Veil en 1975, elle défend le principe de l’accès à l’IVG dans tous les hôpitaux publics, afin de respecter le principe d’égalité entre les femmes.
Sur le plan local, en 1979, Colette Privat est réélue conseillère générale dans le canton de Maromme. En juin de la même année, elle est candidate sur la liste du PCF aux élections européennes, sans figurer toutefois en position éligible.
Elle s’engage en tant que députée pour sa circonscription en participant à la campagne de réalisation du lycée de la Vallée de Cailly, ainsi que pour la construction de l’échangeur routier de la Vaupalière.
Colette Privat est de nouveau candidate aux élections législatives anticipées de juin 1981 qui suivent la dissolution de l’Assemblée nationale par François Mitterrand, juste après son élection comme président de la République. Elle doit cependant se retirer à l’issue du premier tour. Elle arrive certes en deuxième position, avec 25,61 % des suffrages exprimés, mais, en application des accords électoraux, elle se retire en faveur du candidat socialiste Jean-Claude Bateux, arrivé en tête avec 31,21 %, et qui sera finalement élu avec plus de 60 % au second tour contre l’ancien député André Martin, le candidat UDF.
Entre novembre 1981 et mars 1983, Colette Privat est au cabinet du ministre de la Formation professionnelle, Marcel Rigout. Elle est chargée de la formation professionnelle des femmes. Elle met en application l’opération « un métier pour réussir » à l’intention des 16-18 ans.
Colette Privat poursuit son parcours local. Elle est régulièrement réélue conseillère générale de la Seine-Maritime et cessera son mandat en 2004. Elle s’intéresse aux questions d’éducation, sujet clef dès lors que les lois de décentralisation ont donné une compétence aux départements en la matière.
Egalement réélue sans interruption maire de Maromme, elle poursuit le réaménagement de la ville et développe les équipements scolaires, culturels et sportifs, ainsi que les zones industrielles, jusqu’en 1998, date à laquelle elle cesse son mandat.
Retirée de la vie politique, elle reste une militante. Elle est élue vice-présidente des Amis de l’Humanité en 2014, manifestant ainsi son soutien au grand quotidien en difficulté.
Colette Privat s’éteint le 7 avril 2021 à Rouen, âgée de quatre-vingt-quinze ans.